CHANSON DOUCE (Leïla Slimani) : Du rêve au cauchemar

Certains noms nous semblent familiers car nous avons l’occasion de les entendre régulièrement. Mais en prenant un peu de recul, on s’aperçoit parfois que seul le nom nous est familier et qu’on ne sait finalement pas vraiment de qui il s’agit. Celui de Leila Slimani entrait pleinement pour moi dans cette catégorie. En effet, son nom ne m’évoquait en fait que la polémique née de son journal du confinement dans le journal le Monde, sans que je me demande vraiment jamais à quel titre elle avait été invité à proposer une chronique dans un tel quotidien. J’en sais désormais un peu plus après avoir lu Chanson Douce, le roman pour lequel elle a reçu le Prix Goncourt.

Chanson Douce nous raconte l’histoire d’un rêve qui se transforme en pire cauchemar. Ou quand la nounou idéale commence à prendre un peu trop de place dans la vie de ses employeurs. Le roman est structuré autour de courts chapitres qui font monter la tension de manière très progressive, presque un rien sadique. Leila Slimani parvient à placer un à un les rouages d’une mécanique qui finira par franchir un point de non retour. Le lecteur est aspiré dans le mouvement, comme le couple qui voit la situation lui échapper de manière inexorable. On aurait envie de crier à ce dernier de tout arrêter tant qu’il n’est pas trop tard, mais à chaque fois, on comprend pourquoi il ne le fait pas, préférant s’enfoncer toujours un peu plus.

La plume de Leila Slimani est particulièrement agréable. Son récit est pourtant relativement sombre dans son contenu. Mais comme pour ses personnages, elle parvient d’abord à créer une impression de douceur, dont on comprend vite qu’il s’agit en fait d’un calme avant la tempête. On traverse ensuite cette dernière, porté par un style toujours vif et alerte. On souffre avec les personnages, en se disant parfois que l’on pourrait être à leur place. On connaît tous autour de nous (ou bien pour nous-mêmes) des cas de personnes entrées dans des vies pour s’avérer plus tard être particulièrement malsaines. Heureusement, cela se termine rarement comme dans Chanson Douce, même si parfois la réalité dépasser la fiction.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *