L’alcool ne résout pas les problèmes… Ceci dit l’eau et le lait non plus. Voici un adage plein de sagesse que le film Drunk incite à méditer autour d’un bon verre. En tout cas, pour revenir à un propos plus sérieux, il s’agit d’un film d’une remarquable intelligence qui pousse à la réflexion, sans jamais laisser la moindre place à l’ennui. Un film qui étanchera la soif des spectateurs les plus exigeants. Et le gosier de ces derniers est souvent à sec en ce temps de quasi disette cinématographique. On est au final très heureux que Thomas Vintenberg ait décidé de remplir nos verres.
Drunk est typique des films qui ont un petit truc en plus qui les rendent vraiment marquants. Cela les rend souvent inclassable car ils proposent bien trop de contenu pour ne tenir que dans une seule boîte. Il est plus qu’une chronique d’une bande de copains, plus qu’une comédie des moeurs, plus qu’une comédie tout court et plus qu’un drame. C’est une histoire au point de départ quelque peu inattendu mais qui en dit beaucoup sur la nature humaine et notre société. Pas de grands discours, mais un propos subtil, profond et pertinent. Rien que ça !
Drunk ne serait pas le même film sans la présence électrisante du charismatique Mads Mikkelsen. Sa présence seule à l’écran suffirait presque à faire notre bonheur. Sa performance (à part lors d’une dernière scène mémorable) n’a pourtant rien de spectaculaire en soi, si ce n’est une incroyable justesse et ce supplément de talent qui reste la marque des plus grands. Ce ne serait pas non plus le même film sans la réalisation quasi parfaite de Thomas Vintenberg qui donne à son film un supplément d’âme. Il reste un vrai cinéaste, au sens artistique du terme, et le 7ème n’en compte pas tant. A la tienne Thomas !
LA NOTE : 14,5/20
Fiche technique : Réalisation : Thomas Vinterberg Scénario : Tobias Lindholm et Thomas Vinterberg Photographie : Sturla Brandth Grøvlen Montage : Janus Billeskov Jansen et Anne Østerud Durée : 115 minutes
Casting : Mads Mikkelsen : Martin Thomas Bo Larsen : Tommy Lars Ranthe : Peter Magnus Millang : Nikolaj Maria Bonnevie : Anika Susse Wold : recteur Helene Reingaard Neumann : Amalie
L’avantage avec le cinéma est qu’on peut voyager depuis un fauteuil pour un prix modique (enfin surtout quand on a une carte d’abonnement). On y voit des pays merveilleux que l’on aurait envie de visiter pour de vrai, quand le virus cessera de nous empêcher de voyager librement. Mais il nous fait découvrir aussi des destinations dont on se passera volontiers, même si les paysages y valent le coup d’œil. Ainsi, A Dark, Dark Man n’est pas le meilleur film de promotion pour faire du Kazakhstan une destination touristique en vogue. Même Borat en donne une meilleure image. Il nous reste plus alors qu’à apprécier un film noir, qui souffre malheureusement de quelques défauts.
A Dark, Dark Man nous raconte une histoire finalement extrêmement classique. Celui d’un flic qui finit par se rebeller face à un système totalement corrompu. Cette histoire a été racontée à de maintes reprises à d’autres époques, d’autres contextes et d’autres pays. Seul le côté relativement exotique et rarement exploré par le 7ème art du décor lui donne un caractère inattendu. Et il faut bien admettre que cette histoire a été souvent racontée de manière plus réussie. En effet, la narration est lente et on flirte quand même assez souvent avec l’ennui. Si finalement, les personnages intriguants et la curiosité inspirée par les lieux nous en préservent de justesse, tout cela ne se montre pas suffisant pour réellement nous enthousiasmer.
La réalisation d’Adilkhan Yerzhanov souffre d’une certaine platitude. Il ne parvient pas à dynamiser son récit. Le côté contemplatif de A Dark, Dark Man est très certainement voulu, mais il sonne parfois un peu comme un manque d’idée, plutôt que comme une inspiration artistique géniale. Le film est long et il aurait vraiment mérité d’être raccourci. Il n’y a rien d’inutile, mais tout prend un peu trop de temps. Du coup, même les comédiens ne brillent pas spécialement, comme si leur talent se trouvait diluer avec tout le reste. Le film est au final pas totalement décevant, mais ne se montre clairement pas à la hauteur de ce qu’il aurait pu être.
LA NOTE : 10/20
Fiche technique : Réalisation : Adilkhan Yerzhanov Scénario : Roelof Jan Minneboo et Adilkhan Yerzhanov Durée : 130 minutes
La nostalgie est un allié puissant des professionnels du marketing ou des auteurs en manque d’inspiration. Il est de bon ton de dénoncer les recyclages d’idées qui ont marqué les années 80 et la jeunesse de ma génération comme étant de l’indigence artistique uniquement motivée par l’appaît du gain. Mais devons-nous vraiment nous plaindre ? Si la nostalgie marche aussi bien, c’est avant tout parce qu’elle nous fait du bien. Et y-a-t-il vraiment du mal à se faire du bien ? Donc pourquoi bouder son plaisir de voir arriver sur nos écrans une version modernisée de Lupin (Edgar à l’époque, pour des questions de droits d’auteur) avec Lupin III : The First. Surtout que le résultat est plutôt sympathique.
Un an et demi après la ressorti sur grand écran du Château de Cagliostro, un film de 1979 tiré de la même série, mais surtout premier long métrage réalisé par Hayao Miyazaki, voici une version cette fois-ci totalement contemporaine de ce personnage né à la fin des années 60 et qui se veut un descendant japonais de notre Arsène Lupin national. Lupin III : The First n’a certainement pas le même charme, mais son principal protagoniste en possède suffisamment pour continuer à nous séduire. Le film est parfaitement respectueux de l’esprit du manga original, avec ses nombreux personnages secondaires tout aussi délicieux.
L’intrigue principale ne fait certes pas monter au plafond. Oui, il y a un côté produit marketing pour quarantenaires nostalgiques, on ne peut le nier. Lupin III : The First ressemble plus à un très bon épisode de série qu’à un chef d’œuvre du septième art. Les graphismes ont cette froideur de l’animation faisant un peu trop appel au digital, même si on y retrouve le style initial du manga de Monkey Punch. Malgré cela on savoure cette petite friandise avec une réelle gourmandise. Evidemment, ceux à qui le personnage ne dit rien n’y sentiront pas la même saveur, mais ne passeront pas au mauvais moment pour autant. Que vive encore la nostalgie !
Bizarrement (ou pas bizarrement d’ailleurs, mais il fallait bien que je commence ma critique par un mot… alors pourquoi pas celui-là), les couvents et les monastère se prêtent particulièrement bien à devenir des décors de cinéma. Il y a clairement une surreprésentation de ces derniers par rapport aux nombres de personnes qui y habitent dans la vraie vie. Mais tant que cela donnera de très bons films, personne ne s’en plaindra. Et certainement pas ceux qui ont été voir Maternal, qui nous emmène dans un couvent de Bueno Aires qui accueille des jeunes filles mères sans ressources. Une jolie réflexion sur le désir d’être parent.
Maternal nous offre un triple portrait. Trois jeunes femmes au parcours et à la personnalité très contrastés. Chacune d’elle touche le spectateur d’une façon différente et c’est tout ce qui fait la richesse de ce film. Le scénario n’a rien de contemplatif et les portraits se dressent à travers une vraie tension narrative et psychologiques et quelques péripéties et rebondissements. On n’est parfois pas si loin que cela du polar. L’histoire présente le grand mérite de nous pousser au final à la réflexion et à poser son propre jugement sur chacune des protagonistes. Le propos ne prend pas partie pour l’une ou l’autre, mais nous donne toute les clés pour se faire sa propre opinion. Si on se prête au jeu, cela donne un réel supplément d’intérêt au film.
L’ambiance de huis-clos incite naturellement à se tourner avant tout vers les personnages. Du coup, la qualité du film tient beaucoup à la qualité de l’interprétation. Le trio formé par Lidiya Liberman, Denise Carrizo et Agustina Malale livre une performance d’une grande qualité. Il serait dommage de ressortir l’une d’entre elles, plutôt qu’une autre. C’est bien la synergie entre leurs personnages et leurs jeux qui fait de Maternal une grande réussite. La réalisation de Maura Delpero joue également son rôle en sachant adopter la bonne distance vis-à-vis de les personnages. Elle navigue entre grande intimité et prise de recul pour donner un parfait équilibre au film. Au final, il ne propose peut-être pas une grande histoire, mais une belle histoire assurément.
LA NOTE : 13/20
Fiche technique : Réalisation : Maura Delpero Scénario : Maura Delpero Production : Alessandro Amato, Nicolás Avruj, Luigi Giuseppe Chimienti, Marta Donzelli, Diego Lerman, Gregorio Paonessa Photographie : Soledad Rodriguez Durée : 89 min
J’aime assez passionnément le cinéma coréen pour beaucoup de raisons. Il a depuis longtemps trouvé son chemin jusqu’aux écrans hexagonaux et chaque année, j’ai de quoi satisfaire cette affection particulière. Depuis le succès assez phénoménal de Parasites, leur présence à l’affiche s’est encore renforcée. Mais force est de constater que tout n’est pas bon dans le 7ème art du Pays du Matin Calme. Pour preuve, la Femme qui s’est Enfuie, dont je cherche encore le sens et l’intérêt profond.
Rien que par son titre, on peut se douter que ce film est un film portrait (et accessoirement celui d’une femme). Mais la Femme qui s’est Enfuie passe une partie de sa durée, pourtant relativement courte, à faire des digressions sur des péripéties anecdotiques des personnages secondaires. Du coup, le portrait central manque foncièrement de profondeur et j’aurais bien du mal à exposer clairement ce que Hong Sang-soo a voulu nous dire à travers cette histoire. Cela ne semble pas seulement vide ou creux, le propos semble tout simplement inexistant.
Mais le pire dans la Femme qui s’est Enfuie reste la forme. Toutes les scènes sont filmées exactement de la même façon. Un long plan fixe et, tout à coup, un zoom. Mais pas un zoom qui semble pensé et maîtrisé au milimètre. Non un zoom violent qui ressemble à celui du jour où tonton Albert a décidé de devenir Kubrick avec son camescope. Tout cela est certainement voulu pour « faire genre ». Mais au final, cela donne avant tout une impression d’indigence artistique absolue. Au final, il n’y a rien à sauver dans ce monument d’ennui absolue.
LA NOTE : 04/20
Fiche technique : Réalisation et scénario : Hong Sang-soo Durée : 77 minutes
Casting : Kim Min-hee : Gam-hee Song Seon-mi : Su-young Lee Eun-mi : Young-ji Seo Young-hwa : Young-soon Kwon Hae-hyo : monsieur Jung Kim Sae-Byuk : Woo-jin Shin Suk-ho : l’homme au chat Ha Sung-guk : le jeune poète
L’Iran est un pays absolument fascinant. Pas que pour de bonnes raisons mais cet état de fait donne aux films iraniens un supplément d’intérêt d’emblée. Ce qui est frappant est ce mélange de rejet total des valeurs occidentales… et une imprégnation par ces dernières malgré tout. Ce contraste souligne l’hypocrisie d’un régime répressif qui a échoué sur bien des plans. Yalda, la Nuit du Pardon en livre un merveilleux exemple. Où quand les lois islamiques rencontrent la télé-réalité.
Le principal intérêt de Yalda, la Nuit du Pardon vient bien du fait qu’il relate des faits réels et nous livre donc une vision, sans doute un rien romancée, de la réalité de la société iranienne. Car au-delà de ça, le film se heurte à de sérieuses limites. En effet, les circonstances relatées auraient du permettre de faire naître une tension psychologique entre les personnages profonde, intense et subtile. Le propos reste malheureusement un peu trop caricatural et superficiel pour être vraiment passionnant. L’intrigue se contente de faire naître un suspense purement mécanique et quelque peu sans âme.
Artistiquement, Yalda, la Nuit du Pardon ne brille pas non plus particulièrement. La réalisation se borne à se montrer efficace, sans aucune prise de risque et l’interprétation ne permet pas de s’enthousiasmer pour qui que ce soit au casting. Pas de défaut majeur, mais là encore rien qui vienne s’ajouter à la curiosité concernant l’Iran comme réelles raisons pour aller voir ce film. Chacun jugera si cela s’avère suffisant pour lui. C’est un peu faible à mon sens, même si on a connu pire faiblesse.
Si forcément on s’attache à bien des personnages valeureux et courageux prêts à défendre le bien au péril de leur vie, on peut parfois considérer que ce sont les méchants qui donnent vraiment tout leur intérêt à une histoire. Du coup, on se demande ce qu’il y a de plus important pour réussir son scénario. Reste une troisième option qui permet de bénéficier à la fois de l’attachement et de l’apport d’intérêt… celui du anti-héros. Les personnages de Kajillionaire rentrent clairement dans cette catégorie, en version losers qui plus est. Mais la magie du cinéma et le talent de Miranda July feront que l’on finira par les aimer. Pour eux-mêmes, mais aussi parce qu’ils nous permettent de passer un très bon moment dans une salle obscure, plaisir devenu bien trop rare par ces temps qui courent.
Quand on base un film quasiment entièrement sur ses personnages, comme c’est le cas avec Kajillionaire, deux options s’offrent à tout scénariste. Soit il cherche à les rendre immédiatement sympathiques pour permettre au spectateur de rentrer directement dans l’histoire. Soit au contraire, il ne dévoile pas immédiatement leurs meilleurs côtés, pour piquer la curiosité du spectateur. C’est un pari toujours un peu risqué, car rien ne garantit jamais qu’ils parviennent à gagner finalement le coeur de spectateurs partis sur un a priori négatif. Mais Miranda July y parvient parfaitement ici. Aussi parce que le scénario s’assimile ici à un récit d’apprentissage. Les personnages, enfin certains, ne seront pas les mêmes à la fin qu’au début. L’intérêt porté par le spectateur naît du chemin parcouru, dont on se demande où il pourra bien déboucher. Il finit par faire de ce film un « feel good movie » assez savoureux.
Kajillionaire marque les débuts sur grand écran d’Evan Rachel Wood que les fans de la série Westworld connaisse bien… même s’ils auront un peu de mal à la reconnaître. Si on mesure le talent d’une actrice à sa faculté à tenir des rôles très différents, alors elle est promise à un très grand avenir. Le film tient surtout par le duo tout en contraste qu’elle forme avec Gina Rodriguez. Il serait vraiment injuste de saluer la performance de l’une sans l’autre. Elles évoluent sous le regard de Richard Jenkins, que l’âge rend de plus en plus rare à l’écran, mais qu’on est vraiment heureux de retrouver ici. Si on ajoute à ça, une réalisation plutôt élégante de Miranda Joly, on se retrouve plonger dans un univers assez original et poétique, qui fait de ce film une curiosité décalée et sympathique. Il nous livre un regard acide sur la famille, mais plein de tendresse sur les êtres humains. Du sucré/salé comme on les aime.
LA NOTE : 12/20
Fiche technique : Réalisation et scénario : Miranda July Direction artistique : Jessica Shorten Décors : Devynne Lauchner Costumes : Jennifer Johnson Photographie : Sebastian Winterø Montage : Jennifer Vecchiarello Musique : Emile Mosseri Durée : 106 minutes
Casting : Evan Rachel Wood : Old Dolio Dyne Richard Jenkins : Robert Dyne Debra Winger : Theresa Dyne Gina Rodriguez : Melanie Whitacre Mark Ivanir : Stovik Mann Rachel Redleaf : Kelli Medford Da’Vine Joy Randolph : Jenny Diana Maria Riva : Farida
En allant au cinéma, on cherche le plus souvent avant tout à se distraire, à rêver, à s’échapper du quotidien en voyageant vers des mondes plus ou moins lointains. On peut aussi chercher à réfléchir, à se voir proposer une autre vision du monde ou exposer une thèse plus ou moins profonde. Enfin, parfois, le cinéma permet de se cultiver quand on ressort d’un film moins ignorant. Josep m’a ainsi permis de savoir qui est Josep Bartoli, artiste espagnol qui fut aussi l’amant de Frida Kahlo. Mais ce film, magnifique, m’aura aussi permet de rêver (un peu) et de réfléchir (beaucoup). Autant de raison pour l’aimer et l’apprécier à sa juste valeur.
Josep permet aussi de découvrir un épisode sombre et méconnu de l’histoire de France, à savoir la manière dont notre pays a traité les réfugiés espagnols de la guerre civil. Le film le montre crûment et on comprend mieux pourquoi cela a été enfoui dans notre mémoire collective. La solidarité face à la cruauté reste d’ailleurs le thème principal du film, bien avant d’être le portrait de personnages et d’événements historiques. Le film est porteur de beaucoup d’émotions, que le contexte historique ne fait que renforcer. Tout cela donne vraiment une vraie puissance au propos de ce film, qui marque vraiment le spectateur.
Visuellement, Josep est aussi pleinement réussi. Non que ce soit réellement beau, mais le style graphique dégage une vraie personnalité, loin de la froideur des images qui font trop appel à l’informatique. Là on retrouve la chaleur d’un vrai coup de pinceau. Et on ne peut que s’en réjouir et apprécier. Si on ajoute à ça un casting voix assez prestigieux, on arrive à un résultat qui brille autant sur la forme que sur le fond. Le film est au final un vrai petit bijou, d’un intérêt et d’une intelligence rares. Du beau et du bon cinéma.
LA NOTE : 14/20
Fiche technique : Réalisation : Aurel Scénario : Jean-Louis Milesi Musique : Sílvia Pérez Cruz Montage : Thomas Belair Production : Serge Lalou Coproduction : Jordi B. Oliva Production exécutive : Catherine Estèves Durée : 74 minutes
Casting : Sergi López : Josep Bartolí Sílvia Pérez Cruz : Frida Kahlo Alain Cauchi : Léon David Marsais : Valentin Valérie Lemercier : la mère de Valentin Bruno Solo : le gendarme Gérard Hernandez : le grand-père François Morel : Robert Sophia Aram : l’infirmière
L’amour à distance est loin d’être la chose la plus facile à gérer, je peux en témoigner. Mais on se dit qu’avec les moyens modernes de communication, notamment les appels en visio, les choses devraient être plus faciles et permettre aux couples de vivre mieux ce genre de situation. Surtout que les publicités des opérateurs télécoms nous vendent à longueur de spots la proximité qu’ils sont capables de nous apporter avec les êtres chers qui se trouvent loin de nous. Nous auraient-ils menti ? La publicité serait-elle finalement parfois mensongère ? A Cœur Battant nous offre une réponse.
Je ne peux évidemment pas exposer quelle la leçon finale que l’on peut tirer de cette histoire, sans en révéler le dénouement. Je dirais donc simplement que A Cœur Battant est une histoire d’amour. Une histoire d’amour contrariée par la distance mais que les deux protagonistes tentent tant bien que mal de faire vivre, surtout qu’il y a un enfant dans l’affaire. Le film ne s’arrête pas à la problématique de la distance. Il traite aussi de la difficulté de faire vivre une histoire malgré des nationalités et des cultures différentes, même quand elles ne sont pas si éloignées que cela. Au final, le film nous raconte une histoire presque ordinaire, mais à laquelle le cinéma n’a pas donné vie si souvent que cela. Ce film, à défaut d’être génial, semble combler comme un vide dans le panorama de la réalité actuelle que nous offre le septième art.
A Coeur Battant doit beaucoup à Judith Chemla et Arieh Worhtalter. Il est normal qu’un film qui traite principalement d’une histoire d’amour repose largement sur les épaules de comédiens qui incarnent les deux principaux protagonistes. Mais ici encore plus, puisque une large majorité des plans de ce film sont en fait une vision de ce que chacun voit à travers la webcam de l’autre. Il y a donc énormément de plans serrés, voire de gros plans sur les personnages. Ils sont physiquement omniprésents. Ils ont réussi à trouver la justesse dans leur jeu pour ne pas devenir horripilants et c’est leur plus grand mérite. Une performance d’acteur ne suffit pas à faire un grand film, mais il donne clairement un supplément d’intérêt à celui-ci.
LA NOTE : 11,5/20
Fiche technique : Réalisation : Keren Ben Rafael Scénario : Keren Ben Rafael et Elise Benroubi Photographie : Damien Dufresne Montage : Flore Guillet Décors : Damien Dufresne Casting : Gigi Akoka Direction de production : Julie Riviere Réalisation (1er assistant) : Laura Froidefond Costumes : Élise Cribier-Delande Son : Elton Rabineau
Casting : Judith Chemla: Julie Arieh Worthalter: Yuval Lenny Dahan: Lenny Noémie Lvovsky: Chantal Bastien Bouillon: Charles Vassili Schneider: Roméo Gil Weiss: Aner Joy Rieger: Yali
Un documentaire se doit-il d’être totalement objectif ou bien peut-il être la démonstration d’un certain point de vue ? Cette question est importante pour savoir si on apprécie pleinement ou non Un Pays qui se Tient Sage. En effet, il s’agit d’un documentaire sur les violences policières survenues pendant l’épisode des Gilets Jaunes. S’il laisse la place à l’expression de plusieurs points de vue contradictoires, il est évident que le propos n’est pas de faire un bilan exhaustif des événements, mais bien de démontrer un usage disproportionné de la force. Mais qu’on soit d’accord ou non avec la thèse défendue, les réflexions qui sont menées ne manquent pas d’intérêt.
Il y a une chose qui m’a cependant gêné dans Un Pays qui se Tient Sage. En effet, le documentaire est en fait une succession d’extraits d’entretiens menés avec différents acteurs, parfois seuls, parfois en confrontation avec un autre acteur. Mais le film n’indique pas qui sont les personnes qui parlent et donc à quelle titre elles s’expriment. Tout cela sera révélé à la fin, mais ne pas le savoir sur le moment est assez troublant. C’est un choix clairement volontaire auquel je n’adhère pas du tout. Cela prive le spectateur de la connaissance de certains biais dans l’objectivité des opinions exprimées. Je trouve le procédé pas forcément hyper honnête.
Je reconnais cependant que Un Pays qui se Tient Sage a su trouver des interlocuteurs qui livrent des analyses pertinentes et qui sortent des quelques lieux communs, dont se contentent certains. Il faut de toute façon prendre ce film pour une réflexion sociologique, presque philosophique, sur la légitimité de l’usage de la violence par les forces de l’ordre. Le mouvement des Gilets Jaunes n’est ici qu’un exemple, mais ne constitue pas un sujet d’étude en tant que tel. Si on accepte sa part de subjectivité, ce documentaire viendra enrichir la réflexion de tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin au sujet. Le film ne permettra certainement pas à tout le monde de tomber d’accord. Mais ce n’est clairement pas son but.
LA NOTE : 12/20
Fiche technique : Réalisateur : David Dufresne Scénario : David Dufresne8 Photographie : Edmond Carrère Son : Clément Tijou, Théo Serror et Laure Arto Montage : Florent Mangeot Production : Gabrielle Juhel Durée : 86 minutes
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