QUAND LE CHAMPION DEVIENT UN HEROS

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usainboltA vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Voici un proverbe qui aurait pu illustrer la carrière d’Usain Bolt. Bien sûr, les records phénoménaux et la pluie de médailles l’avaient déjà porté au panthéon des plus grands athlètes de l’histoire et beaucoup le considéraient déjà comme le plus grand sprinteur de l’histoire. Mais il est vrai qu’il lui manquait un adversaire à la hauteur de son talent. Le duel qu’il vient de remporter face à Justin Gatlin en finale des championnats du Monde vient de parfaire une carrière déjà légendaire.

Attaquer une course dans la peau de l’outsider constituait une situation que le Jamaïcain n’avait jamais eu à affronter. Un champion est évidemment un athlète qui sait être à son niveau le Jour J à l’heure H. Mais c’est aussi celui qui dans l’adversité va chercher au fond de lui-même des ressources insoupçonnées. Hier, peu importait qu’il reste loin de ses records, seul importait la première place. Il a du mobiliser tout son talent pour produire la course parfaite avec les moyens physiques dont il dispose cette année. Un départ parfait a poussé son adversaire à la faute et assuré un nouveau triomphe.

La victoire d’Usain Bolt possède une saveur supplémentaire car il s’apparente à une victoire du bien contre le mal. Justin Galtin est certes un ancien champion olympique, mais surtout un ancien dopé, pas vraiment repenti, entraîné par un athlète dopé lui également, dont la résurrection est aussi inattendue que sujette à suspicion. Cette dernière domine largement l’admiration qu’un tel retour devrait faire naître. Du coup, tout le monde rêvait de le voir battu par celui dont la décontraction et le sourire ont toujours fait naître une immense sympathie et un profond respect. Le monde de l’athlétisme a donc poussé un grand ouf de soulagement car voir l’Américain triompher aurait gravement nui à l’image de ce sport.

Le duel n’est évidemment pas fini. Il reste un 200m et 4*100m qui s’annoncent tout aussi disputés. Si Usain Bolt venait à réaliser un nouveau triplé, malgré un corps qui semble sur le point de le trahir à chaque instant, il franchirait définitivement la frontière qui sépare l’athlète du héros.

LA DERNIERE DIAGONALE DU FOU

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marcelobielsaMarcelo Bielsa est parti. Rarement la démission d’un entraîneur aura fait couler autant d’encre, suscité autant la surprise, la colère ou l’indignation. Décidément, El Loco, le fou, mérite bien son surnom. Cette décision a quelque chose de totalement irrationnelle à bien des points de vue. Dans son timing, ses raisons réelles, même si elles restent encore bien floues, et sa mise en scène, tout est singulier dans cet énième épisode grand-guignolesque de la vie de l’Olympique de Marseille.

Au-delà de cette fin inattendue, reste la question de la trace que laissera vraiment Marcelo Bielsa à l’Olympique de Marseille et plus largement dans le football français. En tant que personnage médiatique, il est évident que le vide sera immense. Notre championnat manque cruellement de personnages nous sortant du concours de langue de bois et de conformisme dans lesquels baigne allégrement le football professionnel. En dehors de Zlatan Ibrahimovic et de Jean-Michel Aulas, personne ne pouvait rivaliser avec l’entraîneur argentin. Autant d’acteurs de notre championnat que l’on peut facilement haïr, dont on a parfois bien envie de se débarrasser, mais dont l’absence se ferait cruellement sentir. De ce point de vue là, Marcelo Bielsa nous manquera.

Mais évidemment, c’est avant tout par ses performances sur le terrain qu’on juge un acteur du monde sportif. Et de ce point de vue là, Marcelo Bielsa prête nettement plus au débat. Si une partie du public marseillais l’adule au-delà du raisonnable, une analyse objective de son année passée sur le banc olympien ne permet pas de déborder d’enthousiasme. Certes, le départ canon de l’OM en début de saison dernière porte bien sa marque… mais tout comme son écroulement dans la dernière ligne droite. Le style de son équipe était peut-être efficace quand tous ses joueurs débordaient encore de fraîcheur, mais il s’est révélé tout simplement suicidaire à long terme tant il use les organismes. Or, c’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens et le chef d’orchestre olympien n’a pas réussi à mener son orchestre jusqu’au bout du concert de manière satisfaisante. Les succès engrangés par Hubert Fournier avec sa très jeune équipe lyonnaise ou les prouesses de Jocelyn Gourvennec sur le banc guingampais valent mille fois plus de louanges.

Un football français en quête de compétitivité peut difficilement se passer d’un Olympique de Marseille tirant le meilleur de son effectif. En ce sens, il n’y a aucune raison de pleurer Marcelo Bielsa. Le cirque aura duré une saison, il nous aura bien diverti. Espérons que maintenant l’OM en revienne au football et rien qu’au football.

DES MIRACLES QUI VIENNENT DE LOIN

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relaisnatationJe philosophe (oui bon, c’est peut-être un bien grand mot) souvent ici sur la culture du « perdant magnifique » qui constitue la marque de fabrique du sport français. C’est sans doute un peu facile et très certainement injuste car elle a largement disparu depuis les années 90. Si nos tennismen nous rappellent qu’elle n’est pas totalement morte, certains sports ont fait le deuil du culte de Poulidor depuis longtemps. Deux sports en particulier, dont on n’attendait pourtant pas grand chose pendant de longues décennies.

A l’aube des années 90, qui aurait pu imaginer un jour voir s’exercer sur un terme relativement long une écrasante domination de la part de l’Equipe de France de handball et du 4*100m nage libre français ? Personne, parce que déjà les voyants n’existent pas, ensuite parce que rien ne pouvait laisser penser qu’un tel double miracle pourrait s’accomplir. Ces deux sports ont bâti leur succès à partir de rien et forgé une culture de la victoire qui n’a pas pu être léguée par leurs aînés.

Bien sûr le chemin fut long et tout ne s’est pas fait en un jour… Oui, oui, j’aime les phrases toutes faites. On peut d’ailleurs remarquer que dans les deux cas qui nous intéressent, les défaites et les déceptions ont nourri cette soif insatiable de victoires. Si les Barjots furent bien les premiers à être champions du monde, leur folie douce leur a sans doute coûté quelques médailles supplémentaires, notamment aux Jeux Olympiques. Ils ont montré la voie, mais c’est l’équipe actuelle qui a su tirer le maximum d’un potentiel pas forcément supérieur.

La 2ème place du relais 4*100m en finale des Jeux Olympiques de Pékin a constitué un des moments d’émotion les plus forts que je n’ai jamais ressentis devant du sport. Passer de l’enthousiasme, de la certitude de la victoire à une incompréhensible déception en quelques secondes, au milieu de la nuit, reste un souvenir à jamais gravé dans ma mémoire. Plus d’ailleurs que n’importe quelle des victoires qui ont suivies. Mais cette défaite (et quelques unes qui ont suivi avant le triomphe des Jeux de Londres) a été fondatrice et sans elle, qui sait, tout cela n’aurait été qu’un feu de paille.

Bien sûr, la défaite finira bien par être à nouveau au rendez-vous. Mais l’avenir s’annonce encore radieux pour un moment encore. Le titre de champion du monde junior acquis hier par l’Equipe de France montre à quel point le handball et sa culture de la victoire sont désormais ancrés culturellement dans notre pays. Pour la natation, les Etats-Unis et l’Australie ne laisseront pas indéfiniment la première place du podium à une nation où la natation est de plus en plus à la mode, mais où le réservoir de talents est plus limité. En attendant, dans un an auront lieux les Jeux Olympiques de Rio. Espérons que la défaite attendra encore un peu…

TOUR DE CARTES

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tourdefrance2015Je réalise à quel point j’ai négligé les chapitres non cinématographiques de mon blog lorsque je m’aperçois que je n’ai rien écrit sur le Tour de France qui vient de s’achever. Vaut mieux tard que jamais, me direz-vous. Le manque de temps, la canicule, la flemme sont autant d’explications à cette relative indifférence. Ou peut-être simplement qu’il n’y avait pas grand chose à dire sur cette édition qui est loin d’avoir tenue toutes ses promesses.

« 15 km et déjà plus de suspense » a été mon statut Facebook à l’issue de la première étape de montagne. Est-il vraiment nécessaire d’en dire plus ? En fait oui, car cela traduit un fatalisme qui n’avait peut-être pas lieu d’être. Cela me rajeunit, me ramenant au temps de la domination sans partage de Miguel Indurain qui, après avoir mis 5 minutes à tout le monde à l’issue du premier contre-la-montre, se contentait de gérer des adversaires qui le considéraient désormais comme invincibles. Or, il l’a avoué du bout des lèvres depuis, il a été souvent au bord de la rupture, mais personne n’était là pour l’y pousser, même ceux qui en avaient très certainement les moyens, comme Tony Rominger.

Nairo Quintana va-t-il prendre le même chemin que l’ancien coureur suisse ? Pas si sûr ! Déjà parce que si les deux dernières étapes de montagne peuvent lui (et nous) laisser bien des regrets, on oublie parfois qu’il n’a que 25 ans (il finit d’ailleurs pour la deuxième fois sur le podium avec le maillot blanc de meilleur jeune) et on imagine difficilement qu’il n’ait rien appris de ce Tour. Certes, il n’est pas sûr de retrouver de si tôt un parcours à ce point taillé à sa mesure, mais on ignore aujourd’hui quelles sont ses limites. Rien ne laisse à penser qu’il les a déjà atteintes. Voir un jour le coureur colombien sur la première marche du podium plusieurs fois dans les dix années qui viennent ne constituerait en rien une surprise.

Chris Froome a prouvé les deux derniers jours qu’il n’était pas si invincible que ça. Le personnage intrigue et beaucoup d’éléments poussent à la suspicion. Comme beaucoup de champions hors norme, à la technique ou au physique unique, il est victime du syndrome « si personne n’a réussi avant de cette façon, c’est que ça ne peut pas marcher, donc il triche ». Pourtant, on peut tout à fait imaginer que, d’ici quelques années, beaucoup de coureurs opteront pour les tous petits développements alliés à une fréquence de pédalage élevée, l’exceptionnel devenant la norme.

En fait, Chris Froome est peut-être victime aussi tout simplement du découragement des autres. Son équipe Sky en créant le mythe d’une équipe mystérieuse et infiniment supérieure aux autres produit sans doute une prophétie en partie auto-réalisatrice. La supériorité de leurs moyens est incontestable, mais il y a là peut-être aussi une part de bluff. Nairo Quintana sur les pentes de l’Alpe d’Huez a montré que quand on les force à dévoiler leur jeu, ce dernier n’est pas si bon que ça. Certes, Chris Froome n’a pas gagné le Tour avec une paire de deux. Mais pas sûr qu’il avait non une quinte royale…

L’HOMME DE NUL PART

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gillessimonJ’ai souvent écrit sur nos nouveaux Mousquetaires du tennis français. Beaucoup sur Richard Gasquet pour dire à quel point il me frustre. Un peu sur Gaël Monfils, longtemps pour dire à quel point je ne croyais pas en lui, avant de me raviser. Un peu aussi sur Jo-Wilfried Tsonga pour dire que c’est un champion, malgré ses moments de faiblesses. Par contre, comme tous les médias en fait, je n’ai jamais fait qu’évoquer très brièvement Gilles Simon. Pourquoi tant d’indifférence ? Est-ce justice ou bien la rançon de certains insuccès ?

Gilles Simon peut pourtant forcer l’admiration. Une carrière d’une régularité remarquable, naviguant toujours entre un top 10 et un top 20 où on ne rencontre pas de marins d’eau douce. Pourtant, il n’a pas la taille et le service d’un Tsonga, le revers dévastateur d’un Gasquet ou bien l’endurance phénoménale d’un Monfils. Sa présence à ce niveau peut être presque vu comme une incongruité. Cela révèle très certainement une force de caractère hors du commun, celle qui permet de croire en soi, même quand rien ne vous fait penser que cela sera possible. De ce point de vue-là, son parcours rappelle celui de Marion Bartoli…

Mais Gilles Simon peut aussi forcer un certain scepticisme. Parce que qu’il fait preuve d’une remarquable régularité également dans son incapacité à accomplir ne serait-ce qu’une seule fois une performance lui permettant de franchir un cap, ne serait-ce que pour un jour. Si beaucoup de champions français sont capables du pire comme du meilleur, Gilles Simon semble juste capable du moyen. Et à force, cela a quelque chose de désespérant.

Le match de dimanche face à Murray fut tellement révélateur. L’idée de ce billet est né au milieu du deuxième set. Mais il devait au contraire porter sur le fait qu’enfin il tenait son moment de gloire. Son adversaire semblait au bord de la rupture, mené un set et un break et proche d’être terrassé par la fatigue et le découragement. Puis il y eu ce point, terriblement long, terriblement intense, un magnifique combat que Gilles Simon remporta. Chez la plupart des joueurs, cela aurait constitué le dernier coup de poignard achevant un adversaire à genou. Mais ce fut au contraire le Français qui s’éteignit, perdant sa mise-en-jeu alors qu’il menait 30-15, ainsi son break d’avance, puis le set, puis le match face à un Murray ressuscité qui n’en demandait pas tant. Certes, c’est avant tout ce dernier qui est à féliciter, mais tout de même, cela renvoie tellement à ce qu’a toujours été la carrière de Gilles Simon qu’il est difficile de totalement l’exonérer.

Il y a donc une immense différence entre Gilles Simon et Marion Bartoli. Cette dernière a connu son moment de gloire, une victoire à Wimbledon qui forge à lui seul le palmarès d’une immense championne. La carrière de Gilles Simon n’est pas encore finie et peut-être un jour connaîtra-t-il ce moment où le sportif de haut niveau se métamorphose en héros, en porteur de rêves. J’ai malheureusement quelques doutes à ce sujet, mais je serai tellement heureux de me tromper.

BOURGES BASKET, MON ETERNEL PRINTEMPS !

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bourgeschampionL’attachement profond à un club de sport collectif dépasse souvent l’entendement de ceux qui ont un rapport plus indifférent au sport, sans même parler évidemment de ceux qui sont dans le dédain ou le mépris. On raille souvent l’emploi du « on a gagné », alors que ce n’est évidemment pas les supporteurs qui sont sur le terrain à transpirer. Pourtant, ce sentiment d’appartenance constitue bien une composante de l’être qui le vit, au même titre que ses talents, ses passions, ses convictions. Personnellement, si je ressens cet attachement envers le PSG en football ou le Stade Toulousain en rugby, c’est encore envers le Bourges Basket qu’il est le plus profond, le plus sensible, le plus tangible.

Le Bourges Basket a donc fêté mardi soir son 13ème titre de champion de France. Et si j’ai levé les bras en suivant la fin du match devant mon ordinateur, c’est aussi parce que je me rappelle avoir lever les bras au Prado (le stade de basket de Bourges) le jour de la première finale victorieuse. Du temps a passé, je ne suis plus un adolescent, mais cette amour irrationnel et totalement futile est resté à jamais gravé en moi. Si j’étais venu vivre à Bourges et découvrir ce club à 35 ans, mon attachement ne serait pas évidemment le même. L’amour pour ce club, le fait de me rendre au stade tous les 15 jours (voire même plus avec la Coupe d’Europe), d’y vibrer, d’y ressentir joie souvent, déception parfois, ont participé à la construction de mon identité avant qu’elle ne soit jamais gravé dans le marbre de ma personnalité. Avant que je ne sois un adulte.

Cet attachement profond envers un club comme Bourges Basket vient aussi d’un certain rapport de proximité qu’il est évidemment plus difficile d’entretenir avec un club comme le PSG. J’ai eu l’occasion de voir Céline Dumerc sortir ses poubelles ou bien de croiser Laïa Palau ou Elodie Gaudin au Carrefour de Bourges, je ne vois jamais Zlatan à celui de Versailles que je fréquente pourtant régulièrement, ni en train de sortir quoique ce soit sur un trottoir pourtant assez proche du mien à vol d’oiseau. Cela peut paraître anecdotique, mais croiser ainsi régulièrement ses « idoles » dans la vie de tous les jours contribue à créer ce sentiment d’appartenance à une même entité, ici une ville moyenne, et justifie d’autant plus le « on ». Mardi soir, c’était vraiment Bourges, la ville entière, qui était championne. Et ceux qui ont laissé un petit bout de leur cœur dans la capitale du Berry l’était aussi un peu… Le mien sera tango à jamais !

LE SYNDROME LYONNAIS ?

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barcapsgNouvel échec en quart de finale de Ligue des Champions pour le Paris-Saint-Germain. Le troisième de suite… Ca ne vous rappelle rien ? Le chemin qu’emprunte le PSG semble être le même que celui du Lyon des années 2000 qui s’est heurté inexorablement à cette barrière, avant tout de même une demi-finale soldée par une correction face au Bayern Munich. Evidemment, les parcours des deux clubs sont différents, mais les similitudes nombreuses.

Le club parisien semble se heurter au même plafond de verre que son prédécesseur lyonnais. Une incapacité à acquérir définitivement ce je ne sais quoi qui séparent les bons clubs des « grands d’Europe ». Si hier, il n’y avait pas photo entre le PSG et le Barcelone, très souvent les deux clubs français ont quitté la compétition sur une immense frustration. Le but de Ba l’année dernière à Chelsea rappelait étrangement celui d’Inzaghi pour le Milan AC en 2006, tout aussi cruel. L’élimination sans perdre face à Barcelone l’année d’avant a laissé le même goût amer aux supporters parisiens que celle face au PSV après également deux matchs nuls en 2007 à leurs homologues lyonnais. Bref, parfois si proches, mais toujours perdants…

Et si ce petit quelque chose était tout simplement l’argent ? Lyon n’en manquait pas alors, mais pas suffisamment pour retenir ses meilleurs joueurs. Le déclin du club a clairement commencé après les départs successifs de Mamadhou Diarra pour le Réal Madrid puis de Michael Essien pour Chelsea. Avec eux, le club aurait pu continuer à grandir et peut-être tutoyer réellement les sommets. La problématique du PSG est différente, mais les effets sont les mêmes. Le fair-play financier est venu contrarier fortement les ambitions parisiennes. On a mesuré hier soir la différence de qualité entre les deux effectifs, au-delà de la simple triplette Messi-Suarez-Neymar qui est peut-être la plus forte jamais alignée par un club dans l’histoire du football européen. Avec Pogba et Di Maria, le PSG aurait-il eu les moyens de rivaliser ? Peut-être pas de l’emporter, tant le jeu de Barcelone frôle la perfection, mais au moins de donner plus de sueurs froids aux catalans qui n’ont jamais eu l’air de devoir forcer leur talent pour vaincre ce PSG-là.

Si les limites de l’Olympique Lyonnais étaient insurmontables, le PSG peut encore garder l’espoir de rejoindre les plus grands. Il a prouvé qu’il pouvait attirer et conserver des joueurs de classe mondiale. On ne sait aujourd’hui quel sera l’avenir du fair-play financier qui est vu par beaucoup comme un facteur d’immobilisme dans le paysage du football européen. Et de celui-ci dépendra fortement l’avenir européen du PSG.

UN REGARD SUR 2014

renaudlavillenie

renaudlavillenieBon, comme je n’ai pas été très fidèle à cette partie de mon site en 2014, je vais brosser d’un seul coup un rapide tour d’horizon de ce que dont j’aurais pu parler au cours de l’année.

Premièrement, je n’ai pas eu l’occasion de faire honneur à plusieurs de nos grands champions qui auraient mérité bien plus qu’un billet. Au premier rang d’entre eux, Renaud Lavillenie dont le record du monde au saut à la perche représente une performance historique pour le sport français et même mondial. On n’efface pas des tablettes une légende comme Sergueï Bubka sans y rentrer soi-même. Le grand public ne mesure pas encore assez la place qu’il occupe au panthéon des athlètes. Un deuxième titre olympique en 2016 l’y aiderait évidemment.

Un objectif qui sera aussi celui de Teddy Riner à Rio. Champion du monde pour la 7ème fois à seulement 25 ans, le géant écrase son sport comme rarement un sportif français l’avait fait. David Douillet avait lui aussi longuement dominé le judo mondial, mais pas avec cet éclat, cette écrasante facilité apparente et cette formidable aura de sympathie. A force, il banalise ses propres performances. Mais une telle constance ne peut que forcer le respect. Un immense respect !

Martin Fourcade aura lui gagné deux titres olympiques d’un seul coup, échouant pour quelques centimètres à réaliser le triplé comme Jean-Claude Killy avant lui. Mais il a triomphé dans une position qu’affectionnent rarement les athlètes français : celle du grand favori. Il fut cependant bien fidèle au rendez-vous et c’est tout en son honneur. Ne doutons pas qu’il règnera encore quelques temps sur sa discipline. Espérons-le pendant encore un peu plus de trois ans.

Moins médiatisée fut la résurrection de Julien Absalon. On l’avait quitté abandonnant à Pékin, échouant dans sa quête d’un troisième titre olympique. A nouveau champion du Monde, il peut envisager de le conquérir à Rio. La capitale brésilienne pourrait être le lieu du sacre de Florent Manaudou. Champion olympique surprise en 2012, il s’est imposé depuis comme le maître absolu du sprint court mondial. Mais un an et demi, c’est long et il faudra savoir rester au sommet.

Côté sports collectifs, l’année fut plutôt bonne, dans la foulée de nos handballeurs à nouveau invincibles, même si beaucoup d’exploits ont été suivis de petites déceptions. Ah le mal français ! Nos basketteurs ont signé contre l’Espagne, en quart de finale du Championnat du Monde, un exploit retentissant, faisant preuve d’une force et d’une maîtrise assez inattendues en l’absence de Tony Parker. Dommage qu’un début de match catastrophique en demi contre la Serbie les ai privés d’une finale contre les Américains que tout le monde attendait. Le crash de l’équipe féminine de handball à l’Euro a été lui aussi aussi spectaculaire que ses deux victoires du premier tour contre les deux favorites du tournoi. Enfin, quelle cruauté de voir nos rugbywomen échouer ainsi en demi-finale à domicile alors qu’elles avaient largement les moyens de conquérir ce titre de championne du monde !

Pour finir, un mot sur notre équipe de France de Coupe Davis. Elle résume à elle seule tous les paradoxes du sport français. Dans l’absolu, sa performance fut remarquable. Comment lui demander de dominer une équipe composée des 2ème et 4ème joueurs mondiaux ? Atteindre la finale dès sa première année de capitanat aurait du assurer à Arnaud Clément un avenir serein. Pourtant, on est ressorti de cette finale avec un goût d’inachevé. Faisant preuve d’une arrogance un peu mal placée avant le jour J, les joueurs français n’ont pas tous donné l’impression de donner le meilleur d’eux-mêmes et le public leur en a beaucoup voulu. Mais c’est peut-être le signe que notre pays perd peu à peu son goût pour les Poulidor. Et ça, c’est vraiment tant mieux !

LE POIDS DE L’EXIGENCE

psg2014

psg2014Je suis un club invaincu après dix matchs de championnat et trois en Ligue des Champions (dont deux à l’extérieur), j’ai battu le FC Barcelone au bout d’un match sublime, j’ai écrasé 5-0 et 3-0 deux de mes principaux rivaux pour le titre… et pourtant tout le monde juge mon début de saison moyen, voire même carrément décevant. Dis comme ça, cela semble totalement délirant. C’est surtout particulièrement révélateur de l’exigence à laquelle est soumis désormais le Paris Saint-Germain.

Il est incontestable que le début de saison du club parisien est moins convaincant que l’année dernière. Mais il suffit de se rappeler des commentaires souvent peu enthousiastes à propos de la saison dernière, combien même l’équipe entraînée par Laurent Blanc est celle qui aura marqué le plus de points de l’histoire du championnat de France. Mais plus rien ne sera pardonné au PSG, la moindre faiblesse sera montée en épingle, la plus petite baisse de régime sera commentée encore et encore avec des mots aussi ridicules que crise ou fin de règne.

Il est vrai que la multitude de matchs nuls obtenus malgré une ouverture du score est le signe d’un maîtrise inférieure à la saison dernière. La comparaison avec un OM qui marche sur l’eau d’une manière qui ne pourra pas durer éternellement renforce cette impression d’un début de saison poussif. Cependant, combien parmi les plus grands clubs d’Europe sont encore invaincus dans leur championnat et en tête de leur poule en Ligue des Champions ? Ils ne sont que quatre, le Bayern Munich, Chelsea, Porto… et le PSG donc. On a déjà vu plus mauvais compagnie si on veut vraiment jouer au jeu des comparaisons.

Le PSG vient d’enchaîner deux victoires en championnat pour la première fois de la saison en l’emportant hier sur Bordeaux. Attendre dix journées pour cela peut certes constituer une déception en soi. Mais une déception qui constitue un rêve inaccessible pour la plupart des clubs. Les journaux et les cafés du commerce pourront bien continuer à discourir encore et encore et faire la fine bouche, l’armoire à trophées du PSG n’est pas prête d’arrêter de se remplir.

RENAISSANCE

podiumtour

podiumtourAprès avoir renoué avec son équipe de football, notre pays semble parti pour retrouver des yeux de Chimène pour une catégorie d’athlètes qu’il avait quelque peu dédaigné depuis de longues années. Le dernier Tour de France semble avoir confirmé une renaissance d’un cyclisme français que l’on sentait frémir depuis quelques saisons et qui a retrouvé soudainement le feu des projecteurs et accessoirement le podium de la plus grande des courses. Ce sport dont l’image de marque a tant souffert reste profondément ancré dans l’histoire de notre pays, mais échoue depuis trop d’années à offrir de nouvelles pages à la légende du sport français.

Depuis les retraits de Virenque et Jalabert, aucun cycliste tricolore n’avait vraiment pu s’imposer médiatiquement. Seul Thomas Voeckler avait su gagner le cœur du grand public, mais au fond plus par un incroyable courage qui lui permettait de surmonter des limites manifestes que par une classe d’immense champion. Thibault Pinot et Romain Bardet semblent être d’une autre trempe. S’il est trop tôt pour savoir si c’est celle d’un Laurent Fignon ou d’un Bernard Hinault (dernier vainqueur français du Tour faut-il le rappeler… il y a 30 ans désormais ce qui semble passablement incroyable), ils ont au moins fait naître des espoirs qu’un Pierre Rolland par exemple a un peu de mal à confirmer, même si j’espère bien qu’il me donnera tort un de ces jours.

Mais la plus belle histoire française de ce Tour reste celle de Jean-Christophe Perraud qui apporte un couronnement aussi magnifique qu’inattendu à une carrière bien singulière. Vice-champion olympique dans l’indifférence générale, dans l’ombre écrasante de l’or de Julien Absalon, et titulaire d’un diplôme ingénieur, il mérite bien cette gloire tardive mais ô combien mérité. Il nous rappelle que la grandeur d’un champion repose autant sur une tête bien faite qu’un corps performant !

Alors bien sûr les esprits chagrins souligneront qu’avec Contador, Froome et Quintana à l’arrivée, toute cette belle histoire n’aurait jamais eu lieu et qu’elle s’apparente plus à une fable sans doute éphémère. Vincenzo Nibali a certes montré tout ce qui sépare l’espoir en devenir du grand champion au sommet. Mais il n’y a aucune raison de s’interdire d’imaginer que Bardet et Pinot franchiront bientôt ce fossé à leur tour. Ce sera alors définitivement leur Tour.