LA REINE DES NEIGES 2 : Les soeurs sisters

lareinedesneiges2afficheLibérée, Délivrée, voici deux mots qui rappellent un terrible cauchemar à bien des parents. Tous ceux qui ont dû voir, revoir, voir et revoir encore et encore la Reine des Neiges. Les adultes n’ayant pas la même faculté que les bambins à supporter la répétition, cette passion dévorante de leurs enfants pour ce dessin-animé a fini en séance de torture à répétition ! Quelle inquiétude face à la sortie de la Reine des Neiges 2. Un Disney qui a la caractéristique de n’être que le deuxième de l’histoire à avoir droit à une suite sur grand écran (je dis bien sur grand écran, pas en DVD) après… ah non trop facile, creusez-vous les méninges. Ceux qui comme moi n’ont pas d’enfants ont par contre été très heureux de retrouver Elsa et Anna pour de nouvelles aventures.

Comme toute suite, la Reine des Neiges 2 ne bénéficie plus d’effet de surprise. C’est toujours la grande limite de l’exercice. Cependant, les premières minutes laissent espérer une vision quelque peu différente des personnages. Plus mature, plus profonde, plus sombre (enfin moins manichéenne en tout cas)… quelque peu différente en tout cas et pour tout dire assez prometteuse. La suite ne sera malheureusement pas tout à fait à la hauteur des promesses du début et on en reste à un récit d’aventure classique, qui ne prend jamais totalement la dimension épique espérée. Il aura manqué un peu d’audace aux scénaristes pour aller au bout de leurs idées. Mais, rendons-leur justice, on est également loin d’un produit bâclé et formaté, voué uniquement à exploiter la crédulité des fans. Le film est porté par une vraie histoire qui donnera du plaisir aux petits et aux grands.

lareinedesneiges2Graphiquement, la Reine des Neiges 2 possède ce style quelque peu impersonnel et froid qui caractérise les Disney. Surtout que cette suite n’apporte rien de bien nouveau côté « cartoon ». Olaf reste le principal vecteur d’humour visuel. Quelques jolis décors viennent agrémenter l’histoire, mais cela manque un tout petit peu d’âme créative. Les chansons sont par contre très réussies et nombreuses, ce qui reste tout de même la principale marque de fabrique des films nés sous le signe de la souris aux oreilles rondes. Au final, le bilan reste plutôt positif et on passe un bon moment. Le duo formé par les deux sœurs fonctionne à merveille et représente le point fort de ce deuxième épisode. A tel point, qu’on n’aurait rien contre le revoir une troisième fois !

LA NOTE : 12,5/20

Fiche technique :
Production : Walt Disney Animation Studios
Distribution : Walt Disney Company France
Réalisation : Chris Buck, Jennifer Lee
Scénario : Jennifer Lee, histoire de Chris Buck, Jennifer Lee, Kristen Anderson-Lopez, Robert Lopez, Marc E. Smith
Montage : Jeff Draheim
Décors : Michael Giaimo, Lisa Keene
Musique : Christophe Beck, chansons de Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez
Durée : 104 min

Casting :
Kristen Bell : Anna
Idina Menzel : Elsa
Josh Gad : Olaf
Jonathan Groff : Kristoff

ADULTS IN THE ROOM : Tragédie grecque

adultsintheroomafficheLa question de l’objectivité quand une fiction cherche à récréer des faits réels se pose et peut donner lieu à des débats sans fin. Adopter un point de vue très marqué (ce qui est différent de mentir) peut représenter un choix assumé. Il faut alors le prendre comme tel. C’est exactement dans cet état d’esprit qu’il faut aller voir Adults in the Room, le nouveau film de Costa-Gavras. Le scénario est tiré du livre écrit par Yanis Varoufakis. Les faits rapportés sont donc racontés tels que l’ancien ministère de l’économie grec les voit, avec une subjectivité évidente. Il est le héros de l’histoire, proche du chevalier blanc, nageant au milieu des forces hostiles, pour ne pas dire maléfiques. Cela en fait un très mauvais documentaire… Sauf que ce film n’est pas un documentaire.

Costa-Gavras reste très certainement le plus grand des réalisateurs de films politiques de l’histoire du 7ème art. D’un point de vue formel Adults in the Room démontre une nouvelle fois son incomparable talent. Sa science de la narration, du rythme et du cadrage parvient à créer une tension narrative particulièrement intense qui fait ressembler ce film à un polar haletant. L’exercice de style est relativement passionnant à suivre et on est emporté par le spectacle, une nouvelle version de David contre Goliath. Le cinéaste grec fait même preuve parfois d’une imagination dans sa réalisation qu’on lui avait rarement connu, notamment une scène finale d’une grande originalité.

adultsintheroomLa subjectivité citée plus haut peut être pleinement acceptée. Cependant, elle présente tout de même un inconvénient majeur. Si elle peut faire naître une très grande admiration pour Yanis Varoufakis et de l’empathie pour le peuple grec, elle fait naître aussi un petit fond d’antipathie, tant le « héros » se donne le beau rôle sans guère de subtilité. Or dans un propos aussi manichéen, difficile d’être totalement enthousiaste quand le « héros » a autant la grosse tête. La performance de Christos Loulis n’y est strictement pour rien car il est vraiment impeccable dans son interprétation. On saluera quelque jolis seconds rôles, savoureux pour ceux qui connaissent bien la politique. J’ai une tendresse particulière pour Vincent Nemeth, plus vrai que nature en Michel Sapin. Adults in the Room se situe dans la droite lignée du reste de l’œuvre de Costa-Gavras. Il ne restera pas son meilleur film, mais une nouvelle preuve de son talent singulier.

LA NOTE : 12/20

Fiche technique :
Production : KG productions, Odeon, France 2 Cinéma, Wild Bunch
Distribution : Wild Bunch distribution
Réalisation : Costa-Gavras
Scénario : Costa-Gavras, Stéphane Osmont, livre de Yanis Varoufakis
Montage : Lambis Charalampidis
Photo : Yorgos Arvanitis
Décors : Spyros Laskaris
Musique : Alexandre Desplat
Durée : 124 min

Casting :
Christos Loulis : Yanis Varoufakis
Alexandros Bourdoumis : Alexis Tsipars
Ulrich Tukur : Wolfgang Schäuble
Josiane Pinson : Christine Lagarde
Aurélien Lecoing : Pierre Moscovici
Valéria Golino : Danae Stratoy
Vincent Nemeth : Michel Sapin
Daan Schuurmans : Jeroen Sijsselbloem

LA BELLE EPOQUE : Chère nostalgie

labelleepoqueafficheLa nostalgie est un sentiment puissant et l’on mesure depuis longtemps la faculté de certains à en faire un business florissant. Qui ne paierai pas cher pour retrouver un peu de sa jeunesse ? Personnellement, j’y pense, même si je ne suis pas sûr que me faire faire des implants capillaires seraient la meilleure idée du monde. Nicolas Bedos exploite cette idée pour nous proposer la Belle Epoque, l’histoire d’une société qui, contre une somme quelque peu conséquente, permet à ses clients de revivre une époque et un moment de leur vie. Un point de départ assez malin duquel pouvait partir bien des chemins. Celui choisi est plutôt plaisant, même si on ne croit pas toujours à cette histoire.

La Belle Epoque représente avant tout un film de personnages. L’idée de base ne constitue qu’un prétexte pour donner vie à une belle galerie de protagonistes. Le vrai cœur de la narration réside dans l’évolution des rapports qu’ils entretiennent entre eux. Le ton est plutôt léger et la réflexion sur le rapport au temps n’atteint pas non plus des profondeurs abyssales. C’est là, avec un manque de crédibilité de certains éléments, que réside la limite de ce film, qui ne dépasse ainsi pas le stade du purement distrayant. Ce n’est pas forcément un problème en soi, mais on ne peut s’empêcher de penser que le sujet aurait quand même pu être exploité avec un peu plus d’audace et de parti pris. Ca reste finalement assez superficiel, tout en faisant néanmoins passer un bon moment au spectateur.

labelleepoqueQui dit film de personnages, dit brochette d’actrices et d’acteurs. Celle-ci est particulièrement riche en grands noms du cinéma français. Cependant, c’est au final Dora Tilier qui marque vraiment les esprits, en parvenant à allier une vraie fraîcheur avec une réelle intensité dans son jeu. Les autres sont plus en roue libre et laisse faire leur talent. Après, quand on s’appelle Daniel Auteuil, Guillaume Canet, Fanny Ardent ou Pierre Arditi, cela suffit largement au bonheur du spectateur. Avec ce deuxième film, Nicolas Bedos confirme quelques promesses. Mais il confirme aussi qu’il n’est pas encore un réalisateur dont le talent est pleinement abouti. Il lui manque encore une véritable étincelle qui donnerait à ses films une toute autre dimension. Peut-être viendra-t-elle au troisième essai !

LA NOTE : 11,5/20

Fiche technique :
Production : Les films du Kiosque, France 2 Cinema, Orange Studio, Pathé, Hugar Prod, UMedia, Les fils de
Réalisation : Nicolas Bedos
Scénario : Nicolas Bedos
Montage : Florent Vassault, Anny Danché
Photo : Nicolas Bolduc
Décors : Stéphane Rozenbaum
Distribution : Pathé, Orange studios
Musique : Anne-Sophie Versnaeyen
Durée : 115 min

Casting :
Daniel Auteuil : Victor
Guillaume Canet : Antoine
Dora Tillier : Margot
Fanny Ardant : Marianne
Pierre Arditi : Pierre
Denis Podalydès : François
Michael Cohen : Maxime
Jeanne Arènes : Amélie

J’ACCUSE : Une histoire pour l’Histoire

jaccuseafficheIl ne sera ici évidemment sujet ici que de cinéma. Pour le reste, il existe un système judiciaire et des tribunaux. J’Accuse offre enfin à l’Affaire Dreyfus un grand film, à la hauteur de l’importance de cette histoire dans notre Histoire. Il est tout de même étonnant de constater que le cinéma français aura attendu aussi longtemps pour s’en emparer. Cela confirme que nous avons parfois du mal à affronter à travers l’art les moments les plus critiques de notre passé commun. Cela constitue pourtant une thérapie fort utile, dont notre pays a bien besoin.

J’Accuse se distingue d’abord par une narration qui rend le propos absolument passionnant. Entre le polar et le film de procès, le scénario nous fait marcher dans les pas de son héros à travers le dédale dans lequel il s’est engagé. Les murs se resserrent peu à peu et semblent se renfermer sur lui inexorablement. Evidemment, on connaît le dénouement mais on est porté par cette envie de savoir comment la vérité finira par éclater au grand jour. Sans doute les portraits des personnages historiques sont-ils un peu forcés pour rendre l’intrigue encore plus prenantes, mais le film est une leçon d’Histoire comme on aurait aimé en recevoir plus souvent.

jaccuseJ’Accuse offre un nouveau grand rôle à Jean Dujardin. Un rôle qu’il sublime de manière éclatante. Le casting tout entier est impressionnant, mais son principal protagoniste éclabousse tellement l’écran de talent qu’il éclipse tout le reste. La réalisation de Roman Polanski (puisqu’il faut bien prononcer son nom à un moment donné) témoigne d’une maîtrise artistique absolue. On est littéralement plongé dans l’histoire, dans l’époque et toute la tension qui pouvait exister alors dans notre société. Une œuvre totalement aboutie pour un épisode de notre destin national qui ne l’a que trop attendue.

LA NOTE : 14,5/20

Fiche technique :
Production : Légende films, R.P. Productions, Gaumont, France 2, France 3, Eliseo Cinema, Rai Cinema
Distribution : Gaumont
Réalisation : Roman Polanski
Scénario : Robert Harris, Roman Polanski, livre de Robert Harris
Montage : Hervé de Luze
Photo : Pawel Edelman
Décors : Jean Rabasse
Musique : Alexandre Desplat
Durée : 132 min

Casting :
Jean Dujardin : Colonel Georges Picquart
Louis Garrel : Capitaine Alfred Dreyfus
Emmanuelle Seigner : Pauline Monnier
Grégory Gadebois : Henry
Vincent Perez : Maître Leblois
Wladimir Yordanoff : Général Mercier
Didier Sandre : Général Boideffre
Melvil Poupaud : Maître Labori
Mathieu Amalric : Bertillon
Denis Podalydès : Maître Demange

J’AI PERDU MON CORPS : Haut la main

jaiperdumoncorpsafficheLe cinéma d’animation est encore perçu par certains comme synonyme de cinéma pour enfants. Pour preuve, la présence dans salle à la projection de J’ai Perdu mon Corps de nombreux bambins, amenés ici par leurs parents. Je ne suis pas sûr qu’ils y aient trouvé ce qu’ils attendaient car l’histoire, dans le fond et la forme, racontée ici s’adresse clairement à un public adulte. Tous ceux qui ont vu la bande-annonce ont été intrigués par cette main « vivante », parcourant la ville à la recherche de on ne sait quoi. C’est évidemment un axe fort de ce film, mais loin d’en représenter l’essentiel.

J’ai Perdu mon Corps est un film qui superpose deux fils narratifs, dont l’un concerne cette fameuse main. Je dois avouer que je n’ai pas complètement saisi la signification profonde de ce dernier, alors que l’autre axe de l’histoire se suffit finalement à lui-même. Mais cela présente tout de même un avantage non négligeable. Cela s’avère particulièrement intriguant et cela maintient du coup l’intérêt du spectateur au maximum. Cela ne lui enlève surtout rien du plaisir et de l’intérêt de suivre le reste, qui constitue au final le corps (sans jeu de mots) de ce long métrage. Une histoire à la fois banale et forte, à la fois simple et belle. Ce mélange, qui donne quand même une vraie originalité au film, passe finalement très bien, mais sans comprendre le sens de tout ses composants.

jaiperdumoncorpsVisuellement, J’ai Perdu mon Corps adopte une ligne à la fois moderne et « dessinée ». Il y a de la personnalité dans le trait, qui ne semble pas sorti des entrailles sans âme d’un ordinateur. Ce n’est pas esthétiquement sublime, mais cela nous plonge dans un vrai univers graphique, ce qui contribue à la réelle originalité du film. Tous les éléments concordent donc à faire de cette production française une nouvelle réussite, confirmant la vraie force dans notre pays du cinéma d’animation. Il offre régulièrement de vraies pépites pour les petits et les grands. Celle-ci s’adresse plutôt aux grands et peu d’entre eux regretteront de s’être laissé tenter.

LA NOTE : 13/20

Fiche technique :
Production : Xilam, Rhône-Alpes Cinéma, Gao Shan Pictures
Réalisation : Jérémy Clapin
Scénario : Jérémy Clapin, Guillaume Laurant, roman Happy Hand de Guillaume Laurant
Montage : Benjamin Massoubre
Décors : Fursy Teyssier, Jeoffrey Magellan
Distribution : Rezo Films
Musique : Dan Levy
Durée : 81 min

Casting :
Harim Faris : Naoufel
Victoire Du Bois : Gabrielle
Patrick D’Assumçao : Georges

LE TRAITRE : Regarde les mafieux tomber

letraitreafficheLa mafia fascine le cinéma depuis longtemps. Elle a fait l’objet d’un très grand nombre d’œuvres de fiction, mais aussi de quelques œuvres inspirées de faits réels. Le Traître est un biopic. Il raconte l’histoire de Tommaso Buscetta, l’homme qui a trahi Cosa Nostra dans les années 80 en Italie et a permis l’arrestation de dizaines de ses membres. Le film est tout à la fois un portrait, un film de procès, le tableau d’une époque et d’une société. Une grande richesse qui justifie la longueur du film (près de 2h30),…mais pas tout à fait.

Le Traître est divisé en plusieurs parties bien distinctes, liées aux différentes étapes du parcours de Tommaso Buscetta, tour tour, parrain, fugitif, prisonnier. La plus importante est constituée des scènes de procès, qui donne lieu à un spectacle assez croquignolesque. Mais elles s’enchaînent autour de la même mécanique et cela finit par s’avérer quelque peu répétitif. Le film connaît donc une sérieuse baisse de rythme à un moment donné et Marco Bellochio aurait pu alléger son film de vingt bonnes minutes sans que la qualité du film en souffre, bien au contraire. Cela n’enlève rien au très grand intérêt de l’histoire qui est racontée. Elle donne une image certainement plus réaliste de ce milieu que celle que le 7ème art a l’habitude de véhiculer. Une image nettement moins glamour également.

letraitreLe Traître reste un film parfaitement maîtrisé visuellement. La photographie est d’une élégance rare. Elle permet de donner un léger côté « vintage » aux images, qui colle assez bien à l’époque où se déroulent les faits, tout en restant très moderne. Elle permet de pleinement apprécier la performance magistrale de Pierfrancesco Favino. A la fois ténébreux, attachant, inquiétant, impitoyable et humain. Il porte une bonne partie du film sur ses épaules et donne une réelle crédibilité à ce personnage, qui est loin des clichés du genre. Il est épaulé par une galerie particulièrement haute en couleur de seconds rôles parfois savoureux. Le film est au final un bel objet, intéressant et esthétique, mais qui manque d’une petite flamme pour définitivement nous passionner.

LA NOTE : 12,5/20

Fiche technique :
Production : IBC Movie, Kavac Film, Rai Cinema, Ad vitam, Gullane Filmes, The Match Factory
Réalisation : Marco Bellocchio
Scénario : Marco Bellocchio, Valia Santella, Ludovica Rampoldi, Francesco Piccolo
Montage : Francesca Calvelli
Photo : Vladan Radovic
Décors : Andrea Castorina
Distribution : Ad vitam
Musique : Nicola Piovani
Durée : 145 min

Casting :
Pierfrancesco Favino : Tommaso Buscetta
Maria Fernando Cândido : Cristina Buscetta
Fabrizio Ferracane : Pippo Calo
Fausto Russo Alesi : Giovanni Falcone
Luigu Lo Cascio : TotuccioContorno
Giovanni Calcagno : Tano Badalamenti
Nicola Cali : Riina

MIDWAY : Au milieu

midwayafficheAh Roland Emmerich ! Mon chouchou… enfin un chouchou un peu spécial car si je l’affectionne autant, c’est parce que je me fais un malin plaisir à aller voir tous ses films pour en dire tout le mal que j’en pense. Attitude masochiste penseront certains. C’est parce qu’ils ne connaissent pas le plaisir infini d’écrire une critique assassine quand il s’agit d’une grosse production bien formatée ! Ce n’est pas du masochisme, c’est du sadisme ! C’est donc dans cette optique que je suis allé voir Midway. Au final, quelle déception ! Non que le film soit génial, ni même réellement intéressant. Mais voilà, il n’est pas franchement mauvais, juste franchement moyen. Et c’est du coup beaucoup moins amusant de délivrer mon opinion sur ce film qui ne marquera guère les mémoires. Ni dans un sens, ni dans l’autre.

Bien sûr, Midway souffre de tous les défauts qui accablent d’habitude les films de Roland Emmerich. Les personnages manquent toujours autant de profondeur, l’intrigue tient une nouvelle fois avec des ficelles plus grosses que mes cuisses et on assiste une nouvelle fois à une célébration sans retenue de la grandeur de l’armée américaine. Qu’est ce qui peut donc bien sauver le film après tout ça ? Et bien, on peut tout de même remarquer un effort dans l’écriture du scénario qui s’avère pour une fois sans excès de manichéisme. Le générique de fin dédicace ce film à tous les combattants, américains et japonais confondus. En effet, l’histoire s’évertue à saluer le courage et le sacrifice de tous les combattants, indépendamment de l’idéologie que leurs dirigeants défendaient. Ce ne va pas très loin, mais ça insuffle un tout petit peu d’intérêt au propos qui peut pousser à poser un regard bienveillant sur ce film tout de même relativement médiocre.

midwayOn peut également facilement reconnaître la grande qualité de scène de bataille finale de Midway. Une scène particulièrement spectaculaire entre mer et air qui vaudrait presque le déplacement. Bien sûr, c’est plus efficace que beau, mais on en prend tout de même plein les yeux. Ah si Roland Emmerich avait un tant soit peu de talent artistique à coller avec sa maîtrise technique, sa carrière serait toute autre. Ce n’est pas le cas, alors on se contentera de ça. Me voilà donc déçu de ne pas être totalement déçu. Qui sait, peut-être qu’un jour je finirai pas me montrer enthousiaste, après avoir quitté, au moins pour un film, la pure détestation. Je ne manquerai pas de vous le faire savoir, puisque je ne manquerai pas d’aller voir son prochain film dont je ne manquerai pas de faire la critique.

LA NOTE : 10/20

Fiche technique :
Réalisation : Roland Emmerich
Scénario : Wes Tooke
Direction artistique : Isabelle Guay
Décors : Kirk M. Petruccelli
Costumes : Mario Davignon
Photographie : Robby Baumgartner
Montage : Peter R. Adam et Christoph Strothjohann
Musique : Harald Kloser et Thomas Wanker
Production : Roland Emmerich, Mark Gordon, Harald Kloser
Durée : 139 minutes

Casting :
Woody Harrelson : l’amiral Chester Nimitz
Luke Evans : le commandant Clarence Wade McClusky
Mandy Moore : Anne Best
Patrick Wilson : Edwin T. Layton (en)
Ed Skrein : Dick Best
Aaron Eckhart : le lieutenant-colonel James H. Doolittle
Nick Jonas : le compagnon de mécanicien d’aviation de troisième classe Bruno Gaido
Tadanobu Asano : le contre-amiral Tamon Yamaguchi
Dennis Quaid : le vice admiral William ‘Bull’ Halsey
Keean Johnson : James Murray

CAMILLE : Si loin, si proche

camilleaffichePrendre de la distance avec un sujet s’avère souvent nécessaire. C’est vrai dans beaucoup de contextes, y compris lorsqu’on veut faire un film avec un minimum de réalisme et d’objectivité. Boris Lojkine y parvient parfaitement à travers son film Camille. Cela n’avait rien d’évident car il nous raconte l’histoire tragique d’une jeune photographe, morte en Centrafrique, notamment parce qu’elle s’est trouvée trop personnellement impliquée dans ce conflit sanglant. Le film nous livre une réflexion pertinente sur ce sujet, en même temps qu’un portrait profondément touchant.

Un spectateur de Camille vit en fait un peu la même situation que la jeune femme. On est forcément émue par son enthousiasme et son humanité. Mais dans notre situation, ça n’a évidemment aucune conséquence fâcheuse bien au contraire. On rentre profondément dans cette histoire et on la vit intensément. Cela ne nous empêche pas d’être amené à se poser de vraies questions. Le film n’apporte pas vraiment de réponse, c’est au spectateur de se forger sa propre opinion et c’est très bien comme ça car il a vraiment tous les éléments pour le faire.

camilleCamille offre un premier grand rôle à Nina Meurisse. Elle rentre dans la peau de son personnage avec beaucoup de sincérité. Elle le vit plus qu’elle ne le joue, ce qui n’est jamais évident pour une personne ayant vraiment existé. Boris Lojkine maîtrise autant la forme que le fond. La réalisation, la narration, tout cela est parfaitement maîtrisé et contribue à nous faire vivre l’histoire avec beaucoup d’intensité et d’émotion. Le film est excellent pour bien des raisons. Autant de raisons pour ne pas passer à côté de ce film qui a déjà quasiment disparu ds l’affiche.

LA NOTE : 13,5/20

Fiche technique :
Réalisation : Boris Lojkine
Scénario : Boris Lojkine et Bojina Panayotova
Décors : Jan Andersen
Photographie : Elin Kirschfink
Son : Marc-Olivier Brullé
Montage : Xavier Sirven
Musique : Éric Bentz
Production : Bruno Nahon ; Caroline Nataf
Durée : 90 minutes

Casting :
Nina Meurisse : Camille Lepage
Fiacre Bindala : Cyril
Bruno Todeschini : Mathias
Grégoire Colin : François
Augustin Legrand : Stol
Michael Zumstein : Michael
Ousnabee Zounoua : Leila
Abdouraouf Diallo : Abdou
Rafiki Fariala : l’étudiant
Mireille Perrier : la mère de Camille
Antoine Gouy : le frère de Camille
Aurélie Mazzeo : la copine de Camille

SORRY WE MISSED YOU : L’uber et l’argent de l’uber

sorrywemissedyouafficheLes plus grands réalisateurs se distinguent par leur capacité à explorer toujours de nouveaux territoires et à nous proposer des films toujours différents. Du coup, on est en droit de se demander si Ken Loach est réellement un grand réalisateur. Question quelque peu provocante tant l’immensité de son talent est universellement reconnu. Mais il est vrai que son ouvre est une des plus homogènes des cinéastes de cette renommé. Sorry We Missed You se situe dans la droite lignée de Moi, Daniel Blake, son précédent film. Mais tant qu’il parviendra à nous proposer des œuvres de cette qualité, il sera difficile de lui adresser le moindre reproche.

Sorry We Missed You dénonce le développement des contrats dits 0 heure en Grande-Bretagne. Une forme de précarisation qui transforme les salariés en soi-disant entrepreneurs. Bref ce que l’on appelle plus communément l’uberisation du marché du travail. Un sujet plus universel qu’il n’y paraît et qui se trouve remarquablement traité ici. Ken Loach, comme à son habitude, s’intéresse avant tout à l’humain et tire son propos politique d’un vécu concret, pas de grandes idées abstraites et hors sol. L’intelligence du scénario lui offre un impact qui vaut mille thèses d’économétrie.

sorrywemissedyouKen Loach démontre une nouvelle fois qu’il est un des plus remarquables directeurs d’acteurs de l’histoire. Il permet à un casting sans star de livrer des performances d’une sincérité bouleversante. Sorry We Missed You est d’un humanisme rare, que je trouve encore plus fort que Moi, William Blake. Ken Loach prend la distance parfaite avec son sujet et ne cède jamais à l’émotion facile. Beaucoup de cœur, mais aussi beaucoup de raison donc. Et surtout beaucoup de bonheur cinématographique qui nous fait attendre avec impatience le prochain Ken Loach.

LA NOTE : 14/20

Fiche technique :
Production : Sixteen Films, BBC Films, BFI Film Fund, Les films du Fleuve, Why Not Productions, Wild Bunch
Réalisation : Ken Loach
Scénario : Paul Laverty
Montage : Jonathan Morris
Photo : Robbie Ryan
Décors : Fergus Clegg
Distribution : Le Pacte
Musique : George Fenton
Durée : 100 min

Casting :
Kris Hitchen : Rocky Turner
Debbie Honeywood : Abbie Turner
Rhys Stone : Seb
Katie Proctor : Lisa Jane
Alfie Dobson : Jack O’Brien
Linda E. Greenwood : la chauffeuse
Charlie Rchmond : Henry Morgan

MARTIN EDEN : Les routes du paradis

martinedenafficheLe récit d’apprentissage est un grand classique, même si on pense vite à un roman du 19ème siècle. Cependant, ce thème continue de nous offrir encore et toujours de nouvelles histoires et on peut ranger de nombreux films dans cette catégorie. Dernier en date, Martin Eden, un film italien qui nous conte le parcours d’un jeune homme sans éducation qui va vouloir s’élever intellectuellement et par la même occasion socialement. Une récit assez classique, mais qui brille par la qualité de son personnage principal, mais qui souffre d’une forme un peu désuète.

Ce type d’histoire repose forcément de manière quasi exclusive sur son personnage principal. Ce n’est pas par hasard si le film porte simplement son nom. Ce n’est pas tant par son caractère initial que par son évolution qu’il nous fascine et nous pousse à le suivre dans son apprentissage. Martin Eden est un portrait extrêmement vivant et toujours en mouvement. Rien dans ce personnage n’est statique, tout est toujours en construction, du coup jamais le film n’est contemplatif. Il dégage un mélange de force et de faiblesse qui le rend profondément humain et donne son équilibre au film. Il restera une figure marquante de cette année cinématographique.

martinedenDans la forme par contre, Martin Eden ressemble plus à un téléfilm des années 80 qu’à un long métrage d’aujourd’hui. La photographie est très pauvre et la réalisation de Pietro Marcello est dénuée de toute imagination ou prise de risque. Certes, on se retrouve ainsi forcé de se concentrer sur l’essentiel, notamment la superbe performance de Luca Marinelli. Mais cela crée une petite voix dans la tête du spectateur l’empêchant de profiter pleinement du reste. Pas suffisant pour tout gâcher, mais assez pour ne pas donner au film toute la dimension qui aurait pu être la sienne. Que ce personnage riche de ses imperfections donne un film lui aussi imparfait n’est-il pas finalement logique.

LA NOTE : 12,5/20

Fiche technique :
Production : Avventurosa, Rai cinema, Shellac sud, IBC Movie, Match Facotry, Arte
Distribution : Shellac
Réalisation : Pietro Marcello
Scénario : Pietro Marcello, Maurizio Braucci, roman de Jack London
Montage : Fabrizio Federico, Aline Hervé
Photo : Alessandro Abate, Francesco di Giacomo
Musique : Marco Messina, Sacha Ricci
Durée : 128 min

Casting :
Luca Marinelli : Martin Eden
Jessica Cressy : Elena Orsini
Carlo Cecchi : Russ Brissenden
Vincenzo Nemolato : Nino
Marco Leonardi : Bernardo Fiore
Denise Sardisco : Margherita