Laurent Martin est un vrai auteur de polar. Son roman l’Ivresse des Dieux a même été primé. Il avait donc toute légitimité pour signer un épisodes du Poulpe, ce personnage qui n’appartient à personne, dont chaque aventure est signée par un auteur différent. Certains l’Aiment Clos est un des meilleurs que j’ai eu l’occasion de lire et je commence à en avoir lu un certain nombre. En tout cas, c’est un des volumes qui s’apparente le plus à un vrai polar, en suivant les codes les plus classiques de ce genre littéraire. Peut-être pas le plus original donc, mais clairement un des mieux écrits.
Certains l’Aiment Clos est un huis-clos classique (d’où le titre) où de nombreux personnages sont enfermés et voient certains d’entre eux mourir les uns après les autres. Situation indémodable qui ne se démode pas puisque le récit est plaisant à lire. Le décor, un monastère, est lui aussi du déjà vu, mais là aussi il s’avère très efficace. Le tout fonctionne très bien, puisque l’on retrouve par ailleurs tout l’esprit de ce personnage, un peu cynique et désabusé. Un Poulpe qui revient donc aux fondamentaux, du polar et de la série elle-même, pour un épisode convaincant. L’intrigue se déroule avec beaucoup de maîtrise, parvenant à ménager un vrai suspense qui nous tient en haleine.
Certains l’Aiment Clos est également mieux écrit que la moyenne des épisodes de la série. Les auteurs du Poulpe sont parfois des journalistes ou des écrivains très intermittents. Ici, nous avons à faire à un vrai romancier et cela se sent. Ce n’est pas du Victor Hugo, mais le style est vivant et clair, rendant ainsi la lecture aussi facile qu’agréable. Le format est toujours court, donc on passe un bref moment de plaisir littéraire simple et sans fioriture. Un vrai roman de gare dans ce qu’il y a de plus noble, celle qui vous rend les voyages moins long, à défaut de les rendre inoubliables.