LA BETE COINTRE LES MURS (Edward Bunker) : Devil inside

labetecontrelesmursParmi les livres que j’ai récupérés sur le trottoir, que mes anciens voisins voulaient jeter, figurait Aucune Bête Aussi Féroce d’Edward Bunker, un livre dont je vous ai déjà livré la critique et que j’avais qualifié de grand roman. Il traitait de la difficile, voire impossible, réinsertion d’un ancien détenu après des années de prison. Le tout écrit magistralement par un auteur, lui-même ancien braqueur récidiviste. Cette fois-ci, je vais vous parlez de La Bête contre les Murs, du même auteur, qui cette fois nous plonge même au cœur de l’univers carcéral. Avec la même réussite.

Si le titre fait un lien entre les deux œuvres, c’est uniquement parce que les sujets sont proches. Les histoires n’ont en fait rien à voir. La Bête Contre les Murs nous raconte l’amitié entre un jeune détenu qui doit apprendre les règles et les codes de l’univers carcéral, avec un vieux routier du lieu qui semble « être né ici ». Le roman dresse un tableau sans concession de cet univers si particulier et si dur. Il relate avec force toute sa violence, notamment sexuelle, et la manière dont elle vous endurcit ou vous détruit.

Mais le plus passionnant dans la Bête Contre les Murs reste le formidable recul avec lequel Edward Bunker traite un sujet qui pourtant lui parle forcément au plus profond de lui. Il y a ni vision morale, ni apitoiement. On se prend de sympathie pour les deux protagonistes, mais on n’oublie jamais qui ils sont. Toute la force de ce roman repose ainsi sur cette justesse de jugement sur des êtres humains, contraints de vivre dans un monde qui les pousse à se comporter comme des bêtes féroces. Or, ils n’en sont pas, même s’ils n’ont rien d’agneaux non plus.

La qualité d’écriture d’Eward Bunker est étonnante pour quelqu’un qui a eu son parcours, même si évidemment la traduction nous offre peut-être une vision déformée de son style. En tout cas, il possède un don qu’il exploite infiniment mieux en nous livrant ce passionnant La Bête Contre les Murs plutôt qu’en croupissant dans un univers qui change tous ceux qui le fréquente à jamais.

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