Dans mon billet d’hier, j’évoquais que derrière chaque médaille, il y avait une histoire. Il ne s’agit pas que de sport. Il s’agit aussi d’autant de destins individuels, souvent extraordinaires. On ne devient pas médaillé olympique sans avoir quelque chose qui brûle en soi, allant bien au-delà de l’unique talent. Il faut une volonté, une détermination, une énergie que beaucoup d’athlètes puisent dans des parcours souvent hors du commun. Découvrir ces derniers fait intégralement parti du plaisir que l’on peut prendre à suivre l’actualité sportive. Ceux qui pensent que cela se résume à quelque chose comme « 11 mecs qui courent derrière un ballon » n’ont vraiment rien compris.
Quel meilleur exemple que la médaille de bronze de Lukas Mkheidze, qui a lancé la quinzaine olympique pour la délégation française ! Arrivé en France à 14 ans avec ses parents, fuyant la guerre qui sévissait en Ossétie, région reculée de Géorgie, on sentait dans sa manière de lutter toute l’influence d’une vie qui n’a pas été passée dans le confort et la soie. Sur le tatami, il n’affichait pas la plus belle technique (autant que je puisse en juger en n’étant pas un grand spécialiste du judo) et certainement pas le physique le plus impressionnant (il est le plus petit athlète parmi les Français participant à ces JO), mais il possédait dans le regard un feu qui ne s’acquière pas à l’entraînement.
Le combat le plus symbolique n’aura paradoxalement pas été sa finale victorieuse pour la médaille de bronze, mais sa demi-finale perdue contre le Taïwanais. Physiquement et techniquement, son adversaire a largement pris l’avantage à l’issue des quatre premières minutes de combat, au moment d’entrer dans le « golden score ». La défaite semblait alors inexorable, tant le Français se montrait incapable de reprendre l’avantage, victime d’un épuisement physique absolu. Mais pourtant l’affrontement allait durer encore et encore, Lukas Mkheidze refusant obstinément de céder.
L’inexorable finissant toujours par arriver, Lukas Mkheidze finit par perdre. Il n’y avait là qu’une logique sportive et personne ne pourrait lui en vouloir. Mais avec n’importe quel individu lambda, cette logique aurait abouti à ce résultat beaucoup plus vite. Sans cette énergie, qui n’a rien de désespérée, cette défaite n’aurait procuré aucune émotion à ceux qui suivaient le combat. Grâce à elle, ils ont vibré, porté par l’espoir que l’impossible survienne. Le miracle n’a pas eu lieu, mais l’émotion est restée.
Une émotion allant bien au-delà de deux types en kimonos courant après une médaille…