UN BONHEUR INSOUTENABLE (Ira Levin) : Le bonheur n’est pas pour demain

unbonheurinsoutenableLa description d’un futur déshumanisé, où la personnalité des individus est niée, sous prétexte de préserver l’ordre et la paix, est un classique de la littérature de science-fiction. 1984 ou le Meilleur des Mondes en sont les exemples les plus connus. Mais nombreux sont les auteurs qui ont voulu dénoncer ce vers quoi pourrait nous mener les dérives de notre société actuelle. Un bonheur Insoutenable, de Ira Levin, délivre un tel message. Et certainement pas le plus mauvais !

Li RM35M4419 tient de son grand-père ce qui apparaît alors comme une excentricité, un surnom : Copeau. Mais son aïeul a connu un autre temps. Celui d’avant Uni, le grand ordinateur qui a uni l’humanité et qu’il a lui-même contribué à construire. Un cerveau électronique qui délivre à chaque humain, toutes les 4 semaines, sa dose d’hormones l’empêchant de tomber « malade ». Et qui, surtout, autorise ou non chacun ses moindres faits et gestes.

Ira Levin est surtout célèbre pour deux romans adaptés au cinéma : Rosmary’s baby et Ces Garçons qui venaient du Brésil. Mais Un Bonheur Insoutenable est aussi une œuvre qui vaut le détour. Comme je l’ai déjà évoqué, le sujet est vraiment classique, mais ce livre est néanmoins très agréable. En effet, il est tout sauf monotone. Ce roman est divisé en plusieurs grandes parties qui nous plongent chacun dans des ambiances très différentes, même si elles forment un seul et même récit.

Ecrit au début des années 70, Un Bonheur Insoutenable nous présente un futur très proche du notre en termes de technologie, même s’il nous plonge près de 200 ans dans le futur. Du coup, on n’a pas forcément l’impression de vraiment lire de la science-fiction et les allergiques pourront également apprécier ce livre. Il s’agit plutôt d’une fable qui pourrait presque être contemporaine.

Mais Un Bonheur Insoutenable repose surtout sur une très bonne intrigue, très bien construite et qui surtout captive le lecteur. Son caractère « contemporain » la rend aussi très facile à suivre. On s’immerge très facilement dans le monde décrit par se roman, ce qui renforce son impact. Ce dernier est à la fois proche du notre et monstrueux. Alors on peut facilement imaginer le basculement de l’un à l’autre, ce qui n’est guère rassurant.

Mais l’intérêt de l’histoire ne repose pas du tout uniquement sur l’aspect anticipation et dénonciation des dérives qui nous menacent. On s’attache aux personnages et on les suit dans leurs péripéties avec un intérêt de tous les instants. Les rebondissements sont nombreux et généralement inattendus. Bref, au-delà du contexte, c’est aussi l’intrigue à proprement parler qui contribue à la réussite de Un Bonheur Insoutenable.

Le style de Ira Levin contribue lui aussi largement à la clarté du récit. Il ne s’appesantit jamais dans de longues et fastidieuses descriptions. Il nous imprègne du monde qu’il a imaginé surtout au travers de l’action et des dialogues, ce qui rend ce roman très vivant. Un Bonheur Insoutenable se lit vraiment tout seul.

Un Bonheur Insoutenable ne constitue peut-être pas un chef d’œuvre de la science-fiction, mais un œuvre solide et agréable qui séduire un bien plus large public que ce qu’on l’aurait pu penser à première vue.

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