L’histoire recèle quelques moments mystérieux où on ne sait pas exactement ce qui s’est passé. Cela laisse évidemment tout loisir aux auteurs audacieux de s’en emparer pour l’imaginer. On en avait eu un exemple au cinéma avec Elvis & Nixon par exemple, qui imaginait ce que ces deux personnages avaient pu se dire lors d’un entretien à la Maison Blanche. Le roman Agatha nous livre un récit fictionnel, racontant les dix jours où Agatha Christie a disparu. Un épisode qui avait alors la une des journaux, mais sur lequel la mère d’Hercule Poirot n’est jamais revenu, y compris dans son autobiographie. Frédérique Deghelt pouvait donc laisser parler sa créativité. Elle n’en a malheureusement pas fait grand chose.
Agatha se présente sous forme d’un journal qui aurait été tenu par Agatha Christie pendant sa fugue. Cela crée une certaine intimité avec l’autrice de Ils Etaient Dix et un attachement assez immédiat. Malheureusement, le reste n’est qu’une longue litanie d’états d’âmes et de considérations plus ou moins philosophiques sur l’amour, la jalousie, le manque de lucidité que ces sentiments génèrent. Car les pensées sont celles d’une femme quittée, mais encore amoureuse, qui se trouve largement dans le déni. Cette phrase résume bien tout le contenu du livre. Sauf que c’est un peu léger. Si parfois certaines réflexions font échos à des situations que l’on a nous-mêmes vécues et même si le roman n’est pas finalement pas si long, on aurait aimé qu’à un moment donné le propos dérive vers d’autres sujets.
Tout cela est vraiment dommage car la plume de Frédérique Deghelt est légère et fort agréable. La proximité avec la principale protagoniste ne vient pas uniquement du choix de faire d’Agatha un journal. Cela tient aussi au talent de l’écrivaine qui sait choisir ses mots avec soin. Cela ne permet pas de compenser le manque d’épaisseur de son récit, mais cela permet de ne pas rendre l’expérience trop pénible. On perd juste son temps. Personnellement, je l’aurais perdu autour d’une piscine sous un beau soleil estival, donc je ne vais pas trop m’en plaindre.