Après le polar dans la Chine contemporaine avec les Courants Fourbes du Lac Taï, retour au polar dans la Chine impérial du 7ème siècle avec de nouvelles aventures du Juge Ti. Une façon de comparer les époques et de mieux comprendre comment les absurdités du régime communiste, délicieusement décrites par Xialong Qiu, ont des racines profondes dans la culture chinoise. Certes, cela se produit à travers un récit écrit par un Hollandais, mais quand on connaît la vie de Robert Van Gulik, on peut estimer qu’il sait de quoi il parle. C’est pourquoi, on peut apprécier Le Paravent de Laque pour toutes ses valeurs.
Comme pour beaucoup d’épisodes des aventures du Juge Ti, le Paravent de Laque raconte trois enquêtes distinctes en parallèle. Cette caractéristique rend ces romans parfois un peu difficiles à suivre car il faut se prêter à un petit exercice de reconnexion à chaque nouveau chapitre. Cela évite néanmoins la monotonie et donne beaucoup d’intensité au contenu. De plus, Robert Van Gulik a la bonne idée de proposer un index des personnages préalables, qui permet de recoller quelque peu les morceaux quand on se sent un peu perdu. Les protagonistes sont particulièrement nombreux par rapport à la longueur du récit, un rappel de qui est qui s’avère donc parfois nécessaire.
Mais lire le Paravent de Laque, ou n’importe quelle autre aventure du Juge Ti, c’est aussi plonger au cœur de la pensée confucéenne. Cette vision morale et rigide de la société qui diffère largement de la philosophie européenne issue des Lumières. Le roman appuie sur cet aspect certainement de manière quelque peu caricaturale, mais cela fonctionne et lui donne une saveur particulière. Elle ravira ceux qui aiment se confronter à une manière radicalement différente de penser. Et accessoirement, cela nous permet aussi de mieux comprendre la culture chinoise actuelle et pourquoi elle ne semble pas incline à se révolter contre le pouvoir communiste en place.
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