ILLUSIONS PERDUES (honoré de Balzac) : Un peu perdu, mais pas trop

Le livre est toujours meilleur que le film bla bla bla… J’ai souvent ironisé dans ces pages sur cet éternel débat un peu vain et qui revient fréquemment lors d’une adaptation d’une œuvre littéraire à succès. Je ne le relancerai pas ici, mais je prendrai une position claire à propos d’Illusions Perdues d’Honoré de Balzac en affirmant ma préférence nette pour… le film qu’en a tiré Xavier Giannoli. Je n’espère pas manquer ainsi de respect à une des plus grandes figures de l’histoire de la littérature, mais son roman, malgré son immense intérêt, souffre aussi de quelques défauts.

Le jeu des comparaisons pourrait n’avoir définitivement aucun sens quand on découvre que le roman se décompose en trois parties et que le film, après avoir éludé quelque peu la première, ignore purement et simplement la troisième. Mais force est de constater que c’est bien la deuxième qui constitue le cœur du propos d’Illusions Perdues. Si les premiers chapitres peuvent être vus comme des jalons posés pour préparer la suite, la partie finale ressemble un peu comme un prolongement greffé alors que l’inspiration n’est plus tout à fait là. Du coup, ça nuit quand même globalement à l’équilibre de l’œuvre que l’on quitte bien après le climax de l’intrigue, ce qui dilue largement son impact.

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ILLUSIONS PERDUES : Autopsie d’une époque

Vaut-il mieux lire d’abord le livre ou voir le film ? Si cette question n’a pas vraiment de sens, si ce n’est pour le plaisir réel de lancer des débats inutiles et donc indispensables, j’aurais pu être en mesure de me la poser. En effet, dans l’organisation très précise de mes lectures, Illusions Perdues de Balzac va être le prochain livre dont je vais entamer la lecture. Et au même moment, son adaptation sort sur nos écrans. Il m’est arrivé de bouleverser mon organisation (si, si, j’en suis capable) pour lire un livre avant de voir le film. Je ne l’ai pas fait cette fois. Je ne sais pas si j’ai eu tort ou pas, mais une chose est sûr, ce long métrage ne m’a sûrement pas détourné de l’envie de lire le roman.

J’avais abordé dans ma précédente critique, celle de Julie (en 12 Chapitres), la notion de roman d’apprentissage. J’aurais pu évidemment choisir la même introduction pour Illusions Perdues, qui figure comme un archétype de ce genre littéraire, particulièrement prisé au XIXème siècle. Le personnage principal est un jeune provincial qui arrive à Paris et qui va chercher à faire sa place dans ce monde nouveau. Voilà une introduction qui pourrait être celle de bien d’autres romans de l’époque. Cependant, celui-ci est aussi une vision acerbe d’un phénomène précis, à savoir l’essor d’une forme de corruption généralisée touchant la presse sous la Restauration, où une bonne critique pour une pièce de théâtre ou un roman s’achetait à prix d’or. Le grand mérite de cette adaptation est à la fois de décrire de manière minutieuse un phénomène historique précis… tout en dressant des ponts avec l’époque actuelle et certaines dérives de notre système politico-médiatique. On notera par exemple une petite phrase sur la perspective de voir « un banquier rentrer au gouvernement » qui nous fait forcément penser à notre Président actuel.

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