Le 19ème siècle reste décidément pour moi l’âge d’or de la littérature. Je rêverai de posséder un style aussi puissant et une maîtrise de la langue aussi totale que Victor Hugo, Honoré de Balzac, Gustave Flaubert, Emile Zola ou encore Guy de Maupassant. Pour ce dernier, j’étais moins convaincu car je connaissais finalement assez peu son œuvre. Je me suis donc décidé (enfin au hasard des livres ramassés dans la rue) à lire Bel Ami, sans savoir grand chose d’autre qu’il s’agit d’un des plus grands classiques de la littérature française. Je sais désormais pourquoi.
Bel Ami est une œuvre étonnante par son aspect profondément et ouvertement immoral. Le personnage principal, un arriviste qui utilise son charme pour manipuler les femmes et arriver à ses fins, est un anti-héros qui inspire autant de fascination que de dégoût. Ses victimes ne sont pas toutes des modèles de vertu, mais difficile de cautionner toutes les manœuvres qu’il entreprend pour gravi les échelons de la société. On comprend aisément que derrière tout cela, il y a une dénonciation forte de l’hypocrisie de l’époque et des valeurs morales prônées par une bourgeoisie qui ne les appliquait guère pour elle-même. On retrouve l’esprit de Pot Bouille d’Emile Zola avec un mordant encore plus fort à mon sens.
Difficile de ne pas user de superlatifs pour parler du style de Guy de Maupassant. C’est sans doute un cliché plus ou moins erroné, mais j’ai envie de dire que plus personne n’écrit de cette façon. L’écriture est un peu datée, mais son équivalent moderne n’atteint pas un tel degré de perfection. Bel Ami est un roman qui se dévore, dont l’intrigue vaut mille fois celles de bien des séries qui peuplent nos écrans. On avale page après page, avide de connaître où va s’arrêter le « héros » de cette histoire finalement assez intemporelle. Quand on y regarde bien, l’hypocrisie est loin d’avoir disparu, même si elle prend désormais d’autres formes. Manque juste un Guy de Maupassant pour démasquer celle d’aujourd’hui.