VIVE LES MARIES ! VIVE L’AMOUR !

vivelamour

vivelamourIl n’y a donc pas que dans les films que l’amour triomphe à la fin. Cela arrive aussi dans la vraie vie, même si cela reste un phénomène trop rare. Cela peut paraître un propos cucul, insupportablement fleur bleue, mais cela fait du bien après avoir subi un tel flot de mépris, d’intolérance et d’ignorance. Ce fut un moment difficile à vivre pour un bon nombre d’entre nous, une vraie souffrance, où il n’a pas toujours aisé de ne pas se laisser aller à une haine pour répondre à la haine. Tout n’est évidemment pas fini, mais les gens biens ont gagné. Les autres n’ont plus que leur bêtise à ruminer.

Le mariage de Vincent et Bruno est un simple acte privé. Mais évidemment aussi un moment historique, un symbole de quelque chose de beaucoup plus grand qu’un simple mariage dont la banalité aurait du être la première caractéristique. C’est une victoire de l’Humanité, avec un grand H. Une petite victoire dans le long combat éternel contre l’obscurantisme et tous ceux qui le propagent. Une bête souvent immonde qui recule constamment, mais ne meurt jamais totalement. Ne doutons pas que nos arrière-arrière-arrière petits enfants nous reprocherons sûrement des parts d’inhumanité, même chez ceux qui nous semblent à la pointe du combat.

L’obscurantisme aura toujours ses défenseurs, parce qu’il est le premier vecteur de pouvoir. La connaissance, la tolérance, l’humanisme conduisent à l’émancipation, qui conduit elle-même à la liberté. Dans bien des lieux, sous bien des formes, parfois par des discours pleins de bonnes intentions, des chaînes sont forgées. Des chaînes qui empêchent l’autre d’être indépendant, d’être fort, d’être heureux. Vincent et Bruno s’aiment, leur bonheur d’aujourd’hui, c’est celui de la liberté, du progrès, celui du bien. Oui, la notion de bien et de mal n’appartient pas qu’à ceux qui aujourd’hui crient une haine qui fait d’eux les premiers à propager la noirceur et les ténèbres. Quand je lis dans le journal de ma paroisse que j’appartiens à la frange malsaine de la société, je me dis que je suis mieux placé pour revendiquer ces termes que certains qu’ils les emploient pourtant à l’envi.

Vive les mariés ! Vive l’amour !

DES RAISONS D’ESPERER

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lueurespoirEn ce moment, il y a deux choses qui restent désespérément sombres et inquiétantes : la météo et les chiffres économiques, chômage en tête. A l’occasion du premier anniversaire de l’élection de François Hollande, les multiples bilans réalisés à cette occasion n’ont pas manqué de souligner que les résultats ne sont pas là et qu’aucune lueur d’espoir ne semble poindre à l’horizon. La mode est à la sinistrose. Pourtant, je reste persuadé qu’il existe quand même des raisons d’espérer. Pourquoi ? Parce qu’il en existe toujours !

Déjà, si on a beaucoup insisté sur la faible croissance de notre pays, qui provoque inexorablement une montée du chômage, on a souvent oublié de dire que depuis un an, beaucoup de pays en Europe ont fait pire que nous, y compris de l’autre côté du Rhin, où la récession a également frappé. Evidemment, cela ne console guère ceux qui souffrent directement de cette situation et on pourrait même y voir, à raison, des raisons de s’inquiéter. Mais cela prouve que les fondamentaux de l’économie française sont loin d’être aussi mauvais que peut le laisser croire notre formidable faculté à nous dénigrer nous-mêmes.

S’il y a bien une erreur commise par François Hollande (je ne veux pas dire par là que c’est la seule), c’est d’avoir bâti son programme en misant sur une reprise généralisée en Europe, qui devait tirer notre économie vers le haut. Elle ne fut pas du tout au rendez-vous, bien au contraire, et l’élan s’est transformé en boulet, obligeant à remettre en question certains volets de la politique annoncée. On peut bien le lui reprocher, mais pour sa défense, il serait malhonnête de passer sous silence que toutes les prévisions, ou presque, allaient dans son sens, y compris de la part d’esprits brillants qui s’en donnent aujourd’hui à cœur-joie pour taper sur notre Président.

Une première raison d’espérer repose donc sur le fait que les prévisions pessimistes sont aussi peu fiables que celles qui annonçaient une reprise généralisée en Europe il y a peu. Certes, cela tient un peu de la méthode coué, mais l’économie est malheureusement sujette aux prophéties auto-réalisatrices. Il n’empêche qu’on a eu là une nouvelle illustration du côté totalement moutonnier des économistes de tout poil le plus souvent payés pour se tromper constamment. Ils rêvent tous de voir leur discipline devenir une science prédictive, mais c’est quelque chose qu’elle ne sera jamais. Donc inutile à se fatiguer à jouer les Cassandre… même si cela peut signifier que l’avenir sera encore pire que prévu.

Une deuxième repose sur le mouvement mondial qui s’annonce dirigé contre l’optimisation, la fraude et l’évasion fiscales. Certes, il ne faut pas être naïf, il y a là une sorte d’opportunisme politique généralisé et tout ne va pas changer du jour au lendemain. Mais cette fois-ci, les choses semblent différentes des discours creux de 2008 contre les paradis fiscaux. Déjà parce que l’impulsion semble venir de pays, Etats-Unis et Grande-Bretagne notamment, qui étaient jusqu’à présent ceux qui mettaient des bâtons dans les roues à chaque initiative. Et surtout parce que les Etats n’ont guère d’autre choix que d’agir. On ne peut pas continuer à voir les sociétés les plus riches de notre planète, Apple et Google en tête, ne payer tout simplement aucun impôt et ce, le plus légalement du monde. A l’inverse, on ne peut pas continuer à voir la fraude fiscale atteindre des montants supérieurs au déficit des Etats. Si les actes suivent, cela constituerait un tournant historique face à une tendance dérégulatrice qui remonte aux années 70. Mais la résistance d’Etats comme le Luxembourg ou l’Autriche pour le secret bancaire ou l’Irlande pour des taux d’imposition sur les sociétés paradisiaques montrent bien que la partie est loin d’être gagnée. Au mois, semble-t-elle vraiment engagée.

D’un point de vue domestique, beaucoup ont critiqué la fameuse boîte à outils de François Hollande, sans même trop savoir ce qu’il y avait dedans. Personnellement, en tant que gestionnaire d’une entreprise, c’est bien pourtant de mesures concrètes qui peuvent m’aider à court terme. Et de ce point de vue, je pense que beaucoup n’ont pas encore mesuré l’impact du crédit d’impôt compétitivité-emploi. Certes, certains assimilent ce genre de mesure à un cadeau aux patrons, mais mon entreprise, avec son seul salarié, alors qu’elle évolue dans le champ de l’économie sociale et solidaire va pleinement en profiter. Certes, ces quelques milliers d’euros ne vont pas changer la face de mon monde et surtout ne seront touchés que dans un an. Mais ce coup de pouce généralisé à toute l’économie va quand même représenter une belle bouffée d’oxygène pour toutes les entreprises en manque de trésorerie. Or c’est bien quand cette dernière se tend que les entreprises limitent au maximum leurs achats et payent leurs fournisseurs avec un maximum de retard (notre prestataire pour les espaces verts ne dira sûrement pas le contraire…), faisant rentrer tout l’économie dans un cercle vicieux dont il est toujours dur de sortir.

Après, j’ai déjà souligné que ce gouvernement avait enfin le courage de s’attaquer à plusieurs problèmes structuraux, notamment au niveau des finances publiques. Les bénéfices ne se concrétiseront qu’à long terme et faire le lien avec des mesures précises sera alors difficile. Il suffit de voir les débats sur les raisons profondes de la réussite allemande. Ce genre de mesure n’est donc que rarement politiquement payantes et personne n’a crevé les plafonds de popularité en les mettant en œuvre. Mais elles sont nécessaires, plus que jamais nécessaires, et donnent de vraies raisons, peut-être un peu lointaines, d’espérer.

LA LONGUE MARCHE DE LA TRANSPARENCE

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declarationpatrimoineLes réactions concernant la déclaration de patrimoine des ministres et des députés démontrent une nouvelle fois à quel point les réflexions prennent rarement de la hauteur quand elles se fond à chaud. En effet, la plupart des arguments opposés à cette initiative parlent de la réaction des citoyens et des médias pendant… allez 48 heures, avant que l’opinion ne passe à autre chose. Oui, on va avoir droit aux classements, comparaisons et commentaires avant que tout cela se tasse, l’attention médiatique se lassant très rapidement.

Le but profond de cette mesure est d’instaurer une culture de la transparence, telle qu’elle existe dans les pays nordiques, où le citoyen peut accéder aux notes de frais de tous les décideurs politiques. Certes, il y aura sûrement des élans de curiosité malsaine, des discours populistes, mais ces élans trouveront de quoi s’exprimer de toute façon sur d’autres sujets si ce n’est celui-là. Mais l’enjeu est vraiment ici d’en finir avec cette logique de l’entre-soi des élites politiques (merci l’ENA!), de l’impression que peut avoir le citoyen d’un monde fermé, plein de secrets, ce qui alimente les fantasmes les plus malsains.

Non, la déclaration de patrimoine n’est pas là pour lutter contre la fraude fiscale menée par un tel ou un tel. Elle est là pour qu’un mandat public, et donc les indemnités qui vont avec, implique un contrôle de le part des citoyens sur les incidences financières pour celui qui en a la charge. En Suède, il existe des associations qui regardent tout cela de près et qui ont coûté leur carrière à quelques ténors politiques. Ce n’est pas du voyeurisme, c’est une composante naturelle du contrat de confiance entre les citoyens et celui qui est chargé de les représenter. Certes, cela mord un peu sur la vie privée, mais si c’est le seul prix à payer pour des élus et des citoyens plus responsables, c’est bien peu cher payé !

Bien sûr, tout cela n’est qu’un petite mesure face aux problèmes soulevés par l’Affaire Cahuzac. Mais cette petite mesure va bien dans le sens d’une changement de mentalité, ce qui ne peut jamais se faire trop brutalement. Et jamais sans résistance.

LA BAISSE DU CHOMAGE COMME SEULE ISSUE

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Depuis son intervention télévisée, suivie de l’affaire Cahuzac, les discussions fleurissent sur la meilleure manière pour François Hollande de redresser une côte de popularité en berne. Remplacer Jean-Marc Ayrault ? Remanier pour former un gouvernement resserré ? Virer un ministre pour montrer son autorité ? Annoncer des mesures fortes et spectaculaires ? Faire de la pédagogie ? Je vais peut-être paraître pessimiste, mais rien de tout ça ne marchera. Il est clair qu’à court terme, rien ne pourra faire remonter sensiblement le Président de la République dans les sondages. Car pour cela, il ne pourra compter que sur une seule chose : la baisse du chômage. Et elle n’est clairement pas pour demain.

Alors, en tant que militant socialiste, dois-je d’un coup sombrer dans la sinistrose ? C’est évidemment mal me connaître car, grâce à mon optimisme que je n’espère néanmoins pas béat, j’y vois là presque une bonne nouvelle. En effet, François Hollande n’a plus qu’à se concentrer que sur une seule chose : mener une action pertinente et voir le nombre de demandeurs d’emplois diminuer. La manière importera peu car elle sera jugée négativement quelle qu’elle soit, alors il faut aller à l’essentiel et arriver à la seule chose qui compte vraiment, améliorer la situation économique de notre pays. Les Français en ont assez de la politique, des discours, des déclarations d’intention sans lendemain. Et bien, arrêtons de leur donner du grain à moudre, laissons le gouvernement travailler, sans se soucier de l’image qu’il renvoie.

Evidemment, tout cela ne garantit pas que les résultats seront bel et bien là. Enfin, les résultats il y en a déjà eu. La baisse du déficit structurel en cours est historique (-2% en 2013), même si elle est en grande partie compensée par une hausse du déficit conjoncturel, dont les causes sont nationales, mais aussi largement européennes. Le déficit de la sécurité sociale vient de baisser de près de 25%, information passée inaperçue, alors qu’il faut le rappeler, le budget de la sécu est le double de celui de l’Etat. Malheureusement, cela n’améliore en rien le quotidien de nos concitoyens et tout cela fait une belle jambe à celui qui attend un emploi depuis plusieurs mois. Mais clamer à tue-tête que François Hollande et son gouvernement n’ont obtenu aucun résultat n’est pas une opinion, c’est une contre-vérité. Lors de la campagne, le candidat socialiste avait bien indiqué que pendant deux ans, la priorité irait à l’assainissement des comptes publics. Le cap était clair et il est tenu, même si la conjoncture masque une grande partie de ces résultats, tant qu’on ne regarde pas les chiffres de près.

On peut évidemment remettre en cause ces choix et dire que les résultats obtenus n’auraient pas du constituer l’objectif premier. Le cap défini par François Hollande repose sur une équilibre délicat à trouver car la baisse rapide du déficit structurel vient forcément favoriser la hausse du déficit conjoncturel. Tomber dans la même spirale que celle que connaît la Grèce ou l’Espagne est évidemment un destin à éviter à tout prix. Pour l’instant, on n’en est pas encore là, mais le chemin est étroit, c’est évident. François Hollande devra l’emprunter seul, car aujourd’hui peu de citoyens sont prêts à lui accorder une totale confiance avant de savoir où cela mène notre pays.

Mais cheminer seul n’a jamais été quelque chose qui a empêcher François Hollande d’avancer. Et le plus souvent vers le succès…

L’ETERNEL COMBAT

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jeromecahuzac2Depuis quelques jours, l’affaire Cahuzac provoque l’émoi dans la classe politique du sommet de l’Etat jusqu’au militant de base, je peux en témoigner. Il est vrai que les faits sont graves, je l’ai déjà largement souligné. Cependant, je trouve cette émotion quelque peu disproportionnée, non parce qu’elle n’est pas légitime, mais qu’elle semble soudaine quand les faits en question ne constituent pas en eux-même une grosse surprise. Bien sûr, on ne savait pas que précisément Jérôme Cahuzac avait un compte en Suisse, mais qu’un homme avec son parcours et sa position en ait un ne constitue pas non plus l’évènement le plus inattendu du siècle.

Je ne veux sûrement pas alimenter le refrain du « tous pourris ». Bien au contraire, je m’élève assez souvent ici contre lui. Simplement, ce n’est pas parce qu’un mal est caché qu’il n’existe pas. C’est en cherchant que l’on trouve et la chute de Jérôme Cahuzac démontre au moins que les journalistes et la justice peuvent travailler librement dans notre pays et que personne n’est à l’abri de se faire rattraper par la patrouille. Cela constitue une bonne nouvelle, même si cela serait plus confortable si jamais de telles affaires ne remontent à la surface.

Car de telles affaires existent depuis que l’humanité a inventé la politique et le pouvoir, soit depuis à peu près toujours. Alors les termes comme « crise de régime » tiennent du verbiage et de la tentative de récupération politique et les discours type « plus jamais ça », « il faut en finir pour de bon» paraissent un peu vains et semblent parfois être juste là pour se donner bonne conscience. C’est un combat qu’il faudra toujours mener, encore et encore, sans faiblir car le mal ne pourra jamais être éradiqué, à moins de changer profondément la nature humaine. Et ça, c’est hors de portée de toute décision politique.

Le pouvoir, l’argent, l’influence que l’on exerce amènent la tentation. Et là où il y a tentation, il y aura toujours des gens pour y succomber. On peut rêver que la politique ne soit menée que par des chevaliers blancs au cœur pur, mais c’est évidemment un rêve dont je doute même qu’il soit souhaitable qu’il se réalise. On reproche souvent aux hommes politique d’être en décalage avec la société, il serait injuste de leur reprocher dans le même temps de ne pas échapper à ses maux les plus communs. Dans un billet, j’avais un jour écrit que je ne jugeais pas le jeune des banlieues qui dealaient parce que je n’ai jamais été dans une position m’amenant à choisir entre l’honnêteté et la délinquance. Pour la fraude fiscale, je pourrais faire le raisonnement parallèle. N’ayant aucun argent à placer en Suisse, il est facile pour moi de porter un jugement moral sur ceux qui pratique une telle évasion.

J’ai pourtant bien porté un jugement moral sur Jérôme Cahuzac. Un jugement sévère que je maintiens naturellement. C’est avant tout parce qu’à la faute ancienne, il a ajouté un long mensonge et un absence total d’honneur. Or, je ne crois pas que l’on puisse légiférer sur le manque d’honneur. Le cas de l’ancien ministre du budget doit bien sûr pousser à l’action. Mais il faudra agir aujourd’hui, demain et encore après-demain dans une lutte incessante, alors inutile de le faire dans la précipitation et l’émotion. Et surtout, il ne faudra pas avoir peur de ce qu’on pourra alors trouver…

PAS DE PARDON POUR JEROME CAHUZAC

jeromecahuzac

jeromecahuzacMa mère dit souvent que faute avouée est à moitié pardonnée. Et si ma mère le dit, c’est que c’est forcément vrai. Cependant, cette maxime pleine de sagesse ne dit rien sur les conditions exactes de l’aveu nécessaires pour qu’elle puisse s’appliquer. Dans le cas de Jérôme Cahuzac, je crains malheureusement qu’il ne puisse en bénéficier

L’ancien ministre a présenté ses excuses, demandant pardon et exprimant de profonds remords. Evidemment, en terme de communication, il ne pouvait dire autre chose. Mais franchement, je ne pense qu’il y ait beaucoup de gens pour lui témoigner le moindre signe d’indulgence ou de compassion. Que celui qui n’a jamais fauté lui jette la première pierre, certes. Mais quand on rajoute le foutage de gueule à la faute grave, ça mérite quand même bien quelques pavés.

Frauder le fisc quand on est Ministre du Budget se situe déjà au-delà du pardonnable, tant cela va à l’encontre du moindre début de notion d’éthique et de respect de la mission publique dont on est le garant. Cela dépasserait presque l’entendement, si l’être humain ne nous avait pas habitué à prêcher si facilement le « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Jérôme Cahuzac n’est pas le plus grand criminel de l’histoire de l’humanité et sûrement pas le premier Ministre du Budget à frauder le fisc. Le conflit d’intérêt fait quand même partie des travers les plus fréquents du monde politique, même si cela n’enlève rien à la gravité de la faute.

Mais pour moi, Jérôme Cahuzac a perdu toute chance de bénéficier de la moindre magnanimité par la manière dont il a menti, encore et encore. D’un homme fautif, on est passé à un homme sans honneur. A la culpabilité, s’ajoute la honte, la lâcheté, la bêtise. Il perd toute forme de respect et possibilité de pardon. Cette attitude est d’ailleurs assez incompréhensible, même si c’est celle généralement adoptée par les politiques (mais pas qu’eux, les sportifs aussi sont très forts pour ça) qui se font prendre par la patrouille. L’espérance d’un miracle leur fait imaginer que les médias et la justice vont finalement renoncer. Cela n’arrive heureusement que rarement, mais entre temps, combien de mensonges et d’honneur perdu pour rien, si ce n’est nuire à ceux même qui ont cru en vous et vous ont soutenu.

Cette affaire est évidemment une très mauvaise nouvelle pour toute la classe politique, bien au-delà du gouvernement. Mais comme pour les affaires de dopage qui montre que la lutte anti-dopage fonctionne au moins un minimum, la chute de Jérôme Cahuzac montre aussi que nous vivons dans une société où les puissants ne sont pas à l’abri de la justice et de la presse. Ne jamais rencontrer de cas comme celui-ci est généralement l’apanage des dictatures ou bien des pays où la vertu est en tout homme. Et je doute fort qu’un tel pays existe…

L’IMPOSSIBLE SIMPLIFICATION ?

adminstration

adminstrationDans un billet forcément excellent (puisque c’est moi qui l’ai écrit) et que vous avez forcément lu (puisqu’il est excellent et que je l’ai écrit) en date du 28 février 2010, intitulé « Administration mon Amour », j’écrivais ces mots remarquables : « Depuis que je m’occupe seul dans la gestion d’une entreprise, j’ai pu me rendre compte par moi-même de ce qu’est réellement la sur-administration de la société française. On entend souvent les gens se plaindre de la paperasserie administrative… et bien ils n’ont pas complètement tort de le faire, aussi bonnes soient les raisons qui se cachent derrière chaque procédure. » Je peux donc faire preuve aujourd’hui d’une certaine autosatisfaction lorsque François Hollande a parlé de son choc de simplification, suivie des annonces d’aujourd’hui de Jean-Marc Ayrault. En effet, je peux le clamer haut et fort : « je l’avais bien dit ! ».

L’idée lancée de François Hollande constitue tellement une bonne idée que ce n’est pas du tout lui qui l’a eue. Il s’agit d’une patate chaude que tous les gouvernements se sont gentiment refilés, commandant rapports sur rapports, laissant le problème grossir, sans y apporter de solution. Professionnellement, je suis assez bien placé pour affirmer sans parti pris que ce n’est pas un petit sujet. En effet, je gère seul ma structure, je travaille en lien avec des collectivités et j’ai bénéficié de subventions publiques. Quand on parle de croissance perdue (sous forme d’énergie et de temps) du fait des délais de réponse, de la complexité et du nombre des démarches, de la difficulté à trouver les bons interlocuteurs, du manque de suivi qui plonge dans une incertitude décourageante, on n’imagine souvent rarement à quel point le problèmes est délirant dans notre pays. Les projets peuvent perdre facilement un an, voire plus, simplement en attendant un oui ou merde de la part d’un acteur public (je le vis actuellement), ou même parfois privé. Notre culture est administrative, bien au-delà des fonctionnaires, il suffit de voir ce qu’on nous demande pour louer un logement…


Reste à passer des discours aux actes. Là n’est pas le plus facile et tous les gouvernements s’y sont tous cassés les dents, renonçant généralement avant même de vraiment essayer. Pourtant, c’est plus que jamais le moment de s’y mettre sérieusement pour trois raisons :
-comme je l’ai dit, comme tout problème cumulatif, chaque année de perdue amplifie le problème
-on n’a plus que jamais besoin de croissance… Evidemment, il ne faudra pas se contenter d’un coup de plumeau pour que cette politique soit efficace, mais un bon coup de balai.
-cette politique ne coûte rien, ne lèse personne. Au contraire, elle permet des économies !

Bref, du pain béni à l’heure qui est. Malheureusement, on peut s’attendre à des levées de bouclier de partout, chacun souhaitant voir abroger la norme du voisin, simplifier la procédure d’en face… Il faudra donc du courage pour une politique d’ampleur. Un courage que personne n’a jamais eu. Un bon test pour la prétendue mollesse de notre cher Président.

MERDE ALORS, PAS DE SANG, PAS DE LARMES

hollandepujadas

hollandepujadasEn écoutant les nombreux commentaires qui ont suivi l’intervention de François Hollande jeudi dernier, nous apprenons surtout que malheureusement notre Président n’est pas Wiston Churchill. Il est vrai que le sang et les larmes sous les bombes allemandes, ça avait quand même plus de gueule qu’une heure à la télé devant la coupe de cheveux et le strabisme de David Pujadas. On peut comprendre la déception. C’est sûr qu’on ne verra jamais « l’interview de François Hollande, le film… ».

Qu’attendait-on de lui en disant ça ? Qu’il arrive à nous convaincre que c’est vraiment la merde et qu’on va en chier pour en sortir ? Non mais sans déconner, qui n’est pas déjà au courant ? C’est vrai qu’on a tout à fait besoin d’une heure d’interview en prime time pour en être définitivement convaincu. Par contre, dès qu’il aura le malheur d’être un minimum concret, de sortir la boîte à outils comme a dit Pujadas, on lui reprochera alors d’être trop technique. C’est vrai, autant prendre les Français pour des crétins incapables de comprendre quoique ce soit…

Voici une nouvelle démonstration d’une forme grave d’infantilisation de l’électorat. Cela rappelle le discours que l’on doit servir à un marmot pour qu’il accepte de prendre son médicament sans broncher. Comme si le traitement allait être plus efficace, si le parent se montre éloquent ! Il serait quand même bon quand même que le citoyen moyen s’intéresse avant tout à la pertinence de la prescription. Après, libre à chacun de critiquer le contenu de l’ordonnance…

CHYPRE, FEUILLETON A REVELATIONS

chypre

chypreLe feuilleton chypriote qui a marqué l’actualité ces dernières semaines n’est peut-être pas terminé. Mais on peut d’ors et déjà en tirer quelques enseignements sur la gouvernance européenne. Bien sûr, rien n’a vraiment constitué de réelle surprise, si ce n’est pour beaucoup de concitoyens le fait que cet état faisait partie de l’Union, quand ce n’est même pas carrément l’existence du pays en lui-même. On imagine cependant que Chypre aurait aimé faire la une de l’actualité pour d’autres raisons.

La première solution qui avait été proposée, la taxation de tous les dépôts, y compris ceux inférieurs à 100 000 euros, a été largement reconnue comme étant particulièrement mauvaise à tout point de vue. N’étant qu’un économiste très amateur, je n’avais pas forcément une opinion très tranchée sur la question. Pour moi ça ouvre le débat sur la responsabilité collective d’une nation démocratique qui choisit en toute connaissance de cause une voie qui la conduit à la catastrophe. C’est un sujet que j’aborde assez souvent pour ne pas rouvrir le débat ici. Simplement, je trouve qu’il est un peu trop souvent éludé.

Bref, je conçois aussi très bien que le risque de contagion et de panique généralisée que cette solution pouvait faire craindre faisait de cette solution un choix étonnant. On a d’ailleurs bien senti le soulagement généralisé quand elle fut écartée par le parlement chypriote. Tout le monde a été heureux de devoir rependre le problème à zéro, puisque le premier choix fait dans l’urgence n’était pas du tout satisfaisant. Certes, même les grands esprits peuvent se tromper quand ils fonctionnent dans la précipitation. Cependant, il est assez inquiétant que la gouvernance européenne tergiverse indéfiniment quand il s’agit de prendre les bonnes décisions, pour généralement pour arriver à un compromis minimaliste, tandis qu’elle a réussi à prendre aussi vite et à l’unanimité une si mauvaise décision d’une telle portée.

Mais au final, la crise chypriote donne aussi à la zone euro et plus largement à l’Europe des raisons d’espérer. Chypre, écartelée entre l’Union et la Russie, a préféré sans conteste la première à la seconde. Certes, faisant partie de la première, elle s’est en quelque sorte choisie elle-même. Cependant, si l’Union Européenne constituait vraiment un espace déclinant, constituant un handicap plutôt qu’un atout pour ceux qui en font partie, alors on peut facilement imaginer que le choix aurait été tout autre. La Russie n’est peut-être pas l’allié le plus sympathique et amical, mais il a aussi des atouts à faire valoir et se fâcher avec elle est une décision à prendre avec précaution. On peut se réjouir de voir que l’attrait de Moscou ne surpasse pas encore la perspective de construire un espace économique commun avec nos vieilles économies.

L’Union Europénne n’est sûrement pas aussi efficace qu’elle le devrait pour nous sortir de la crise, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais si les populisme anti-européens progressent partout, on peut espérer que ces 50 années d’effort ne sont quand même pas prêts de partir en fumée. Car tout ce que l’on reproche à l’Europe (manque de solidarité, de gouvernance économique coordonnée, concurrence et dumping toujours importants au sein de l’espace européen…) serait mille fois plus prégnant sans ces institutions certes bancales, mais certainement pas néfastes.

LES AFFAIRES ET LA DEMOCRATIE QUI TOUSSE

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cahuzacsarkozyVoir un responsable politique avoir de graves ennuis avec la justice ne constitue jamais une bonne nouvelle pour la démocratie. Entre l’affaire Cahuzac et la mise en examen de Nicolas Sarkozy, gauche et droite ont terminé la semaine dernière sur un joli match nul. Au moins, cela nous épargne le spectacle un peu consternant des leçons données par un camp à l’autre. Car même avec ma mauvaise foi de militant, je fois admettre que la malhonnêteté n’a pas de couleur politique. Ni le goût du pouvoir d’ailleurs. Ce sont juste des travers humains.

En effet, les hommes politiques ont malheureusement le grave défaut de n’être que des êtres humains. On les voudrait tous sans exception exemples de vertu et de dévouement. Cet idéal est évidemment hors d’atteinte. Le problème est que chaque affaire rejaillit sur l’ensemble de la classe politique, jusqu’au militant de base qui reçoit quelques noms d’oiseaux lorsqu’il tracte sur le marché. La suspicion permanente, la perte totale de confiance entre la classe politique et le reste des citoyens nuisent terriblement au débat et à l’acceptabilité de toute mesure.

Pourtant, la classe politique est sous haute surveillance. En effet, contrairement à la dictature, la démocratie lui impose de faire face aux électeurs de manière régulière. Ces derniers peuvent alors faire tomber la sanction et chasser un élu de son mandat. Il y a malheureusement un hic. Si ceux qui crient volontiers au « tous pourris » sont de plus en plus nombreux, personne n’ose jamais remettre en cause la pertinence des choix qui sont fait par les électeurs eux mêmes. Cela sonne comme antidémocratique et donc politiquement incorrect (au sens premier du terme pour le coup!).

Un Balkany, un Tibéri, un Guérini ont multiplié les mandats, malgré les affaires. La tricherie, l’enrichissement personnel n’ont jamais empêché un homme politique d’être élu par les citoyens qu’il administre. S’il y a des hommes politiques malhonnêtes, si le citoyen a la sensation qu’ils sont particulièrement nombreux, c’est avant tout parce que le manque de probité n’est pas toujours (pour ne pas dire pas souvent) sanctionné par l’électorat. Ce dernier fait alors preuve d’une incompétence qu’il assume malheureusement rarement, préférant mettre tous ses dirigeants dans le même panier. C’est tellement plus confortable intellectuellement et permet de se dégager de toute responsabilité.

Les électeurs oublient aussi trop souvent qui sont les hommes politiques. Il est vrai que la France est le seul pays à posséder une machine à en former, dénommée l’ENA. Cette dernière déforme considérablement le perception de la sociologie du monde politique. Evidemment, il est loin de refléter celle de la Nation, mais il n’est en aucun cas composé exclusivement de personnes destinées à ce destin depuis leur plus jeune âge. Ni Nicolas Sarkozy, ni Jérôme Cahuzac n’en sont diplômés. Ils sont pour l’un avocat, pour l’autre chirurgien. Cela nous rappelle que la responsabilité politique n’est pas un métier, mais une fonction que l’on peut être amenée à assumer au cours de sa vie de citoyen. Il est vrai que pour beaucoup, cela devient une activité à plein temps pendant plusieurs décennies, mais il s’agit là plus d’un mal très français que d’un vice fondamental de notre système démocratique.

Depuis Pierre Bérégovoy, on manque d’un homme politique qui soit arrivé dans les sommets de l’Etat sans être passé par une formation et un métier à Bac+5, sans être donc considéré comme issu de l’élite, aussi modestes soient ses origines familiales. Il est plus facile de se plonger dans des dossiers techniques, de parler en public, d’écrire des discours quand on a fait des études qui vous familiarisent avec ce genre d’exercice. Mais encore une fois, la plupart des hommes politiques ne sont pas des « fils de », mais bien des hommes et des femmes qui par leur talent, leur charisme et leur engagement ont gravi les échelons et se sont faits remarquer. Certes, parfois très jeunes, sans donc passer par la case « monde réel », mais on ne peut pas non plus être gouverné que par des quinquagénaires expérimentés.

Dans une démocratie qui fonctionne, les périodes de crise devraient pousser plus de citoyens vers l’engagement politique, non les en détourner. Car la nature et encore plus le pouvoir ont horreur du vide. Il y aura toujours quelqu’un pour le saisir. Et ceux qui restent quand tout le monde tourne le dos sont rarement les plus vertueux et désintéressés…