Dans la série des anecdotes absolument passionnantes et indispensables, en voici une que je vais avoir un malin plaisir à partager avec vous. J’ai commencé à lire Aucune Bête aussi Féroce le jour même où j’ai vu le film Mon Pote. C’est dingue non ? Bon ok, pour l’instant vous ne voyez pas vraiment le rapport, je le sens. En fait, ces deux œuvres traitent exactement du même sujet, mais de manière très différente… Donc, je recommence… C’est dingue, non ?… non ?… De toute façon, je suis un incompris…
Si Mon Pote nous donnait une vision quelque peu idyllique de la vie post-carcérale, Aucune Bête aussi Féroce est au contraire un vrai roman noir qui nous livre une vision sans concession du milieu de la pègre de bas étage et de la manière dont la fréquenter peut vous coller à la peau pour toujours. Il faut dire que l’auteur sait de quoi il parle puisque Edward Bunker est lui-même un ancien braqueur récidiviste. On peut d’ailleurs constater que sa littérature est beaucoup plus pessimiste que son propre parcours, puisque lui, s’en est visiblement définitivement sorti.
Mais Aucune Bête aussi Féroce n’est en rien une étude sociologique. C’est avant tout un superbe roman noir, avec une intrigue solide, des personnages complexes, le tout porté par un style de très grande qualité. Une plume nerveuse, extrêmement vivante qui nous plonge réellement dans cet univers. Gare au choc alors, car il est violent et livré sans prendre de gants. La neutralité évoquée plus haut est parfois dérangeante dans le sens où elle nous plonge au cœur des évènements en nous forçant à nous faire notre propre jugement moral. Et ce n’est pas toujours aussi évident qu’il y paraît au premier abord.
Bref, un grand roman.