JURASSIC WORLD : LE JOUR D’APRES : Le nullosaure

C’est quand même ballot de consacrer plusieurs millions de dollars à la réalisation d’un film et d’oublier de relire le scénario qu’un vulgaire stagiaire a pondu vite fait. Parce que c’est forcément ce qui est arrivé pour Jurassic World : le Monde d’Après. Parce qu’on ne produit pas un film aussi mauvais à tout point de vue en le faisant exprès… Peut-être que je me berce d’illusions en pensant cela, mais je refuse d’imaginer que des êtres humains, supposés être des professionnels, fassent preuve d’une telle médiocrité et qu’on les laisse faire. Il faut croire que je suis bien naïf et innocent…

Résumer ce qui ne va pas dans Jurassic World : le Monde d’Après n’est pas une tâche facile. On pourrait tenter de résumer ça en disant simplement « tout », mais ça serait inexact. Ce n’est pas tant que rien ne va, mais plutôt qu’il y a toujours quelque chose qui ne va pas, qui ne tient pas de debout, à chaque scène. Que ce soit la situation, les dialogues ou même la réalisation, il y a systématiquement un élément qui s’avère totalement ridicule. Ca prête parfois à sourire, mais cela consterne surtout. Encore et encore. Du coup, impossible de rentrer dans l’histoire et ressentir la moindre vibration en la suivant. On se fout littéralement de ce qui se passe et la seule émotion survient lorsque l’on se sent soulagé que tout cela finisse enfin.

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COMPETION OFFICIELLE : La guerre d’égo

Un film espagnol avec Penelope Cruz et Antonio Banderas, il doit sûrement s’agir d’un film de Pedro Almodavar. Voici ce qu’on dû se dire tous ceux qui ont vu la bande-annonce de Compétition Officielle. Surtout que ses promoteurs ont tout fait pour le laisser penser, afin d’attirer tous les fans du réalisateur ibérique. On peut trouver le procédé un peu limité, mais heureusement, le film se révèle d’assez grande qualité pour satisfaire tous ceux qui auront la chance de le voir. Mariano Cohn et Gastón Duprat méritent en tout cas d’être mis en avant, surtout qu’ils nous avaient déjà ravis avec Citoyen d’Honneur, film réalisé dans leur pays d’origine, l’Argentine. Ils confirment leur talent hors pair pour les comédies burlesques et bien déjantées, se moquant avec une certaine acidité des milieux de pouvoir et d’argent. Ici c’est la création cinématographique qui est passée au vitriol. En particulier l’ego de celles et ceux qui la font vivre.

Compétition Officielle oscille entre le film de personnages et le comique situationnel. Cependant, c’est bien le premier qui domine largement puisque les situations décalées découlent généralement du comportement, qui l’est tout autant, des différents protagonistes. S’y ajoute une légère part d’absurde dans les décors qui renforce encore cette sensation d’être dans un univers totalement coupé du monde réel. Ce pas de deux, entre pure fantaisie et critique réelle, donne finalement une belle ampleur à ce film, chaque aspect se renforçant mutuellement sans jamais se brouiller. On rit rarement aux éclats, même si certains morceaux de bravoure valent vraiment le détour par leur potentiel comique, mais on a quand même constamment le sourire aux lèvres, le film ne connaissant finalement qu’assez peu de temps morts. Les situations se succèdent avec un rythme soutenu, nous proposant toujours de nouvelles surprises.

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FRERE ET SOEUR : Famille pénible

Il est relativement inutile de garder le moindre suspense concernant la thématique centrale du film Frère et Sœur d’Arnaud Desplechin. A la lecture du titre, personne ne doute que la famille en soit le thème principal. Et encore fois (désolé, je me répète, mais ce n’est pas ma faute si c’est toujours comme cela), cette famille vous fera terriblement aimer la vôtre. Et quitte à devoir me répéter, je vais aussi devoir mettre en lumière un défaut que je mentionne très régulièrement pour expliquer pourquoi un film est passablement raté. Il est impossible de réussir un film uniquement à base de personnages antipathiques.

Ce dernier point est particulièrement vrai pour un film comme Frère et Sœur, qui repose avant tout sur les états d’âme des personnages principaux. Le fait que l’on ne ressente strictement aucune empathie envers les protagonistes pousse juste le spectateur à penser : qu’est ce qu’ils nous emmerdent avec leurs états d’âme ! Surtout que le film passe totalement à côté de nous faire comprendre clairement d’où elles viennent. Tout cela donne un méli-mélo de sentiments contradictoires, dont le sens profond nous échappe largement. D’ailleurs, on a vraiment l’impression que les scénaristes eux-mêmes ne savent pas très bien où ils vont, ce qui les pousse à nous livrer quelques passages qui semblent sortis de nul part et dont on ne saisit pas bien la signification. Et comme ils surviennent de plus en plus en nombreux à mesure qu’on s’approche de la fin, on ressort de ce film guère convaincu.

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TOP GUN : MAVERICK : Le temps s’envole (ou pas…)

Certaines personnes semblent immortelles et le temps qui passe ne semble pas avoir de prise sur elles. En France, nous avons ainsi Michel Drucker et Evelyne Dhéliat. Aux Etats-Unis, ils ont Tom Cruise. Question de standing. En tout cas, ce n’est pas Top Gun : Maverick qui va donner l’impression qu’il se met à vieillir enfin. Je ne peux pas vraiment comparer avec le premier volet, sorti en 1986, puisque je ne l’ai jamais vu (et je crois savoir que je ne rate pas grand chose, mais on a bien du mal à croire qu’il y a 36 ans entre les deux. Une chose est sûre, l’acteur américain a vraiment de beaux restes.

Top Gun : Maverick est un pur divertissement, particulièrement spectaculaire. Les scènes de combat aérien sont particulièrement spectaculaires et parviennent à impressionner des spectateurs de plus en plus blasés face à des déluges d’effets spéciaux. Ce film rallume une flamme que les films Marvel ne parviennent plus à faire renaître. Cependant, tout cela baigne dans un scénario, des péripéties, des rebondissements et des personnages écrits avec une grande paresses scénaristiques. Aucune idée vraiment surprenante et encore audacieuse. Certains passages frôlent le ridicule et ces faiblesses ne sont pas totalement éclipsées par les magnifiques balais aériens.

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COUPEZ ! : Retournement de situation

Si l’amour se fait parfois au premier regard, ce n’est pas toujours le cas pour l’affection que nous ressentons envers certains films. Il arrive qu’après une demi-heure de celui-ci, on s’imagine encore le qualifier de navet une fois arrivé au bout. Alors que, finalement, quelque chose vient inverser cette opinion du tout au tout. J’ai notamment ressenti cela avec une force incroyable la première fois que j’ai vu Moulin Rouge, qui m’horripilait profondément avant l’apparition magique de Nicole Kidman qui fera finalement de lui un de mes films préférés. Pour Coupez !, le nouveau film de Michel Hazanavicius, le phénomène fut à peu près identique. J’ai vraiment cru assister à un des pires longs métrages qui soit, jusqu’à un renversement de perspective qui m’a fait changer radicalement d’opinion. Un procédé de narration particulièrement habile, mais qui comporte quelques risques (on a presque envie de quitter la salle avant cela). Comme quoi, dans la vie, ça vaut souvent le coup de s’accrocher.

Coupez ! donne d’abord l’impression d’être une parodie de film de zombies. Mais une très mauvaise parodie. Surtout que le cinéma ne manque pas de films détournant les codes du genre pour faire sourire. Sauf que là, on est avant tout consterné et on ne sourit pas. Je commençais alors à croire que le temps allait être très très long. Puis,… Non, je ne dirais rien pour les éventuels spectateurs qui aimeraient se faire surprendre comme j’ai été surpris. Je vous promets une divine surprise. Ce film est en fait pleinement réussi et surtout pleinement maîtrisé. Chaque détail, surtout ceux qui vous avaient consterné dans un premier temps, prendront ensuite sens de manière étonnante et jouissive. Un modèle de narration et de virtuosité scénaristique.

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SUIS-MOI JE TE FUIS, SUIS MOI JE TE FUIS : Le coeur a ses raisons

En amour (comme ailleurs), il y a souvent un écart important entre la théorie et la pratique. On tombe rarement amoureux de la personne idéale sur le papier, mais plus souvent de celle qui possède tout un tas de tares qui auraient pu se révéler rédhibitoires si les sentiments suivaient la raison plus que le cœur. Certains pensent peut-être à ce stade que ce billet va parler de ma propre vie amoureuse. Il n’en est rien. Ces lignes sont écrites pour vous parler d’un diptyque cinématographique japonais, composé des films Suis-moi je te Fuis et Fuis-moi je te Suis. Deux titres qui en disent long sur le contenu.

L’amour est tellement irrationnel qu’on parvient à croire à cette histoire. Certes, elle est très romanesque mais on connaît tous des femmes et des hommes qui se sont embarqués dans de telles histoires… et en ont parfois redemandé encore et encore. C’est ce qui arrive au personnage principal de ce diptyque et si le spectateur trouve parfois qu’il cherche bien ce qui lui arrive, il compatit malgré tout et souhaite malgré tout une fin heureuse. Celle-ci ne sera pas forcément celle à laquelle on s’attendait. Cette histoire n’est en rien une comédie romantique cousue de fil blanc.

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THE NORTHMAN : La voix du Nord

Les vikings ont longtemps été largement délaissés par les productions audiovisuelles. Certes, les Vikings de Richard Fleisher passait régulièrement à la télévision, mais le film de 1958 a forcément fini par prendre quelques petits coups de vieux. Et puis, la série Vikings est arrivée sur nos écrans et ces guerriers nordiques semblent constituer désormais un nouveau filon que les producteurs s’empressent d’exploiter autant qu’ils le peuvent. A travers d’autres séries, mais aussi donc des longs métrages, dont The Northman, le nouveau film de Robert Eggers, réalisateur remarqué grâce à The Witch et The Lighthouse, deux films autant de genre que d’auteur.

Les films de Robert Eggers se caractérisent tous par un style particulier, aussi bien sur la forme que sur le fond. Ses histoires flirtent toujours avec un certain ésotérisme. Dans The Northman, la mythologie et la religion viking sont omniprésentes pour englober cette histoire relativement classique de vengeance dans un aura mystérieuse et mystique. Cela donne une vraie personnalité au film, même si certains aspects ont déjà été vus dans la série Vikings. Cela ne parvient pas tout à fait à cacher le manque d’originalité d’une histoire qui s’avère, au fond assez vaine. A part un vrai rebondissement, elle est relativement sans surprise.

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ON SOURIT POUR LA PHOTO : Rallumer le feu

L’amour dure trois ans paraît-il. Si l’adage est évidemment une caricature, il traduit la forme d’usure et de lassitude qui finit forcément par atteindre toute relation amoureuse. La passion du début laisse forcément place à une forme de routine qui peut s’avérer certes confortable mais aussi délétère à terme. Mais comme disait Jacques Brel, on a vu souvent rejaillir le feu de l’ancien volcan qu’on croyait trop vieux… C’est en tout cas, ce dont semble convaincu le personnage principal d’On Sourit pour la Photo. Un film, comme souvent, vendu comme une pure comédie mais qui développe finalement un propos bien plus riche et intéressant que cela.

On Sourit pour la Photo est une comédie des mœurs à la française. Un film qui cherche à faire rire mais aussi à traiter quelques sujets sociétaux par la même occasion. Comme pour le Test, il y a quelques mois, le premier aspect est sûrement celui qui aura attiré le plus de spectateurs dans les salles, mais c’est bien le second qui finira par les séduire définitivement. Si le film utilise quelques ressorts d’humour au premier degré, il parvient toujours à trouver le bon équilibre pour ne pas faire sombrer le propos dans une caricature qui ferait certes rire aux éclats, mais au détriment de la profondeur. Le meilleur exemple reste le personnage du beau fils qui peut paraître trop ridicule pour être crédible dans un premier temps, avant d’apporter une mise en perspective salutaire.

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LES PASSAGERS DE LA NUIT : L’humain d’abord

Si l’enfer, c’est les autres, il faut bien admettre que le bonheur l’est aussi parfois. La quête de notre bonheur, de notre équilibre individuel passe rarement par la solitude, mais plutôt se construit à travers les relations que l’on construit avec les autres. C’est ainsi que l’on peut finalement résumer le fond du propos des Passagers de la Nuit, le nouveau film de Mikhaël Hers. Le réalisateur avait signé en 2018 le magnifique Amanda, passé bien trop inaperçu. Celui-ci ne fait pas la une de l’actualité non plus, et si l’injustice est ici un peu moins flagrante, il nous prouve cependant qu’il est une des réalisateurs les plus sous-cotés du cinéma français.

Les Passagers de la Nuit est donc un film de personnages. Ceux de ce film vont vivre chacun leur quête d’un bonheur qui ne sera jamais total, mais qui n’apparaîtra jamais comme totalement inaccessible. L’équilibre dans le propos de Mikhaël Hers fait sa grande force. On ne peut pas vraiment parler de « feel good movie », mais rien n’est dramatisé à l’excès. On est face à la vie telle qu’elle est, même si les protagonistes ne vont pas vivre que des péripéties banales ou ordinaires. Tout cela contribue à donner beaucoup de force au propos et surtout à l’émotion qu’il véhicule, chacun pouvant y retrouver un peu de son propre vécu, tout en découvrant une histoire réellement singulière.

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DOCTOR STRANGE IN THE MULTIVERSE OF MADNESS : Pas fou fou

Depuis quelques films, on commence à se demander si l’univers cinématographique Marvel n’est pas sérieusement en train de s’essouffler. En effet, cela fait un moment qu’il ne nous a pas offert un film soulevant un réel enthousiasme chez les fans. Même la réunion de trois Spider-man n’a pas suffit à donner naissance à un volet marquant profondément les mémoires. Seules les séries parviennent encore à faire vibrer les amateurs de super-héros. C’est pourquoi, ces derniers fondaient beaucoup d’espoirs sur Doctor Strange in the Multivers of Madness, surtout qu’il faisait revenir sur grand écran le personnage de Wanda, qui nous avait ravi dans l’excellent WandaVision. Et surtout, l’idée de revoir Sam Raimi aux commandes d’un film de ce genre était porteuse de beaucoup de promesses.

Le problème des promesses est qu’il faut les tenir et ce n’est pas toujours facile. Doctor Strange in the Multivers of Madness est plutôt un bon film à bien des points de vue. Cependant, il existe un léger décalage entre les ambitions qu’il porte et la qualité du résultat final. C’est distrayant, plutôt bien réalisé, porteur des vrais enjeux dramatiques pour l’univers dans lequel il se situe. On y retrouve la touche d’humour et d’autodérision qui a fait le succès des films Marvel. Malgré tout cela, quelque chose manque néanmoins. La multiplicité des films a fini par tuer tout réel effet de surprise. Jamais on ne se dit « ah je ne m’attendais vraiment pas à ça ». Du coup, on y trouve ce que l’on est venu chercher, mais quasiment rien de plus.

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