Stephen King est connu pour avoir écrit beaucoup d’excellents romans dont ont été tiré de très mauvais films. Les quelques chefs d’œuvre cinématographiques issus de son œuvre, au premier rang duquel Shining, s’avèrent souvent assez peu fidèles au texte dont ils sont nés. Cela peut paraître totalement paradoxal. Ou peut-être est-ce simplement la preuve que la narration littéraire et cinématographique sont deux exercices très différents. Il existe un moyen de s’en rendre compte en lisant Peur Bleue, au moins dans son édition J’ai Lu, qui nous permet de découvrir une excellente nouvelle… et l’exécrable scénario qui en est tiré.
J’avoue, je n’ai jamais vu Peur Bleue, le film réalisé à partir de ce scénario. Mais les avis spectateurs laissés sur Allociné ne donnent vraiment pas envie de le découvrir. Ils confirment surtout l’impression laissé à la lecture du script. Mais parlons d’abord de La Nuit du Loup-garou, titre officiel de la nouvelle de base. On y retrouve tout l’extraordinaire talent de narrateur de Stephen King. L’histoire est racontée par des cours chapitres, de deux à quatre pages le plus souvent, racontant un événement survenu chaque mois d’une même année. Le récit ne suit donc pas un cours classique et on apprécie réellement la maîtrise de l’art de la nouvelle qu’a toujours démontré Stephen King. Soit comment à travers un texte court faire naître une intrigue, des personnages, un décor, une ambiance. Il y parvient une nouvelle fois à la perfection avec un talent infini.
Vient donc ensuite le scénario, pourtant écrit par Stephen King lui-même. Pourtant, on se demande vraiment s’il s’agit du même homme. En effet, les impressions laissées par le deux textes sont radicalement différentes. On peut évidemment comprendre qu’on ne puisse pas garder la structure narrative originale et qu’il faille étoffer un peu l’histoire pour occuper la durée minimale d’un long métrage. Mais Stephen King abandonne du coup tout ce qui faisait l’originalité de son histoire pour la rendre d’une banalité affligeante. De plus, les ajouts n’apportent strictement rien, voire s’avèrent quelque peu ridicules. Quand aux indications de mise en scène… on comprend que le film soit mauvais si Daniel Attias, le réalisateur, les a suivies à la lettre. Bref, on comprend mieux à quel point l’adaptation est un art difficile, surtout quand l’œuvre de base n’est pas retranscriptible en scénario directement. Et pas sûr que l’auteur du texte littéraire soit le mieux placé pour réaliser cette adaptation.