CHRONIQUE DES JO DE TOKYO: JOUR 3 : Dans la tête d’une championne olympique

Qu’est ce que ça fait de devenir championne olympique ? Voilà une question que les mordus de sport se sont souvent posés. Personnellement, elle m’est venue à l’esprit en suivant la course cycliste en ligne féminine ce matin, avec la victoire surprise de l’autrichienne Anna Kiesenhofer. Parce que même dans ses rêves les plus fous, elle n’avait jamais dû s’imaginer le devenir. Quand elle a attaqué avec quelques autres en début de course non plus. Dans une course « normale », cette tentative aurait été vouée à l’échec et elle le savait pertinemment.

Mais les kilomètres ont passé et les favorites en jouant à la plus maligne ont oublié de faire descendre l’écart qui les séparait des échappées. A quel moment a-t-elle commencé à y croire ? A quel moment a-t-elle vraiment compris que c’était gagné ? Son cerveau, porté par un corps certainement perclus de douleur par l’effort long et quelque peu surhumain, pouvait-il vraiment tenir un raisonnement ? N’importe qui a pu faire l’expérience de la difficulté à réfléchir quand on est fatigué, mais peu de gens ont expérimenté un tel degré d’épuisement. A-t-elle alors uniquement compris en franchissant la ligne souriante et hilare ? Ou alors est-ce quelques secondes plus tard, quand elle fut frappée de spasmes et de sanglots, sous l’œil indécent de la caméra, que l’idée a pu enfin pleinement prendre forme dans son esprit ? Je ne suis pas sûr qu’il y ait une réponse claire et définitive à la question. Tout ceci restera donc fascinant, magique, mystérieux…

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CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : Jour 2 : La belle histoire

Dans mon billet d’hier, j’évoquais que derrière chaque médaille, il y avait une histoire. Il ne s’agit pas que de sport. Il s’agit aussi d’autant de destins individuels, souvent extraordinaires. On ne devient pas médaillé olympique sans avoir quelque chose qui brûle en soi, allant bien au-delà de l’unique talent. Il faut une volonté, une détermination, une énergie que beaucoup d’athlètes puisent dans des parcours souvent hors du commun. Découvrir ces derniers fait intégralement parti du plaisir que l’on peut prendre à suivre l’actualité sportive. Ceux qui pensent que cela se résume à quelque chose comme « 11 mecs qui courent derrière un ballon » n’ont vraiment rien compris.

Quel meilleur exemple que la médaille de bronze de Lukas Mkheidze, qui a lancé la quinzaine olympique pour la délégation française ! Arrivé en France à 14 ans avec ses parents, fuyant la guerre qui sévissait en Ossétie, région reculée de Géorgie, on sentait dans sa manière de lutter toute l’influence d’une vie qui n’a pas été passée dans le confort et la soie. Sur le tatami, il n’affichait pas la plus belle technique (autant que je puisse en juger en n’étant pas un grand spécialiste du judo) et certainement pas le physique le plus impressionnant (il est le plus petit athlète parmi les Français participant à ces JO), mais il possédait dans le regard un feu qui ne s’acquière pas à l’entraînement.

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CHRONIQUE DES JO TOKYO : JOUR 1 : Un enthousiasme toujours renouvelé

Tous les quatre ans (ou presque), je raconte la même histoire. Celle d’un jeune adolescent qui, un soir d’été de 1992, est tombé amoureux. Il ne se doutait alors pas que quelque chose allait changer à jamais. Certes, il aimait déjà profondément le sport, dévorant l’Equipe tous les jours depuis le 1er juin précédent. Mais la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Barcelone avait quelque chose de magique, gravant en lui un souvenir qui ne s’éteindra jamais. La magie n’allait jamais s’éteindre pendant quinze jours. Et il attendra désormais toujours tous les quatre ans pour revivre cette magie.

Certes, depuis, je cours toujours un peu après cette magie. J’ai sans doute perdu un peu de capacité d’enthousiasme avec l’âge. Mon amour profond pour les Jeux Olympiques est cependant toujours là. Sinon, je ne serais pas debout à 5h du matin pour mon premier jour de vacances à écrire ces mots. Mais il y a sans doute un peu de nostalgie dans cet amour désormais. Mais la nostalgie est un sentiment comme un autre, qui n’en est pas forcément moins intense. Alors même s’il va falloir se lever tôt, je compte bien vivre pleinement ces Jeux Olympiques de Tokyo, forcément un peu particulier.

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