UN MOIS DE BONHEUR !

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allemagnechampionnedumondeIl est vrai que je néglige un peu mon rôle de commentateur de l’actualité sportive (et de l’actualité tout court) ces dernières semaines. Certains se sont étonnés de mon absence totale de commentaires sur une Coupe du Monde qui a occupé toutes les conversations pendant un mois. Je vais donc, avec un peu de retard, mais aussi donc un peu de recul, revenir sur ces 5 semaines passées à regarder des hommes en short courir derrière un ballon. Mais 5 semaines de pur bonheur !

Tout le monde s’accorde pour dire que cette Coupe du Monde au Brésil fut une des plus belles au niveau du jeu. Il est vrai que depuis les poules jusqu’à la finale, elle nous a apporté notre lot de matchs spectaculaires, au scénario improbable ou au suspense insoutenable. Même si la fatigue s’est faite sentir dans la dernière ligne droite, la compétition a, pour la première fois depuis 1998 au moins, échappé à la malédiction d’un épuisement généralisé des acteurs provoqué par une saison de club interminable et intense. Or, la Coupe du Monde reste la compétition ultime, celle qui marque vraiment la mémoire et l’imaginaire collectif, et doit donc être traitée avec le respect qu’elle mérite, avec des joueurs préparés pour y donner le meilleur d’eux-même. Sinon, c’est tout le football, y compris les plus gros clubs, qui se condamnent au déclin.

Cette édition de la Coupe du Monde a couronné la meilleure équipe de la compétition. Sur ce point aussi, l’unanimité est de mise. Cela ne veut pas dire qu’elle a survolé la compétition, qu’elle a toujours triomphé largement. L’Allemagne a rappelé la France de 1998, avec une équipe qui semblait destinée à cette victoire, même dans la difficulté. Bien sûr, Higuain aurait pu marquer en finale et tout changer, tout comme Baggio fut à quelques centimètres d’arrêter notre histoire en quart de finale il y a 16 ans. Mais le plus fort a gagné, comme si le destin s’amusait à donner des petits coups de pouce à ceux qui le méritent. Ou tout simplement parce que la chance ne sourit qu’à ceux qui la provoquent.

Le finaliste fut valeureux… en finale. Car avant ça, l’Argentine aura été une des équipes les plus décevantes à réussir, sans qu’on sache bien comment, à se hisser jusqu’au match ultime. Portée par quelques rares coups de génie de Messi ou de Di Maria, l’Albiceleste a offert un spectacle parfois vraiment navrant. Mais au dernier soir, elle s’est muée en équipe de valeureux guerriers qui ont su proposer à leur vainqueur une opposition digne d’une finale. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. C’est grâce à l’Argentine que la victoire de l’Allemagne prend une relief à la hauteur du talent qui habite cette équipe, et on peut la remercier pour cela ! Ayant vécu la finale entourés de centaines d’Argentins, j’ai presque fini par souhaiter une victoire sud-américaine. Et dire que je n’ai même pas profité des larmes versées par ma charmante voisine pour la prendre dans mes bras et la consoler… Mais ceci est une autre histoire.

Cette Coupe du Monde fut aussi celle de la réconciliation entre la France et son équipe nationale de football. Il faut dire que les Bleus ont été enfin à la hauteur de l’événement, faisant preuve de talent, de volonté et d’un certain enthousiasme. Ils nous laissent sur une grande satisfaction, prometteuse pour l’avenir, mais aussi sur une petite frustration. On ne pourra jamais s’enlever de l’idée qu’ils avaient les moyens de bousculer encore plus fortement les Allemands. Mais si ces derniers ont empêché les Français d’emballer le dernier quart d’heure, c’est aussi parce qu’ils faisaient preuve d’une expérience, d’un sang-froid et d’une justesse technique supérieurs. Tous ces éléments font intégralement partie des qualités d’un grand champion, au-delà du talent pur ou des qualités physiques.

Au niveau des joueurs, on retiendra avant tout l’incroyable qualité des gardiens de but. Et ceci, malgré le nombre important de buts marqués. C’est dire si le spectacle fut au rendez-vous. L’Amérique latine aura d’ailleurs démontré qu’elle savait produire de purs génies à ce poste. La performance de Ochoa, le gardien du Mexique, face au Brésil fut une des plus extraordinaires du tournoi. Le Chili et Claudio Bravo aurait mérité mieux que cette défaite un peu injuste en 8ème de finale. La plus grande surprise reste Keylor Navas, le gardien d’un formidable Costa-Rica, la surprise de cette Coupe du Monde. Je me souviens pourtant du grand mépris au sujet de cette équipe dont avait fait preuve Pierre Ménès dans le guide de la compétition édité par le magazine Onze Mondial. Comme quoi, à ce niveau, il n’y a plus de petites équipes. Il y a des déceptions, des équipes faibles, comme le Honduras, le Cameroun et l’ensemble des équipes asiatiques, mais on ne peut jamais savoir à l’avance de qui il s’agira.

Cependant, le plus extraordinaire des gardiens vient bien d’Europe. Manuel Neuer a largement contribuer au triomphe de son équipe. Il a été tout simplement incroyable tout au long du tournoi, ce qui lui a peut-être d’ailleurs valu la clémence de l’arbitre lors de la finale, qui aurait pu très bien l’expulser et très certainement changer l’histoire. Mais on sort plus difficilement le carton rouge face à un tel génie. Au final, il aura marqué les esprit par son efficacité sur sa ligne mais surtout par son impact dans le jeu, n’hésitant pas à sortir en dehors de sa surface pour jouer le ballon au pied. Voilà une évolution qui sera très certainement suivie par d’autres dans les années qui viennent.

Pour moi, le meilleur joueur de cette Coupe du Monde reste néanmoins Lionel Messi… non je déconne, il n’y a vraiment que la FIFA pour sortir des inepties pareilles. Il s’agit bien sûr de Thomas Müller. Il est peut-être moins sexy et médiatique qu’un Cristiano Ronaldo, mais quelle constance et quelle efficacité ! Que ça soit pour marquer pour faire marquer dans un style sobre mais d’une incroyable intelligence. Il ne possède peut-être pas des qualités physiques hors du commun, mais il sait se servir à la perfection d’un muscle très important pour tout sportif… le cerveau.

Vivement dans 4 ans… Enfin, pas sûr qu’on danse autant la samba dans la Russie de Poutine…

L’ORDRE ET LE CHAOS

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psgchampionL’ordre règne sur la planète football. Le Paris-Saint-Germain est champion de France comme prévu et le Real Madrid est champion d’Europe pour la 10ème fois. Le titre de champion d’Espagne remporté par l’Atletico ne s’apparente qu’un épiphénomène, qui nous laisse croire qu’il est encore possible à David de terrasser Goliath, mais il n’en est rien. La Juventus de Turin et le Bayern ont écrasé comme jamais la compétition en Italie et en Allemagne et Manchester City a fait finalement triompher lui aussi ses pétro-dollars en Angleterre. Le foot business règne en maître et ce n’est pas le fair-play financier qui semble susceptible de changer quoique ce soit, David Luiz peut en témoigner.

Face à ce triomphe de la logique, il faut bien que les commentateurs trouvent des choses à dire. Car dire toutes les semaines que telle ou telle équipe est tout simplement plus forte que les autres devient vite lassant quand on veut passer pour un analyste subtil et pertinent. Alors on fait la fine bouche, on guette le moindre signe de faiblesse pour en tirer des conclusions définitives sur le talent réel de tel joueur ou de tel entraîneur, qui passé d’une semaine à l’autre du statut de génie absolu à celui d’escroc surcoté.

Ah si Demba Ba avait tiré au-dessus ! Ah si Monsieur Kuipers n’avait accordé que trois minutes d’arrêts de jeu ! Alors tous les commentaires, toutes les analyses auraient été radicalement différentes. Et pourtant, les faits sur lesquels ils auraient reposé n’auraient été que très marginalement changés. Le football est le sport où l’aléatoire, le hasard et la chance jouent le plus grand rôle. Mais voilà quelque chose d’insupportable pour l’esprit humain qui s’efforce toujours de mettre de l’ordre et du déterminisme dans le chaos. Encore plus quand il s’agit de justifier un salaire de journaliste ou de consultants…

Cependant, il serait injuste de jeter la pierre à qui que ce soit. Car c’est l’apanage de tous passionnés de football de participer pendant des heures à ces conversations futiles. Cela fait même partie intégrante du plaisir que l’on a à aimer si intensément ce sport ! Alors assumons et continuons à écrire des thèses à chaque fois que le PSG a le malheur de perdre un match tous les quatre mois ! C’est intellectuellement ridicule, mais le ridicule ne tue pas. Il fait même parfois un peu de bien dans un monde où il y a tant de raisons d’être sérieux et graves !

MADRID, CAPITALE DU FOOTBALL

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atleticomadridL’Espagne reste bien le centre du monde footballistique. La ville de Madrid va devenir la capitale du ballon rond jusqu’à une finale de la Ligue des Champions qui va diviser la cité en deux. Retrouver deux clubs espagnols en finale ne constitue pas non plus la plus grande surprise de l’histoire, mais la saison précédente avait pu laisser imaginer une certaine forme de déclin et une domination future de la Bundesliga. Ce déclin n’est sans doute en fait par pour demain.

La présence du Real Madrid en finale n’est évidemment pas une surprise. La Ligue des Champions est ancrée au plus profond de l’ADN de ce club depuis la création de cette compétition. Et après tout, sa victoire contre le Bayern de Munich n’en est pas une non plus. Les Allemands étaient certes favoris, mais ont été frappés par la malédiction qui touche tous les champions d’Europe en titre depuis trente ans. Mails il est vrai que la victoire 4-0 des Espagnols en terre germanique a marqué les esprits par son ampleur. Le roi bavarois est tombé du trône en chutant particulièrement violemment.

Celle de l’Atletico Madrid est par contre un événement beaucoup plus inattendue. Du moins, en début de saison, car la façon dont le club a occupé la première place de la Liga tout au long de l’année a démontré depuis longtemps la valeur de cette équipe. Il est évident qu’au mois de septembre dernier, une finale 100% espagnole ne pouvait s’imaginer qu’opposant le Real Madrid au FC Barcelone, surtout quand on espérait encore que le duo Messi-Neymar devienne totalement irrésistible. Ces succès inattendus montre la profondeur de la richesse du football espagnol, qui va au-delà de l’exceptionnelle génération championne du Monde et double championne d’Europe. Si Montpellier a montré que le championnat de France pouvait encore revenir à une équipe surprise, jamais une telle équipe de chez nous n’aurait connu dans le même temps un tel succès au niveau européen.

C’est donc un signe fort que l’Espagne envoie à un peu moins d’un mois du début d’une Coupe du Monde dont elle sera une nouvelle fois une grande favorite. Cependant, rappelons-nous que la dernière finale de Ligue des Champions remportée par le Real Madrid remonte à 2002. Ce soir-là, Zinedine Zidane signait un des plus beaux buts de l’histoire de la compétition. Il allait se rendre à la Coupe du Monde en compagnie du meilleur buteur du championnat d’Angleterre (Henry), d’Italie (Trézeguet) et de France (Cissé). L’Equipe de France semblait alors encore plus irrésistible que lors de ses sacres mondiaux et européens.

On sait ce qu’il en est advenu. L’histoire se répète parfois… Mais pas toujours…

SI GRAND, SI HAUT, SI FORT

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tonyparkerLe titre de championne d’Europe de basket remporté hier soir par la France a été unanimement salué comme celui de la persévérance. Et notamment celle de Tony Parker qui a porté cette équipe pendant plus de dix ans, pas toujours aidé par des coéquipiers dont l’implication ne fut pas toujours aussi exemplaire que la sienne, loin s’en faut. Cette victoire sonne comme une juste récompense pour celui qui était déjà le meilleur basketteur français de l’histoire et qui prend désormais une place à part dans le paysage du sport français.

Né en Belgique, d’un père américain et d’une mère néerlandaise, rien ne destinait Tony Parker à devenir le phare du sport tricolore. Notre pays sous-estime encore beaucoup (mais un peu moins depuis hier) le talent et la valeur du palmarès du meneur de San Antonio. La faute au décalage horaire qui empêche le grand public d’assister à ses exploits à longueur d’année de l’autre côté de l’Atlantique. Il n’y avait pas de réelle proximité, de relation affective aussi forte qu’elle devrait l’être entre les Français et Tony Parker. Ce titre de champion d’Europe va, espérons-le, combler ce fossé injuste.

Tony Parker a rejoint Michel Platini dans la légende. Si les deux sports sont différents, les deux hommes ont allié l’immensité du talent, l’épaisseur du palmarès avec une faculté à être le leader, l’âme d’une équipe, à la porter plus haut, parfois seul quand les autres n’étaient pas au niveau. Les deux étaient des meneurs de jeu sur et en dehors du terrain, altruiste quand il le fallait, scoreur lorsque c’était nécessaire, sans jamais fuir leurs responsabilités. C’est ce qui pour moi fera toujours la petite différence avec un Zinédine Zidane, parfois trop effacé et surtout qui n’aura jamais autant de but que ce que lui permettait son talent.

Le basket français n’a jamais su profiter de ses succès pour enfin grandir et se développer. Ce titre de champion d’Europe représente une chance historique, surtout que l’équipe féminine a elle aussi conquit les cœurs. Cela passera notamment par la reconnaissance pleine et entière par le grand public de ce que représente Tony Parker pour le sport français. Une reconnaissance qui serait surtout plus que méritée !

VENT MAUVAIS POUR LE SPRINT

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gaypowellC’est un vrai coup de tonnerre qui vient de résonner dans le ciel de l’athlétisme mondial, et plus particulièrement du sprint, avec l’annonce le même week-end des contrôles positifs de Asafa Powell et de Tyson Gay. L’aura et la notoriété de Usain Bolt sont sans doute trop écrasantes pour que le grand public mesure bien l’ampleur de cette nouvelle. Cependant, les deux cas ne sont pas tout à fait comparables.

Tyson Gay semblait être enfin en position de triompher de son grand rival Usain Bolt. En effet, depuis plusieurs années, il semble le seul à sembler pouvoir rivaliser, même si, le jour J, le Jamaïcain a pour l’instant toujours eu une longue d’avance… et parfois une bonne longueur. Cette année semblait différente, avec l’Américain qui détenait la meilleure performance de la saison. Mais c’était sans doute trop beau pour être vrai et la frustration accumulée (en des temps « normaux » Tyson Gay serait devenu une légende) l’aura poussé à franchir la ligne rouge pour essayer de compenser l’avantage qu’offre la physiologie exceptionnelle d’Usain Bolt.

Beaucoup l’ont sans doute oublié, mais Asafa Powell a été Usain Bolt avant Usain Bolt. 4 fois recordman du monde du 100m, il avait amené la discipline reine à des vitesses que l’on pensait alors inaccessibles. Mais il a été aussi l’homme des rendez-vous ratés, avec comme titres de gloire individuels, trois misérables médailles de bronze aux Championnats du Monde. Ces dernières années, il a surtout donné l’image d’un athlète en déclin, avec même une non-qualification pour le rendez-vous mondial de Moscou cette année. Il ne sera pas le premier dans son cas à tenter le diable pour essayer vainement de remonter le temps et retrouver son lustre passé.

Mais le contrôle positif d’Asafa Powell vient après celui il y a quelques mois de Veronica Campbell. Au-delà de la faute individuel, cela jette un soupçon, ou confirme plutôt, sur les racines du « miracle » du sprint jamaïcain, incroyablement dominateur depuis 2008. Il n’y a pas de fumée sans feu diront certains… qui n’hésiteront pas à porter un regard interrogateur sur le Dieu du sprint lui-même…

ADIEU ET SANS REGRET !

leonardodemission

leonardodemissionJe n’ai jamais aimé Leonardo, dans son rôle de manageur du PSG, je l’ai assez dit sur ce blog. Certes, il y a chez moi une part de rancune suit au renvoi totalement injustifié d’Antoine Koumbouaré, mais je reste convaincu que cet homme n’a jamais rien apporté au club de la capitale. Il a presque systématiquement sapé tout début d’image positive qui semblait naître dans l’opinion à propos du PSG par ses déclarations débiles ou son comportement qui ne traduisait pas un grand professionnalisme. Ses talents de recruteurs sont eux aussi sujets à caution. Avoir des relations en Italie constitue certes un atout, mais le monde est trop vaste pour limiter son terrain de chasse au seul Calcio.

Avec les moyens du Qatar et le faible niveau de la Ligue 1, Leonardo pouvait difficilement échouer dans la quête d’un titre national. Mais de quelqu’un à qui on donne tout, on attend un supplément un petit quelque chose qui fait la différence. Il a au contraire tiré le club vers le bas et sa longue suspension aurait du conduire à un renvoi, non à cette démission assez minable. Mais pouvait-on attendre autre chose d’un homme dont la remise en question ne constitue certainement pas le point fort.

En attendant, après avoir enfin conquis le titre, le PSG aura perdu en quelques semaines son entraîneur et son directeur sportif. En termes de stabilité, on a déjà fait mieux. Mais si le départ d’Ancelotti a constitué une vraie perte, le départ de Leonardo s’apparente plutôt à un boulet que le club n’aura plus à traîné. Mais comme pour son entraîneur, il est possible que le club parisien éprouve quelques difficultés à lui trouver un successeur digne de ce nom. Il manque encore au PSG cette aura, cette part de rêve liée à l’histoire, au charisme et à la légende de grands clubs comme Manchester United ou le Real Madrid.

Et ce n’est pas avec un directeur sportif qui dit n’importe quoi et bouscule les arbitres que l’on acquière une telle aura…

PS I LOVE YOU

marionbartoliwimbledon

marionbartoliwimbledonEn 2007, après sa finale perdue contre Venus Williams, j’écrivais : On peut s’interroger sur le réel niveau de Marion Bartoli. Sa performance de Wimbledon pourra-t-elle être rééditée ? Seul l’avenir le dira mais le niveau de jeu affiché n’est pas non plus arrivé par miracle et il n’y a pas de raison pour qu’il ne puisse pas être reproduit. Six ans plus tard, j’ai enfin ma réponse, la plus belle qui soit. Marion Bartoli a bien remporté le plus grand tournoi de tennis du monde et rentre ainsi par la grande porte dans l’histoire du tennis français.

Marion Bartoli est le sujet que j’ai abordé le plus souvent sur ce blog, après le PSG. J’ai toujours adoré cette joueuse et c’est une vraie joie que je ressens aujourd’hui. Surtout que supporter Marion Bartoli n’est pas toujours facile car derrière l’immense championne se cache un être humain complexe et qui a vite fait de faire naître une certaine antipathie. Ce soir, elle se retrouve avec des millions d’amis, tout lui sera désormais pardonné, tout sera oublié et nombreux ceux qui vont vite passer du dénigrement à l’éloge. Moi au moins ce soir, je n’ai pas à jouer les hypocrites et cela rend le bonheur encore plus grand.

Bien sûr, il y a bien des raisons pour lesquelles on peut relativiser la valeur de cette victoire. Mais ces débats vains s’effaceront des mémoires et seule restera son nom au palmarès le plus prestigieux de la planète tennis. Cela n’effacera surtout pas la beauté de cette histoire. Car l’histoire de Marion Bartoli, c’est Hollywood mais dans la vie réel. C’est l’histoire de celui qui part avec tous les handicaps et qui triomphent à force de courage et d’abnégation. C’est le gars pas très beau qui séduit la plus belle des femmes. C’est le boxeur amateur qui bat le champion du monde. Bref, les trucs qui ne sont pas censés arriver pour de vrai, ceux qui ne sont faits que pour alimenter nos rêves. Et bien, Marion Bartoli a apporté la preuve que finalement les scénaristes les plus fous ont raison de croire aux contes de fée !

Voir Marion Bartoli remporter Wimbledon sur un ace a quelque chose d’irréel. Quelque chose de merveilleux aussi, pour tous ceux qui sont seuls à croire en eux-mêmes, ceux qui ont un rêve et à qui on ne prédit que l’échec. Bien sûr, pour la plupart, ces sombres prophéties se révèleront exactes. Mais l’espoir constitue sûrement un des moteurs les plus puissants de l’âme humaine. Marion Bartoli n’en a jamais manqué et ce qui semblait hier de l’arrogance s’est soudain mué en un immense qualité. L’euphorie ne rend sûrement pas plus objectif que l’étaient les critiques acerbes de la veille, mais il en restera à jamais le profond respect du aux vrais champions.

Marion, au nom de tous ceux qui t’ont toujours aimé, au nom de tous ceux qui ont toujours cru en toi, merci !

TANT QU’IL Y AURA DES DAVID

nanterre

nanterre2013 aura été marqué par le triomphe de l’argent-roi, surtout quand il est qatari, avec le sacre du Paris-Saint-Germain en football, mais aussi en handball. Des armadas taillées sur mesure pour dominer leur sport au niveau hexagonal, mais aussi pour pouvoir rivaliser avec les meilleures équipes européennes. Beaucoup y voient une antithèse de la morale sportive et regrettent de voir ces Goliath tout écraser sur leur passage.

Heureusement, il est encore possible pour les David de terrasser les géants. La preuve en a été apportée par le double triomphe de Castres en championnat de France de rugby et Nanterre en basket. Deux sacres inattendues pour des clubs aux moyens financiers limités, mais dont le courage et la volonté ont permis ces deux immenses surprises. C’est particulièrement réjouissant et fait souffler un vrai vent de fraîcheur sur le sport collectif français. L’incertitude constitue l’essence même du sport. Sans elle, la compétition tourne au simple spectacle.

castresUne vision objective des évènements peut amener à crier à l’injustice. En effet, si Castres et Nanterre sont champions de France, c’est avant tout grâce à leurs qualités, mais aussi grâce au format de la compétition. Le football et le handball propose des championnats au sens strict, tandis que le rugby et le basket désignent le vainqueur à l’issue d’une phase finale. Ainsi, dans ce dernier cas, ce n’est pas forcément le meilleur sur toute la saison qui l’emporte, mais le meilleur, le plus en forme, le plus chanceux lors du dernier mois de celle-ci. Avec une autre formule, jamais Castres ou Nanterre n’auraient été sacrés.

Chaque sport possède sa culture et c’est très bien comme ça. Castres et Nanterre sont champions de France, un point c’est tout. De beaux champions même parce que c’est ce genre de surprise qui procure les plus grandes émotions. Alors merci à eux pour nous laisser rêver à un monde où David terrasse vraiment Goliath.

COMME DE BIEN ENTENDU

rafaelnadal

rafaelnadalBon, comme je n’ai pas eu trop le temps de livrer des billets au fur et à mesure de la quinzaine de Roland Garros, je vais donc vous en proposer un seul sous forme de bilan général. Mais il sera bref, tant la victoire de Nadal a semblé résulter d’une logique inexorable et totalement prévisible. On retiendra donc avant tout de ces deux semaines ce combat épique contre Djokovic en demi-finale. Nous vivions une période comme le tennis n’en a peut-être jamais connu et il faut savourer ces moments proches de la folie douce à leur juste valeur, tant il est incertain de pouvoir les revivre avant longtemps. Une telle conjonction de talents ne va pas forcément se reproduire avant plusieurs décennies.

L’autre fait marquant aura été le parcours de Jo-Wilfried Tsonga. La déception fut à la hauteur de l’espérance. Et nous avons de vraies raisons d’être déçus, car le Français n’a aucune excuse. On ne lui en voudra évidemment pas pour la seule défaite, mais bien pour son attitude, son renoncement, bref la sensation qu’il n’a même pas vraiment essayé. Passer à côté peut arriver, la fébrilité est humaine, mais chez un joueur qui a déjà disputé une finale d’un tournoi du Grand Chelem, qui vivait là sa cinquième demi-finale, la faute devient inexcusable.

Ceci n’enlève rien au fait que la faute soit partagée. Tsonga a subi une pression absolument disproportionnée, reconnaissons-le. Sa victoire contre Federer est apparue comme une sorte d’exploit unique et incroyable. Pourtant, elle n’arrive pas à la cheville du quart de finale entre les mêmes joueurs, à Wimbledon, en 2011, alors que le Suisse n’était pas encore sur une pente aussi déclinante, et qui avait vu, dans une indifférence générale dans notre pays, le Français remonter un handicap de deux sets. Le voir arriver en demi-finale n’aurait dû constituer qu’une normalité. Mais les Français ne voient le tennis que par le prisme de la Roland-Garros (et un peu la Coupe Davis), occultant le reste, ce qui ne laisse qu’une image déformée et extrêmement lacunaire du tennis mondial. La carrière et le parcours pendant la quinzaine de Ferrer faisaient de lui le favori naturel de cette demi-finale et le fait qu’il ne soit pas très médiatique n’autorisait pas tout un pays à penser que Tsonga allait l’emporter facilement, comme on a pu en avoir parfois l’impression.

En tout cas, le parcours de Tsonga aura permis à cette quinzaine d’être de toutes les conversations dans notre pays. Cela ne peut arriver que quinze jours par an. En attendant, le reste du monde attend avec impatience ce qui constitue le vrai centre de la planète tennis… Wimbledon !

TOUT MAIS PAS L’INDIFFERENCE !

gillessimon

gillessimonLe tennis français nous propose depuis quelques temps de nouveaux Mousquetaires. Si leur palmarès n’est pas vraiment au niveau de leurs glorieux aînés, si leurs exploits ne sont pas aussi légendaires que ceux de D’Artagnan, ils partagent la particularité d’être trois alors qu’ils sont quatre, ou quatre alors qu’ils sont trois, comme on veut. Le rôle de celui qu’on oublie toujours de compter est occupé par Gilles Simon.

Hier après-midi, à peu près à la même heure, Gilles Simon se qualifiait pour les 8ème de finale, tandis que Gaël Monfils se faisait éliminer. Sur ma boîte mail, j’ai reçu une « alerte info » de l’Express pour m’annoncer la défaite du second. Sur la victoire du premier, rien, pas d’envoi de mail ou de mention dans le message. On peut y voir là un signe de notre masochisme national qui nous pousse à ne mettre en avant que ce qui ne marche pas. On peut surtout considérer que Gilles Simon n’existe pas médiatiquement.

La plus grande qualité de Gilles Simon ne pousse pas à la reconnaissance, en particulier dans notre pays. Il est régulier, caractéristique rare chez nos sportifs. Sa présence continue depuis plusieurs années dans les quinze premiers mondiaux devraient faire de lui un champion reconnu comme ont pu l’être en leur temps un Fabrice Santoro ou un Arnaud Boetsch, qui n’ont pourtant jamais eu cette constance à un tel niveau. Mais jouer régulièrement des quarts de finale tout au long de l’année ne permet pas de faire la une de l’actualité sportive, contrairement aux coups d’éclat en Grand Chelem ou en Coupe Davis, compétitions où il n’a jamais signé de performance d’exception.

Les raisons de cette indifférence ne tient évidemment pas qu’à ses résultats sportifs. Gilles Simon souffre certes de l’ombre sportive de Jo-Wilfried Tsonga, qui est quand même un cran au-dessus de ses petits camarades tricolores. Mais il a aussi la bonne ou mauvaise idée, comme on veut, de ne jamais faire de vagues médiatiques suite à une consommation de stupéfiants à l’insu de son plein gré. Sa personnalité est aussi moins originale et démonstrative que celle d’un Gaël Monfils, dont le côté gamin un peu rebelle lui donne la cote auprès du public. Bref, il n’est pas un bon client pour les médias, qui mettent avant tout en avant les personnalités formatées pour eux.

Evidemment si Gilles Simon remporte Roland-Garros, il deviendra une immense star. Malheureusement, il n’est pas certain que Roger Federer lui laissera demain mettre en œuvre ce plan média pourtant infaillible.