La longue saga des Rougon-Macquart d’Emile Zola reste certainement une des entreprises littéraires les plus ambitieuses de l’histoire. Dresser un tableau aussi exhaustif d’une époque et de tout un pays représente un travail titanesque qui va forcément entraîner l’auteur sur des terrains qu’il ne connaît pas. Malgré tout le travail de documentation qu’il pourra réaliser, il restera toujours une part d’idées reçues trop profondément ancrées pour totalement s’en débarrasser. De mon point de vue, et même si je ne suis pas un spécialiste de la paysannerie du XIXème siècle, la Terre est un roman qui traduit plus une vision préconçue de son auteur qu’un portrait fidèle. Et du coup, il peine à convaincre.
En toute honnêteté, je n’ai peut-être pas lu la Terre dans les meilleures conditions. Une lecture avec des pauses assez longues qui a fait que j’ai assez vite décroché et me suis retrouvé perdu dans une foule de personnages, affublés de surnoms dont il est parfois difficile de se rappeler les liens notamment familiaux qu’ils entretiennent entre eux. Je ne suis donc pas parvenu à apprécier cette intrigue dont je n’ai pas toujours saisi tous les ressorts. Mais cela n’a fait que renforcer mon impression d’un auteur peu à l’aise avec son sujet et qui se laisse aller à la paresse de clichés trop faciles pour être totalement honnêtes.
Pourtant, j’ai passé une bonne partie de ma vie professionnelle à travailler sur le foncier agricole et je mesure totalement l’attachement du monde agricole à « la terre ». De ce point de vue, je ne formulerai aucun reproche à Emile Zola d’avoir montré à quel point cet attachement pouvait rendre fou. Mais il le fait de manière trop caricaturale et maladroite pour que j’y trouve vraiment plaisir que je partage un point de vue particulièrement biaisé sur ce monde singulier. Bref, la Terre ne restera pas mon roman préféré dans la série des Rougon-Macquart. Mais Zola parle trop bien du monde urbain pour que je lui en veuille outre mesure d’avoir raté son rendez-vous avec le monde rural.