LE FILS DE L’HOMME INVISIBLE (François Berléand) : Court, original et réjouissant

lefilsdelhommeinivisibleFrançois Berléand est un acteur à la carrière étonnante. En effet, s’il est présent sur nos écrans depuis les années 70, il a connu un succès phénoménal et soudain ces dernières années. Si bien qu’au début des années 2000, on ne pouvait quasiment pas voir un seul film français sans qu’il figure au casting. Cela s’est quelque peu calmé depuis, mais c’était quand même étonnant de voir ça pour un comédien qui allait vers ses 50 ans. Mais François Berléand ne sait pas que jouer la comédie. Il sait aussi écrire. Pour preuve, son seul et unique roman, le Fils de l’Homme Invisible, qui prouve que c’est un homme aux multiples talents.

Le jeune François Berléand a tout juste 11 ans quand un jour son père lui dit, au détour d’une conversation, « De toute façon, toi, tu es le fils de l’Homme Invisible… ». Quelle révélation ! Mais du coup, est-il lui aussi invisible ? Il va très vite s’en persuader… ce qui ne va pas tarder à lui attirer bien des ennuis.

Le Fils de l’Homme Invisible est une sorte de recueil de souvenirs d’enfance, racontés avec humour… mais pas que. Car que ce qui n’était qu’une imagination enfantine quelque peu débordante va se révéler être le catalyseur d’un malaise qui va le poursuivre toute son adolescence. Heureusement, François Berléand a désormais assez de recul pour nous raconter cela avec infiniment de détachement, de tendresse et de dérision.

Les Film de l’Homme Invisible est avant tout très drôle. On se délecte à chaque page des trésors d’imagination déployés par le jeune François pour justifier ses échecs et sa faculté d’auto-persuasion. Il n’est jamais à cours d’arguments envers lui-même et arrive toujours à se convaincre, même si tout lui indique son erreur. Cela a des conséquences souvent anodines, parfois plus dramatiques, mais cela nous arrache toujours un large sourire.

François Berléand nous fait part entre les lignes de la grande souffrance qu’a été son adolescence, mais d’une manière intelligente et originale. Le ton évolue tout au long de Le Fils de l’Homme Invisible car si croire de telles illusions est mignon lorsque l’on est enfant, cela devient peu à peu pathétique, lorsque les années s’accumulent. Et surtout, elles ne permettent pas de se construire en tant qu’adulte. Mais encore une fois, jamais ce livre n’est déprimant ou même triste. Le ton est toujours ironique et plein d’une auto-dérision qui n’est pas accessible à tout le monde.

Le Fils de l’Homme Invisible est un roman très court, on est presque à la limite de la longue nouvelle. Du coup, François Berléand n’a pas le temps d’épuiser l’idée de départ, ni de s’appesantir de trop et du coup tourner en rond. C’est vif et va droit au but. Cela se lit donc d’autant plus avec un grand plaisir, surtout la plume de l’auteur est elle aussi très agréable. Ajouté à l’originalité du sujet, on tient là un petit concentré de bonheur littéraire à consommer sans modération.

On peut facilement imaginer que l’écriture de Le Fils de l’Homme Invisible a été avant tout une démarche pour lui-même de la part de François Berléand. On ne mesure aussi guère facilement à quel point tout cela est romancé, car cela l’est forcément un minimum. Mais ce livre se situe à des années lumières d’une sorte d’autobiographie complaisante. Il resterait très agréable à lire, combien même il aurait été écrit à partir de la pure imagination d’un auteur totalement inconnue.

Le Fils de l’Homme Invisible constitue donc une curiosité littéraire courte, mais drôle et originale. Une œuvre vraiment unique, à la fois personnelle et réjouissante.

 

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