MADAME BOVARY (Gustave Flaubert) : Il était temps

Madame Bovary de Gustave Flaubert

J’ai grandi avec l’idée qu’il fallait un jour que je lise Madame Bovary… mais pas tout de suite. En effet, ma mère, dont c’est le livre préféré, m’a toujours expliqué qu’il fallait avoir un certain âge pour l’apprécier pleinement. A 43 ans désormais, je peux aisément considérer que j’ai assez d’expérience et de recul pour enfin passer à l’acte. Je me suis donc attaqué à la plus grande œuvre de Gustave Flaubert avec une certaine curiosité et une réelle envie. Et même si quelques éléments m’ont laissé un peu circonspects, le moins que l’on puisse dire est que je n’ai pas été déçu.

Une incroyable mordernité

Ce roman est d’une incroyable modernité. On imagine facilement comment il a pu profondément choqué à sa parution tant Gustave Flaubert décrit sans détour les situations, de manière encore plu directe que Pot-Bouille de Zola par exemple. Pas de sous-entendu ou de périphrase. Le récit se concentre vraiment sur les sentiments de son héroïne, lui donnant une portée universelle et intemporelle. On peut s’y identifier même avec bientôt deux siècles de distance. Le roman donne voix à la condition féminine au sein de la société bourgeoise du XIXème siècle d’une manière vraiment étonnante pour l’époque. Car à travers l’ennui ressenti par Madame Bovary se dégage une critique sociale beaucoup plus profonde et relativement inédite pour l’époque.

Inversion des rôles

Madame Bovary n’est cependant pas dénué d’imperfection. Un élément étonnant est de voir son mari, Charles, être le personnage principal du début et de la fin du roman. Cet échange de statut, entre personnage principal et secondaire, réalisé entre Emma et Charles laisse comme un manque. Comme si la véritable histoire n’avait ni introduction, ni conclusion. Si le roman est considéré comme la plus grande œuvre sur le thème de l’ennui, il manque un pan au propos. En effet, elle survient en quelques pages, de manière soudaine et absolue. Gustave Flaubert use ici d’un raccourci narratif qu’on peut trouver dommageable. Cela ne remet évidemment pas en cause la place de ce roman dans l’histoire de la littérature française. Cela prouve juste que la perfection n’est pas de ce monde.

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