LUX AETERNA : Si Gaspar…

luxaeternaafficheUn jour Gaspard Noé fera à nouveau un vrai film. Et ce jour-là, on verra ce qu’on verra. Car cet homme a bien du génie dans sa caméra. Un génie rare, qui rend sublimes des scènes à première vue anodines et donnent une force incroyable à ses scènes les plus élaborées. Chaque image est finement ciselée et même quand certaines d’entre elles tombent dans un excès parfois à la limite du supportable, on sent à quel point tout cela reste parfaitement maîtrisé. Cependant voilà, Gaspard Noé se contente de nous offrir des exercices de style. Particulièrement brillants certes, mais qui n’ont pas l’impact d’un vrai film. Lux Aeterna en est un nouveau.

Lux Aeterna n’est même pas un long métrage. D’une durée de cinquante et une minutes, il est à ranger dans la catégorie des moyens métrages. Le voir distribué au cinéma tient sûrement à la période où le matériel manque pour faire vivre les écrans, mais témoigne tout de même du talent de ce réalisateur hors norme. Par contre, on peut lui reprocher de recycler ici beaucoup d’éléments déjà présents dans Climax, son dernier film. Ce manque de renouvellement nous rend beaucoup moins indulgents et l’impression de déjà vue douche quelque peu notre enthousiasme.

luxaeternaOn apprécie tout de même la virtuosité dont faite preuve une nouvelle fois Gaspar Noé. Lux Aeterna s’ouvre avec une scène qui se résume à une simple conversation entre Béatrice Dalle et Charlotte Gainsbourg. Il se terminera dans un délire visuel qui fait que le film est déconseillé aux épileptiques (mention que je n’avais jamais vue sur aucune affiche). Dans le calme ou la furie, il y a bien du génie qui s’exprime. Mais tout ça reste relativement gratuit pour ne pas raconter grand chose. On admire, on est heureux de voir les deux actrices pousser à livrer deux performances aussi étonnantes, mais aucune émotion ne vient naître. Et sans émotion, on reste de glace.

LA NOTE : 09/20

Fiche technique :
Réalisation et scénario : Gaspar Noé
Musique : Pascal Mayer
Décors : Samantha Benne
Costumes : Frédéric Cambier
Photographie : Benoît Debie
Son : Ken Yasumoto
Montage : Jérôme Pesnel
Production : Gary Farkas, Clément Lepoutre, Olivier Muller, Gaspar Noé et Anthony Vaccarello
Durée : 51 minutes

Casting :
Béatrice Dalle
Charlotte Gainsbourg
Abbey Lee
Clara 3000
Félix Maritaud
Karl Glusman
(dans leurs propres rôles)

STRIPPED : La trilogie du vide

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Je suis un cinéphile discipliné. Si ce n’était pas le cas, je ne serai sûrement pas allé voir Stripped, dont la teneur des critiques n’incitait pas vraiment à se rendre dans une salle obscure. Mais voilà, il s’agit du troisième et dernier volet d’une trilogie (avec Chained et Beloved, sortis en juillet) par le réalisateur israélien Yaron Shani. Sauf qu’au final, le lien entre les trois films est vraiment ténu, voire ici totalement anecdotique, et le concept de trilogie n’a pas vraiment de sens. Et surtout, ce film ne présente pas un grand intérêt et la forme n’aide pas le spectateur à prendre le moindre plaisir face au spectacle proposé.

Dans Stripped (comme dans les deux précédents volets), les parties génitales des actrices et acteurs, et même la poitrine des actrices est floutée. Choix étrange et à mon sens passablement ridicule, quand les personnages ont par ailleurs souvent l’occasion de se dénuder, sans que ça soit toujours indispensable. Et surtout quand le film ne prend aucune précaution pour nous montrer de manière crue du vomi ou de la matière fécale canine. Ce n’est évidemment pas ce que l’on aurait retenu en premier si le propos s’était révélé par ailleurs enthousiasmant. Mais comme le sujet, pourtant d’une gravité extrême, est traité de manière grossière, avec une sorte de faux suspense qui frise le grotesque. Elle n’offre aucune réelle conclusion. La narration est terriblement maladroite. Bien au-delà en tout cas de ce qu’on peut pardonner.

strippedLa seule chose qui sauve Stripped du désastre total est la jolie performance de Laliv Sivan et Bar Gottfried. J’ai déjà souligné ici à de nombreuses reprises à quel point le cinéma israélien peut compter sur un incroyable réservoir de comédiens talentueux. Le film, malgré sa médiocrité, le prouve une nouvelle fois. Dommage qu’ils ne soient pas mis en valeur par un scénario et une réalisation à la hauteur. Au final, le projet de Yaron Shani manque globalement d’intérêt et à vrai dire de talent. Si Chained pouvait valoir le coup d’œil, les deux autres volets ne valaient vraiment pas le déplacement.

LA NOTE : 05/20

Fiche technique :
Réalisation : Yaron Shani
Scénario : Yaron Shani
Production : Saar Yogev, Naomi Levari, Michael Reuter, Alona Refua
Photographie : Shani Skiff, Nizan Lotem
Montage : Yaron Shani
Son : Nir Alon

Casting :
Alice : Laliv Sivan
Ziv : Bar Gottfried
Amos : Elad Shniderman
Alma : Reni Halabi

ADOLESCENTES : L’histoire de la vie

adolescentesafficheFaut-il forcément une grande histoire pour faire un grand film ? La question anime les débats entre cinéphiles depuis toujours. Evidemment, la question se pose un peu différemment pour un documentaire. Mais on peut reformuler en disant… faut-il un grand sujet pour faire un grand documentaire ? Parler de la vie banale de deux jeunes adolescentes habitant Brive n’est peut-être pas un grand sujet. Mais ce qui est sûr, c’est que Adolescentes est un documentaire pleinement réussie, porteur d’une émotion étonnante et qui surprendra plus d’un spectateur.

Que dire sur Adolescentes de plus qu’il s’agit d’un documentaire sur la vie de deux jeunes filles de l’obtention de leur brevet des collèges au début de leurs études supérieures. Rien ne les prédestine à vivre des aventures extraordinaires… et ce n’est au final pas le cas. Mais de la banalité naît en fait la plus grande des singularités. Celle qui fait de chacun d’entre nous un être différent. Une personnalité différente. Un parcours différent. Des aspirations différentes. Ce film nous montre à quel point la vie elle-même est digne d’intérêt. La notion d’humanisme prend ici tout son sens. Dans une simplicité absolue, qui démontre toute sa puissance.

adolescentesEvidemment, Adolescentes ne serait pas une telle réussite sans le montage remarquable de Sébastien Lifshitz (et techniquement celui de Tina Baz). Choisir dans les heures et les heures d’images accumulées celles qui resteront pour donner vie au film n’a pas du être tâche facile. Mais le moins que l’on puisse dire est que le résultat est particulièrement enthousiasmant et souvent émouvant, sans même qu’on puisse vraiment savoir pourquoi. Tout cela est sublimé par la très belle musique signée l’excellente groupe Tindersticks. Au final, une simple tranche de vie peut valoir toutes les grandes aventures. Mais y a-t-il au final de plus grande aventure que la vie ?

LA NOTE : 14/20

Fiche technique :
Réalisation et scénario : Sébastien Lifshitz
Musique : Tindersticks
Montage : Tina Baz
Photographie : Paul Guilhaume et Antoine Parouty
Production : Muriel Meynard
Durée : 115 minutes

ANTOINETTE DANS LES CEVENNES : Auprès de mon âne…

antoinettedanslescevennesafficheJ’insiste régulièrement ici quand un film est desservi par sa bande-annonce, quand elle donne une impression totalement erronée sur le ton, le sujet ou la qualité du film. La bande-annonce d’Antoinette dans les Cévennes donnait l’image d’un film drôle et sympathique, que l’on prendrait beaucoup de plaisir à regarder. Heureusement, parfois, les bande-annonces donnent une image fidèle de ce que sont les films. En effet, il s’agit bien ici d’un long métrage drôle et sympathique, qui procure beaucoup de plaisir à celui qui aura la chance de le regarder. Et je ne dis pas ça à cause de l’affection tout particulière que je ressens pour Laure Calamy.

L’intrigue d’Antoinette dans les Cévennes ne surprendra aucun de ceux qui ont vu sa bande-annonce. Mais l’histoire d’un film ne tient pas uniquement à ses péripéties. Elle tient aussi sur la profondeur de ses personnages, la sympathie qu’ils font naître, les petits à côté, les clins d’oeil, les troisièmes rôles… Dans ce film, tous ces petits éléments donnent à ce film une légère dimension supplémentaire, pour passer d’une bonne comédie à une comédie vraiment réussie. On rit bien sûr, mais on est aussi touché, voire ému parfois. On ne ressort pas de ce film en ayant mené une réflexion profonde sur le sens ultime de la vie. Mais on aura passé un excellent moment.

antoinettedanslescevennesLaure Calamy n’est plus tout à fait une jeune première, mais films après films, elle prend une place de plus en plus importante dans le paysage du 7ème art hexagonal. Eternel second rôle, elle prouve une nouvelle fois qu’elle a largement le talent pour occuper le haut de l’affiche. Elle occupe vraiment l’écran avec beaucoup de charisme et nous fait tomber en amour pour son personnage immédiatement, malgré son infinie maladresse. Mais Antoinette dans les Cévennes bénéficie de bien de petits rôles qui concourent à la grande réussite de ce film. On peut ajouter à ça, la beauté des paysages des Cévennes (très envie de parcourir les chemins de Stevenson tout à coup) et les ânes qui accompagnent les personnages, qui contribuent aussi au plaisir du spectateur. Au final, ce film représente un vrai rayon de soleil dans cette grisaille automnale.

LA NOTE : 13/20

Fiche technique :
Réalisation : Caroline Vignal
Scénario : Caroline Vignal
Photographie : Simon Beaufils
Costumes : Isabelle Mathieu
Décors : Valérie Saradjian
Montage : Annette Dutertre
Musique : Matei Bratescot
Son : Guillaume Valeix
Producteurs : Laëtitia Galitzine et Aurélie Rouvière
Durée : 95 minutes

Casting :
Laure Calamy : Antoinette Lapouge
Benjamin Lavernhe : Vladimir Loubier
Olivia Côte : Eléonore Loubier
Louise Vidal : Alice Loubier
Marc Fraize : Michel
Jean-Pierre Martins : Shériff
Lucia Sanchez : Annie
Maxence Tual : Jacques
Marie Rivière : Claire

BLACKBIRD : Sans ailes

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blackbirdafficheComment faire naître l’émotion dans un film ? La réponse la plus simple est de poser une situation suffisamment dramatique pour que le sens moral du spectateur le force à ressentir de l’empathie, sous peine de passer pour un être insensible au cœur de pierre. Mais est-ce vraiment suffisant ? N’est-ce pas trop facile ? En effet, cela ressemble parfois à une chantage émotionnel et rien ne nous force à l’accepter. Ainsi, rien ne nous force à aimer Blackbird, un film qui traite d’un sujet lourd et qui ne devrait pas laisser indifférent. Sauf si le film n’est pas très bon. Et c’est malheureusement le cas.

Blackbird traite de l’euthanasie. Il nous raconte le dernier week-end d’une femme atteinte de sclérose en plaques et à qui son mari, docteur, va administrer une dose létale d’un produit dont j’ai oublié le nom. Elle le passe entourée de sa famille, dont tous les membres ne se montrent pas enthousiastes à l’idée de la voir mourir prématurément. Un point de départ idéal pour arracher des larmes aux spectateurs. Ce serait mentir de dire que le film ne parvient pas à nous en arracher une ou deux petites, mais on est loin d’être réellement bouleversé. La faute à des rapports entre les personnages qui forment une trame narrative aux ficelles trop grosses pour être convaincantes. Le scénario entretient notamment un long faux suspense qui doit nous conduire au climax de l’intrigue, mais dont on devine immédiatement le dénouement. Bref, le spectateur a trop l’impression d’être pris pour un imbécile pour se laisser submerger par l’émotion.

blackbirdLe seul plaisir, non négligeable, procuré par Blackbird reste la qualité du jeu d’acteurs par un casting assez incroyable. Le peu d’émotion que l’on ressent doit beaucoup à Susan Sarandon, absolument magnifique. Bref, égale à elle-même. Mia Wasikowska apporte elle aussi un supplément d’âme à ce film qui en manque cruellement. Enfin, le jeune Anson Boon constitue une vraie et belle révélation. Mais tous ces efforts, conjugués à ceux de leurs collègues que je n’ai pas tous cités, ne peuvent sauver le film de son profond manque d’intérêt réel. A éviter donc.

LA NOTE : 06/20

Fiche technique :
Réalisation : Roger Michell
Scénario : Christian Torpe, d’après son propre scénario
Direction artistique : Richard Usher
Décors : John Paul Kelly
Costumes : Dinah Collin
Montage : Kristina Hetherington
Musique : Peter Gregson
Photographie : Mike Eley
Producteurs : David Bernardi, Sherryl Clark et Robert Van Norden
Durée : 97 min

Casting :
Susan Sarandon : Lily
Kate Winslet : Jennifer
Mia Wasikowska : Anna
Sam Neill : Paul
Rainn Wilson : Michael
Bex Taylor-Klaus : Chris
Lindsay Duncan : Liz
Anson Boon : Jonathan

LES CHOSES QU’ON DIT, LES CHOSES QU’ON FAIT : La France éternelle

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leschosesquonditleschosesquonfaitafficheRéaliser des films est une activité comme une autre. Certains ont un tel talent qu’ils parviennent immédiatement à maîtriser l’exercice à la perfection dès la première fois. D’autres, pour ne pas dire la plupart, ont besoin de plusieurs tentatives avant de parvenir à proposer un résultat vraiment convaincant. Emmanuel Mouret est de ceux-là. Après plusieurs films froidement accueillis par le public, il a connu un beau succès avec Mademoiselle de Joncquières. Son film suivant se devait d’être celui de la confirmation. Les Choses qu’on Dit, les Choses qu’on Fait marque en effet définitivement son entrée dans les valeurs sûres du septième art français.

Sur bien des points, Les Choses qu’on Dit, les Choses qu’on Fait ressemble à une caricature de film français. Un film sur l’amour, étalant longuement les états d’âmes de personnages intellectuels torturés qui pourraient n’intéresser strictement personne. Mais si le septième art français répète encore et encore l’exercice, c’est peut-être finalement parce qu’il y excelle. Le sujet reste inépuisable et tient avant tout à l’attachement que l’on ressent pour les personnages. Ici, il n’est pas forcément immédiat. Tout d’abord, on se demande ce qu’on doit penser des différents protagonistes, mais cela permet finalement au spectateur d’avoir le temps d’aiguiser sa curiosité et de rentrer pleinement dans l’histoire.

leschosesquonditleschosesquonfaitLes Choses qu’on Dit, les Choses qu’on Fait nous offre une autre confirmation. Même si le doute ne subsistait pas vraiment, il permet d’affirmer définitivement que Camélia Jordana est une grande actrice. On peut vraiment espérer que le cinéma français saura lui offrir des rôles à la hauteur de son talent. A ses côtés, Niels Schneider peut parfois horripiler en ne jouant pas toujours très juste. C’est sans doute là le talon d’Achille du film. Vincent Macaigne et Emilie Dequenne sont de leur côté à la hauteur de ce qu’on peut attendre d’eux, ce qui tire vraiment le film vers le haut. Au final, le film est incontestablement réussi, même si le propos reste trop classique pour être totalement inoubliable.

LA NOTE : 12,5/20

Fiche technique :
Réalisation : Emmanuel Mouret
Scénario : Emmanuel Mouret
Photographie : Laurent Desmet
Montage : Martial Salomon
Décors : David Faivre
Costumes : Hélène Davoudian
Production : Frédéric Niedermayer
Durée : 122 minutes

Casting :
Camélia Jordana : Daphné
Niels Schneider : Maxime
Vincent Macaigne : François
Émilie Dequenne : Louise
Guillaume Gouix : Gaspard
Jenna Thiam : Sandra
Louis-Do de Lencquesaing : David
Julia Piaton : Victoire
Jean-Baptiste Anoumon : Stéphane

POLICE : Tirer sur l’ambulance

policeaffiche

policeafficheTirer sur les ambulances n’est pas vraiment un loisir dont on peut être fier. Mais parfois, c’est vrai que ça défoule. Quand on écrit des critiques ciné, la tentation est d’enfoncer plus que de raison un mauvais film. En effet, écrire des commentaires négatifs peut avoir quelque chose de jouissif. L’auteur se défoule à travers ses mots et oublie quelque peu son objectivité. Objectivement, Police est un très mauvais film. Je suis tenté d’en brosser un portrait apocalyptique. Je vais m’efforcer de garder une certaine forme de retenu.

Police souffre de nombreux défauts. Le premier, et non des moindres, est un manque de réalisme flagrant dans la description du travail de la police. Si on pardonne facilement ce type de travers à des polars, genre qui a su développer ses propres codes, pour un un film qui traite des dilemmes moraux auxquels peuvent faire face les gardiens de la paix, c’est un peu plus difficile de passer outre. Ensuite, les personnages de ce film sont largement caricaturaux et leurs réactions apparaissent comme des grosses ficelles narratives qui peinent vraiment à convaincre. Du coup, il ne reste plus grand chose pour y parvenir.

policeLe dernier espoir reposait sur la qualité du casting. Du moins sur le papier. Vu le pedigree des comédiennes et des comédiens qui donnent vie à Police, on peut considérer que c’est la médiocrité du scénario et des dialogues qui finit par les rattraper. On a du mal à imaginer l’inverse. Après, le spectateur se moque un peu de savoir de qui la piètre qualité du spectacle est la faute. Il ne fait que constater et regretter de s’être rendu dans une salle obscure pour assister à ça. Et quoi de plus triste d’être déçu d’être allé voir un film !

LA NOTE : 06/20

Fiche technique :
Réalisation : Anne Fontaine
Scénario : Claire Barré et Anne Fontaine, d’après le roman Police de Hugo Boris
Photographie : Yves Angelo
Costumes : Emmanuelle Youchnovski
Décors : Arnaud de Moleron
Son : Brigitte Taillandier
Montage : Fabrice Rouaud
Producteurs : Jean-Louis Livi et Philippe Carcassonne
Durée : 99 min

Casting :
Omar Sy : Aristide
Virginie Efira : Virginie
Grégory Gadebois : Erik
Peyman Maadi : Tohirov
Aurore Broutin : la psychologue
Thierry Levaret : Hervé
Cécile Rebboah : l’assistante sociale
Anne-Pascale Clairembourg : Martine
Cédric Vieira : le mari de Virginie
Tadrina Hocking : la gynécologue
Elisa Lasowski : Sonia
Emmanuel Barrouyer : le mari violent

POISSONSEXE : OVNI marin

poissonsexeafficheQuand on va voir un film intitulé Poissonsexe, on s’attend évidemment à assister à un OVNI cinématographique. Si au final, le film ne vient pas de la planète Mars, il ressemble tout de même à une fable assez improbable, mais non dénuée de poésie. Une œuvre réalisée avec quelques bouts de ficelle, de l’imagination et un joli casting. Le résultat ravira les amateurs de longs métrages décalés et sympathiques. Et les amoureux d’India Hair (c’est mon cas, mais chuuuut!) auront les yeux qui pétilleront quelque peu.

Poissonsexe est une réflexion sur les rapports humains et leur détérioration dans la société actuelle. Le film nous emmène dans un futur où les poissons auraient presque totalement disparu car ils refuseraient de se reproduire. On comprendra vite que cette névrose touche largement les humains également. Tout cela sera agrémenté par quelques péripéties savoureuses et une histoire d’amour pleine de tendresse. Le scénario est parfois bancal, pas toujours totalement abouti, mais si on se laisse porter, on passe tout de même un joli moment. Le spectateur a une envie de se montrer très indulgent et oublier les faiblesses du film, qui est parvenu malgré tout à gagner toute sa sympathie.

poissonsexePoissonsexe réunit à l’écran India Hair et Gustav Kervern. Soit deux comédiens absolument parfaits pour une ambiance poétique et décalée. Sans mauvais jeu de mot (bah si avec en fait…), ils semblent comme deux poissons dans l’eau dans ce film. La réalisation d’Olivier Babinet est sans grande ambition, mais elle participe tout de même à faire naître l’élan de sympathie ressenti par le spectateur. Proposer quelque chose d’assez inattendu et d’original n’est pas donné à tout le monde. Ce film a au moins ce mérite. Et rien que pour cela, on peut tout de même le saluer et oublier quelque peu ses faiblesses.

LA NOTE : 11/20

Fiche technique :
Réalisation : Olivier Babinet
Scénario : Olivier Babinet et David Elkaïm
Photographie : Timo Salminen
Production : Masa Sawada
Société de production : Comme des Cinémas
Montage : Isabelle Devinck, Sylvie Lager et Albertine Lastera
Musique : Jean-Benoît Dunckel
Durée : 88 minutes

Casting :
Gustave Kervern : Daniel Luxet
India Hair : Lucie
Ellen Dorrit Petersen : Eeva Kukkola
Okinawa Valérie Guerard : Bao
Alexis Manenti : Eric
Sofian Khammes : Alaïd
Jean-Benoît Ugeux : Georges
Edson Anibal : Abou
Justin Eng : Jérémie
Jerry Di Giacomo : Thomas Von Bagh

ENORME : Lourdeur éléphantesque

enormeafficheUn film qui nous présente un personnage au comportement insupportable, mais qui finit par changer, fait-il l’apologie du comportement en question en en minimisant la portée ? Bref, le cinéma doit-il nous faire aimer les salauds et leur offrir une forme de rédemption ? La question peu paraître idiote, mais l’époque l’est parfois aussi. Pour preuve la polémique autour du film Enorme. Mais fallait-il vraiment faire naître une polémique autour d’un film aussi raté ? Raté au moins à trois quart car on a rarement vu un film aussi mauvais nous proposer une fin aussi réussie. Comme quoi il est décidément jamais trop tard pour bien faire !

Faire un film avec des personnages aussi antipathiques que Enorme, c’est prendre un vrai risque. Celui de voir le spectateur trouver le film en lui-même antipathique. C’est exactement le sentiment que fait naître ce film pendant un long moment. L’histoire n’est pas du tout maîtrisée. Ses excès la décrédibilisent totalement, horripilent sans jamais parvenir à faire rire. Personne n’a envie d’assister à un tel spectacle et souhaite que cela s’arrête au plus vite. Et puis, comme par miracle, Sophie Letourneur nous offre une très longue scène d’accouchement parmi les plus fortes et touchantes jamais tournées. C’est quelque peu paradoxal, quand on sait combien de comédies ont offert des scènes de ce type vraiment affligeantes. C’est quand le film cherche plus vraiment à faire rire qu’il semble enfin trouver du sens.

enormeLa direction de Sophie Letourneur ressemble à un naufrage. Elle semble totalement incapable de guider le jeu de Jonathan Cohen qui livre une performance d’une lourdeur éléphantesque. Marina Foïs s’en sort un peu mieux, mais son personnage est trop éteint pour qu’elle parvienne à sauver le film. Enorme est donc une œuvre qui manque terriblement de maîtrise, ce qui pose tout de même problème quand le sens profond du propos n’est pas hyper clair non plus. Du coup, la poésie du dénouement ne peut tout de même pas effacer tout ce qui ne fonctionnait pas auparavant. Ce n’était pas que mauvais, c’était pénible. Difficile à oublier !

LA NOTE : 7/20

Fiche technique :
Réalisation : Sophie Letourneur
Scénario : Mathias Gavarry et Sophie Letourneur
Photographie : Laurent Brunet
Son : Guillaume Le Braz
Montage : Jean-Christophe Hym et Michel Klochendler
Durée : 101 minutes

Casting :
Marina Foïs : Claire Girard
Jonathan Cohen : Frédéric Girard
Jacqueline Kakou : La mère de Frédéric
Victor Uzzan : Le chaman
Ayala Cousteau : La professeure de piano
Prisca Jami Ceccomori : La gynécologue
Alexandre Berurrier : L’hypnotiseur
Anne Jonquet : L’avocate
Andrée Nurymberg Ghelfi : L’haptothérapeute
Marie-Joëlle Mertens de Wilmars : L’ambassadrice
Bettina Hondré : La jeune pianiste

PETIT PAYS : Les trous dans la mémoire

petitpaysafficheLe grand public, par le biais des médias, se focalise sur certains aspects d’événements historiques, qui intègrent ainsi la mémoire collective, quand d’autres restent dans l’ombre et l’oubli. Tout le monde a entendu parlé de la guerre civile au Rwanda, des Hutus, des Tutsis et du déchaînement de violence et de haine qui a marqué cette époque. Par contre, peu de gens ont conscience de ce qui s’est passé au même moment au Burundi, pays voisin lui aussi divisé entre les deux mêmes ethnies. Petit Pays permet de réparer ce trou béant dans une histoire universelle qui reste largement partielle et souvent partiale.

Si Petit Pays possède un intérêt documentaire indéniable qui donne un grand intérêt au film, ce dernier reste avant tout une fiction. L’histoire d’une famille tiraillée de toute part à un moment où chacun était sommé de choisir un camp. Au-delà de la grande Histoire, on y découvre aussi l’histoire d’un jeune garçon qui a du se construire au milieu de toute cette violence. Le mélange entre la dimension géopolitique et une sorte d’humanisme de proximité fonctionne très bien. Bien ancré sur deux piliers solides et convaincants, le film émeut autant qu’il cultive. Eric Barbier signe là son œuvre la plus marquante et celle qui vaut enfin vraiment le détour.

petitpaysPetit Pays nous démontre tout le potentiel dramatique de Jean-Paul Rouve. Ne cherchez pas le moindre aspect comique dans son rôle et pourtant il s’en sort remarquablement bien. Mais le film brille avant tout par son casting « enfantin », tous les jeunes filles et garçons qui jouent dans ce film sont réellement formidables. Ils procurent un supplément d’âme au film qui porte l’émotion à un niveau supplémentaire. On aurait envie de conclure en disant un grand film pour un petit pays, mais ce serait peut-être un titre quelque peu usurpé. Mais un excellent film, c’est déjà pas mal.

LA NOTE : 13/20

Fiche technique :
Production : Jerico, Super 8 Production, Pathé Production, France 2 Cinéma, StudioCanal
Distribution : Pathé
Réalisation : Eric Barbier
Scénario : Eric Barbier, roman de Gaël Faye
Montage : Jennifer Augé
Photo : Antoine Sanier
Décors : Pierre Renson
Musique : Renaud Barbier
Durée : 113 min

Casting :
Jean-Paul Rouve : Michel
Djibril Vancoppenolle : Gaby
Isabelle Kabano : Yvonne
Veronika Varga : Madame Economopoulos
Dayla de Medina : Ana