UN PLAN APPLIQUE AVEC RIGUEUR

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fillonsarkoQuand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage prétend le proverbe. Voilà sûrement un adage que Nicolas Sarkozy et François Fillon connaissent sur le bout de doigts, vu que c’est exactement ce qu’ils sont en train de faire avec les finances de l’Etat. Cela fait longtemps qu’ils ont commencé et on n’est pas loin d’en arriver à l’exécution finale.

Le gouvernement actuel, et plus généralement la droite depuis dix ans, a suivi une tactique politique vieille comme le monde. Pour se débarrasser de quelque chose (institution, système de protection sociale, organisme paritaire…), commencez par lui couper les vivres, si possible progressivement, histoire que cela ne se voit pas trop. Evidemment, à terme, la chose en question va devenir déficitaire de manière structurelle. Il sera alors temps de dénoncer cet état de fait (pourtant sciemment provoqué par celui qui dénonce) et de tenter de convaincre qu’il est désormais indispensable de couper dans les dépenses.

L’ensemble des cadeaux fiscaux accordés par la droite procède exactement de cette logique. Bien sûr, il n’explique pas à lui seul les difficultés budgétaires actuelles, mais sans eux, notre pays n’aurait aucune crainte quant à la conservation de son triple A, avec notamment une dette inférieure de 20 points de PIB qu’actuellement. En attendant, les 100 milliards de recette fiscale annuelle se sont bien évaporés, principalement au profit des plus aisés, alors que les efforts que le gouvernement vient de nous promettre seront à supporter par tout un chacun.

Evidemment, le gouvernement a justifié les cadeaux passés par une toute autre raison. A son sens, ils devaient favoriser la croissance, reprenant à son compte la vieille théorie qui veut que l’argent que l’on donne aux plus riches finit toujours par ruisseler vers les plus modestes. Idée qu’un siècle d’études économiques a totalement discrédité, mais qui continue de guider bien des politiques étatiques. On sait pourtant, et là on est de l’ordre du fait et non de l’opinion, que le taux global de fiscalité n’a quasiment aucune incidence sur le dynamisme économique. Ce qui ne signifie pas que la fiscalité n’a aucune incidence, bien au contraire. Mais ce qui compte, c’est la manière dont le système fiscal fonctionne globalement, dans quelle mesure est-il juste, est-il redistributif et permet de financer des investissements utiles. Le Danemark est le pays au monde où la pression fiscale est la plus forte, mais aussi un des plus riches, alors que le pays les plus pauvres ont généralement des fiscalité inexistante.

La baisse de la TVA dans la restauration est le meilleur exemple de politique destructrice de recettes pour un bénéfice quasi nul. Le gouvernement fait bien machine arrière, mais passer de 5,5% à 7% n’est pas tout à fait comparable à passer de 19,6% à 5,5%. Le mal est fait, le trou est là et on va demander à chacun de prendre sa retraite plus tôt pour pouvoir le boucher. De manière globale si la politique de Nicolas Sarkozy avait favorisé la croissance et l’emploi, cela se serait vu. Certes, la crise mondiale est passée par là. Mais l’excuse ne tient pas puisque tous les économistes vous expliqueront que c’est justement le système de protection social français (on parle d’amortisseurs automatiques) qui a limité l’impact de la crise dans notre pays, ce même système que le gouvernement s’évertue à détruire. Non, le vrai problème posé par la crise est qu’elle a fait perdre le contrôle de la situation au gouvernement qui ne peut plus procéder de manière progressive et indolore.

Ce qu’il y a de plus insupportable dans cette manière de procéder est qu’elle cherche à nier la possibilité même d’un choix démocratique. Choisir entre une société à fiscalité élevée mais à services publics forts et une société où la feuille d’impôt est plus légère mais sans mécanisme de solidarité très développé est un vrai sujet de débat politique et de clivage droite/gauche. C’est une question de fond sur laquelle les électeurs doivent se pencher à chaque scrutin. Mais ce discours de « on n’a pas le choix », « on ne peut pas faire autrement », comme si l’économie était dirigée par des lois naturelles incontournables, est tout simplement mensonger. On n’est pas dans un débat « ça marche » contre « ça ne marche pas », mais on est face à une vraie alternative où chaque citoyen doit se positionner. Après la mise en œuvre de ce choix pourra être plus ou moins efficace.

Le dernier plan d’austérité n’est qu’un vulgaire saupoudrage de demi-mesures, ne répondant en rien à un enjeu qui est profondément systémique. C’est notre fiscalité tout entière qui est à revoir. François Hollande en a fait un de ses principaux axes de campagne et on peut difficilement lui reprocher de ne pas proposer un projet global et concret dans ce domaine. Après, on peut toujours en contester la validité et proposer autre chose.

En attendant, le gouvernement bricole et nous payerons tous les pots cassés.

RIEN NE VAUT UNE TRAGEDIE GRECQUE

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papandreou_sarkozy_merkelLe feuilleton à rebondissements écrit par le célèbre auteur grec George Papandreou a passionné le monde entier toute cette dernière semaine. Mais si le public était au rendez-vous, les critiques ont été nombreuses. Il est vrai que cette œuvre reste inclassable et on ne sait pas encore si on doit la ranger dans la catégorie comédie ou drame. En attendant, cette tragi-comédie donc met en exergue deux enseignements majeurs sur l’état de la scène européenne.

Déjà, on peut s’étonner qu’au fond, tout cela prenne autant d’importance. En effet, l’économie grecque n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de l’UE. C’est d’ailleurs bien le problème car sa capacité à créer de la valeur ajoutée est extrêmement limitée. On ne fait pas vivre un pays occidental avec le tourisme et l’huile d’olive. Tout y est à construire, aussi bien au niveau des infrastructures productives que d’une force publique efficace. Et pourtant, toute l’Europe tremble, c’est dire à quel point l’économie européenne s’apparente plus à un grand chaos qu’à une économie structurée.

La construction d’une vraie gouvernance européenne est de plus en plus urgente. La prise de conscience est générale et affichée dans tous les bords politiques. Le problème est que cela s’apparente plus à une phrase que l’on se répète à loisir pour se rassurer. Car si cela éviterait de retomber dans les mêmes travers à l’avenir, cela n’apporterait qu’une réponse très partielle aux difficultés les plus immédiates. Au mieux, cela faciliterait l’émergence d’un début de sortie de crise, mais qui reste à ce jour à inventer.

George Papandreou a réussi à faire trembler l’Europe entière avec un mot : referendum. Cette panique soudaine montre à quel point la construction de l’Europe en tant qu’espace économique échappe de plus en plus aux processus démocratiques classiques. On tremble désormais à l’idée de demander leur avis aux peuples… On a pu s’amuser des réactions de certains politiques, gênés aux entournures, ne pouvant décemment pas nier au peuple grec le droit de s’exprimer sur une question qui engage durablement leur avenir, mais tout en ayant une trouille bleue que cela aboutisse à une réponse contraire à leurs intérêts.

Objectivement, ils ont raison. Tout simplement parce l’Union Européenne s’est tellement éloignée des citoyens, le fonctionnement même d’économies totalement esclaves de la finance est devenu tellement nébuleux, que ce qui devrait être source de la plus grande légitimité devient menaçant pour des processus qui n’en ont aucune. Et c’est sans doute là le plus gros effort à fournir, bien plus que les efforts budgétaires. Il faut arriver à refaire de la construction européenne un facteur d’espoir pour les peuples et que ces mécanismes soient à nouveau totalement appropriés.

Je dis bien à nouveau. Quand j’étais enfant, j’imaginais, moi et mes copains, qu’un jour il y aurait une équipe de foot de la CEE, car, pour nous, c’est un seul et grand pays qui était en train de se construire. Nous étions trop jeunes pour savoir si cela représentait une bonne ou une mauvaise chose, mais elle nous semblait naturelle et inexorable. Mais je doute fort que les enfants d’aujourd’hui soient habités par ces mêmes idée naïves, mais qui auraient pu servir de base à un vrai sentiment d’appartenance à un grand et beau projet.

Dans tous films d’aventures, il y a un moment où tout espoir semble perdu. La construction européenne est une formidable aventure. Je suis peut-être trop cinéphile, mais je n’ai pas encore perdu espoir qu’elle se termine un jour par un beau happy-end hollywoodien.

LOGEMENT SOCIAL : PAYE TON LOYER D’ABORD !

logementsocial

logementsocialParmi les grands comiques qui font de la politique, il y a Laurent Wauquiez. Le seul problème réside dans le fait qu’il ne fait rire personne, bien qu’il débite des absurdités à la pelle. Après les bénéficiaires des minima sociaux vivant plus aisément que les travailleurs devant effectuer des travaux forcés, voici venue une nouvelle idée brillante : réserver une partie des logements sociaux aux travailleurs… Cette idée n’aurait pas été aussi absurde, si la majorité des logements sociaux n’étaient pas déjà occupés par des travailleurs. Si on exclut les retraités, le chiffre se monte à environ 70%. Et ce pour une raison bien simple : pour occuper un logement social, il faut être en mesure de payer son loyer.

Je ne pense pas que Laurent Wauquiez soit un idiot ou un ignorant. Sa sortie est un acte politique délibéré pour flatter son électorat et exploiter la méconnaissance générale de la population sur la réalité du logement social. Car s’il y a bien un domaine où tout le monde dit tout et n’importe quoi, c’est bien celui-là. C’est un sujet complexe, si bien que même ceux qui sont en demande n’en connaissent pas clairement les mécanismes.

Déjà, il y a logement social et logement social. Plus précisément, il y a trois catégories de logements sociaux : les PLAI (Prêt Locatif Aidé d’Intégration), PLUS (Prêt Locatif d’Usage Social) et PLS (Prêt Locatif Social). Elles tirent leur nom des moyens de financement dont elles peuvent bénéficier, sur lesquels je reviendrai un peu plus tard. Chacune de ces catégories est associé à un plafond maximal de revenu mensuel. Pour une personne seule, en Ile de France, il se monte à 1013 euros pour un logement PLAI, 1842 euros pour un logement PLUS et 2395 euros pour un logement PLS.

La loi SRU qui impose l’obligation d’au moins 20% de logements sociaux par commune ne fait aucune distinction entre les catégories (ni entre les tailles de logement, ce qui est un autre problème que je ne vais pas traiter ici). Et vous imaginez facilement que beaucoup de communes aisées, genre…Viroflay, ont essentiellement construit des logements PLS, où l’on peut loger de jeunes cadres. Depuis les pouvoirs publics ont réagi et il devient difficile de financer un projet ne comprenant que des logements PLS, mais le mal est fait. Aujourd’hui, une large part du logement social est tout simplement inabordable pour un chômeur… car trop cher.

En effet, le deuxième élément que l’on oublie trop vite, c’est qu’une large part du logement social, notamment celui qui se construit aujourd’hui, appartient à des bailleurs sociaux privés. Car le logement social est un business comme un autre et ces entreprises, aussi louable soit leur activité, ont besoin de recettes et de dégager un minimum de bénéfices, même si ces derniers servent surtout à être réinvestis dans de nouvelles constructions. Leurs logements ne sont donc pas loués à des personnes n’ayant pas des revenus suffisants pour pouvoir payer leur loyer, même si ce dernier est plus modeste que dans le privé. Et même les offices publics, comme les HLM de la ville de Paris, sont tenus à un minimum de résultat financier.

Evidemment, si les bailleurs sociaux peuvent proposer des loyers inférieurs au marché, c’est qu’ils sont subventionnés. Mais ils le sont non pas dans leur fonctionnement, mais lors de la construction de nouveaux logements. Cela diminue le coût de l’investissement, mais cela n’enlève rien au fait qu’il faudra le rentabiliser par la suite. Pour une même opération, un bailleur social va s’adresser à plusieurs collectivités (commune, département, région, Etat, 1% logement…) qui vont chacun l’aider de deux façons. Elles peuvent verser une subvention directe (10 000 euros par logement environ à Viroflay, ce qui ne pèse que très peu sur le budget communal). On parle alors de surcharge foncière puisque l’on compense le prix élevé du foncier. Elles vont surtout garantir l’emprunt contracté par le bailleur social (les fameux PLAI, PLUS et PLS) auprès de la Caisse des Dépôts (financé par les livrets A) pour construire ces logements. En contrepartie, la collectivité pourra choisir les attributaires d’un nombre de logements proportionnels à leur contribution.

Ceci a plusieurs conséquences, notamment pour l’usager. Lorsqu’un immeuble de logements sociaux se construit, plusieurs acteurs choisiront les attributaires. S’il se construit 30 logements, cela ne va pas dire que la commune pourra en attribuer 30, mais généralement 6 ou 7. La pile de demandeurs enregistrée auprès des services communaux ne va donc pas diminuer de 30 dossiers, mais de beaucoup moins. Un demandeur a donc tout intérêt à déposer des dossiers auprès d’un maximum de collectivités et non auprès uniquement de sa commune de résidence. Or, il est rare que les personnes qui effectuent ces démarches en aient vraiment conscience, ce qui explique leur incompréhension totale face au délais d’attribution (qui seront de toute façon très longs).

J’ai évoqué plus haut le fait que les collectivités garantissent les emprunts des bailleurs sociaux. Cela veut dire que si un de ces derniers faisaient faillite, chose heureusement très rare, ce sont les communes, les conseils généraux ou les régions qui continueront à payer les traites des emprunts. Ces dernières n’ont donc aucun intérêt à proposer des attributaires qui ne peuvent payer leurs loyers et donc menacer la pérennité financière du bailleur. Enfin, reste le problème de la transparence des attributions. Elle est évidemment variable d’une collectivité à l’autre. A Viroflay, par exemple, il a fallu attendre 2008 pour qu’un élu de l’opposition puisse siéger à la commission d’attribution de la commune. On peut penser qu’il y a encore beaucoup de communes où cette anomalie perdure.

L’idée de Laurent Wauquiez n’est donc même pas absurde. Elle n’a juste aucun sens. Mais je doute fort qu’il ait jamais cherché à ce qu’elle est en est un.

LE NAVIRE PS VOGUE VERS 2012

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francoishollandeSi j’ai quelque peu délaissé certaines parties de mon site depuis quelques semaines et donc n’ai pas eu l’occasion de parler des primaires socialistes, c’est notamment à cause de l’organisation de ces dernières qui m’a prise un peu de temps (enfin entre beaucoup d’autres choses). D’ailleurs, je suis bien content que cela soit fini, car pour le militant et élu socialiste que je suis, ce fut une période où ce sont mêlés espoirs et inquiétudes. Sans parler évidemment des deux journées à passer 5h derrière une urne, activité sympathique mais un peu longuette parfois.

Le succès des primaires socialistes sont incontestables et ceux qui ont cherché à le faire se sont tout simplement couverts de ridicule. L’organisation sans accro, malgré sa complexité (je peux en témoigner), la participation inespérée (notamment à Viroflay!) et surtout la bonne tenue des débats ont donné une image extrêmement positive du Parti Socialiste, la meilleure depuis bien des années. Elle a aboutit à la nomination d’un candidat qui part au combat contre Nicolas Sarkozy dans les meilleures conditions qui soient.

D’un point de vue personnel, ces primaires ont donc constitué une double satisfaction puisque j’ai soutenu François Hollande depuis juin dernier. Avec le recul, cela me semble d’ailleurs relativement incroyable. Je n’aurais pas parié un seul centime sur lui il y a tout juste un an de cela. Comme quoi la ténacité et la constance peuvent parfois payer en politique. Bien sûr, l’affaire DSK lui a été particulièrement favorable puisque c’est sûrement à l’ancien patron du FMI que serait allé mon vote sans tout cela. Et cela aurait été sûrement le cas d’une majorité des votants à ces primaires.

Bien sûr, le plus dur attendent François Hollande et le Parti Socialiste désormais. Le dernier qui a parlé a souvent raison et la manière dont ils ont occupé le temps d’expression médiatique depuis deux mois explique une partie de l’avance que leur donnent les sondages. Il est évident que tout cela va se rééquilibrer et il est impensable que l’élection présidentielle se termine sur un score de 65-35. Il va falloir faire le dos rond jusqu’à la fin de l’année 2011, où les autres formations politiques font tout faire pour réoccuper l’espace médiatique. Ensuite, viendra la campagne à proprement dite et là il faudra savoir repartir de plus belle.

Comme disait Pierre Moscovici avant l’été : « On ne voit pas comment on pourrait ne pas gagner, mais on voit encore comment on pourrait perdre ». Le premier écueil résidait dans les primaires. Elles furent un succès. Les probabilités d’un échec se sont encore amenuisés. Mais tant qu’elles existeront, il faudra être vigilant !

NE CHOMONS PAS, CHANGEONS LE MONDE

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chomagePour le troisième mois consécutif le chômage est en hausse en France, le faisant atteindre des niveaux que l’on avait pas vu depuis longtemps. Après l’économie financière, cette mauvaise nouvelle et les perspectives pessimistes pour la croissance nous conduisent à craindre que l’économie réelle soit sur le point d’elle aussi à nouveau déraper. Et cette fois, ce ne sont pas les actionnaires qui seront touchés, mais les emplois les plus précaires, les citoyens les plus fragiles.

On a donc tous les raisons d’être pessimiste, contrairement à ce que dit le ministre du travail, Xavier Bertrand, dont le discours lénifiant semble résonner de plus en plus dans le vide. A qui parle-t-il ? Qui peut bien l’écouter ? Le gouvernement est évidemment bien mal placé pour clamer qu’il est capable de remédier une situation qu’il a lui même contribué à créer. Bien sûr, les crises mondiales ne naissent pas à l’Elyséen ni à Matignon, mais en creusant les inégalités par une baisse de la fiscalité au profit des plus riches, en supprimant sans raisonnement autre que financier des emplois publics, en subventionnant la non-embauche par la défiscalisation des heures supplémentaires, il a largement contribué à la dynamique qui nous conduit tout droit vers un marasme durable.

Tout cela amène une réflexion plus large. Aucun gouvernement, même celui des Etats-Unis, ne peut être tenu responsable à lui seul de crises mondiales, comme celles que nous connaissons depuis 2007. Les responsabilités sont partagées, diffuses et impersonnelles. Par contre, il y a une idéologie qui nous a conduit à ce désastre. Une idéologie de toute puissance du marché, de dérégulation, de destruction de la force publique. Une idéologie qui fait de la finance non un outil, mais une fin en soi. Chaque homme politique qui porte aujourd’hui cette idéologie apporte sa pierre à la crise. Le gouvernement, plus largement une bonne partie de l’UMP, même certains à gauche continuent de considérer ce modèle comme le seul possible, alors que depuis son émergence dans les pays occidentaux, ces derniers ont stagné de manière constante.

C’est donc aux citoyens de mettre fin à ce gâchis historique. Aux citoyens du monde, aux citoyens européens, pas qu’aux Français. Mais ces derniers ont une échéance importante en 2012 et il faudra qu’ils en profitent. Cela ne suffira pas à changer la face de l’économie mondiale, mais ça sera déjà un début.

ET MAINTENANT ?

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dsk2DSK est donc innocent… Enfin, disons qu’il ne sera pas reconnu coupable pénalement. Après, personne ne saura jamais ce qui s’est exactement passé dans cette fameuse suite, même si peut-être que les procès civils aux Etats-Unis et en France nous en diront plus… s’ils ont lieu. Il restera de toute cette affaire un sentiment de malaise car la fin de la procédure ne signifie en rien la fin du soupçon.

Une chose reste tout de même établie. Dominique Strauss-Kahn n’a pu résister à l’envie de faire l’amour à une femme de chambre plutôt moche dans une chambre d’hôtel à 11h du matin… On aura beau répéter que cela fait partie de la vie privée, on a guère envie de confier l’avenir de la nation à un homme incapable de résister à de telles pulsions. Parce qu’à côté de ça, Bill Clinton et le cigare de Monica Lewinski, c’était glamour et romantique.

Depuis deux jours, on spécule de plus belle sur l’avenir politique de DSK. Je suis le premier à souligner l’absence totale de mémoire de l’opinion, mais là, la tâche sera difficile à effacer, surtout que l’on a tendance à oublier que les démêlés judiciaires ne sont pas encore terminés. Aussi compétent soit-il, sa parole public est pour longtemps décrédibilisée, même sur des sujets n’ayant rien à voir avec la morale et le savoir-vivre.

On peut facilement imaginer que les candidats à la primaire socialiste, et surtout celui qui en sortira vainqueur, n’espérera qu’une seule chose : que l’ancien patron du FMI fasse profil bas. Mais comme on le voit mal en conseiller de l’ombre, le PS risque fort de se demander si, pour lui, DSK n’était pas mieux en prison. Enfin, peut-être que l’homme DSK n’aura plus envie pour un moment d’être sous le feux des projecteurs du pouvoir…

… Mais rares sont ceux qui ont su de désintoxiquer de cette drogue.

MEMOIRE COURTE ?

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lybieLe régime du Colonel Kadhafi est sur le point de tomber. C’est évidemment une bonne nouvelle pour la Lybie et pour le monde. Bien sûr, il plane encore bien des interrogations sur la nature du régime qui va lui succéder et il faudra demeurer particulièrement vigilant. On peut se réjouir également du fait que l’action de l’OTAN n’a pas été vaine. Il faut dire que quand il y a du pétrole en jeu…

Dans les jours qui viennent, les pays occidentaux vont se congratuler de leur action décisive. Au premier rang desquels la France, dont ne peut que reconnaître la volonté décisive d’appuyer militairement la rébellion libyenne. Sans son action, on n’en serait évidemment pas là. Mais bizarrement, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de ministres du gouvernement pour rappeler également que Kadhafi plantait encore il n’y a pas si longtemps sa tente dans les jardins de l’Elysée.

On dit que l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Dans le cas qui nous intéresse, il est encore trop tôt pour savoir ce que la postérité retiendra : notre contribution à la libération de la Lybie ou la manière dont nous nous sommes humiliés devant un dictateur pour toucher une part de sa rente pétrolière ?

Espérons que la deuxième partie ne sera pas totalement occultée.

LA BOURSE OU LA BOURSE ?

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bourseabsurdeLa crise boursière qui a débuté la semaine dernière montre une nouvelle fois à quel point le monde de la finance est devenu un grand n’importe quoi. Mais un grand n’importe quoi dangereux et dont l’importance devient délirante. On peut parier que l’on tient là un des prochains axes forts de la prochaine campagne présidentielle. Le souci est que le débat risque d’être « comment plaire au marché ? », plutôt que « comment en refaire des outils au service du développement économique ? ».

L’absurdité de la situation actuelle est éloquente. Les actions sont censées représenter une fraction de la valeur des entreprises. Or ces dernières se portent à nouveau très bien, les bénéfices sont revenus et ont même dépassé leur niveau d’avant crise. Tous les voyants devraient donc être au vert. Malheureusement, plus personne ne fait attention à cette valeur ancrée dans le réel, seul compte la valeur spéculative…

Si les marchés boursiers ont plongé, c’est par crainte que certains états n’arrivent pas à rembourser leurs dettes. Quel est le rapport entre les deux ? Aucun a priori, à part pour les actions des banques, qui, elles, sont directement concernées. Mais la finance fonctionne désormais comme un tout et une mauvaise nouvelle dans un secteur prend des proportions démesurées et va frapper l’ensemble des actifs financiers.

Le pire a été quand même d’apprendre que puisqu’il y a une crise de la dette dans beaucoup d’états (il paraît qu’elle menace la France), la Bourse a plongé et, du coup, les investisseurs se reportent en masse… sur les obligations d’état jugées sûres. Bref, la crise de la dette des états entraîne la finance à investir…dans la dette des états…

Absurde ? Evidemment, mais cela signifie surtout que la crise de la dette qui touche certains pays n’est provoquée en fait que par des bulles crées par des attaques spéculatives. Au fond, les créanciers savent très bien qu’ils sont à l’abri d’un défaut de paiement. Simplement, attiser cette crainte permet d’augmenter les taux d’intérêts, et donc les profits du créanciers, pour certains pays… qui, du coup, auront effectivement du mal à faire face à leurs échéances.

Tout cela n’a rien d’inexorable et n’est pas inscrit dans les lois de la nature, comme aimeraient le faire croire certains libéraux. Il est temps que les politiques, et donc les peuples, reprennent la main et signifient clairement au monde la finance que la plaisanterie a assez duré et que si elle veut continuer à exister, il lui faudra suivre un certain nombre de règles… Des règles qui existaient il y a juste un peu plus de trente ans avant que l’idéologie portée par le couple Reagan-Thatcher ne vienne peu à peu les balayer.

Et il y a urgence…

L’EURO ET LA GRECE SAUVES… ET DEMAIN ?

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eurosauveIl paraît que la Grèce et l’Euro sont sauvés par des mesures exceptionnelles et uniques. Une faveur historique puisque, promis, juré, craché, on ne renouvellera pas de telles mesures pour le Portugal, l’Espagne ou l’Irlande qui n’en auront pas besoin de toute façon. Enfin, il y a encore quelques jours, on nous racontait que la Grèce pouvait s’en sortir sans certaines des décisions qui ont été prises la semaine dernière.

Mais de quoi au juste a-t-on sauvé la Grèce ? D’une incapacité à faire face à leurs échéances de remboursement. C’est simple, clair et limpide. Mais ce qui est beaucoup plus étonnant c’est que pour leur permettre d’honorer ses engagements, on leur a… prêté de l’argent ! Cela n’est pas étonnant, cela s’appelle une restructuration de la dette, cela se pratique couramment pour les particuliers surendettés. Quoi de plus normal alors !

On a donc substitué des emprunts à 10% par des emprunts à 3,5% (bon, je simplifie un peu). Mais on peut aller se poser une légitime question : comment peut-on prêter de l’argent à 10% ? On n’est pas si loin des taux usuraires, se situant autour de 20%. Le taux de rémunération d’un emprunt se justifie par le risque pris par le prêteur de ne pas être remboursé. Le problème c’est qu’un taux aussi élevé augmente par lui-même le risque de voir l’emprunteur incapable de faire face aux échéances. De plus, cela rend inenvisageable un prêt sur le long terme et cela fait rentrer l’emprunteur dans un cercle vicieux dont il est quasi impossible de se sortir.

La crise de la dette grecque montre bien à quel point l’autorégulation des marchés financiers est une idée qui n’a aucun fondement. Alors bien sûr, les plus acharnés vous raconteront que si on en est arrivé là, c’est que le gouvernement grecque a menti sur la réalité de sa situation. S’il avait été honnête, les taux qu’on lui proposaient auraient été beaucoup plus élevés bien plus tôt et il n’aurait pu abuser de cette façon d’une capacité d’emprunt qui n’existait pas. Mais un système qui ne fonctionne que si tous les acteurs sont parfaitement honnêtes ne peut tout simplement pas fonctionner.

Pourtant, il existe un outil censé donner aux créanciers l’information sur le risque encouru : les agences de notation. Sauf qu’elles ont prouvé depuis longtemps que leurs avis sont aussi fiables que les prévisions météorologiques. Et là encore, on retombe dans les mêmes travers : un emprunteur mal noté ne se verra proposer que des taux très élevés, multipliant ainsi le risque de ne pouvoir le rembourser. On retrouve donc la notion de prophétie auto-réalisatrice qui explique bulles et crises des marchés financiers. Penser que l’on puisse appuyer tout le système financier mondial sur des piliers aussi fragiles est tout simplement irresponsable.

Reste une question : pourquoi aider la Grèce ? Après tout, c’est de leur faute s’ils en sont là. Ils ont abusé des facilités que leur offrait l’Euro et nuisent aux autres membres sans qu’ils y soient pour rien. Enfin pour rien, ce n’est pas si sûr. Personne n’a forcé la Grèce à emprunter autant, mais ni la France, ni encore moins l’Allemagne n’ont craché sur les intérêts touchés par leurs banques et sur les exportations qui ont pris la direction d’Athènes grâce à l’argent emprunté.

Il n’y a pas de formule magique. On peut philosopher sans fin sur la crise grecque, sur les responsabilités des uns et des autres, sur qui doit payer. Mais l’urgence est surtout de faire le nécessaire pour s’en sortir et surtout de rendre impossible le renouvellement d’un tel scénario. Et pour cela, c’est une Europe politique et un vraie gouvernance économique qu’il faut construire. Mais les choses avancent doucement, très doucement, trop doucement.

POLEMIQUE A LA CON

evajoly

evajolyNous ne pouvons saluer bien bas la faculté de nos hommes politiques à se mobiliser pour les problèmes de fond, à monter au créneau massivement pour changer radicalement le monde, à être prêt à se battre pour ce qui compte vraiment… Nous ne pouvons aussi que nous réjouir de la capacité des médias à relayer les débats le plus primordiaux qui animent notre pays, à faire leurs unes des questions de société qui impacteront la vie de chacun d’entre nous et celle de nos enfants… Car après le maintien des départements sur les plaques minéralogiques, après la défense des délinquants routiers injustement harcelés par la force publique, nous avons pu assister à la bataille d’idées acharnée sur un sujet aussi fondamental que… le défilé du 14 juillet !

La déclaration d’Eva Joly, alors que 7 militaires viennent de trouver la mort en Afghanistan, n’était pas du meilleur goût, vues les circonstances. Sans être foncièrement en désaccord avec elle, elle a perdu une bonne occasion de se taire. Encore une fois le sujet n’a rien de crucial et ces propos sonnent au final comme une bien inutile provocation. Les hommes politiques sont certes censés avoir un avis sur tout, mais je ne crois qu’ils aient raison de toujours le donner.

Cependant, dans l’absolu, les propos d’Eva Joly ne reflètent qu’une opinion, qu’elle a tout à fait le droit d’avoir. Personnellement, si je ne suis pas en désaccord flagrant avec elle, c’est tout simplement parce que je porte autant d’intérêt au défilé du 14 juillet qu’à ma première paire de chaussettes. Mais si certains y attache de l’importance, tant mieux pour eux, je ne vois pas pourquoi je les empêcherai de profiter du spectacle.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la petite tempête médiatique qui a suivi a touché le fond du ridicule. Cela ressemblait au lamentable spectacle donné par la classe politique après la main de Thierry Henry. Franchement, en pleine crise de l’euro, nos actuels ou futurs dirigeants ont sûrement bien des sujets bien plus cruciaux sur lesquels débattre et exprimer leur opinion. Les discours pompeux et ridicules sur la force symbolique et patriotique de ce qui constitue simplement l’attraction télévisuelle du 14 juillet au matin, juste avant de passer à l’apéro et au barbecue, ont prouvé, s’il en était besoin, que bien des humains ne perdent jamais une occasion de se prendre bien futilement très au sérieux.

Restent enfin les piques adressées à Eva Joly qui sous-entendaient qu’elle n’était pas tout à fait française… C’est tellement abject et bas que cela n’aurait même pas du avoir l’honneur d’être rapporté dans les journaux. Mais que cela sorte de la bouche du Premier Ministre, en déplacement à l’étranger qui plus est, montre bien que notre gouvernement n’est plus à un déshonneur près. Leur course après les électeurs du Front National est en train de devenir une seconde nature très inquiétante. Ce n’est pas nouveau, mais ce n’est pas une raison pour s’y habituer.

En tout cas entre connerie maladroite et connerie immonde, je sais pour laquelle j’ai le plus d’indulgence.