CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 7: Chocolat amer ?

J’aurais pu faire le choix en ce septième jour de compétition de parler d’argent, soit la couleur des trois médailles tricolores du jour. J’aurais pu parler également du sport féminin puisque elles ont été décernées toutes les trois à des athlètes de ce sexe. J’aurais pu notamment faire honneur à la magnifique Madeleine Malonga, dont les larmes ont brisé plus d’un cœur aujourd’hui. Il y a dans son attitude tout au long de la journée, dans son refus de la défaite et évidemment dans son talent, quelque chose de Clarice Agbegnenou. On lui souhaite le même destin et que les larmes dans trois ans à Paris soient des larmes de joie cette fois.

Comme je n’aime pas faire comme tout le monde, je vais donc vous parler de toute autre chose. Je vais vous parler de chocolat. Non pas celui que l’on utilise en pâtisserie. Mais celui dont on fait les médailles imaginaires, récompensant les quatrièmes places. Finir au pied du podium revient en effet à occuper une place très particulière pouvant faire naître des sentiments extrêmement contrastés. On dit souvent que c’est la pire des places. Mais est-ce vraiment le cas ?

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CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 6: Les petits nouveaux

Entre la compétition pour choisir la ville organisatrice des Jeux et les compétitions sur la piste, a lieu une troisième compétition qui échappe largement aux feux médiatiques. En effet, des nombreux sports cherchent à intégrer le programme olympique, quand d’autres essaient de sauver leur peau. Pour Tokyo, quatre d’entre eux font leur entrée. En attente de l’escalade, la première semaine a permis de découvrir les trois premiers. Les commentateurs de tout ordre, des grands médias au café du commerce, ont évidemment de quoi donner leur opinion sur ces nouveaux venus. Je ne vais donc pas manquer de participer à l’exercice.

Commençons par celui qui ne m’a franchement pas convaincu. L’arrivée du skateboard a fait polémique au sein même des acteurs de ce sport, dont beaucoup conteste le principe même de compétition. Ceux qui s’attendaient à des acrobaties spectaculaires n’en ont pas eu pour leur argent. Le concours s’est surtout résumé à des figures se distinguant peu les unes des autres. Il s’agit aussi d’un sport reposant uniquement sur des notes données par des juges, ouvrant la porte à d’interminables débats éventuels sur la légitimité du vainqueur. Enfin, voir sur le podium des adolescentes de moins de quinze ans ne renvoie par l’image d’un sport sérieux demandant un long apprentissage pour accéder à la maîtrise du geste juste ou du physique adéquat.

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CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 5: L’essence d’une championne

Depuis le début des Jeux Olympiques, j’ai parlé avant tout de belles histoires et d’événements inattendus, source d’émotions fortes. Cependant, certaines médailles d’or représentent le dénouement d’une histoire sans surprise. La notion de favori est évidemment subjective, mais pour beaucoup d’épreuves un nom se détache assez nettement pour faire l’unanimité. Il y a deux jours, je me demandais ce qui pouvait bien se passer dans la tête d’une athlète sur le point de devenir championne olympique à la surprise générale. Désormais, je m’interroge sur ce qui se passe dans celui d’une athlète dont tout le monde attend qu’elle le devienne.

Cette nouvelle journée olympique nous a offert deux beaux exemples côté français. Tous les pronostics nous prédisaient deux médailles d’or presque assurées. En VTT, c’était même un doublé qui nous était promis. A la place, ce fut un triplé suisse, ridiculisant les certitudes affichées par beaucoup de commentateurs hexagonaux. Il serait tentant d’accabler Pauline Ferrand-Prévôt et Loana Lecomte, mais un peu de recul permet de se dire qu’elles sont avant tout victimes d’un optimisme béat et mal placé. L’une aura subi une chute et une crevaison, l’autre a juste rappelé l’importance de la notion de préparation et de pic de forme. Les mêmes commentateurs parlent désormais de désastre. C’est avant tout leur ignorance de la réalité du sport de haut niveau qui est désastreux.

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CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 4: Justice et injustice

Le meilleur a gagné ! Voilà le constat qui est supposé conclure chaque compétition. Le champion olympique est celui qui s’est montré le plus performant. Et ce n’est que justice ! Enfin logiquement. En effet, il arrive parfois qu’un des battus trouve que ce n’est pas la justice qui triomphe avec son vainqueur, mais bien l’injustice. Or, si être battu par plus fort que soit peut simplement décevoir, être battu par une injustice a quelque chose d’insupportable, tant cela trahit l’esprit même d’une compétition saine et loyale. Surtout quand la compétition en question est aussi prestigieuse que les Jeux Olympiques.

L’histoire du sport est jalonnée d’injustices devenues parfois légendaires. Et derrière beaucoup d’entre elles se trouvent quelque chose de terriblement faillible… Le jugement humain. Combien d’arbitres ou de juges ont vu leurs décisions contestées et jugées scandaleuses par ceux dont elles ont précipité la défaite ? A une époque où la technologie semble capable de résoudre tous les problèmes, cela devient de plus en plus insupportable. Le sport s’adapte du coup à cette exigence, en faisant de plus en plus appel à cette technologie supposée miraculeuse, sous forme de vidéos et capteurs divers.

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CHRONIQUE DES JO DE TOKYO: JOUR 3 : Dans la tête d’une championne olympique

Qu’est ce que ça fait de devenir championne olympique ? Voilà une question que les mordus de sport se sont souvent posés. Personnellement, elle m’est venue à l’esprit en suivant la course cycliste en ligne féminine ce matin, avec la victoire surprise de l’autrichienne Anna Kiesenhofer. Parce que même dans ses rêves les plus fous, elle n’avait jamais dû s’imaginer le devenir. Quand elle a attaqué avec quelques autres en début de course non plus. Dans une course « normale », cette tentative aurait été vouée à l’échec et elle le savait pertinemment.

Mais les kilomètres ont passé et les favorites en jouant à la plus maligne ont oublié de faire descendre l’écart qui les séparait des échappées. A quel moment a-t-elle commencé à y croire ? A quel moment a-t-elle vraiment compris que c’était gagné ? Son cerveau, porté par un corps certainement perclus de douleur par l’effort long et quelque peu surhumain, pouvait-il vraiment tenir un raisonnement ? N’importe qui a pu faire l’expérience de la difficulté à réfléchir quand on est fatigué, mais peu de gens ont expérimenté un tel degré d’épuisement. A-t-elle alors uniquement compris en franchissant la ligne souriante et hilare ? Ou alors est-ce quelques secondes plus tard, quand elle fut frappée de spasmes et de sanglots, sous l’œil indécent de la caméra, que l’idée a pu enfin pleinement prendre forme dans son esprit ? Je ne suis pas sûr qu’il y ait une réponse claire et définitive à la question. Tout ceci restera donc fascinant, magique, mystérieux…

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CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : Jour 2 : La belle histoire

Dans mon billet d’hier, j’évoquais que derrière chaque médaille, il y avait une histoire. Il ne s’agit pas que de sport. Il s’agit aussi d’autant de destins individuels, souvent extraordinaires. On ne devient pas médaillé olympique sans avoir quelque chose qui brûle en soi, allant bien au-delà de l’unique talent. Il faut une volonté, une détermination, une énergie que beaucoup d’athlètes puisent dans des parcours souvent hors du commun. Découvrir ces derniers fait intégralement parti du plaisir que l’on peut prendre à suivre l’actualité sportive. Ceux qui pensent que cela se résume à quelque chose comme « 11 mecs qui courent derrière un ballon » n’ont vraiment rien compris.

Quel meilleur exemple que la médaille de bronze de Lukas Mkheidze, qui a lancé la quinzaine olympique pour la délégation française ! Arrivé en France à 14 ans avec ses parents, fuyant la guerre qui sévissait en Ossétie, région reculée de Géorgie, on sentait dans sa manière de lutter toute l’influence d’une vie qui n’a pas été passée dans le confort et la soie. Sur le tatami, il n’affichait pas la plus belle technique (autant que je puisse en juger en n’étant pas un grand spécialiste du judo) et certainement pas le physique le plus impressionnant (il est le plus petit athlète parmi les Français participant à ces JO), mais il possédait dans le regard un feu qui ne s’acquière pas à l’entraînement.

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CHRONIQUE DES JO TOKYO : JOUR 1 : Un enthousiasme toujours renouvelé

Tous les quatre ans (ou presque), je raconte la même histoire. Celle d’un jeune adolescent qui, un soir d’été de 1992, est tombé amoureux. Il ne se doutait alors pas que quelque chose allait changer à jamais. Certes, il aimait déjà profondément le sport, dévorant l’Equipe tous les jours depuis le 1er juin précédent. Mais la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Barcelone avait quelque chose de magique, gravant en lui un souvenir qui ne s’éteindra jamais. La magie n’allait jamais s’éteindre pendant quinze jours. Et il attendra désormais toujours tous les quatre ans pour revivre cette magie.

Certes, depuis, je cours toujours un peu après cette magie. J’ai sans doute perdu un peu de capacité d’enthousiasme avec l’âge. Mon amour profond pour les Jeux Olympiques est cependant toujours là. Sinon, je ne serais pas debout à 5h du matin pour mon premier jour de vacances à écrire ces mots. Mais il y a sans doute un peu de nostalgie dans cet amour désormais. Mais la nostalgie est un sentiment comme un autre, qui n’en est pas forcément moins intense. Alors même s’il va falloir se lever tôt, je compte bien vivre pleinement ces Jeux Olympiques de Tokyo, forcément un peu particulier.

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GUY NOVES NE MARCHE TOUJOURS PAS SUR L’EAU

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guynoves2Voici un peu plus d’un an que je n’avais pas parlé de sport sur mon site. Et mon dernier billet s’intitulait « Guy Noves n’est pas le messie ». Il avait été écrit après une première mais très difficile victoire face à une très faible Italie. Je mettais en avant que le chemin serait long et qu’on ne mettrait pas fin à tant d’années d’indigence rugbystique. Force est de constater que j’avais raison (attendez je me relis… j’aime tant écrire ça!)… Car à deux jours de France-Ecosse, on ne voit guère plus clair.

Certes, dans sa manière, la défaite du week-end dernier a fait entrevoir quelques promesses. Mais se convaincre que les grandes équipes naissent de certaines défaites est un vœu pieux formulé par ceux qui veulent se rassurer. Les grandes équipes peuvent naître après une défaite, ce qui n’est pas la même chose. Et rien ne permet d’assurer à coup sûr que cela surviendra. L’équipe de Guy Novès se situe donc entre deux eaux. Comme on sait d’où elle vient, on lui pardonne un bilan comptable très moyen, mais l’impatience commence à se faire sentir.

Si l’élection de Bernard Laporte à la tête de la FFR n’a pas autant fragilisé l’ancien entraîneur du Stade Toulousain que ce à quoi beaucoup d’observateurs s’attendaient, elle ne lui donne pas non plus un crédit illimité sur le long terme. Un sans faute dans le reste du Tournoi serait très certainement apprécié. Car s’il y a une leçon à tirer du désastre Saint-André est que l’idée qu’une équipe peut naître quasi spontanément pour une Coupe du Monde est une illusion. Une illusion dont la France est d’autant plus encline à se bercer qu’elle a été en 2011 l’exception qui confirme la règle.

J’imagine mal Guy Novès ne pas continuer à la tête des Bleus au moins jusqu’à la prochaine Coupe du Monde. Mais si son mandat est synonyme d’échec, c’est bien tout le rugby français qui devra se remettre en cause. Depuis trop longtemps le XV de France est à un niveau insatisfaisant. Ce ne peut être la faute d’un, de deux ou de trois seuls hommes. Cependant, rien ne permet à l’inverse de ne pas penser que de demains qui chantent nous attendent. A commencer par dimanche ?

GUY NOVES N’EST PAS LE MESSIE

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guynovesL’arrivée de Guy Novès à la tête de l’Equipe de France de rugby a ravi tous les amateurs du ballon ovale. En effet, s’il y avait un entraîneur que l’on rêvait de voir un jour diriger le XV de France, c’était lui. Après plusieurs rendez-vous ratés, il a succédé à un Philippe Saint-André sorti par la petite porte après une défaite humiliante contre les All Blacks. Après avoir touché le fond, on ne pouvait imaginer qu’une amélioration rapide et probante. Le match d’hier a montré que cela était loin d’être gagné.

La qualité de jeu du XV de France est un peu comme l’inversion de la courbe du chômage. On l’attend depuis de longues années mais rien ne vient. Guy Novès a été à deux doigts de débuter son mandat par une défaite humiliante face à une équipe italienne dont l’Equipe évoquait le départ du Tournoi, faute d’un niveau suffisant. Preuve que la suffisance est peut-être justement ce qui caractérise notre pays. Le changement n’est pas pour maintenant. Car le changement prend toujours du temps.

Personne ne blâmera Guy Novès pour le piètre spectacle proposé hier après-midi par l’Equipe de France. Le rugby est un sport éminemment collectif et même avec les meilleurs joueurs du monde, cela prend du temps pour atteindre un niveau de jeu optimum. On mesurera vraiment l’apport de l’ex-entraîneur du Stade Toulousain à la fin du Tournoi, voire même dans un an après le Tournoi 2017. Après cette date, il n’aura guère d’excuse et c’est bien le résultat de son travail que l’on jugera sur le terrain.

Cependant, à l’impossible nul n’est tenu. Depuis 8 ans, le XV de France multiplie les performances médiocres. Les deux derniers sélectionneurs ont été désignés comme les coupables de cet état de faits, le public ayant été renforcé dans cette idée par la finale miraculeuse de 2011 qui aurait le résultat d’une reprise en mains de la part des joueurs. Mais à trop se focaliser sur les entraîneurs, on a peut-être perdu de vue que le rugby de Français ne produit plus de joueurs d’un niveau suffisant pour prétendre à une victoire dans le Tournoi et encore moins à un titre de champion du Monde. Les victoires de Toulon en Coupe d’Europe ont été acquises à grands renforts de joueurs étrangers et il n’est pas sûr que l’Equipe de France soit capable d’atteindre le niveau de l’armada toulonnaise.

Le travail qui attend Guy Novès s’annonce donc difficile. Son passé et son incroyable palmarès font que personne ne doute de ses qualités exceptionnelles d’entraîneurs. Seront-elles suffisantes pour remettre le XV de France au niveau que l’on rêve ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, les joueurs, largement épargnés par l’opinion depuis 8 ans, n’auront plus un sélectionneur derrière lequel se cacher.

REVONS 2016…

rio2016

rio2016En regardant l’Année du Zapping, j’ai eu beaucoup d’occasions de pleurer. Il est vrai que rarement le monde ne nous en aura offert autant qu’en 2015. Mais j’ai quand même affiché un grand sourire à quelques occasions. Et beaucoup de ces moments de joie furent des moments liés au sport. Alors un grand merci à Florent Manaudou, à nos volleyeurs et à tous les joueurs de rugby qui nous ont émerveillé de leur talent lors de la dernière Coupe du Monde pour nous avoir donné des raisons de sourire en 2015.

2016 s’ouvre et on espère tous que le sourire l’emportera sur les larmes. En premier lieu, parce que ces dernières pourraient avoir moins l’occasion de couler. Mais on sait bien qu’elles ne pourront disparaître totalement, surtout dans un contexte si difficile. Alors, on peut aussi compter sur des occasions plus nombreuses d’oublier toute l’horreur du monde. L’année qui vient sera riche en événements propices à nous offrir des émotions positives.

Ma génération aura jamais gravé au cœur le souvenir de 1998. Pour le triomphe sportif bien sûr, mais aussi l’image d’un pays fraternel et heureux un beau dimanche soir. Nombreux ont souligné son caractère artificiel depuis. Pourtant nous donnerions cher pour revivre un tel moment d’insouciance. Evidemment, il ne s’agit que d’un Euro, non d’une Coupe du Monde, et rien ne prouve que la victoire sera au bout. Mais pendant un mois, le monde aura les yeux tournés vers notre pays pour y voir des gens venus de dizaines de pays différents faire la fête. Espérons qu’elle sera belle.

Cependant, c’est avant tout pendant les Jeux Olympiques que le monde entier s’arrêtera pour retrouver le plaisir de jouer. Jouer tous ensemble, rassemblés dans notre diversité. Si cela tourne un peu au cliché, le défilé des nations au premier jour demeure une des plus belles images qui soit. Et tant d’épreuves, tant de victoires, tant de défaites, de joies, de déceptions, font que chacun où qu’il soit trouvera pendant ces deux semaines de quoi rêver un peu et se graver de nouveaux souvenirs.

Bien sûr, les horreurs du monde pourraient bien venir gâcher ces beaux moments. La peur sera là, inéluctable. Pourtant, le pire n’est jamais sûr. Alors en ces premiers jours de 2016, soyons juste impatients de vivre de beaux moments de joie totalement futiles. Futiles et donc rigoureusement indispensable.