UN BEAU MATIN : Construction, déconstruction

Un Beau Matin affiche

Le moins que l’on puisse dire est que les artistes ont plusieurs fois leurs chances de faire leurs preuves auprès de moi. Je suis capable de continuer à lire des livres, écouter des albums ou bien encore voir des films signés de la même personne, même quand je n’ai pas vraiment apprécié ses œuvres précédentes. Ainsi, le fait de n’avoir jamais trop aimé les films de Mia Hansen-Løve (notamment un Amour de Jeunesse ou Bergman Island) ne m’a pas découragé d’aller voir un Beau Matin, en espérant que cette fois, je mêle mes louages à celles formulées par ailleurs par les critiques. Et bien, pour une fois, ma persévérance a eu du bon car ce film est incontestablement réussi et profondément touchant. Il marque par sa richesse et un propos loin de tout lieu commun. Cette fois-ci, la réalisatrice a utilisé sa sensibilité à très bon escient.

Mouvement perpétuel

Un Beau Matin nous raconte finalement deux histoires en une. Ou plutôt le double bouleversement qui vient frapper la vie du personnage principal. La jeune femme voit d’un côté le lien avec son père, atteint d’une maladie neurodégénérative, se déliter doucement et de l’autre la relation qu’elle a avec un vieil ami, pourtant marié, changer profondément de nature. Construction et déconstruction vont marquer cette histoire, fait d’allers et retours, d’éloignements de rapprochements. Ce mouvement perpétuel donne son souffle à cette histoire qui véhicule beaucoup d’émotion, sans misérabilisme. Si le sujet et son traitement pourrait de faire de ce film une caricature de film français, on peut aussi se dire que s’ils étaient tous de cette qualité, il y aurait moins de raison d’ironiser à leur sujet.

Un Beau Matin
Copyright Les Films Pelleas

Léa Seydoux éblouissante

Léa Seydoux est une actrice parfois clivante. C’est le lot des actrices qui tournent beaucoup et qui, comme Marion Cotillard, rencontrent un succès que certains jugent quelque peu immérités. Pourtant difficile de ne pas être admiratif devant sa prestation dans Un Beau Matin. Elle porte vraiment le film et le fait avec une justesse déconcertante, dans un rôle pourtant loin d’être facile. A ses côtés, Pascal Greggory est aussi à saluer car c’est le genre de rôle qui demande beaucoup de talent pour ne pas en faire trop et le décrédibiliser. A ce niveau-là, il se montre vraiment parfait. Enfin Melvil Poupaud n’a pas à rougir face à ce duo, même si son rôle est dans un registre tellement habituel pour lui, qu’on a un peu du mal à être encore émerveillé. Mais c’est sans doute injuste. En tout cas, ils contribuent tous à la réussite de ce film qui me poussera forcément à aller voir la prochaine œuvre de Mia Hansen-Løve.

LA NOTE : 12,5/20

Fiche technique :
Réalisation et scénario : Mia Hansen-Løve
Photographie : Denis Lenoir
Montage : Marion Monnier
Production : Philippe Martin et David Thion
Durée : 112min

Casting :
Léa Seydoux : Sandra Kingsler
Pascal Greggory : Georg Kingsler, le père de Sandra
Melvil Poupaud : Clément
Nicole Garcia : Françoise, la mère de Sandra
Camille Leban Martins : Linn, la fille de Sandra, 8 ans
Sarah Le Picard : Elodie Kienzler, la sœur de Sandra
Elsa Guedj : Esther

Fiche Allociné : https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=286697.html

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