A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Voici un proverbe qui aurait pu illustrer la carrière d’Usain Bolt. Bien sûr, les records phénoménaux et la pluie de médailles l’avaient déjà porté au panthéon des plus grands athlètes de l’histoire et beaucoup le considéraient déjà comme le plus grand sprinteur de l’histoire. Mais il est vrai qu’il lui manquait un adversaire à la hauteur de son talent. Le duel qu’il vient de remporter face à Justin Gatlin en finale des championnats du Monde vient de parfaire une carrière déjà légendaire.
Attaquer une course dans la peau de l’outsider constituait une situation que le Jamaïcain n’avait jamais eu à affronter. Un champion est évidemment un athlète qui sait être à son niveau le Jour J à l’heure H. Mais c’est aussi celui qui dans l’adversité va chercher au fond de lui-même des ressources insoupçonnées. Hier, peu importait qu’il reste loin de ses records, seul importait la première place. Il a du mobiliser tout son talent pour produire la course parfaite avec les moyens physiques dont il dispose cette année. Un départ parfait a poussé son adversaire à la faute et assuré un nouveau triomphe.
La victoire d’Usain Bolt possède une saveur supplémentaire car il s’apparente à une victoire du bien contre le mal. Justin Galtin est certes un ancien champion olympique, mais surtout un ancien dopé, pas vraiment repenti, entraîné par un athlète dopé lui également, dont la résurrection est aussi inattendue que sujette à suspicion. Cette dernière domine largement l’admiration qu’un tel retour devrait faire naître. Du coup, tout le monde rêvait de le voir battu par celui dont la décontraction et le sourire ont toujours fait naître une immense sympathie et un profond respect. Le monde de l’athlétisme a donc poussé un grand ouf de soulagement car voir l’Américain triompher aurait gravement nui à l’image de ce sport.
Le duel n’est évidemment pas fini. Il reste un 200m et 4*100m qui s’annoncent tout aussi disputés. Si Usain Bolt venait à réaliser un nouveau triplé, malgré un corps qui semble sur le point de le trahir à chaque instant, il franchirait définitivement la frontière qui sépare l’athlète du héros.
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