TRAFIC DE RELIQUES (Ellis Peters) : Les débuts du moine détective

traficdereliquesFrère Cadfael est un des premiers personnages du type « détective historique » puisque ses enquêtes nous mènent au cœur de l’Angleterre du XIIème siècle. Il a été crée en 1977 par Ellis Peters avec ce premier tome, Trafic de Reliques. Le roman ne nous présente pas encore un personnage ou une intrigue tout à fait mature, mais les prémisses du succès sont déjà là.

Le monastère bénédictin de Shrewsbury souffre d’un handicap majeur. Il ne recèle pas en son sein de reliques susceptibles d’attirer les pèlerins et leurs donations. Le Pays de Galles voisin, lui, en compte des centaines un peu partout. Un beau jour, Sainte Winifred apparaît à un des moines et lui ordonne d’aller chercher et de ramener ses ossements. Une délégation est alors envoyée dans ce but, mais va se heurter à l’hostilité du seigneur des lieux. Ce dernier est retrouvé mort assassiné le lendemain. Le signe d’une vengeance divine pour certain. Mais frère Cadfael pense très rapidement que la vérité est ailleurs.

Trafic de Reliques reprend les éléments d’un polar classique avec son crime, son mobile à déterminer puis enfin un coupable à confondre. Que le tout se passe en plein moyen-âge ne change pas grand-chose au fond. Les amateurs du genre ne seront pas déçus et trouveront là leur petit jeu préféré. Frère Cadfael est un détective qui en vaut bien d’autre et, tel un Hercule Poirot, se base sur les éléments matériels et une grande attention aux comportements humains pour dénouer les fils du mystère.

Cet aspect de Trafic de Reliques ne réserve donc pas de grande surprise. Cela constitue le fil rouge principal et il est assez solide pour que la lecture reste un plaisir. Le suspense n’est pas non plus insoutenable et l’intrigue suscite plus de la curiosité qu’une véritable passion. Le dénouement n’est pas non plus hyper surprenant et on ne peut pas dire que le roman est parcouru de bout en bout par une insoutenable tension.

Mais ce qui aurait pu faire la différence ce sont évidemment tous les à-côtés, les personnages et le contexte historique. J’ai déjà lu un autre roman de la série (l’Apprenti du Diable) et il m’avait fait une meilleure impression. Ellis Peters ne semble pas encore tout à fait sûr de la personnalité qu’il souhaite donner à Frère Cadfael. Il porte déjà son regard détaché de l’hypocrisie de la vie monastique, du à une vocation survenue sur la fin d’une vie pleine d’aventures. Mais il le fait ici avec moins d’acuité et sans l’ironie mordante qui a fait le succès de cette série.

Trafic de Reliques laisse donc quelque peu le lecteur sur sa faim. Il s’agit certes d’un premier épisode, on peut donc aisément pardonner les imperfections et les hésitations. Il est tout à fait possible que s’il avait été le premier de la série que j’avais lu, il m’aurait fait bien meilleure impression, puisque je n’aurais pas pu comparer avec les tomes suivants. On sent cependant le potentiel du personnage et savoir qu’il a été bien mieux exploité par la suite (enfin au moins dans l’épisode que j’ai lu) permet de relativiser les défauts de cet épisode.

Je ne sais donc pas s’il faut conseiller Trafic de Reliques à ceux qui voudraient découvrir les enquêtes de Frère Cadfael. Commencer par le commencement peut paraître logique, mais les lecteurs impatients seront peut-être déçus. En tout cas, cette série reste indispensable pour tous les amateurs de polars historiques.

 

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