GAGNER LA GUERRE (Jean-Philippe Jaworski) : Confirmation fantaisiste francophone

gagnerlaguerreLorsque l’on découvre un nouvel auteur à l’occasion d’un roman que l’on apprécie vraiment énormément, on est impatient de le retrouver dans un nouvel ouvrage. C’était mon cas après avoir lu Janua Vera de Jean-Philippe Jaworski. J’ai donc attaqué Gagner la Guerre avec beaucoup d »envie et d’impatience. Je n’ai pas été déçu, même si mon enthousiasme est au final quand même moindre. Cela reste cependant la confirmation que notre beau pays compte en son sein un excellent auteur de fantasy.

Don Benevenuto raccompagne le patrice Mastiggia sur sa galère après que la flotte de la République de Ciudalia ait vaincu celle de Ressine. Quelle n’est pas leur surprise de voir trois vaisseaux ennemis les prendre en chasse.

Oui, je sais, mon synopsis est assez court et ne dit pas grand chose sur la teneur exacte du récit. On peut même dire que j’ai résumé les trois première pages… sur 980. Mais Gagner la Guerre va très vite offrir un premier rebondissement inattendu qu’il aurait été dommage de gâcher. Cela permet de se rendre immédiatement compte des immenses qualités de conteur de Jean-Philippe Jaworski. Malgré la longueur de son récit, il parvient toujours à maintenir l’intérêt du lecteur, même dans les moments plus faibles.

Gagner la Guerre nous amène au Vieux Royaume, monde imaginaire où se déroulent les principales œuvres de Jean-Philippe Jaworski. Un monde entre antiquité et moyen-âge, avec un rien de magie et quelques créatures fantastiques. Mais ces derniers aspects sont assez légers, ce qui pourrait apparenter ce roman à de l’historique inventé, plutôt que de la fantasy pure et dure. Du coup, on ne sent jamais vraiment perdu, même si les institutions de la République de Ciudalia sont relativement complexes.

Gagner la Guerre est un roman qui a pour fond des intrigues politiques et de la lutte pour le pouvoir. Mais il nous montre surtout l’envers du décor de ce monde relativement violent. En effet, le héros et narrateur est chargé des basses œuvres d’un politicien puissant. On est donc plus souvent dans le sang et la boue que dans les salons où tout n’est que conventions et faux-semblants. L’ironie et cynisme avec laquelle le récit nous est rapporté donne un ton parfois quasi humoristique à ce roman, qui au final ne se prend pas trop au sérieux.

Gagner la Guerre est cependant peut-être un peu trop long. 1000 pages, c’est sans doute 200 de trop. Heureusement, la qualité de l’écriture de Jean-Philippe Jaworski permet de ne jamais sortir du récit. Simplement, à certains moments, on est quelque peu impatient de connaître la suite des évènements et on trouve que cela traine un peu en longueur. C’est assez ponctuel et ne gâche pas de trop le plaisir que l’on ressent à la lecture de ce très bon roman, cela nous empêche d’être définitivement enthousiaste.

Comme je l’ai déjà souligné, Gagner la Guerre se démarque pas la qualité de la plume de l’auteur. Déjà parce que dans ce domaine, il est rare de trouver des auteurs francophones qui ne subissent donc pas la trahison inévitable que constitue la traduction. L’écriture est fluide, riche et solide. C’est écrit comme de la très bonne littérature et cela explique largement pourquoi ce roman a reçu le prix Imaginales 2009, qui récompense le meilleur roman de fantasy.

Gagner la Guerre confirme donc tout le bien que je pense de Jean-Philippe Jaworski. Peut-être s’est-il ce coup-ci laissé emporter par son ambition, mais il signe tout de même là un très bon roman.

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