Les thèses complotistes fleurissent désormais sur Internet et surtout dans les cerveaux de beaucoup de gens qui croient dur comme fer que les Illuminatis existent réellement. Il était une époque pas si éloignée où ce genre de théorie ne prenait vie que dans les romans d’espionnage. Des romans comme le Cercle Bleu des Matarèse de Robert Ludlum, le père de Jason Bourne. Un roman écrit en 1979, une année décidément riche en événements heureux.
Le Cercle Bleu des Matarèse est un roman moins épais qu’il en a l’air car il se dévore avec une avidité qui ne faiblit jamais. L’intrigue met du temps à démarrer mais c’est pour mieux faire monter le mystère. La tension narrative ira crescendo pendant les deux tiers du roman. On se prend au jeu, on s’attache aux personnages et on brûle d’envie de connaître toute la vérité sur ce complot aussi secret que terrible. C’est parfois un peu improbable mais comme le sont les meilleurs romans d’espionnage. Le style et incisif et toujours clair, permettant une lecture facile et gourmande sans que le lecteur ne se sente jamais perdu.
Le plus difficile dans ce genre d’exercice est de lever le mystère sur une vérité convaincante. Robert Ludlum nous amène à une conclusion cohérente et qui découle de manière fluide du récit qui l’a précédée. Cependant, sans être décevante, la fin du Cercle Bleu des Matarèse n’est pas tout à fait à la hauteur du reste. Peut-être que l’auteur qui était alors au début de sa carrière n’a pas osé nous proposer un dénouement vraiment spectaculaire, de peur d’en faire trop. Du coup, cette puissance obscure censée dominer le monde apparaît d’un coup beaucoup moins effrayante et on se dit « tout ça pour ça… ». Mais le tout ça reste tout de même réellement excellent.