L’HERITAGE, TOME 2 : L’AINE (Christopher Paolini) : Talent, naïveté et impatience

laineElevez vos enfants sans internet et sans télévision, nourrissez-les de livres et ils deviendront des écrivains à succès. Bon évidemment, cette recette risque fort de ne pas fonctionner à tous les coups. En tout cas, elle a marché avec Christopher Paolini, l’auteur de la trilogie l’Héritage, dont le premier tome, Eragorn, fut publié alors qu’il avait à peine 19 ans. Voici le second tome, l’Aîné, sorti deux ans plus tard (en 2005 pour être précis).

Eragorn et les Vardens ont remporté une grande victoire. Mais le jeune dragonnier doit vite partir chez les elfes terminer sa formation, avant d’être capable d’affronter l’Empereur Galbatorix. Pendant ce temps, son cousin, Roran est recherché par les soldats de ce derniers, qui menacent de massacrer tout son village s’il ne se rend pas.

La trilogie de l’Héritage est une œuvre singulière par son histoire. Pondre un tel best-seller à peine sorti de l’adolescence n’est pas donné à tout le monde. Voir son premier roman adapté à Hollywood non plus… Sauf que l’adaptation d’Eragorn fut un des pires massacres de l’histoire du cinéma… Bref, je calme ma colère de cinéphile et revient à mon mouton, le second tome de la trilogie, l’Aîné.

Globalement, le très jeune âge de son auteur se fait sentir au fil des pages de l’Aîné. Mais on sent qu’il a déjà grandi et mûri depuis Eragorn. L’œuvre est moins naïve, mais conserve cependant son charme. Un charme qui mêle une imagination florissante et des références un peu trop directes parfois à ses sources d’inspiration, le Seigneur des Anneaux en tête. Un auteur confirmé n’aurait jamais procédé ainsi, avec autant de candeur. Mais au final, cela donne sa personnalité à cette saga, qui prouve qu’à la fois, la valeur n’attend pas le nombre des années et qu’à la fois, l’expérience reste irremplaçable. Il faut donc prendre son parti de ce constat et prendre ce livre pour ce qu’il est, c’est à dire l’œuvre d’un auteur extrêmement talentueux mais très jeune.

Mais ce manque de maturité dans l’écriture n’a, de plus, pas que des inconvénients. Car l’Aîné, comme le tome précédent, est écrit dans un style simple et direct qui permet au lecteur de le dévorer. On retrouve un peu ce qui fait le charme du style de J.K. Rowling pour Harry Potter, même si encore une fois, la différence d’âge et d’expérience se font sentir. Il est clair que la plume de Christopher Paolini n’est pas la plus inoubliable qui soit, mais elle est vive et alerte et colle parfaitement avec l’esprit du récit. Bref, elle constitue bien plus un atout qu’un défaut.

Reste l’intrigue de ce deuxième volet. L’Aîné est forcément moins passionnant que Eragorn. Il souffre du même défaut que la plupart des deuxièmes volets d’une trilogie. Il n’y a plus pour le lecteur la magie de la découverte d’un monde imaginaire et il n’y a pas non plus la tension narrative liée au dénouement. On est dans un moment de calme avant la tempête finale que l’on attend avec impatience, et qui fait quelque peu passer les évènements relatés ici pour de l’anecdotique. Mais Christopher Paolini en profite pour développer les aspects de son monde qu’il n’avait fait qu’évoquer lors du premier tome. Il en profite surtout pour faire évoluer ses personnages et leur faire acquérir la maturité dont ils auront besoin lors de l’affrontement finale. La trilogie de l’Héritage a un fort aspect « roman d’apprentissage ». Alors évidemment, le jeune Américain n’a pas le talent d’un Balzac, mais j’aurais quand même rêvé d’écrire un tel roman à son âge.

Par contre, pour le lecteur français, la trilogie de l’Héritage souffre d’un incontestable inconvénient. C’est le nom du grand méchant. Galbatorix… Cela semble sorti d’un mauvais album d’Asterix. Evidemment, cela ne pose problème que chez nous, mais du coup, ce personnage qui devrait inspirer la crainte prête involontairement à sourire. Mais bon, ça reste mince comme défaut.

L’Aîné donne donc une furieuse envie de lire Brinsingr, le troisième et dernier tome, de la trilogie de l’Héritage. Il est évident que cette dernière ne vaut pas le coup d’être lue pour ce tome uniquement, mais il constitue une très bonne transition avant un final que l’on attend avec impatience… Enfin personnellement, ça donnerait plutôt « dont j’attends qu’il sorte en format poche avec impatience… » 

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