Les Palmes d’Or font rarement l’unanimité. C’est inhérent au fait que le Festival de Cannes est supposé récompenser des œuvres audacieuses à la personnalité forte. En un mot, des films qui ne laissent personne indifférent. Il arrive même parfois que l’audace en question divise l’esprit d’un seul et même spectateur, sortant du film ne sachant pas vraiment s’il a adoré ou détesté. Ce fut mon cas précédemment notamment devant Amour de Michael Haneke, ne pouvant dire s’il était juste génial ou profondément détestable. C’est de nouveau le cas devant Sans Filtre. Parce que si je reconnais qu’il a tout d’un grand film, il m’a fait vivre un des moments le plus atroces qu’il m’ait été donné de vivre au cinéma.
Une si longue atrocité
Il est vrai que j’ai une aversion particulière pour le vomi. Et cela représente un handicap sérieux pour aller voir Sans Filtre, qui offre la plus longue (pour ne pas dire interminable) séquence cinématographique représentant de manière particulièrement directe et crue des personnes en train de vomir. Tout cela a bien un sens, mais c’est visuellement franchement insoutenable. J’avoue avoir détourner mes yeux de l’écran une bonne partie de ce passage pour pouvoir le supporter. Pour cela, je pourrais totalement récuser ce film. Cependant, la force du propos que porte ce dernier mérite infiniment mieux que de s’arrêter à cela.
Critique mordante et sans filtre du capitalisme
En effet, Sans Filtre est sans doute par ailleurs la critique la plus acide de la société capitaliste qui n’ait jamais été produite à travers une œuvre d’art. Acide est même bien faible, tant ce film est incroyablement mordant et terriblement corrosif. La démonstration formulée par Ruben Östlund est brillante et frappe avec une cruelle acuité là où le propos fait très très mal. Le film possède une force incomparable par rapport à The Square, qui paraît être une simple farce à côté. Cette deuxième Palme d’Or apparaît nettement plus incontestable dans sa légitimité, que l’on n’aime ou pas ce film. Je n’ai toujours pas clairement défini les sentiments qu’il m’inspire. Mais j’affirme sans réserve qu’il est un des films de l’année.
LA NOTE : 15/20
Fiche technique :
Réalisation et scénario : Ruben Östlund
Direction artistique : Gabriel de Knoop et Daphne Koutra
Décors : Josefin Åsberg
Costumes : Sofie Krunegård
Photographie : Fredrik Wenzel
Montage : Mikel Cee Karlsson et Ruben Östlund
Production : Philippe Bober et Erik Hemmendorff
Production déléguée : Brina Elizabeta Blaz, Alessandro Del Vigna, Dan Friedkin, Ryan Friedkin, Rose Garnett, Mike Goodridge, Micah Green, Andreas Roald, Jim Stark, Daniel Steinman, Bradley Thomas, Dan Wechsler et Jamal Zeinal Zade
Coproduction : Julio Chavezmontes, Per Damgaard Hansen, Giorgos Karnavas, Konstantinos Kontovrakis, Clemens Köstlin et Marina Perales Marhuenda
Durée : 149 minutes
Casting :
Harris Dickinson : Carl
Charlbi Dean : Yaya
Dolly de Leon : Abigail
Zlatko Burić : Dimitry
Woody Harrelson : Capitaine Thomas Smith
Iris Berben : Therese
Vicki Berlin : Paula
Henrik Dorsin : Jormo Björkman
Arvin Kananian : Darius, second du capitaine
Jean-Christophe Folly : Nelson
Amanda Walker : Clementine
Oliver Ford Davies : Winston
Carolina Gynning : Ludmilla
Sunnyi Melles : Vera
Alicia Eriksson : Alicia
Thobias Thorwid : Lewis
Camilla Läckberg : elle-même
Fiche Allociné : https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=256851.html
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