Si les aventure du commissaire Maigret occupe une place importante dans ces pages, surtout depuis que j’ai mis le Poulpe à la retraite, un autre policier est un habitué des lieux. Enfin non, pas tout à fait un policier, mais un juge. Un juge chinois du VIIème siècle, le Juge Ti, qui a connu une carrière littéraire en Occident sous la plume de Robert Van Gulik. Après le Paravent de Laque, le voici face à de nouvelles affaires sordides qui s’entremêlent dans Meurtre sur un Bateau-de-fleurs. On peut cependant compter sur sa légendaire sagacité pour démêler tout cela.
Une intrigue après l’autre
Comme à son habitude le récit se décompose en plusieurs sous-intrigues qui s’entrecroisent. Mais dans Meurtre sur un Bateau-de-fleurs, il s’attarde d’abord longuement sur celui qui a donné le titre au roman. Cela permet de rentrer vraiment dans l’histoire, de ne pas se retrouver perdu face à tous les personnages, comme c’est souvent le cas. Il s’agit d’une caractéristique appréciable car il gomme un des petits défauts que l’on peut trouver à l’œuvre de Robert Van Gulik. Les histoires complémentaires viennent ensuite enrichir le récit, mais le lecteur a le temps de les intégrer les uns après les autres.
Dessous chinois
Meurtre sur un Bateau-de-fleurs nous fait plonger encore plus profondément que d’habitude dans l’hypocrisie d’une société profondément codifiée. En effet, le navire en question n’est rien de moins qu’un lupanar flottant. Robert Van Gulik s’amuse de ce contraste, le tout souligné par le sens aigu de l’ironie dont fait preuve le Juge Ti. Les autres intrigues sont sur un registre très différent, avec la présence d’une société secrète qui menace la pérennité de l’Empire. Tout cela donne un épisode riche et très plaisant qui donne envie de continuer à suivre les aventures du Juge Ti. Bon pour cela, il va falloir que je réapprovisionne ma bibliothèque qui croule déjà sous les livres non lus…