PHRAZES FOR THE YOUNG (Julian Casablancas) : Créatif ou chargé ?

phrazesfortheyoungjuliancasablancasDans un groupe, l’ego le plus fort est souvent celui du chanteur. Il est vrai que la plupart des cris énamourés des fans lui sont adressés et qu’une voix fait beaucoup pour l’identité musicale d’un groupe. Du coup, il a souvent vite fait de se croire irremplaçable et surtout qu’il n’a pas vraiment besoin des autres pour réussir. Il entame alors une carrière solo, pour que son nom figure enfin seul sur une pochette d’album. C’est exactement ce qu’a fait Julian Casablancas, le chanteur de The Strokes, avec son album Phrazes for the Young.

Julian Casablancas est un américain né avec une petite cuillère d’argent dans la bouche, puisqu’il est le fils de John Casablancas, le fondateur de l’agence de mannequin élite. On imagine donc l’enfance difficile du garçon… Il est néanmoins devenu une rock star en fondant en 1998 The Strokes, avec d’autres musiciens new-yorkais. Après trois albums à succès, il sortira donc cet album solo en 2009. Mais cela ne signifie pas pour autant la fin du groupe puisque The Strokes a sorti un quatrième album, Angies, en 2011.

Bon, j’avoue je suis un peu embêté pour donner mon avis sur Phrazes for the Young. En effet, je lui reconnaît d’immenses qualités, mais au final je n’ai pas été franchement enthousiaste. Tout avis est subjectif, mais cet album est objectivement une œuvre aboutie, celle d’un vrai musicien créatif et doué d’un immense et incontestable talent. Certes, l’album est court, 8 titres seulement, mais chacun d’eux a nécessité un travail important à n’en pas douter.

En fait, mon écoute de Phrazes for the Young a été un peu un chaud et froid permanent. En effet, j’adore environ un titre sur deux. Et inversement, l’autre moitié me laisse plutôt indifférent. Elle n’est pas pour autant mauvaise, mais de mon point de vue pas à la hauteur du reste. L’album commence pourtant fort avec le très bon Out of the Blue. Mais les deux titres suivant, les deux seuls à vraiment se ressembler, ont clairement calmé mon enthousiasme. Ensuite on repart pour deux excellents titres, puis deux moyens, avant un très beau morceau final.

La musique de Julian Casablancas sur Phrazes for the Young est très élaborée. Chaque instrumentation est complexe, extrêmement travaillée, proposant des sonorités diverses, des coupures de rythme. Chaque titre a vraiment sa propre personnalité et ne ressemble guère aux autres. Bref, Julian Casablancas n’est pas un simple chanteur avec une guitare qui pousse la chansonnette. Je ne peux que saluer le travail accompli. Mais cette complexité fait qu’on a forcément un jugement assez tranché sur ces morceaux. C’est un peu ça passe ou ça casse. Ce n’est jamais désagréable, mais on peut trouver ça facilement un peu trop chargé.

Reste cependant un élément présent sur tous les morceaux et qui fait le bonheur de notre oreille : la voix de Julian Casablancas. Une voix profonde au charme particulier. Il sait parfaitement s’en servir comme un instrument à part entière, lui conférant une tonalité adaptée à chacun des morceaux. Mais elle garde toujours ses qualités. On peut d’ailleurs regretter que sur Phrazes for the Young, les instrumentations élaborées écrasent parfois ce chant qui se suffirait largement à lui-même.

Phrazes for the Young est donc un album qui ne laissera certainement indifférent. On peut facilement lui vouer une admiration à la hauteur du travail de création accompli par Julian Casablancas. Mais on peut aussi lui préférer une musique plus directe qui au final touche plus facilement l’auditeur.

Pour finir, faisons le tour de Phrazes for the Young.

1.: Out of the Blue
La voix profonde se pose sur un rock énergique. Quelque chose d’Iggy Pop !

2.: Left and Right in the Dark
Le morceau s’ouvre sur le son d’un vieux synthé, pour un titre aux allures rétro, à défaut d’être génial.

3.: 11th Dimension
Dans la même veine que le précédent, mais en plus dansant et dynamique.

4.: 4 Chords of the Apocalypse
Une ballade entre rock et country, qui possède une vraie puissance et où la voix exprime beaucoup de choses.

5.: Ludlow Street
Une ballade plus pop, mais énergie, créativité et maîtrise s’y marient parfaitement.

6.: River of Brakelights
Un rock électro pas mal, mais sans plus.

7.: Glass
Le clavier y est très présent, mais il écrase un peu trop la voix et c’est dommage.

8.: Tourist
Un rock posé, presque sombre, tout en maîtrise. Une très bonne conclusion.

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