HIGH VIOLET (The National) : Voix sans sommets

highvioletthenationalLorsque j’ai écrit une critique de Boxer, le précédent album de The National, je l’avais intitulé « une belle voix pour un album sans surprise ». Je serais malheureusement tenté de réutiliser le même titre pour vous parler de High Violet, leur album suivant, si je refusais de m’adonner à une telle paresse intellectuelle. En effet, les caractéristiques de ce nouvel album restent les mêmes pour une qualité globale même inférieure. Bref, une petite déception, il faut bien l’admettre, mais si tout n’est pas à jeter, loin de là.

The National est toujours un quintette américain, originaire de Cincinnati. Il est formé d’un chanteur et compositeur, Matt Berninger et de deux paires de frangins : Aaron et Bryce Dessner d’un côté, Bryan et Scott Devendorf de l’autre. Ils ont sorti leur premier album en 2001. High Violet est quant à lui leur sixième et est sorti en 2010.

Le principal défaut de High Violet reste une certaine hétérogénéité. L’album a notamment du mal à démarrer puisque les trois premiers morceaux sont relativement médiocres. Ensuite, la qualité se maintient et arriverait presque à nous faire oublier le début raté. Cependant, ça n’atteint jamais des sommets. Les titres sont ensuite tous tout à fait écoutables, mais on regrette cependant qu’après un Little Faith ou un Runaway, largement au-dessus du lot, l’album ne continue pas sur sa lancée pour nous proposer quelque chose de globalement plus marquant.

La musique de The National repose beaucoup sur la voix de Matt Berninger. Une voix qui rappelle celle de Nick Cave, pas son côté caverneuse. Quand il la pose et la maîtrise totalement, le résultat est toujours particulièrement convaincant. Mais dans High Violet, il la laisse souvent flotter, pour un résultat plus éthéré. Certes, cela assure une certaine variété au sein même de l’album, mais on peut regretter que le groupe ne s’appuie pas plus sur ce qui constitue tout de même leur point fort. Le résultat n’est pas forcément mauvais, mais arrive encore moins à se démarquer des autres productions du genre.

Globalement, High Violet se laisse donc tout de même écouter. Les amateurs de rock américain très tranquille, puisant beaucoup dans ses racines blues, apprécieront cet album malgré ses imperfections. Il aura sa place dans leur discothèque, même s’il n’occupera pas une place de choix. The National doit pourtant sûrement se voir sur scène avec grand plaisir, car la voix de Matt Berninger doit alors transmettre une réelle émotion. Dommage que sur cet album studio, il n’exploite tout son potentiel que sur Runaway et sur England. Le groupe confirme malheureusement après Boxer les limites de sa créativité, qui n’enlève rien à ses qualités, mais le condamne à jouer en deuxième division dans l’arène musicale. Je sais c’est cruel, mais c’est un monde impitoyable !

High Violet sort donc trop peu du lot pour être vraiment marquant. Il n’est pas dénué de qualités, mais ne possède pas cette étincelle de talent supplémentaire qui fait vraiment la différence.

Pour finir, regardons de plus près les titres que l’on trouve sur High Violet

1.: Terrible Love
Une introduction assez sombre et un peu brouillonne.

2.: Sorrow
La voix est magnifique, parfaitement posée, mais le titre ne semble jamais vraiment démarrer.

3.: Anyone’s Ghost
Matt Berninger ne prend plus la peine d’articuler. Le titre est plus évaporé et c’est dommage.

4.: Little Faith
Enfin tout est réuni : la voix est posée, la mélodie est assez jolie et l’instrumentation est parfaitement maîtrisée.

5.: Afraid of Everyone
Retour à une musique plus éthérée, mais avec conviction et maîtrise.

6.: Bloodbuzz Ohio
Un titre plus rock, mais un rien lancinant.

7.: Lemonworld
Le ton est plus sombre. Cela manque d’un tantinet de conviction, mais le résultat n’est tout de même pas si mal.

8.: Runaway
Une jolie ballade, avec beaucoup d’émotion à travers la voix.

9.: Conversation 16
Un morceau Presque pop et pas mal du tout.

10.: England
Un titre un rien mélancolique. La voix est très profonde et très belle.

11.: Vanderlyle Crybaby Geeks
Un morceau qui sonne comme un au revoir.

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