THE SUICIDE SQUAD : Le retour du reboot

On efface tout et on recommence. Désormais, cela ne fait plus peur aux producteurs, en particulier dans le domaine des super-héros. Et rapidement si nécessaire. En 2016, j’avais qualifié Suicide Squad de « raté de l’été », lui attribuant la note peu flatteuse de 07/20, à l’unisson de la moyenne des avis formulés sur ce film. Cette année, DC Comics nous offre The Suicide Squad (la différence est subtile). A la fois suite (on retrouve certains personnages avec les mêmes interprètes) et reboot (il y a une volonté claire d’effacer le premier volet raté), le film atteint cette fois-ci pleinement son objectif. Mais une nouvelle fois sans génie.

Pour ne prendre aucun risque, DC Comics a cette fois misé sur une valeur sûre derrière la caméra. James Gunn nous avait séduit avec sa vision des Gardiens de la Galaxie. Celle qu’il nous propose pour The Suicide Squad reprend les mêmes ingrédients, avec notamment une bande-originale particulièrement séduisante. On y retrouve aussi le même humour décalé réjouissant et la maîtrise dans les scènes d’action. Tout cela aboutit à un joli moment de divertissement ne laissant aucune place à l’ennui. Mais tout cela s’insère dans un scénario qui va droit au but, mais offre quelques idées originales et inattendues. Cela se fait sans doute au détriment de l’épaisseur des personnages et ne fait pas totalement oublier un certain nombre de clichés.

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LA LOI DE TEHERAN : Iranian connection

Le cinéma iranien reste étonnamment dynamique quand on connaît la situation du pays à tous points de vue. Peut-être que cette dernière pousse justement les cinéastes locaux à s’emparer d’un des rares territoires d’expression. Ils parviennent toujours à dresser un panorama de la société et du pays, de façon assez neutre, mais avec assez de réalisme et de subtilité pour laisser le spectateur formuler ses propres critiques. La Loi de Téhéran se situe pleinement dans cette logique. Un film qui ressemble à première vue à un polar assez classique, mais qui se révèle être au final bien plus que cela.

La Loi de Téhéran ne nous raconte pas l’histoire de gentils policiers poursuivant de méchants trafiquants de drogue. Il s’agit plutôt d’une autopsie du système policier et judiciaire de l’Iran et à travers elle, il formule une profonde critique sociale. La tension constante entre les personnages crée une tension narrative de tous les instants. On en apprend surtout beaucoup sur les rouages d’un pays qui semble reposer sur une immense hypocrisie. Tout cela crée une violence constante dans les rapports humains, chacun semblant pris dans une lutte pour la survie. Tout cela est décrit sans fard et la plongée est relativement vertigineuse.

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KAAMELOTT : 1er VOLET : Sacré graal

Je garde un très mauvais souvenir de la dernière fois que j’ai été voir un film tiré d’une série dont je ne connaissais rien… ou pas grand chose. C’est d’ailleurs sans doute un pas grand chose qui fait toute la différence. En effet, je ne savais strictement rien de Dowton Abbey avant d’aller voir le long métrage et je ne lui ai effectivement trouvé aucun intérêt. La magie des réseaux sociaux a fait que la situation était fort différente avec Kaamelott : 1er volet. Même sans avoir jamais vu formellement un seul épisode, j’étais un minimum familier avec cet univers, ses personnages et son humour. C’est sans doute pour cela que je suis parvenu à apprécier pleinement ce film.

Passer d’un format court à un format long est forcément un exercice difficile. De ce point de vu là, Kaamelott : 1er volet franchi l’obstacle de belle manière. Certes, l’impression d’être devant un film à sketchs n’est pas totalement absente, mais on a toute de même l’impression de se voir raconter une histoire qui se tient. C’est parfois un peu inégal, mais on apprécie pleinement de retrouver cet humour doucement absurde qui caractérise l’univers d’Alexandre Astier. On retiendra notamment une partie de rugby version Kamoulox qui restera sûrement culte. On passe en tout cas un excellent moment que l’on soit un fin connaisseur ou non de la série.

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DESIGNE COUPABLE : Témoignage à l’ombre

La prison de Guantanamo représente un trou noir de la justice et du droit. Il y reste un peu moins de quarante détenus, toujours sans aucun cadre juridique. Entre temps des procès ont fini par avoir lieu et tous ne se sont pas déroulés comme l’espérait l’administration des Etats-Unis. Un des cas les plus emblématiques est celui du Mauritanien Mohamedou Ould Slahi, qui a tiré de cette expérience un livre traduit dans de nombreuses langues. Un témoignage poignant, édifiant et très instructif. Le voici adapté à l’écran avec Désigné Coupable de l’Ecossais Kevin McDonald, avec Tahar Rahim dans le rôle principal.

Désigné Coupable est symptomatique de deux domaines où le cinéma américain (même si le film est formellement un film américano-brittanique) brille tout particulièrement. En effet, il sait s’emparer de manière forte de sujets d’actualité et polémiques pour dénoncer des situations inacceptables. Et puis, il reste maître de ce genre si particulier qu’est le film de procès. Evidemment, c’est le système judiciaire américain qui permet une telle dramatisation, mais il y a aussi une vraie culture artistique derrière. Kevin McDonald s’en empare avec beaucoup de maestria et tout le talent qu’on lui connaît. Ce film n’est peut-être pas à la hauteur du Dernier Roi d’Ecosse, le film qui l’avait fait connaître, mais on est heureux de le voir signé à nouveau signer un film aussi marquant.

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BERGMAN ISLAND : A double titre

Vraiment rien ne garantissait que je puisse apprécier Bergman Island. Déjà parce que la bande-annonce ne faisait pas spécialement envie. Mais aussi parce que ma précédente expérience avec le cinéma de Mia Hansen-Løve ne m’avait pas spécialement convaincu. J’étais d’autant plus échaudé que le film tourne beaucoup autour de la figure d’Ingar Bergman, dont la l’œuvre la plus connue, Cris et Chuchotements (et la seule que j’ai vue, j’avoue) est pour moi un film absolument ridicule. Mais j’ai surmonté mes réserves de départ et je ne le regrette pas.

Bergman Island nous offre une nouvelle version d’un schéma de narration classique, mais assez peu fréquent pour être tout de même jugé original. Il nous raconte l’histoire de quelqu’un qui écrit une histoire… Le film nous offre donc deux histoires en une, deux histoires imbriquées l’une dans l’autre. L’intérêt de ce film tient dans un jeu de miroir entre la réalité et comment cette dernière est utilisée pour nourrir la fiction. Cela aboutit à un film un rien contemplatif mais avec essai d’épaisseur narrative pour que le spectateur ait envie de savoir à quoi vont aboutir les deux fils de l’histoire.

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TITANE : Voyage pénible en terre inconnue

Il est rare qu’un film récompensé par une Palme d’Or fasse totalement l’unanimité. Cela tient à la nature des longs métrages sacrés, qui se distinguent le plus souvent par une forte originalité, voire un caractère hors normes. Titane n’échappera pas à la règle. Tout le monde s’accordera à dire que l’on ne voit pas des films comme celui-ci tous les jours et sur tous les écrans. Le reste prêtera forcément à des débats où les opinions seront partagés, voire totalement contraires. En effet, certains trouveront le spectacle fascinant, d’autres le trouveront absolument insupportable. En tout cas, il y a peu de chance qu’il laisse quiconque indifférent.

Et moi ? J’avoue avoir eu longtemps du mal à savoir ce que je pensais de Titane tout le visionnant. Une part de moi avait envie que ce spectacle gore et dérangeant s’arrête au plus vite. On connaissait déjà le goût de Julia Ducournau pour ce genre d’ambiance, découverte avec Grave. Elle met la barre encore un peu plus haut en la matière et il vaut bien avoir le cœur bien accroché pour la suivre. Mais une autre part de moi se trouvait profondément intrigué par cet univers noir et étrange, qui prend vie à travers une réalisation formellement sublime. Et puis, le dénouement m’a fait prendre un peu de recul sur ce que je voyais et réaliser quelque chose… En fait, ce film est juste l’histoire d’une fille qui se fait engrosser par une voiture. J’ai alors trouvé ça aussi ridicule que gratuit et toute forme de magie s’est éteinte.

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ANNETTE : Talent et prétention

Le prétention est un travers très dommageable pour un artiste. Connaître sa valeur est important, se croire plus talentueux que ce qu’on est réellement représente un vilain défaut. D’après certains critiques, Leos Carax est un véritable génie. Ils avaient chanté les louanges d’Holy Motors son précédent film. De mon côté, j’avais trouvé le film incroyablement ridicule et mauvais. Je ne formulerai pas un jugement aussi dur sur Annette, qui vient de recevoir le prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes. Par contre, je ne déborderai toujours pas d’enthousiasme pour un long métrage signé par un réalisateur d’un immense talent, mais persuadé à tort d’être un pur génie.

Leos Carax se distingue par une imagination débordante. C’est évidemment une qualité non négligeable, mais le travail ne s’arrête pas là. Il faut faire le tri parmi tout ce qui germe dans son esprit, ne garder que le meilleur pour le retravailler, le polir pour arriver à un résultat réellement abouti. Annette regorge d’idées et de créativité. Mais tout semble livré de manière brute, sans prise de recul pour voir si c’était vraiment à retenir. Cela donne une alternance de moments de grâce cinématographique et de passages un peu ridicules ou horriblement longs, qui nous empêchent de rentrer totalement dans ce film. Comme si être sorti de l’esprit de Leos Carax se suffisait à lui-même pour justifier une présence à l’écran.

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BENEDETTA : Soeur soupirs

Les couvents et les monastères constituent des décors particulièrement propices pour des histoires de toute sorte. Nimbés de mystère et de spiritualité, ils peuvent être l’objet de nombreux fantasmes, liés à l’ignorance par ceux qui vivent en dehors de ce qui se passe réellement à l’intérieur. De nombreux auteurs s’en sont emparés et y donner vie à leur récit. Paul Verhoeven se prête au jeu à son tour et quand on connaît la réputation sulfureuse du Néerlandais, on pouvait s’attendre à un film ne passant pas inaperçu. Benedetta nous fait découvrir, de manière plus ou moins romancé, la vie de Benedetta Carlini qui a vécu en Toscane au début du XVIIème siècle.

La biographie dont ce film est l’adaptation avait pour titre « Sœur Benedetta, entre sainte et lesbienne », ce qui pose relativement bien le sujet. Le film aborde la sexualité de manière crue et le sujet de la religion de manière quelque peu provocante. On y reconnaît pleinement le style de Paul Verhoeven et on comprend aisément pourquoi il a décidé de s’emparer de cette histoire. Il parvient à en tirer un récit ne se contentant pas d’être spectaculaire, mais dégageant aussi de la force et une certaine épaisseur. Le scénario ne nous impose pas de leçon particulière, mais chacun pourra en tirer sa propre morale. En tout cas, il exerce une certaine fascination sur le spectateur qui vit le film avec intensité.

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BLACK WIDOW : Espionne, mais pas trop

Les super-héros Marvel possèdent de nombreux pouvoirs fort différents les uns des autres. Ceux qui ont l’habitude de lire les comics savent qu’ils en ont cependant tous un en commun… Une capacité à ne jamais mourir définitivement. De grands héros sont tombés, ce qui était alors présenté comme un grand événement. Mais les auteurs se débrouillent toujours à terme pour trouver un moyen de les faire revenir à la vie. Voir arriver sur les écrans un film sur Black Widow, qui a pourtant perdu la vie dans Avengers Endgame, n’a donc rien d’étonnant. Certes, pas de résurrection ici, juste un flash-back, mais on y sent la même volonté de ne pas priver les fans d’une héroïne qu’ils apprécient tout particulièrement. Enfin pas sûr qu’ils apprécient tout autant ce film assez médiocre.

Face à un film comme Black Widow, on est toujours partagé entre l’envie de se montrer malgré tout indulgent pour un film qui nous a tout de même divertit et l’envie de dénoncer une forme de paresse pas vraiment pardonnable, vus les moyens déployés. Certes, on ne s’ennuie pas. On sourit parfois quand le film se tourne vers l’humour. Les scènes d’actions sont efficaces et nombreuses, mais sans grande imagination. Les personnages n’ont rien de particulièrement marquants, même si l’adaptation cinématographique du Maître de Corvée est plutôt réussie, ce qui n’avait rien d’évident quand on connaît le personnage de la bande-dessinée. Et l’intrigue pêche tout de même par un manque d’épaisseur et de crédibilité.

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PRESIDENTS : Un fauteuil pour deux

Nicolas Sarkozy est un bon personnage pour un film. La Conquête l’avait déjà prouvé en 2011. Quand est-il de François Hollande ? Voilà une bonne question que je n’aurais jamais eu l’occasion de me poser si Anne Fontaine n’avait pas eu l’idée de nous offrir Présidents. Certes, cette comédie politique nous propose des personnages très proches de nos deux précédents personnages, sans être tout à fait eux. D’ailleurs ce pas tout à fait résume assez bien les limites du film, par ailleurs très sympathique et plein de bonnes idées.

Si je dois répondre à la question posée dans le précédent paragraphe, je le ferais plutôt par la négative. En effet, si Présidents repose sur un duo, celui-ci s’avère quelque peu déséquilibré. Ou disons que l’un nous rappelle plus le vrai que l’autre. Cependant, peut-être que mon affection pour l’un et ma détestation de l’autre ne me rend pas totalement objectif. Enfin qu’importe. Il n’en reste pas moins une réflexion parfois pertinente sur le monde politique, l’ambition et le goût du pouvoir. Il rappelle aussi à quel point le personnel politique reste composé de simples êtres humains, avec leurs travers et leurs faiblesses. Simplement, en ne choisissant pas clairement entre le film politique et la comédie, le film ne dépassera pas la fantaisie sympathique. L’originalité de la démarche a cependant quelque chose de rafraîchissant.

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