Parfois, certaines lectures sont des circonstance. Ainsi, c’est sous le soleil de Catalogne, que j’ai lu Confiteor, un roman justement écrit en catalan. Enfin, j’ai lu sa traduction française puisque ma maîtrise de la langue locale se limite à « gracies » qui remplace « gracias ». Tout cela tient évidemment de l’anecdote, même si pouvoir visualiser certains lieux qui sont cités pour les avoir arpentés moi-même quelques jours auparavant a renforcé le plaisir procuré par ce très beau roman. Un roman parfois ardu, mais d’une grande profondeur et d’une richesse remarquable.
Confiteor se présente sous forme d’une sorte de confession (d’ailleurs le titre original est Jo Confesso). Le narrateur va revenir sur sa vie et plus largement l’histoire de sa famille, placée sous le signe de la culpabilité. Les fautes du père se transmettent au fils. Et plus largement, on porte le poids du mal commis avant nous. Ce thème central paraît assez peu réjouissant à première vue. Mais il donne vie ici à un récit intriguant, où l’on suit avec une certaines avidité une quête de vérité qui connaîtra son dénouement dans les dernières pages. Autour de ce fil rouge, se noueront tous les épisodes qui forment une vie (famille, amour, amitié…) mais qui prennent ici un sens inattendu. Ce roman est bien plus que le récit d’un destin. Il livre une réflexion qui interpelle fortement le lecteur, qui pourra mettre quelques temps à vraiment mesurer tout ce qu’il peut en tirer. Personnellement, en écrivant ces lignes, je me rends compte que je n’ai pas fini d’en faire le tour.
Jaume Cabré nous propose une écriture très personnelle et originale dans sa forme. Au sein d’une narration assez classique vient se greffer des réminiscences du passé ou des flash-backs sans coupure, ni réelle distinction, ce qui s’avère parfois un peu perturbant. On finit par s’y faire et on se dit que cela permet à Confiteor de vraiment se démarquer. Mais au final, je reste assez circonspect sur le procédé. L’auteur a clairement quelque chose à dire à son lecteur, pas simplement une histoire à lui raconter, et on peut trouver dommage qu’il brouille ainsi son propre message pour des effets de style un rien superflus. Ceci dit, cela n’enlève quand même au final pas grand chose de l’impact que ce livre peut avoir sur son lecteur et contribue certainement à son caractère mémorable.