RECHERCHE INDIGNATION ET JOURNALISTES DESESPEREMENT

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journalistesLa France est un drôle de pays. Un pays où on râle, où on se plaint, où on adore critiquer les autres. Un pays également inventeur des droits de l’homme, qui se veut champion de la tolérance. Mais aussi un pays incroyablement passif face à certains évènements, qui partout ailleurs, déclencheraient des tempêtes médiatiques.

Notre ministre de l’Intérieur bien-aimé, j’ai nommé Brice Hortefeux vient de se faire condamné par un tribunal pour injure raciale. Il ne s’agit plus là d’une polémique sur une interprétation des propos tenus, mais sur une décision de justice. Le ministre en charge de la police et de la sécurité intérieure condamné pour racisme ne provoque qu’une vague indignation de la gauche (sauf Julien Dray, qui franchement, ferait mieux d’astiquer ses montres au lieu de l’ouvrir).

Mais comprenez-vous, l’Auvergnat n’est pas raciste, c’était de l’humour. Quand un sportif justifie son contrôle antidopage positif en racontant qu’il cherchait juste à agrandir son pénis, il est quand même suspendu. Quand vous avez les meilleures raisons du monde de vous garer en double file, ça ne vous dispense pas de payer votre PV. En politique, ça ne marche pas comme ça. Enfin en France ! Il faudrait dire aux ministres britanniques qui ont sauté pour de vagues histoires de notes de frais de venir exercer dans notre beau pays, il n’aurait plus à s’inquiéter de grand chose.

Bon ok, on touche là presque à l’anecdotique. Mais c’est bien révélateur d’un vrai malaise qui prend des proportions ahurissantes quand on pense à l’affaire des rétrocommissions qui a connu son épilogue avec un attentat ayant fait 11 morts. Un rapport de la police luxembourgeoise met clairement et sans équivoque en cause notre Président préféré, Nicolas Sarkozy. Résultat, pas un seul mot aux deux principaux journaux télévisés, aucune une d’un grand quotidien national. On croit rêver !!!! C’est tout simplement affligeant, pour ne pas dire inquiétant. Et franchement, l’argument du pouvoir qui contrôle les médias, je n’y crois même plus, c’est trop gros pour être vrai. On vit encore dans un pays libre, personne ne sera fusillé pour en avoir parlé et surtout avoir mené un travail d’investigation.

Investigation, voilà bien un mot que la presse française ignore totalement. C’est pathétique et écœurant. Aux Etats-Unis, deux journalistes ont révélé l’affaire du Watergate et fait tomber un Président. En France, on n’est pas même pas capable de commenter les rapports de police. Mais le pire, c’est que l’opinion publique ne bouge pas non plus. Mais ça ne les empêchera pas de crier « tous pourris » à la prochaine occasion, le jour où ils trouveront qu’ils payent trop d’impôts par exemple.

La France est un drôle de pays. Mais là j’avoue qu’il ne me fait que moyennement rire.

CACHEZ CETTE AUGMENTATION QUE JE NE SAURAIS VOIR

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pvEn France, il y’a trois grands persécutés du porte-monnaie. Evidemment, au premier rang, siège le contribuable. Comme on dit, dans la vie, il y’a deux sortes de gens, ceux qui ont des problèmes d’argent et ceux qui ont des problèmes d’impôts. Les personnes faisant partie de la seconde catégorie n’ont évidemment aucunement conscience de leur chance par rapport à la première. Mais bon, ce n’est pas d’eux dont je vais parler aujourd’hui.

Ensuite viennent les fumeurs. Car en plus de payer chaque paquet de clopes un bras, ils sont obligés, désormais, de frôler la pneumonie tout l’hiver dès qu’ils se retrouvent obligés de sortir pour s’adonner à leur vice. Bientôt, le froid sera un plus grande cause de mortalité chez eux à la place des cancers du poumon. Mais si vous êtes comme moi, un non-fumeur tout heureux de ne plus avoir à jeter ses vêtements dès qu’il sort dans un bar, vous ne pleurerez guère sur leur sort.

Enfin, the last but not the least, les automobilistes ! Et dernière preuve de l’acharnement dont ils sont victimes, le PV pour mauvais stationnement va passer de 11 à 20 euros. Quelle n’est pas leur colère face à cette hausse inconsidérée, qui fait passer les vaches à lait pour des retraités en villégiature ! Cette situation m’inspire deux petites réflexions que je vais me faire un plaisir de partager avec vous.

Tout d’abord, cet épisode montre bien l’intérêt politique de procéder par hausse successive. Le tarif de 11 euros n’avait pas bougé depuis 1985. Or, il n’y a aucune raison qu’il ne suive pas l’inflation, le délit en question ne devenant pas de moins en moins grave au fur et à mesure des années. Cette hausse correspond donc plus à la régularisation d’une situation anormale qui profitait aux automobilistes qu’une véritable hausse. Mais bon, si ce genre de raisonnement est toujours accepté quand il concerne le voisin, l’appliquer à soi-même quand c’est à nous de payer est nettement plus difficile intellectuellement.

Ensuite, tout ceci est quand même révélateur de la place totalement disproportionnée qu’occupe la bagnole dans nos sociétés. Et depuis que je suis élu local, je m’en suis encore plus rendu compte. Organisez n’importe quelle réunion publique un peu générale et vous aurez au minimum la moitié de ceux qui prendront la parole qui vous parleront de leur problème de stationnement. A croire que la qualité du cadre de vie se mesure uniquement à la facilité avec laquelle on gare sa voiture. C’est affligeant mais c’est comme ça !

Après, on pourra toujours me dire que je ne suis pas forcément non plus un citoyen modèle, puisque je continue à préférer encombrer les rues de mon quartier (qui le sont) plutôt que de payer un abonnement au parking souterrain situé à 300 m de chez moi. Et oui, moi aussi j’ai le portefeuille sensible…

AU RISQUE DE ME REPETER

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hungparliamentOn va dire que je me répète un peu avec ce billet, mais que voulez-vous, l’autre jour j’ai encore bondi de mon canapé en lisant quelque chose que j’ai trouvé particulièrement consternant. Dans un article concernant les récentes élections législatives en Grande-Bretagne, une femme expliquait pourquoi elle avait voté de manière à ce que le Parlement n’ai pas de majorité. Elle disait en substance qu’elle a avait fait cela pour que les hommes politiques de son pays grandissent et apprennent à travailler ensemble… En gros, je souhaite que les citoyens n’expriment aucune préférence et qu’on laisse les parlementaires se débrouiller entre eux.

On est là devant une dérive extrême provoquée par la lâcheté qui semble frapper les citoyens. Faire des choix, prendre des décisions, arbitrer face à des alternatives semblent devenus une sorte de maladie dont chacun cherche à se garder. La responsabilité ne passera pas par moi pourrait être un nouveau slogan de ce mouvement d’abandon qui menace la démocratie dans son plus profond fondement.

Cette dame, très certainement respectable, n’a donc pas l’intention de choisir dans quelle société elle souhaite vivre. Elle préfère subir ces choix, et aussi leurs conséquences pour elle-même et les autres, dont elle se sentira totalement étrangère, en aucun cas responsable, et donc tout à son aise de s’indigner contre tout ce qui, au final, ne lui conviendra pas. C’est pas moi, je n’ai rien fait, je suis une victime, postures tellement plus faciles à tenir qu’être un citoyen responsable qui cherche à être vraiment acteur de la construction collective qui s’appelle la société, dont la démocratie représentative reste, jusqu’à preuve du contraire, le mode de fonctionnement le plus juste.

L’argument que l’on opposera à mon discours repose sur le fait qu’au final les décisions sont bien prises par les élus, non directement par les citoyens. C’est évidemment là le principe de base de la démocratie représentative, sans doute à la fois sa plus grande force, mais aussi sa plus grand faiblesse. Cependant qui a vraiment le pouvoir ? Les électeurs peuvent par leur vote se débarrasser d’un élu, les élus peuvent plus difficilement se débarrasser des électeurs… Enfin certains ont bien essayé, et parfois réussi. Cela s’appelle la dictature, situation dans la Grande-Bretagne est tout de même très loin.

Après, contre mon argumentation reste le dernier rempart de la sagesse populaire : « tous pourris ! », « droite et gauche, c’est la même chose, de toute façon, ça ne changera rien ! ». Une posture intellectuelle super subtile et pertinente qui considère comme équivalents les trios « 35h-PACS-congé de paternité » et « bouclier fiscal-politique judiciaire répressive-diminution du nombre d’enseignants »… Le jour où je verrai tous ceux qui assènent le mythique « on paye trop d’impôts » se donner la peine de suivre un débat sur la fiscalité plus de 1min30, je souscrirai à ce genre de raisonnement…

Enfin pour en revenir à la brave Anglaise que j’évoquais au début de ce billet, j’avoue avoir été un tantinet sévère. Au moins, elle, elle vote…

JUSTICE ET CHATIMENT

justice

justiceS’il est un sujet que j’aborde assez peu ici, parce que je n’y connais pas grand chose, c’est celui de la justice. Et oui, je ne suis pas encore tout à fait un homme politique puisque je renâcle encore à parler de choses pour lesquelles je n’ai aucune compétence particulière. Mais en apprenant la nouvelle de la libération de Véronique Courjault après moins de 4 ans de prison, j’avoue que mon esprit a été quelque peu titillé.

En lisant les commentaires postés sur les articles relatifs à cette affaire, on ne lisait qu’indignation et colère. Bon, le niveau intellectuel moyen des commentaires, ce n’est pas forcément une référence, mais j’avoue que, même moi, je suis désagréablement étonné qu’on puisse sortir si tôt après un triple infanticide. Mais cela m’a amené à me poser une question quand même assez cruciale : ça sert à quoi d’envoyer les gens en prison ?

Une première raison, celle que la droite donnerait, c’est que la punition est dissuasive. C’est une idée qui paraît simple, et qui, comme toutes les idées simples, est partiellement fausse. On sait très bien, et tous les chiffres le prouvent, rendre un système judiciaire plus répressif n’a jamais à lui seul fait baisser la délinquance. Bien sûr, c’est la peur de la sanction qui nous dissuade de certains comportements, comme ne pas payer le parcmètre. Avouons-le, le sens citoyen n’est pas toujours suffisant. Mais cela est guère transposable à la grande délinquance.

La deuxième raison est que l’emprisonnement contribue à la sécurité générale. Déjà parce qu’un criminel en prison ne risque pas de nuire au citoyen innocent. Evidemment, il finira par sortir, mais là on peut espérer qu’il n’aura alors plus envie de recommencer. Mais si l’effet dissuasif à priori est sujet à caution, l’effet à posteriori tient lui de la légende. La prison comme usine à récidive n’est malheureusement pas qu’un mythe.

La dernière raison est elle beaucoup moins rationnelle. C’est la punition pour la punition, indépendamment de toute considération quant à son utilité et ses conséquences. Il s’agit là d’une considération éminemment morale et pour laquelle chacun est plus ou moins réceptif. Aucun élément objectif ne permettra de trancher le débat qui se poursuivra tant que les hommes vivront en société.

Maintenir Véronique Courjault poursuivrait quel but ? La dissuasion à priori, c’est évidemment déjà trop tard. Après, personnellement, en tant qu’humble citoyen, je ne me sens pas vraiment dans une plus grande insécurité depuis sa sortie de prison. Reste donc les considérations morales. Et là, le débat est loin d’être tranché… et ne le sera jamais.

SOYONS RIGOUREUX AVEC LA RIGUEUR

fillonrigueur

fillonrigueurDans la série des mot-valises qui ne veulent rien dire du tout à force d’être employés à tort et à travers, voici venu le temps de la rigueur. Le mot est sur toutes les lèvres, au bout de toutes les plumes, comme cela se produit périodiquement depuis la fin du gouvernement Mauroy en 1984.

Prenons le Petit Larousse. Rigueur : Caractère, manière d’agir de quelqu’un qui se montre sévère, inflexible. Ou encore : Grande exactitude, exigence intellectuelle. Bref, aucune rapport avec le débat qui a lieu ces derniers jours. Quand un homme politique parle de rigueur, il parle simplement de réduction des dépenses, généralement sociales. Car en politique « l’exigence intellectuelle » n’a pas bonne réputation… Remarquez, ce n’est pas nouveau.

Parmi les rares comiques actuels qui me font rire, on trouve le merveilleux François Fillon. Car quand on l’accuse de mettre en place un plan de rigueur, il répond que pas du tout, car la rigueur, un truc de gauche, ça signifie également augmenter les impôts. Et ça, il n’en évidemment pas question ! Si vous voyez un rapport avec la définition du Petit Larousse, vous m’appelez, parce que personnellement, je n’en vois aucune.

Ah mais c’est parce que je ne suis pas de droite. Car augmenter les impôts, c’est mal ! Augmenter les impôts, c’est faire preuve de négligence intellectuelle ! Bah oui, je suis con parfois…ou pas. De tels propos dans la bouche d’un Premier Ministre relèvent tout de même du navrant, du consternant et malheureusement de l’inquiétant.

Il n’y a évidemment aucune vertu en soi à diminuer les impôts, comme il n’y en a aucune à les augmenter d’ailleurs. Ceci n’est pas une opinion, c’est un fait. Tous les études ayant cherché à trouver un lien entre le niveau d’imposition et la santé économique ont conclu à l’absence de corrélation. Et encore, si on considère que les inégalités ne constituent pas un critère pour juger de la santé d’une économie, car les sociétés où les impôts sont les plus faibles sont celles où les inégalités sont les plus fortes. Mais même là, le lien n’est pas simple qu’il n’y paraît.

Les impôts sont un outil et comme tout outil, leur efficacité dépend évidemment de la manière dont on s’en sert. En matière fiscale, plus que le quantitatif (quel taux ?), c’est le qualitatif qui compte (quelle assiette ?). Mais malheureusement, le débat porte plus souvent sur le premier que sur le second. Se targuer de faire baisser la part des prélèvements obligatoires dans l’économie revient à être satisfait d’avoir chaud parce qu’on vient de brûler la hache avec laquelle on coupait le bois pour le feu.

Proposer une réforme fiscale qui élargirait les assiettes sur lesquelles sont prélevées les ressources de l’Etat pour corriger les injustices les plus criantes constitueraient une politique dont le gouvernement pourrait se vanter. Ce dernier semble ignorer que le taux d’imposition réel des 10% les plus riches n’excède pas 20% (quand la dernière tranche de l’impôt sur le revenu est à 40%). Car voici le paradoxe du système fiscal français : c’est quand vous avez beaucoup d’argent que vous avez les moyens de payer moins d’impôts, par tout un tas d’exonérations qui font la fortune des conseillers en gestion de patrimoine.

Mais François Fillon n’y voit visiblement pas là un manque d’exigence intellectuelle… 

IL FAUT FAIRE SIMPLE, Y’A QU’A FAIRE COMPLIQUE !

mareenoire

mareenoireLa marée noire qui s’annonce aux Etats-Unis nous rappelle que, si ces derniers mois ont été marqués par de nombreuses catastrophes naturelles, l’homme est lui-aussi capable de provoquer des catastrophes. Face à cela, deux attitudes aussi condamnables l’une que l’autre.

On peut se contenter de dire que ce sont des choses qui arrivent, qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs, etc… Ceci porte un nom, le cynisme, et c’est un des pires renoncements intellectuels qui soit. Et quand on sait que le renoncement intellectuel est un des pires fléaux, on se dit qu’on n’est face à une posture délétère et extrêmement dangereuse. C’est évidemment la porte ouverte à toutes les fenêtres et permet de justifier à peu près tout et n’importe quoi, en se targuant parfois d’avoir les meilleurs intentions du monde.

C’est souvent le cas de tous ceux qui militent pour que les coupables payent, parfois très cher, afin de réparer les dégâts. Evidemment cette posture peut paraître louable, même efficace du fait de son effet dissuasif, mais cache parfois des intentions tout à fait différentes. En effet, cela peut surtout permettre à ceux qui ont les moyens de payer de continuer à se comporter comme des sagouins, tandis que les plus fragiles disparaissent du paysage et du coup de la concurrence. Ce fut notamment le cas dans le domaine de la sécurité alimentaire. Suite à différents problèmes (dioxyne, listéria…), la législation a été considérablement renforcée, avec le soutien de la grande distribution et des géants de l’agroalimentaire qui avaient la dimension nécessaire pour que les investissements et les mises aux normes ainsi imposés soient rapidement et facilement amortis. Les petits producteurs ont vu leur santé financière déjà fragile devenir intenable et disparaître. Pas sûr qu’au final, le consommateur ait été vraiment gagnant.

L’autre attitude est évidemment de ne plus rien accepter qui comporte des risques. Sauf que le risque zéro n’existe pas, c’est un mythe auquel les ayatollahs du principe de précaution sont les seuls à croire. Avec ce genre d’attitude, l’homme n’aurait toujours pas inventé la roue et personne n’oserait sortir de chez lui. Ceci sous-tend une idéologie tout aussi délétère que la précédente, même quand elle est maquillée d’écologisme et d’altermondialisme. Là encore les meilleures intentions ne sont en rien gage de sagesse, encore moins d’efficacité, se contentant souvent de n’être que de vulgaire « faut qu’on, y’a qu’à » !

C’est aussi une attitude qui conduit aux fausses promesses. Les inégalités, la pauvreté, l’injustice, la pollution sont des éléments indissociables des sociétés humaines. Penser qu’il peut en être autrement est une illusion qui peut conduire à des extrémités totalement contre-productives. Pour autant, même si le combat sera sans fin, lutter contre eux doit être un effort de tous les instants. Le résultat ne sera jamais parfait, mais il le sera d’autant moins si on laisse faire. Ainsi, dans le domaine économique, mettre en place un programme ambitieux d’encadrement des ouvriers licenciés suite à des délocalisations dans les années qui viennent peut être vécu comme un renoncement et un blanc-seing aux entreprises pour déménager. Mais en attendant, qu’on le veuille ou non, ces départs continueront de se produire et feront des victimes mal prises en charge. Et rien n’empêche, en parallèle, de tout faire pour minimiser leur nombre. Cependant, les moyens étant toujours limités, il faut bien décider de leur répartition entre les deux approches. Tout miser sur une seule est évidemment une funeste erreur.

Vous me direz, écrire un si long article pour conclure qu’il faut savoir rester mesuré, que toute médaille à son revers et qu’il y’a toujours du pour et du contre, c’est un peu enfoncer une porte ouverte. Peut-être. Cependant, je terminerai cette article sur une réflexion qui, je pense, joue un rôle central dans l’élaboration de mes convictions : s’il y’a une façon de démasquer un charlatan ou un menteur, c’est de le voir essayer de vendre une solution simple pour résoudre un problème compliqué. Une telle chose n’existe pas. A la limite, vous avez des réponses simples à des problèmes simples, mais vous avez surtout des réponses compliquées à des problèmes compliquées, voire même, le plus souvent, des réponses compliquées à des problèmes simples.

Mais bon à la fois, si c’était si simple, je n’aurais plus rien à raconter !

POUR UNE GOUVERNANCE MONDIALE

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mondeLes deux grandes guerres mondiales qui ont déchiré l’humanité au cours du XXème siècle a fait prendre conscience à l’humanité de la nécessité d’une gouvernance mondiale. La Société des Nations, puis l’Organisation des Nations Unies, le Fond Monétaire International, l’Organisation Mondiale du Commerce sont nés de cette volonté de prendre des décisions en commun à la plus grande échelle qui soit. L’Europe a même été plus loin avec la construction de l’Union Européenne, une démarche d’intégration volontaire entre différents Etats souverains, ce qui constitue une première dans l’histoire de l’humanité.

Cette construction d’une gouvernance mondiale semble depuis au moins 20 ans bloquée. Bien sûr, l’UE s’est encore élargie, mais elle semble irrémédiablement engluée dans le problème de la définition de ses institutions, ce qui empêche toute autre avancée majeure. La dernière guerre en Irak a montré que l’autorité de l’ONU reste une vue de l’esprit. Le cycle des négociations de Doha à l’OMC ne semble jamais vouloir aboutir.

Pourtant, jamais le besoin d’une telle collaboration ne s’est fait ressentir avec autant de force. La crise que nous venons de connaître a démontré, s’il en était encore besoin, que les problèmes économiques se posent désormais à l’échelle mondiale. La lutte contre le réchauffement climatique est également un domaine où les frontières telles qu’on les connaît est une notion qui n’a guère de sens. Mais comment régler de tels problèmes quand il est impossible d’apporter des solutions à l’échelle où ils se posent ?

Ce blocage regrettable et désolant prend sa source à plusieurs niveaux. Déjà, et ce n’est pas la moindre des explications, l’humain est un animal un peu crétin sur les bords. Il est surtout souvent égoïste, hypocrite et a la fierté mal placé. Bref, c’est quand même dommage de lui avoir confié le sort de notre planète. Mais bon, la nature humaine n’a pas fondamentalement changé depuis 50 ans alors ce n’est pas suffisant pour tout expliquer. La raison le plus fondamentale repose sur le fait que le cadre institutionnel international a été bâti pour un monde qui n’existe plus, où les Etats-Unis et l’URSS étaient les seuls à peser vraiment, avec quand même des strapontins pour l’Europe qui possédait encore des colonies. Le monde a depuis changé dans une proportion incomparable avec l’évolution de ses institutions. Et ce n’est pas le léger rééquilibrage des votes au FMI qui va fondamentalement changer les choses.

On voit clairement avec l’Union Européenne que modifier le fonctionnement d’une institution pour intégrer de nouveaux partenaires ayant un poids réel est une tâche posant des difficultés quasi insolubles. A l’échelle du monde, prendre en considération le poids croissant de la Chine, l’Inde, le Brésil et bien d’autres est un défi qui ne semble pas près d’être relevé. Et tant que cela ne sera pas le cas, il est peu probable que les enjeux globaux soient traités efficacement.

Faut-il pour autant désespérer ? Je ne crois pas car tous ceux qui président la mort de l’UE ou de l’ONU n’ont, à mon sens, pas vraiment le sens des échelles de temps. Ces coopérations internationales se sont mis en place de manière incroyablement rapide sous le coup de l’émotion de la Seconde Guerre Mondiale. Mais ceci représente une vraie révolution à l’échelle de l’histoire humaine, il est normal que tout ne se fasse plus aussi simplement, une fois l’émotion retombée.

Et puis, les dirigeants des deux dernières décennies sont nés et ont grandit à une époque charnière. Ils n’ont pas connu les horreurs de la guerre, mais ont encore connu « le monde d’avant », avec ces colonies et sa domination écrasante de l’Occident. Contrairement à moi, ils n’ont pas eu en tête, enfant, qu’un jour il n’y aurait plus qu’un seul pays à la place de la CEE. C’était une idée naïve, mais qui m’a forcément marqué. Espérons donc que, dans la lignée d’un Obama, les dirigeants des années qui viennent auront intégré la nécessité absolue d’une collaboration à l’échelle internationale.

Et espérons surtout que les électeurs l’auront en tête. La participation aux dernières élections européennes a montré que la partie est encore loin d’être gagnée.

SOURIEZ VOUS ETES FILMES !

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cameraLe débat à propos des caméras de sécurité fait rage. Brice Hortefeux veut en mettre partout, Bertrand Delanoë aime bien en semer à tous les coins de rues de Paris. Un peu plus la classe politique se prendrait pour Stanley Kubrick. Alors pour ou contre ?

Cette question est aussi absurde et vide de sens que la question « Pour ou contre le sel en cuisine ? ». Ca dépend évidemment où, combien, comment… Mais surtout, un bon petit plat dépend d’une multitude de choses, pas simplement de la quantité d’un seul ingrédient. Mettre plus ou moins de sel ne fera jamais de vous un cordon bleu.

Une politique de lutte contre la délinquance ne tient évidemment pas simplement à un peu ou un peu moins de caméras. C’est une politique complexe et surtout globale à mettre en place, qui concerne aussi bien des aspects judiciaires, policiers, mais aussi sociaux et de politique de la ville. Chaque élément doit apporter sa contribution à un projet d’ensemble et à une vision qui doit porter à long terme. L’ensemble des mesures prises doivent être en cohérence avec ces derniers pour que cela finisse par porter ses fruits.

Ce débat médiatiquo-polique sur les caméras de sécurité montre bien à quel point on prend ce genre de problèmes par le petit bout de la lorgnette. Il faut dire que l’exemple vient d’en haut, avec un gouvernement dont la politique en la matière consister à empiler les lois sous le coups de l’émotion médiatique provoquée par un fait divers. Pour la politique globale et cohérente, vous repasserez. Une loi n’a même pas eu le temps d’être appliquée (et je ne parle même pas d’être évaluée) qu’une autre est déjà dans les tuyaux. Tout ceci n’ayant pour résultat que l’absence de résultat…

Alors si on me demande ce que je pense de l’installation des caméras de sécurité, je citerai simplement ce grand penseur qu’était Fernand Raynaud et répondrai « ça dépend ! ».

UNE RUMEUR ? QUELLE RUMEUR ?

rumeursnicolascarla

rumeursnicolascarlaJ’aurais bien fait un article sur les rumeurs tournant autour du couple présidentiel et leur gestion par l’Elysée. Mais finalement, j’ai décidé de m’en tamponner le coquillard, ce qui est la seule chose intelligente à faire, et vous raconter plutôt une histoire de Toto :

Toto a un besoin immodéré d’un billet de 500 euros pour s’acheter une planche à roulettes comme son pote Gaston. Alors il prie, prie encore (c’est un Toto catholique), mais deux semaines plus  tard, toujours pas de billet de 500 euros à l’horizon.

Alors Toto a une idée: Il prend un stylo, du papier un timbre et une enveloppe,  et il écrit à Dieu pour lui dire de lui envoyer 500 euros.

La poste intercepte le courrier. Mais ici, il n’est pas question de Père Noël alors que faire de cette lettre?

Finalement, les postiers choisissent de faire suivre la lettre à l’Élysée.  Sarkozy lit la lettre de Toto et il est touché. Il décide de faire un geste. Il demande à son secrétaire d’envoyer 50 euros au petit Toto en se disant que c’est la crise pour tout le monde, et que Toto comprendrait.

Alors quelques jours plus tard, Toto reçoit la lettre contenant les 50 euros. Il est tout heureux d’avoir eu sa réponse et décide d’écrire une lettre à Dieu pour le remercier:

‘Cher Dieu,

Merci beaucoup pour m’avoir envoyé l’argent, pourtant, j’ai remarqué que la lettre a été postée à l’Élysée et, comme d’habitude, ces branleurs m’ont volé 450 euros…’

POUR UN PEUPLE PLUS RESPONSABLE !

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democratieLogiquement, un jury chargé de départager des candidats est censé être composé de personnes plus compétentes et expérimentés que ceux qu’il est chargé de juger. Ainsi, il peut rendre un verdict juste et objectif, ne laissant pas de place au hasard ou au pifomètre. Accepter de figurer dans un tel jury, c’est prendre la responsabilité de faire un choix et de l’assumer. C’est aussi assumer une part de responsabilité face un échec éventuel du candidat retenu. Et si les choix qu’il fait se relèvent systématiquement décevants, il semble indispensable que le jury se remette en question et révise ses critères de choix.

Ce que je viens d’écrire vous semble ampli de bon sens ? Maintenant, remplacez le jury par le peuple et les candidats par les hommes politiques. Et bien vous obtiendrez une idée qui pourrait paraître une évidence, mais qui constitue plutôt un tabou que nul n’ose transgresser.

Il paraît que beaucoup de gens sont déçus par Sarkozy. Des 53% ayant voté pour lui en 2007, il ne reste plus grand chose. Mais par quoi ont-ils été déçus ? Le bouclier fiscal, l’ouverture, le débat sur l’identité nationale, le bling-bling, la suppression des postes dans la fonction publique ? Mais tout ceci n’était-il pas dans son programme ? Sa personnalité n’était-elle pas connue ? Venu des Hauts de Seine, n’était-il pas évident qu’il reproduirait certaines dérives de pouvoir utra-personnel ?

Ah mais voilà, ce qui déçoit, c’est l’absence des résultats escomptés ! Mais je n’entends que peu d’électeur dire « mon jugement sur le programme de Sarkozy était erroné, je m’en excuse ». Pourtant, ses électeurs sont largement plus responsables de la situation actuelle que notre Président. Ca vous choque, ce que je vous dis ? Pourtant vous êtes pour la démocratie ? Ne trouvez-vous pas ça contradictoire ?

En démocratie, par définition, le pouvoir est au peuple. Et le pouvoir implique de faire preuve de responsabilité, de compétence et de courage pour prendre sur soi et assumer les erreurs commises. Le pouvoir que la démocratie donne à chacun de nous implique une grande responsabilité. Bien sûr, tout le monde ne va pas passer un diplôme en macro-économie pour pouvoir juger la pertinence des programmes politiques. Mais nous avons tous une capacité d’expertise, au moins dans un ou deux domaines qui touchent notre quotidien. Et être un citoyen éclairé, c’est aussi chercher à élargir cette compétence autant que faire ce peut.

Face à ça, il reste l’argument massue du « tous pourris »… Ah oui que répondre à ça… En fait, que ce soit vrai ou non, cela ne change rien au raisonnement précédent. Le problème reste l’incapacité des électeurs à distinguer un pourri. Car s’ils en étaient capables, si un personne honnête se présentait, elle serait élue à coup sûr. Il est quand même peu probable qu’aucune personne honnête n’en est jamais eu l’idée. Le vrai problème vient donc des critères de choix utilisés par les électeurs et il est difficile de reprocher quoique ce soit aux politiques à ce sujet, chacun pouvant librement faire son choix dans l’isoloir.

Par contre, il y’a bien une chose que l’on peut reprocher aux hommes politiques. C’est justement de ne pas tenir le discours que je viens d’exposer. Ils entretiennent largement l’idée qu’ils sont ceux qui savent et que les électeurs n’ont qu’à leur faire confiance. Il est impensable de voir un politique dire « les électeurs ont tort »… Dire cela apparaîtrait comme une contestation du principe même de la démocratie. Pour moi, c’est en fait exactement le contraire. Cela revient à nier la responsabilité du peuple dans les choix qui sont faits, ce qui revient exactement à lui nier tout pouvoir, alors que la démocratie en fait justement le détenteur.

Tout ceci aboutit à cette impression que l’on ne peut rien changer, que les élections ne servent à rien et ainsi à la progression de l’abstention. Notre démocratie continue de fonctionner, tous les élus de France tirent leur pouvoir d’un suffrage universel exercé dans des conditions équitables. Le pouvoir est bien au peuple et s’il ne l’exerce pas, c’est entièrement sa faute. En s’abstenant massivement, il lui tourne le dos définitivement.

Je n’ai aucune compassion envers ceux qui creusent leur propre tombe. Alors j’espère très vite que le peuple français va très vite lâcher la pelle pour reprendre son destin en main !