Avant parler boulangerie, le grand sujet politique d’hier a donc été le logement. Voilà évidemment un des thèmes qui vont animer la campagne présidentielle. C’est un sujet qui m’intéresse au plus haut point puisqu’en plus d’être directement concerné, payant un loyer exorbitant pour un appartement pas terrible, c’est le domaine dont je m’occupe le plus dans le cadre de mes fonctions hautement prestigieuses de conseiller municipal d’opposition.
Mais ce sujet, et quelques variantes comme celui des banlieues, semble être une sorte de mal chronique auquel aucune solution ne semble pouvoir être apportée. L’autre sujet de ce type est bien sûr le chômage, autre thématique qui va animer les débats qui s’annoncent. Alors, l’élection de 2012 sera-t-elle celle où surgiront enfin des solutions auxquelles personne n’avait encore pensé ? Pourtant, il suffit de consulter la littérature ou la presse pour voir que bon nombre de personnes, experts divers et variés, prétendent connaître la marche à suivre pour sortir de l’ornière. Leur mise en pratique ne doit pas être si simple que ça…
Je suis prêt à prendre les paris que l’élection de 2017 placera encore ces mêmes sujets au cœur des échanges. Evidemment, j’espère que la situation aura évolué favorablement d’ici là. Mais il est illusoire de croire qu’une quelconque baguette magique va venir effacer des problèmes auxquels on se heurte depuis plusieurs décennies. Je reste persuadé que résoudre une difficulté prend d’autant plus de temps que cette dernière existe depuis longtemps. C’est d’autant plus vrai en matière d’urbanisme, domaine où l’inertie est colossale. On ne construit pas un immeuble en claquant des doigts et 5 ans ne suffiront de toute façon pas à modifier la situation dans des proportions qui signifieraient que le problème peut être considéré comme résolu.
Les choses prennent du temps qu’on le veuille ou non. Mais la seule tare de la démocratie représentative est sa difficulté à traiter le long terme. On peut rêver, mais 2012 a peu de chance d’être très différent de ce point de vue là.
Ce soir, Nicolas Sarkozy était en noir. Un costume de croque-mort. Mais quoi de plus normal quand on porte comme lui le deuil. Car si on doit retenir une chose de son intervention télévisée, c’est que le programme qui lui a permis d’être élu en 2007 est bien mort et enterré. Il nous l’a annoncé, le pouvoir d’achat vient de décéder. Demain, on ne travaillera pas plus pour gagner plus, mais on travaillera plus pour gagner autant, voire moins. Tout cela pour un seul et même objectif, lutter contre le chômage.
Il était quand même étonnant de voir un homme politique se renier à ce point sans jamais prononcer le mot « échec ». Car c’est bien de cela dont il nous a parlé ce soir. De l’inefficacité de la politique mise en place depuis 5 ans. De l’erreur dans les objectifs et les moyens. De promesses non tenues. Bien sûr, il aura expliqué que tout cela n’est pas de sa faute, mais celle de la crise et, naturellement, des socialistes et des 35 heures.
Face à lui, 4 journalistes partagés entre incrédulité et dépit. Pourtant, les premières minutes ont plutôt montré un Nicolas Sarkozy plutôt combatif, presque convaincant. Puis est venu le moment de parler de l’augmentation de la TVA. Le moment où il a fallu parler chiffres et propositions concrètes. Le problème alors ne tenait pas tellement dans le contenu, sur lequel on peut être évidemment en accord ou en désaccord, mais de l’impossibilité de rendre le tout cohérent avec les politiques menées jusqu’alors. Chaque contre-argument avancé par un de ses interlocuteurs semblait le plonger un peu plus dans la confusion.
Son bilan, Nicolas Sarkozy le traînera comme un boulet jusqu’au jour de l’élection. Chaque jour qui passe semble nous démontrer qu’il constituera un handicap insurmontable, face à un François Hollande sûr de lui et de son programme. On a assisté ce soir à un enterrement. Celui du Nicolas Sarkozy de 2007. S’il veut encore espérer être réélu, notre Président devra se muer en Phénix. Mais si ça commence à sentir le roussi, pas sûr que quoique ce soit puisse encore renaître de ces cendres.
Bon l’idée de ce billet était de faire un commentaire à chaud du débat de ce soir. Sauf que c’est à ce moment-là que je m’aperçois que je ne suis pas journaliste, parce que les trucs à chaud, ce n’est pas vraiment mon fort. Sûrement mon côté ingénieur scientifique cartésien chiant… Enfin bon, je vais quand même livrer une ou deux impressions.
Déjà, une chose est sûre, dans cette campagne, il y en a un qui a un programme et des idées, et les autres les commentent. Les autres vont forcément finir par sortir du bois, mais en attendant, certains ne sont même pas encore candidats… Mais globalement cet état de fait est une vraie nouveauté par rapport aux campagnes présidentielles précédentes, où la droite avait clairement fixé les principales thématiques. On se souvient notamment de l’insécurité en 2002. Là, même si la campagne s’annonce encore longue, on voit bien que c’est François Hollande qui donne le ton. Le débat de ce soir l’a encore confirmé puisque si les propositions du candidat socialiste ont pu être discutées et même contestées, personne n’a pu lui opposer des idées alternatives précises, puisqu’aucune n’a encore été présentée par qui que ce soit. La prestation d’Alain Juppé fut de ce point de vue là éloquente… pour ne pas dire consternante.
Deuxièmement, si le débat s’est atrocement étendu sur le régime et le supposé changement de personnalité de François Holllande, c’est avant tout parce que son image a tellement évolué que ceux qui le suivent depuis longtemps ont du mal à le croire. Mais elle est désormais bien là, elle s’affirme même un peu plus à chacune de ses sorties. Or, on l’a vu avec Sarkozy en 2007, c’est sur son image au moment d’une élection que l’on gagne cette dernière.
Enfin, le débat de ce soir a quand même montré que si François Hollande maîtrisait très bien son sujet, il était encore possible de le bousculer un peu. Le journaliste de BFM a notamment réussi à révéler quelques points faibles. Bon après, on pourra rétorquer que ce brave homme a une vision quelque peu déformée de la société en plaçant le bas de l’échelle sociale à un revenu de 1700 euros par mois et les classes moyennes à plus de 4 000 euros… quand le revenu médian se situe en France à 1 500 euros.
François Hollande reste donc plus que jamais favori. D’ailleurs, on notera que Alain Juppé a dit spontanément, au début de son intervention, « quand vous serez Président »… Si même Alain Juppé le dit…
La polémique entre Marine Le Pen et François Bayrou sur l’utilisation par ce dernier d’éléments de langage que la première considère lui appartenir est des plus risibles. Le faute du Béarnais ? Avoir parlé du peuple. Or le peuple semble être une expression déposée par le FN, si on en croit la leader frontiste. On attend la réaction imminente de Jean-Luc Mélanchon…
Par contre, il y a quelque chose qui n’apparaît jamais dans ce genre de débat stérile. Quelle est la définition du peuple ? Je me pose d’autant la question qu’en tant que cadre, élu local, je ne suis pas sûr de répondre aux critères. Mais d’un autre côté, je paye un loyer exorbitant et je ne suis qu’un simple salarié… On sent bien dans les discours que ce terme s’utilise par opposition à un autre groupe d’individus, appelés élites, privilégiés ou plein d’autres termes tout aussi floues. Il est d’ailleurs amusant de voir les différences avec l’utilisation du terme « les Français » qui pourrait à première vue être synonyme. Mais ce dernier est employé dans une volonté de rassemblement, d’englobement de l’ensemble de la population, non de division… Enfin sauf dans certains discours aux relents douteux dont il n’est pas question ici.
De manière plus générale, je suis toujours atterré par tous les discours qui emploient ce genre de termes : les Français, les jeunes, les actifs, les seniors, les hommes, les femmes, les agriculteurs, les chômeurs, les patrons, les ouvriers, les pauvres, les riches,… Autant de termes censés désigner une catégorie bien précise de la population mais qui recouvrent en fait des réalités très diverses. Qui y’a-t-il de commun entre un viticulteur du Bordelais et un éleveur des Vosges ? entre un patron de PME et le PDG d’une multinationale ? entre l’enfant de deux ingénieurs pour qui il est naturel de marcher sur le même chemin et un enfant dont les parents parlent à peine le français ?
Bâtir un discours sur de tels termes est le signe d’une vacuité intellectuelle désespérante. Le règne du lieu commun, le triomphe de la médiocrité. Mais si seulement tout cela restait confiné aux discours… Des politiques entières sont basées sur ce genre de simplification et du coup ne peuvent qu’être largement inefficaces. Après, il ne peut évidemment pas y avoir autant de lois qu’il y a de cas particuliers. Mais il y’en aura de toute façon toujours beaucoup moins que de discours creux…
A quelques mois de l’élection présidentielle, le gouvernement fait flèche de tout bois pour doper sa politique sociale. Le sommet qui a eu lieu aujourd’hui a accouché de quelques annonces, mais dont on voit mal comment elles pourraient résoudre un problème de l’ampleur du chômage que connaît actuellement notre pays. Mais c’est surtout la fameuse TVA sociale qui a enflammé les débats ces derniers jours. Une mesure hautement impopulaire qui pourrait s’apparenter à un suicide politique, si la crise n’était susceptible de pousser l’électeur à tout et n’importe quoi.
L’idée même de la TVA sociale a provoqué une levée de boucliers à gauche. Bon, c’est vrai que c’est de bonne guerre en période électorale. Pourtant, il y’a deux éléments bien distincts dans cette histoire et il est dommage que le débat n’aille pas assez en profondeur pour les distinguer. D’un côté, il y a l’idée d’augmenter la TVA alors que la crise a déjà durement choqué les classes populaires. Or la TVA est un impôt régressif, puisqu’il pèse plus, en proportion, chez les ménages modestes qu’aisés. De plus, la consommation est toujours restée principal pilier de notre maigre croissance. Toute mesure qui pourrait lui nuire risquerait de nous plonger en récession.
Mais la TVA sociale c’est aussi, et j’ai envie de dire avant tout, l’idée de faire participer la consommation au financement de la protection sociale, qui aujourd’hui repose principalement sur les salaires. Or que les revenus du travail soient les seuls à financer le chômage ou les retraites peut se concevoir. Pour la santé et les allocations familiales, cela devient chaque jour un peu plus absurde, à mesure que l’importance des revenus financiers croît au détriment de ceux du travail.
Elargir l’assiette du financement de la sécurité sociale constitue donc une vraie réflexion à mener et on voit mal comment la TVA, qui représente 50% des recettes fiscales de l’Etat, pourrait y échapper. Après, tout cela doit se faire dans le cadre d’une transformation globale et cohérente de la fiscalité et rien ne dit que cela aboutisse forcément à une augmentation de la TVA. On peut très bien imaginer que sur les 19,6% actuels, une partie soit affectée au financement de la protection sociale.
En fait, les propos échangés lors des débats sur la TVA sociale soulignent à quel point les discours sur la fiscalité souffrent généralement du même défaut : l’incapacité à distinguer l’assiette du taux. On se focalise le plus souvent sur ce dernier, alors qu’il n’est qu’une variable d’ajustement qui détermine certes le montant de votre feuille d’impôts, mais qui ne constitue pas ce qui donne à la fiscalité son sens, son utilité et son efficacité. L’assiette, c’est-à-dire sur quoi porte l’imposition, définit réellement et fondamentalement ce qu’est un impôt, à quoi il sert. La question essentielle n’est pas combien ça va coûter (ou rapporter selon le côté de la barrière où vous vous situez), mais sur quels éléments je donne à l’Etat la possibilité d’agir.
L’impôt est toujours plus efficace si sa base est large. Les éternels débats sur les niches fiscales montrent combien, à mesure que les mailles du filet se trouent, s’installent les injustices et le manque-à-gagner pour les finances publiques. Plus la base est large, plus les marges de manœuvre sont grandes, à la hausse comme à la baisse. C’est donc sur cet élément là que doit porter l’essentiel du débat. Celui sur la TVA sociale a bien montré que c’est rarement le cas.
Avant d’en finir, je vais tout de même souligner que les taux valent quand même le coup d’être discutés. Pas tant sur leur valeur absolue, mais sur leur nature progressive ou non. Avoir un barème progressif pour l’impôt sur le revenu, ou taxer tout le monde à la même hauteur comme cela se pratique dans certains pays change radicalement la signification de la fiscalité, lui donnant ou non un caractère redistributif. Or, c’est la perte de progressivité de la fiscalité dans notre pays qui a largement contribué aux creusements des inégalités délétères. Il est donc urgent d’y remédier.
L’idée développée par François Hollande, qui est pourtant censé ne pas en avoir, de rapprocher la CSG (base large mais impôt non progressif) et l’impôt sur le revenu (base totalement mitée, mais barème progressif) est donc excellente. Cependant, l’expliquer ne peut passer que par un débat technique. Espérons que la campagne vole assez haut pour que les Français puissent le comprendre.
Ca y’est, nous allons tous mourir, c’est la fin du monde, notre futur vient de sombrer dans le néant… Et oui, la France vient de perdre son triple A chez Standard and Poors. C’est terrible, horrible, effrayant, tragique, désastreux, dramatique, terrifiant, catastrophique… Mais pourquoi au fait ? Et surtout qu’est ce qui c’est passé dans la nuit de jeudi à vendredi qui justifie ce basculement ?
Bon, il est évident que dans l’absolu cette dégradation ne constitue pas une bonne nouvelle pour notre pays. Mais tout ceci est avant tout symbolique car cela ne devrait pas changer grand-chose, à l’image de ce qu’a vécu les Etats-Unis après la perte de leur triple A. En effet, les acteurs économiques n’ont pas attendu que le couperet tombe pour changer d’opinion sur la dette française et faire que les taux d’intérêt entre notre pays et l’Allemagne par exemple se soient déjà nettement différenciés. Mais tout ceci est révélateur d’un fonctionnement absolument délirant de la finance mondiale et de sa gouvernance.
Il suffit d’ouvrir le moindre journal ou magazine économique (personnellement, je vous conseille Alternatives Economiques, mais après, c’est chacun qui voit), pour y trouver moult analyses sur la situation budgétaire en France et en Europe, sur ses causes et sur les solutions pour sortir de l’ornière. Il y a donc matière à débat et il n’y a sûrement pas une seule voie pour surmonter les difficultés actuelles. Alors pourquoi Standard and Poors, et ses deux collègues, seraient parole d’évangile ?
Notre situation budgétaire souffre de problèmes structurels qui nécessite une analyse et des solutions à long terme. Ce n’est pas avec une taxe sur les sodas que tout va s’arranger. Il faut une vraie réflexion à la fois sur notre système fiscal, sur la nature même de notre économie, en particulier l’équilibre entre les services et l’industrie, sur les bases (et non simplement les taux) de financement de notre système de protection sociale, sur ce qui est du ressort ou non du service public… Bref de vrais débats politiques, qui doivent engendrer des réformes de fond et cohérentes entre elles.
Depuis que les Etats ont volé au secours du système financier mondial, ce dernier cherche à leur imposer de travailler dans une urgence absolument irrationnelle. Il faut évidemment à la fois refuser ce diktat et bien sûr ne pas non plus éluder les problèmes. La perte du triple A ne doit pas conduire qu’à des coupes budgétaires qui enfermeront l’économie dans la récession et ne règleront rien. Il faut au contraire, plus que jamais, parler de développement économique, de politique industrielle, de stratégie d’éducation et d’innovation.
Rassurons-nous, il y aura toujours des investisseurs pour financer ces politiques, surtout si elles sont bien conçues. Personne n’a intérêt à voir l’économie s’effondrer, même pas les pires spéculateurs. Il y a dans ce monde des économistes brillants qui ont vu voir venir les crises (Stiglitz pour ne pas le citer), contrairement aux analystes de Standard and Poors. Alors franchement pourquoi les écoute-t-on encore ?
Hosni Moubarak va donc encourir la peine de mort à son procès. Cette nouvelle ne constitue pas vraiment une surprise, mais l’occasion d’une réflexion sur ce châtiment qui a disparu de nombreux pays. Comme pour Saddam Hussein auparavant, on reste forcément partagé entre deux sentiments.
Bien sûr, il y a le rejet de cette sanction suprême que l’on peut assimiler à un acte de barbarie, aussi légal soit-il. En se donnant le droit d’ôter la vie, la société (sans parler du pouvoir direct des dictateurs) se met au niveau des hommes qu’elle juge. Elle commet un acte de vengeance, non de justice et justifie quelque part le crime qu’elle cherche à condamner. Plus qu’un combat moral, l’abolition est un enjeu de civilisation.
Du coup, on pourrait être tenté de mener ce combat au profit d’un homme comme Hosni Moubarak, dont le procès et l’exécution, si elle a lieu, aura droit à tous les feux médiatiques. Si ce combat vaut peut-être le coup d’être mené dans l’absolu, il pose aussi la question pourquoi tout à coup quelque chose nous mobilise. Tous les causes qui méritent d’être défendues doivent l’être. Mais il y en a tellement qui sont ignorés par le grand public et les médias. Le degré d’attention par ces derniers n’est en rien proportionnel au réel degré d’injustice. Combien de dissidents chinois ou iraniens meurent exécutés dans un indifférence mondiale totale ?
La question n’est donc pas de savoir si Hosni Moubarak mérite d’être sauvé. Personne n’est en droit de porter un tel jugement et c’est pour ça que son exécution reste injustifiable. Simplement, en sachant que l’on ne peut offrir son énergie, son temps, son attention à tous les combats, on se doit de bien réfléchir à la manière dont on les emploie. Et le faire que si un sujet fait la une des médias ne constitue sûrement pas le meilleur des critères. Il ne s’agit pas de jeter la pierre à tous ceux qui ont donné pour le tsunami ou ceux qui ne signent un chèque que pour le Téléthon. Si c’est ça ou rien, le choix est vite fait. Peut-être que cela ne constitue qu’une façon de se donner bonne conscience, mais après tout, c’est mieux que rester insensible à tout. Cependant, on sait bien que ce n’est pas ainsi que l’on résout le fond des problèmes et que l’on change vraiment le monde.
Eviter la mort d’un homme n’a pas de prix. Mais l’éviter pour en laisser mourir des centaines d’autres sans s’émouvoir plus que cela pose quand même un vrai problème moral. Un problème sûrement insoluble.
Maintenant que le foie gras est digéré et le champagne définitivement transformé en sucre par notre organisme, le feuilleton qui va nous passionner pour plusieurs mois peut commencer. Je parle bien sûr de la campagne des présidentielles. Je ne parle pas par contre de la polémique débile du jour, dont l’importance médiatique est proportionnelle à son manque d’intérêt. Et puis franchement, depuis son « Casse-toi pauv’con ! », Sarkozy et sa bande pourraient faire profil bas. Enfin soyons honnêtes, la situation serait inversée, tout le PS sonnerait la charge !
La bonne nouvelle est que le réveil a été sonné par François Hollande. On lui reprochait une certaine discrétion depuis la Primaire. Le voilà le premier à sonner l’offensive par une tribune dans Libération qui a fait beaucoup de bruit. Bien sûr, le programme n’est toujours pas là. Mais le candidat socialiste a tout à fait raison d’attendre. Il continue à surfer sur les sondages sans l’avoir dévoilé. Sa présentation donnera une impulsion décisive à sa campagne et plus elle sera proche de la dernière ligne droite, plus elle donnera un élan qui pourra le porter en vainqueur jusqu’à la ligne d’arrivée. Le rendez-vous donné à la fin du mois dicte le calendrier de la compétition et tant que François Hollande en gardera le contrôle, il sera difficile à détrôner.
En face, on fait mine de ne rien voir. En effet, on travaille, on gouverne, on est les grandes personnes, sérieuses et appliquées, avec mieux à faire que mener une campagne. Bien sûr, il s’agit d’une stratégie de campagne. Pourtant, on peut s’interroger sur sa pertinence à double titre. Déjà, le couplet « je travaille » a déjà été expérimenté par Edouard Balladur avec le succès que l’on sait. Gouverner et mener campagne sont deux choses bien distinctes et vu son retard, Nicolas Sarkozy ne devra pas tarder à endosser définitivement le costume de candidat.
Le deuxième point d’interrogation reste la nature du travail qui est mené, avec le retour sur le devant de la scène de la « TVA sociale ». Son évocation avait réussi à faire perdre à la droite au moins 50 sièges entre les deux tours des dernières législatives. Il est particulièrement étrange de la voir ressortir si près d’une telle échéance électorale. En fait, elle est révélatrice de la stratégie de Nicolas Sarkozy. Il sera très certainement le candidat des mesures impopulaires, gage de sérieux… Mais de là à ce que ça le rende populaire…
Les autres candidats eux doivent occuper l’espace médiatique tant qu’ils en ont encore le temps. A mesure que l’on se rapproche du premier tour, en dehors du temps de parole censé être équivalent pendant la campagne officielle, plus l’attention se focalisera sur le duel Hollande-Sarkozy. Si un troisième homme doit émerger, c’est maintenant qu’il doit le faire. Marine Le Pen semble avoir laissé passer sa chance, n’ayant pas réussi à capitaliser sur sa popularité de l’automne. Seul Bayrou semble en mesure de réellement jouer ce rôle. Mais la recette de 2007 pourra-t-elle encore fonctionner ?
En tout cas, la course est lancée. Elle sera encore longue et une surprise n’est jamais à exclure.
Alors que Xavier Bertrand nous promettait encore il y a peu une courbe qui allait s’inverser, les chiffres du chômage continuent de battre des records mois après mois. A chaque parution des chiffres donnés par l’INSEE les articles de journaux foisonnent. Ils donnent généralement deux bonnes occasions d’être consternés.
Déjà par les commentaires laissés par les internautes. Bon, il est vrai qu’ils offrent souvent de grands moments de pensées et d’analyses profondes, quand ils ne proviennent pas tout carrément de la cellule web du Front National. Mais à propos du chômage, on bat tous les records. En effet, il s’y développe la vieille théorie du « quand on veut vraiment bosser, on y arrive ». Voilà une idée toute faite qui n’est généralement formulée que par des gens qui n’ont jamais eu l’occasion de chercher du travail en période de crise économique. 3 millions de chômeurs ne sont pas égaux à 3 millions de feignants.
On nous rétorque aussi que de nombreux recruteurs n’arrivent pas à trouver de candidats satisfaisants à leurs exigences. Par contre, ceux qui avancent cet argument qu’ils jugent massue oublient de se demander si le problème, ou au moins une partie, ne proviendrait pas justement de ces exigences. J’en ai récemment parlé avec un ingénieur suisse qui m’a bien confirmé que la France était le seul pays au monde à accorder autant d’importance au diplôme. Le recruteur français de base voudrait toujours trouver un candidat ayant exactement le bon cursus, le bon diplôme, les bons stages et la bonne expérience. Bref, le candidat doit prouver qu’il a voulu, depuis son berceau, exercer exactement ce métier et que l’entretien représente l’aboutissement d’un rêve.
Les entreprises françaises souffrent d’un grave handicap culturel. Elles ne savent pas prendre de risque dans leur recrutement et ont des fonctionnements gérontocratiques qui privent notre pays de plusieurs points de croissance. Vous ne savez pas quoi faire faire à un jeune diplômé ? Lui saura… En effet, c’est lorsque l’on finit ses études que l’on a la connaissance la plus pointue des innovations en cours dans son domaine, mais aussi une compréhension plus fine des tendances sociétales à venir. Il n’est ainsi pas étonnant de voir notre pays rater régulièrement les grands virages. Je me rappelle d’avoir visité le stand de St Gobain au salon du bâtiment en 2007, au milieu duquel trônait un superbe panneau solaire. Il faut dire que le photovoltaïque avait alors le vent en poupe. Cependant, les animateurs du stand m’ont expliqué qu’il était là surtout pour faire joli parce que l’entreprise venait juste de se pencher sur la question et que rien ne serait prêt avant un an. On peut imaginer à quel point l’équipe chargée de la stratégie d’entreprise devait être jeune, dynamique et capable d’anticiper les nouvelles tendances.
Mais la consternation se poursuit quand les articles traitent des solutions à apporter. On assiste alors à un festival de « il faut », « y’a qu’à » de la part des politiques, économistes, patrons ou syndicalistes, comme si le chômage pouvait être résorbé par une seule mesure magique. Cette dernière n’existe pas et chaque mesure présente ses avantages et ses inconvénients. On assiste généralement à des discours qui parent les actions proposées de toutes les vertus ou à l’inverse de tous les maux. Il est évident que cette question ne peut être traitée que par une politique à la fois économique, sociale et fiscale. Il faut de la croissance, de l’activité, de l’optimisme, des perspectives, des possibilités de rencontres entre recruteurs et candidats, des procédures d’embauches plus légères, un coût du travail le plus bas possible, mais aussi de la consommation pour soutenir l’activité, une épargne pas trop forte et donc pas trop de précarité… Bref beaucoup de choses parfois totalement contradictoires et qui ne peuvent sûrement pas se résumer en une phrase, soit-elle sortie de la bouche du plus brillant des économistes.
On n’a jamais résolu un problème aussi complexe que la persistance du chômage par le déni ou des slogans. Malheureusement, ces derniers restent encore le meilleur moyen de gagner les élections… Tiens je viens de faire à mon tour une belle phrase toute faite…
En regardant l’année du zapping, je me suis demandé si la fin du monde n’était pas proche. En effet, pas beaucoup de raison de se réjouir dans ce déluge d’images plutôt déprimantes. D’habitude, ce rendez-vous traditionnel de fin d’année fait passer le spectateur du rire aux larmes dans une à peu près égale proportion. En 2011, ce ne fut pas vraiment le cas. Bien sûr cela tient aux choix des monteurs, mais aussi à la nature de l’actualité en cette année qui se termine et qui ne nous a pas donné que des raisons de nous réjouir.
Bien sûr, le printemps arabe constitue une excellente nouvelle avec le départ d’un nombre non négligeable de dictateurs et même si d’immenses incertitudes pèsent sur l’avenir politique de ces pays. Mais cela nous a rappelé aussi à quel point la communauté internationale, et la France au tout premier plan, a pu être complice de ces régimes pendant tant de temps. Notre retournement de veste vis à vis de Khadafi fut de loin le plus spectaculaire. Mais ces images de lutte et de répression nous rappellent aussi à quel point le chemin est encore long dans bien des pays, en Syrie notamment. Et surtout, combien de régimes dictatoriaux en Asie centrale ou en Afrique demeurent dans l’indifférence générale ? Le spectacle offert par la Corée du Nord nous a rappelé que l’autocratie a encore de beaux jours devant elle.
Ensuite, il y a eu toute l’actualité liée à la crise financière et le spectacle affligeant offert par les élites dirigeantes de nos pays. Et les extraits d’un documentaire sur la manière dont Goldman Sachs arrive à placer des anciens de la maison dans à peu près tous les gouvernements nous montre que le bout du tunnel est encore loin. Les pompiers pyromanes nous dirigent, les derniers en date étant les nouveaux Président du Conseil Italien et le Président de la Banque Centrale Européenne. Rien que ça… De quoi avoir un peu peur…
2012 sera-t-elle plus souriante ? On peut peut l’espérer puisqu’il n’y a pire ennemi du progrès que la peur et le pessimisme. A notre échelle hexagonale, il s’agira évidemment d’une année exaltante avec les élections qui s’annoncent. Cependant, on sait bien que cela ne pourra modifier de manière brutale la marche du monde. Mais plus personne n’a désormais ce pouvoir. C’est qui fait le pouvoir des élites financières qui, elles, agissent de manière unie et coordonnée. Alors ne lâchons pas et apportons par notre bulletin de vote notre goutte à un océan 2012 qui donnerait enfin des raisons de se réjouir.
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