MADRES PARALELAS : la Fête des mères

Parmi les réalisateurs qui ont un thème de prédilection qui marque profondément leur œuvre, Pedro Almodovar occupe une très bonne place. En effet, difficile de ne pas savoir que sa mère joue un rôle particulier chez lui si on a vu plus de deux de ses films. Cela ne va pas s’arrêter avec Madres Paralelas, l’histoire de non pas une seule, mais deux mères, comme son nom l’indique. Des mères, qui ont elles-mêmes des problèmes avec leurs propres mères. Bref, cela fait beaucoup de mères pour un seul film. Et cela procure quelque peu l’impression d’un cinéaste qui tourne quelque peu en rond, malgré la qualité du propos et de la réalisation.

Les défenseurs les plus acharnés de Pedro Almodovar répliqueront, à raison, que le cinéaste espagnol ne raconte jamais la même histoire, même s’il est le plus souvent question de maternité. Celle de Madres Paralelas ne rappelle pas spécialement un autre scénario du cinéaste. Mails il reste quand même une impression de déjà-vue et un côté un peu forcé, comme un exercice de style avec un thème imposé. D’ailleurs, le dénouement qui laisse grandement sur sa faim le spectateur semble démontrer que si le point de départ était clair, le poins d’arrivée ne l’était pas. Cela n’enlève pas tout intérêt au propos, loin de là, mais limite quand même nettement sa portée.

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SPIDER-MAN : NO WAY HOME : Fête de famille

En termes de promotion et de teasing précédent la sortie, Spider-Man : No Way Home représente un modèle du genre. En sortant une bande-annonce qui montrait les super-vilains des autres versions du personnage ressuscités, mais sans dévoiler un éventuel retour de Tobey Maguire ou Andrew Garfield, la production est parvenue à faire couler plus d’encre avant l’arrivée en salle que n’importe quel film avant lui. Cela a abouti à une ruée vers les salles. Restait à ne pas décevoir… Point de déception au final, mais sans pourtant autant d’enthousiasme que l’on aurait aimé.

Spider-Man : No Way Home est un vrai film pop-corn, fait pour ravir les amateurs du genre. Si quelques longueurs sont à déplorer, on ne peut pas dire que l’on s’ennuie vraiment à un quelconque moment. Cela reste terriblement spectaculaire, avec mêmes quelques vrais moments de bravoures, comme il en a malheureusement manqué aux derniers films Marvel. Il joue avec aussi avec un certain succès sur la nostalgie, multipliant les clins d’œil aux différentes adaptations de Spider-Man. Bref, le spectateur trouvera dans ce film exactement ce qu’il était venu chercher. Mais rien de plus à vrai dire. Et cela commence à devenir quelque peu regrettable.

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LES AMANTS SACRIFIES : Le prix du sacrifice

Les films asiatiques peuvent avoir la réputation d’être relativement ennuyeux. Evidemment, c’est un lieu commun contre lequel je m’inscris en faux. Ou bien c’est juste une question de différence de mode de narration et c’est justement ce qui fait tout l’intérêt de ces longs métrages qui nous ouvrent un autre monde. Cependant, parfois, il faut bien le dire, des films asiatiques sont ennuyeux. C’est le cas des Amants Sacrifiés, un film de Kiyoshi Kurosawa (aucun lien de parenté). Le soucis est qu’il ne nous offre pas grand chose d’autre auquel nous raccrocher.

Les Amants Sacrifiés est inspiré d’une histoire vraie. Il faut admettre que par bien des aspects, cette histoire méritait d’être racontée. Elle nous offre notamment un personnage d’une rare ambiguïté, que l’on pourra qualifier autant de héros que de salaud. Cela ouvre une réflexion intéressante sur ce que l’on est prêt à sacrifier pour défendre une grande cause qui nous dépasse. Tout cela est renforcé par un dénouement qui peut être sujet à bien des interprétations. Mais voilà, tout cela manque terriblement de souffle et la narration ne parvient pas du tout à entraîner le spectateur avec elle. Que l’on soit curieux de la dimension historique du scénario ou que l’on ait envie de suivre une intrigue aux ressorts complexes, on ressortira sur un sentiment de frustration et une légère déception.

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SUPREMES : Qu’est ce qu’on attend ?

Mais qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ? Et qu’est-ce qu’on attend pour aller voir Suprêmes au cinéma ? Evidemment, si j’écris cette critique, c’est bien que je n’ai pas attendu et que je suis allé voir ce biopic du groupe NTM au cinéma. Un groupe qui a marqué mon adolescence, même si j’ai toujours été plus rock que rap. Mais difficile de passer à côté des représentants les plus célèbres du 93 quand on a connu les années 90. Depuis, les deux compères se sont assagis et brillent désormais le plus souvent sur le grand écran. Ce film permet en tout cas de mieux comprendre d’où vient leur rage d’alors.

Suprêmes est un portrait à la fois musical et intime. Musical car il nous fait vivre de manière assez précise toutes les étapes qui ont conduit le groupe de la rue aux plus grandes scènes de France. Un parcours plutôt chaotique où ils ont frôlé plus d’une fois l’auto-destruction. Intime car il permet de découvrir les blessures de jeunesse subies par Kool Shen et surtout Joey Starr. Tout cela n’a rien d’inconnu pour tous ceux qui ont écouté avec attention beaucoup des textes du groupe. Ces derniers prendront grâce à ce film tout leur sens et montrera qu’ils ont autant chanté sur leur quartier que sur leur parcours personnel, autant de la Seine-Saint-Denis que de leur propre famille. L’équilibre entre tous ces éléments donne beaucoup de contenu et d’intérêt à ce film, qui peut être apprécier autant avec l’œil du fan que l’œil de ceux qui savent apprécier les histoires fortes.

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WEST SIDE STORY : Et Steven sauva 2021…

A désormais 75 ans, Steven Spielberg n’a plus grand chose à prouver à qui que ce soit. Il occupe déjà une place majeur dans l’histoire du 7ème art et rien ne pourra l’en chasser. Se lancer dans une nouvelle adaptation de West Side Story peut être vue comme une prise de risque étonnante pour un cinéaste qui jouit d’une telle situation. S’attaquer à un tel chef d’œuvre ne pouvait que lui valoir quelques remarques acerbes des nostalgiques de tout poil. Mais on peut se dire aussi, que vu son âge et son parcours, il peut bien s’accorder un tel plaisir si le cœur lui en dit. Surtout qu’au final, le talent a parlé. Un immense talent. Un prodigieux talent. Pour un résultat sublime.

West Side Story n’est pas un remake, puisque West Side Story n’est pas un film. Cela reste avant tout une comédie musicale qui continue d’être adaptée régulièrement sur scène, comme toute œuvre musicale qui reste vivante. La voir portée une deuxième fois sur grand écran ne constitue donc qu’une étape parmi d’autre de la vie de œuvre née en 1957. Espérons que le mythe perdurera et qu’il existera encore bien d’autres versions, d’autres visions, d’autres mises en scène. Mais celle proposée par Steven Spielberg occupera forcément une place majeure dans cette histoire. Une place qui n’aura rien à envier au film de 1961.

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UNE FEMME DU MONDE : Prettier woman

La représentation de la prostitution au cinéma n’est jamais facile et prête facilement à la polémique. Pretty Woman reste un film culte par exemple, mais la vision presque glamour qu’il donne du sexe tarifé est quand même loin du côté sordide que cette activité a le plus souvent. A l’inverse, le travers d’un misérabilisme excessif guette également tous ceux qui veulent aborder le sujet d’un angle plus social. Tout est une nouvelle fois une question de juste équilibre. Cécile Ducrocq s’y est attaqué avec Une Femme du Monde. Heureusement, elle a pu compter sur Laure Calamy. Et comment rater un film avec une telle actrice ?

Comme son titre le laisse penser, Une Femme du Monde est un film portrait. Il se montre particulièrement convainquant et dégage une vraie force, en parvenant à se détacher de tout jugement moral. Chacun pourra voir des gentils ou des méchants où il le souhaite, mais le film est surtout peuplé de personnages gris. Bref, des personnages de la vie réelle. Le tout est porté par un enjeu narratif assez solide pour nous faire rentrer vite dans l’histoire et la suivre avec attention pour plusieurs raisons. Le piège du misérabilisme est totalement évité, même si le film n’a rien d’un conte de fées s’achevant sur un happy-end. Question d’équilibre encore une fois…

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ALINE : Une vie rêvée

Je n’aime vraiment pas Céline Dion. Ni le personnage, ni l’artiste. J’aime bien Valérie Lemercier, mais sans être forcément son plus grand fan. Alors le projet de cette dernière de faire un film librement inspiré de la vie la chanteuse québecoise m’a d’abord laissé totalement indifférent, voire un rien moqueur. Je ne pensais donc pas forcément me laisser convaincre d’aller le voir. Mais les premiers échos positifs et l’affirmation que le film pouvait séduire même ceux qui n’apprécient pas la chanteuse ont fini par me pousser à écouter le petit fond de curiosité qui a tout de même été toujours présent. Et pour le coup, j’ai bien fait d’aller voir… Aline.

Aline… et non Céline donc, puisque le film ne se veut pas une biographie, mais une histoire librement inspiré de la vie de Céline Dion. Cela y ressemble quand même quelque peu, même si le terme hagiographie serait alors mieux approprié. Mais ce film reste une fiction et c’est clairement assumé. Et c’est sans doute ce qui pousse le spectateur à accepter sans trop de réserve ce conte de fée, cet ode à l’amour et à la famille. On épouse le point de vue de la fan et partage ce qu’elle imagine de la vie de son idole. On oublie alors de prendre un peu de recul pour se dire qu’un léger décalage de point de vue rendrait cette histoire sordide, entre mère abusive et prédateur pédophile. On gardera ça le jour où la vie de Céline Dion donnera lieu à un documentaire…

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S.O.S FANTOMES : L’HERITAGE : Pop-corn au chamallow

Si Marcel Proust à sa madeleine, j’ai dans mes souvenirs d’enfance un petit goût de chamallow. Enfin, je devrais plutôt dire de marshmallow… et je ne devrais pas vraiment parler de goût, parce c’est avant tout à un film que la guimauve me fait penser. Un film que j’ai dû voir près d’une dizaine de fois avant l’âge de 20 ans. Je parle évidemment de Ghostbusters (enfin S.O.S Fantômes en bon français) et son célèbre Bibendum Marshmallow terrorisant New York. Si j’essaie d’oublier le deuxième épisode totalement raté, j’étais évidemment assez impatient de découvrir S.O.S Fantômes : l’Héritage. Un film qui au final parvient parfaitement à jouer sur la nostalgie de ses spectateurs… Peut-être même un peu trop…

S.O.S Fantômes : l’Héritage souffre déjà d’un défaut qui semble frapper beaucoup de productions ces derniers mois, à savoir une longueur quelque peu excessive. L’histoire met vraiment beaucoup de temps avant de démarrer vraiment. Le but est avant tout de nous présenter une nouvelle génération de personnages, mais cette introduction s’étire un peu trop en longueur. Surtout, on s’interroge sur l’utilité d’y passer autant de temps, si c’est pour nous offrir une deuxième partie qui s’apparente à une sorte de très long clin d’œil à l’épisode initial. Un clin d’œil fort réussi, qui ravira les spectateurs de ma génération, mais n’enthousiasmera pas forcément les autres. Personnellement, je ne vais pas m’en plaindre, mais pas sûr que le 7ème art en sorte vraiment plus riche.

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ENCANTO : LA FANTASTIQUE FAMILLE MADRIGAL : C’est Noël !

Avec Noël revient tout un tas de choses. Parmi les meilleurs… je veux évidemment parler des cadeaux, ne nous mentons pas… mais aussi parmi les pires… à savoir bien sûr le vin chaud, cette façon de rendre tout juste mauvais du vin qui, sans l’excès de cannelle, serait purement et simplement imbuvable. Et puis, c’est aussi l’époque où les studios Disney nous propose de découvrir leur dernière production. Cette année, elle est intitulé Encanto : la Fantastique Famille Madrigal. J’ai eu l’occasion de voir la bande-annonce a de nombreuses reprises et elle ne me faisait pas du tout envie. Comme quoi, il ne faut pas toujours faire confiance à ses envies.

Un bon Disney, c’est souvent, pour ne pas dire avant tout, de bonnes chansons ! Et dès la première qui agrémente Encato : la Fantastique Famille Madrigal, on a la sensation que l’on va passer un très bon moment musical. Les suivantes nous confortent dans cette impression et on en ressort avec l’envie de les réécouter et les chanter en chœur. Evidemment, ça ne suffit pas à faire un bon film. Les personnages sont très réussis et certains sont terriblement attachants, dont l’héroïne principale. L’histoire et les aventures nous apportent ce qu’il faut de distraction pour qu’on suive l’histoire avec beaucoup de plaisir. On regrettera cependant une dénouement pas forcément à la hauteur du reste, qui douche légèrement l’enthousiasme, même si c’est par un tout petit filet d’eau.

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L’EVENEMENT : Malheur intense

Se montrer cru est-il le meilleur moyen de marquer les esprits et de donner de la force son propos ? La réponse n’a rien d’évidente car plus on va loin dans ce domaine, plus tout devient une question de subtil dosage. On passe vite de l’œuvre choc que l’on voulait créer à du grand-guignol tournant au ridicule. Et ceci d’autant plus quand on aborde un sujet aussi sensible que le droit à l’avortement. Audrey Diwan n’a pas eu froid aux yeux et a décidé d’y aller franchement en réalisant l’Evénement. Elle marche sur les pas de Cristian Mungiu, qui avait remporté la Palme d’Or en 2007 avec 4 Mois, 3 Semaines, 2 jours, sur le même sujet et avec les mêmes images d’une grande dureté. Mais vue l’actualité sur le sujet un peu partout dans le monde, avoir un tel film sur nos écrans régulièrement n’est vraiment pas du luxe.

Le film nous plonge dans la France de l’année 1963, à l’université, où les étudiantes sont encore considérées comme des exceptions et où beaucoup d’entre elles s’arrêtent en cours de route, un fois un mari trouvé. Pour celles qui souhaitent aller au bout, la pire chose qui puisse arriver est évidemment de tomber enceinte, à une époque où l’avortement est totalement illégal et sévèrement puni. C’est ce qui arrivera au personnage central de l’Evénement. Celui-ci nous décrit avec minutie l’ambiance d’une époque. Mais difficile de ne pas faire le lien avec les remises en cause de ce droit fondamental qui surviennent un peu partout. Cette double lecture, historique et actuelle, donne un double intérêt à un propos mené aussi magistralement sur la forme que sur le fond.

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