




Belfast est un film à la fois très personnel, puisqu’il est largement autobiographique (même si le terme consacré est « librement inspiré de »), mais cherche aussi à nous faire découvrir un pan d’histoire. Se mélange donc histoire et Histoire. Quand l’un est l’autre vont parfaitement de paire, cela peut donner des films merveilleux. Ici, il y a quelque chose d’un rien artificiel qui nuit à l’impact du propos. C’est avant la trajectoire des personnages auxquels on s’est attaché qui va nous marquer, quand certains éléments de contexte un peu plus large semblent avoir été quelque peu rentrés au chausse-pied. Cela ne retire pas tout intérêt à l’ensemble, mais cela nous empêche de crier au chef d’œuvre.
Continue reading BELFAST : La guerre avec des yeux d’enfant
Pourtant, le personnage interprété par Gérard Depardieu fait face à un alter-ego pour lequel l’affection du spectateur ne souffre d’aucune ambiguïté. La jeune femme à laquelle la formidable Déborah Lukumuena donne vie reste bien le protagoniste central de cette histoire. L’actrice confirme donc son César acquis en 2017 pour son rôle dans Divines. Le film est en fait un portrait croiser entre deux figures que tout pourrait séparer, mais qu’un sentiment partagé de solitude finira par lier malgré tout. Il se distingue par des personnages vraiment marquants, écrits avec suffisamment de talent pour avoir le sentiment d’assister à une œuvre réellement originale.
Continue reading ROBUSTE : Comme un roc
Personnellement, j’ai fait partie des personnes quelque peu sceptique à l’annonce de la reprise du rôle par Robert Pattinson. Non que je doute de son immense talent en tant qu’acteur. Il l’a déjà assez prouvé dans des rôles très différents des uns des autres. Mais je voyais mal comment il pourrait rentrer physiquement dans la peau de ce personnage. C’était sans compter sur la vision quelque peu originale que nous propose Matt Reeves. The Batman nous montre un héros beaucoup plus vulnérable qu’à l’habitude. Les scènes de combat sont peut-être moins spectaculaires, mais nettement plus réalistes. Mais ce constat ne touche pas uniquement les passages consacrées à l’action. C’est toute l’intrigue qui nous offre des protagonistes plus accessibles, plus fragiles, mais du coup aussi plus profonds et avec un réel intérêt. Un intérêt en tout cas renouvelé pour ce qui est de ce super-héros là.
Continue reading THE BATMAN : Chauve-souris intime
Ils Sont Vivants est loin de n’être qu’un film social et engagé. Evidemment, cet aspect reste central et donne son identité à ce long métrage. Mais il s’agit avant tout un film sur l’éternel sujet de l’amour impossible, interdit ou du moins très compliqué. Rien de très original dans le fond, sauf que le sujet ici est traité avec beaucoup de sensibilité. Les personnages sont très bien écrits, offrant leur lot de complexité et de paradoxes. Jérémie Elkaïm n’a pas choisi la facilité. Il aurait pu nous proposer des personnages avec moins d’aspérités et qui aurait provoquer plus aisément l’attachement du spectateur. Mais celui-ci se serait révélé nettement plus superficiel et aurait rendu le film nettement moins intéressant.
Continue reading ILS SONT VIVANTS : Le livre de la Jungle
Si Maigret a un titre aussi épuré, ce n’est pas non plus pour rien. En effet, bien plus qu’un enquête policière, ce film est une vision crépusculaire de personnage. Il faut reconnaître qu’un spectateur ne connaissant rien à son propos passera à côté d’une large part de l’intérêt présenté par ce film. Il n’est pas qu’une adaptation d’une des romans de la série, c’est aussi une mise en perspective d’un mythe. On comprend mieux l’accueil un peu froid d’une partie du public qui cherchait sûrement à voir un bon polar et qui tombe sur un portrait psychologique d’un policier en fin de course. Pas d’action, pas de violence, juste des dialogues. Mais quand on sait les apprécier, on passe tout de même un bon moment.
Continue reading MAIGRET : Crépuscule de la légende
Le titre même de The Innocents joue sur le contraste fort entre l’image que l’on se fait des plus jeunes, et de leur pureté supposée, et la réalité décrite dans ce film. Je rassure les parents qui commenceraient à trembler, il s’agit bien d’un film fantastique, tirant sur l’horreur, il y a peu de chance que les événements décrits ici vous arrivent. Je sais que vous trouvez que vos rejetons sont les plus extraordinaires qui soient, mais il reste peu probable qu’ils acquièrent réellement des super pouvoirs. Mais au cinéma, tout est possible, y compris un tel scénario donc, et Eskil Vogt exploite son idée avec un talent déconcertant. Il fait naître une tension particulièrement forte avec une infinie patiente qui fait rentrer le spectateur dans un malaise croissant. Il y a toujours une dose de masochisme à aller voir ce genre de film. L’expérience est ici particulièrement délicieuse (ou douloureuse selon le point de vue).
Continue reading THE INNOCENTS : La cruauté n’attend pas le nombre des années
Great Freedom est un film portrait. Ce n’est donc pas du tout un documentaire, mais une fiction qui retrace le parcours d’un homme sur plusieurs décennies de répression. Le récit est construit avec plusieurs époques racontées en parallèle, pour autant de passages en prison. Il n’est donc pas bâti sur un ordre chronologique, mais les allers et retours sont ici utilisés à très bon escient. Cela permet au spectateur d’embrasser totalement l’ampleur de ce scandale historique et surtout l’ampleur des drames qu’il a pu générer. Un procédé classique de grande Histoire racontée à travers une petite histoire, qui fonctionne ici parfaitement bien et se trouve parfaitement adapté pour donner toute la force nécessaire au propos.
Continue reading GREAT FREEDOM : Great shame
Comme pour la Vraie Famille, la bande-annonce pouvait laisser penser au spectateur l’ayant vue (parfois à de multiples reprises) qu’il connaissait déjà tout du propos du film. Or il n’en est rien. Si le sujet principal est bien celui auquel on s’attend, la structure narrative n’est pas celle à laquelle on s’attend, une scène que l’on pensait finale représentant finalement un point de départ. Un Autre Monde déroule donc un discours beaucoup moins manichéen que ce que l’on pouvait attendre. C’est vraiment ce qui fait tout son intérêt et le rend à mon sens bien supérieur à En Guerre. Il y a toujours une vrai fond revendicatif, mais il est cette fois porté par une intrigue présentant un réel intérêt par elle-même.
Continue reading UN AUTRE MONDE : Un univers impitoyable
On pouvait craindre en découvrant notamment la bande-annonce de la Vraie Famille que le scénario soit un rien prévisible et cousu de fil blanc. Il n’en est finalement rien. La narration vient soutenir de manière remarquable la force du propos. Fabien Gorgeart ne sombre jamais dans la facilité de titrer trop fort sur la corde du drame. Il naît de la pertinence et de la finesse des détails de cette histoire et ne constitue en rien une fin en soi, imposée de force au spectateur. La tristesse que peut inspirer cette histoire est donc d’une rare sincérité. Et ça ne fait évidemment que décupler son intensité.
Continue reading LA VRAIE FAMILLE : Emotion pure
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