DRUNK TANK PINK (Shame), CATSPAW (Matthew Sweet), NOT YOUR MUSE (Celeste) : Douceur céleste

On débute cet avis en se rendant à Londres pour découvrir Shame et leur deuxième album, sorti en en ce début d’année, intitulé Drunk Tank Pink. On est tout de suite confronté à du gros rock qui tâche. Charlie Steen crie, voire même beugle, plutôt qu’il ne chante, même si on peut lui reconnaître le mérite d’articuler. Le groupe déploie beaucoup d’énergie, mais qui ne se révèle pas spécialement communicative. La musique n’est pas harmonieuse, la ligne mélodique étant souvent inexistante. Le tout est sans créativité, avec une grande constante. Sur la fin, l’album est même carrément inaudible.

On change de continent et de style, avec Matthew Sweet, un auteur-compositeur originaire du Nebraska, et son album Catspaw. Il nous offre un rock beaucoup plus classique et maîtrisé. La ligne mélodique et le chant sont clairs, donnant un résultat très propre sur lui. En fait, difficilement d’en dire plus sur un album qui se laisse écouter, mais ne s’avère en fait en rien marquant.

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RISE, BLACK IS… (Sault), 2020 (Magik Markers) : Maigrelet

Sault est un groupe britannique particulièrement mystérieux. En 2019, il a sorti deux albums : Rise et Black Is… et c’est tout. Pas d’interview, pas de photos, pas de scène. Reste juste donc la musique, ce qui est tout de même l’essentiel. Commençons donc par le premier de deux. On y plonge dans une ambiance électro éthérée, mais non dénuée de peps et d’énergie. Cela sonne avant tout comme une musique d’ambiance. En effet, c’est agréable, mais rarement réellement accrocheur. Un peu comme du Daft Punk sous Prozac. On leur connaîtra un gros travail sur les sonorités qui apporté de la variété entre les titres, qui contrebalance un côté parfois lancinant de ces derniers.

Le second nous entraîne sans surprise dans une ambiance similaire. Mais cette fois-ci, le résultat est nettement plus lancinant et encore moins accrocheur, ce qui ne nous pousse guère à la mansuétude. Le travail artistique est moins intéressant. Les titres restent variés mais se démarquent moins les uns des autres. On les traverse sans encombre, rien ne venant agresser les oreilles, mais on n’en retire pas grand chose au final. Cela classe définitivement la musique de Sault dans les pures musiques d’ambiance. Mais on n’a déjà fait mieux en la matière.

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SELF WORTH (Mourn), THINK OF SPRING (M Ward), LIVE AT THE ALBERT HALL (ArCtic Monkeys) : Reprise de qualité

On commence cet avis musical par une destination proche, mais assez rare quand il s’agit de rock. En effet, on part du côté de Barcelone pour découvrir un groupe féminin, Mourn, et leur album Self Worth, sorti en 2020. On y découvre une musique plutôt énergique. Le rock au féminin reste assez rare pour que cette seule caractéristique leur donne un style particulier. Les arrangements sont un rien basiques, voire très basiques parfois, assez directs, mais au final plutôt efficaces. Leur énergie réveille, mais le résultat s’avère un rien répétitif. Mais elles possèdent ce zeste de maîtrise qui permet au positif de l’emporter.

On part ensuite aux Etats-Unis pour le nouvel album de Matthew Ward, dont le nom de scène est M. Ward, intitulé Think of Spring. On est tout de suite séduit par sa voix claire et cristalline. On se trouve bercé par l’ambiance doucement éthéré. On regrette simplement que tout cela manque un rien de consistance. On aimerait parfois ne plus être bercer mais entendre quelque chose qui nous accroche vraiment l’oreille. Mais au final, l’album se montre fort agréable. On retiendra notamment une très belle reprise du classique I’m a Fool to Want You.

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IDIOT PRAYER (Nick Cave), SUNSET IN THE BLUE (Melody Gardot), LOVE IS THE KING (Jeff Tweedy) : Douceur hivernale

idiotprayernickcaveOn commence cet avis avec un des plus grands artistes de la scène internationale, l’Australien Nick Cave. Un album intitulé Idiot Prayer, sous-titré Nick Cave Alone at Alexandra Palace, sorti cette année. Un album live où il se retrouve seul avec un piano et sa voix inimitable. L’ambiance est posée et tranquille, ce qui donne un univers moins sombre que d’habitude. C’est beau, mais il y perd un peu de sa personnalité. Evidemment, il reste la voix qui est toujours un vrai régal à écouter. Grâce à elle, l’album est très agréable, à défaut d’être vraiment marquant. Par contre, on en a vraiment pour notre argent avec vingt-deux titres au compteur.

sunsetinthebluemelodygardotOn enchaîne avec une vraie découverte pour moi, l’artiste jazz Melody Gardot et son album Sunset in the Blue. La douceur domine, dans une ambiance très classe. C’est parfois réellement enchanteur, grâce à la voix claire mais chaleureuse de l’artiste. Les accompagnements sont faits avec un piano et/ou une guitare et restent épurés et toujours harmonieux. Les mélodies sont souvent chaloupées, réchauffant l’ambiance hivernale actuelle. Mais c’est la voix qui domine avant tout. La qualité est constante, même si on peut regretter l’absence d’un titre phare qui sort du lot.

loveisthekingjefftweedyOn termine avec Jeff Tweedy, le leader du groupe Wilco et qui a signé, avec Love is the King, son quatrième album solo en quatre ans. On est plongé dans une ambiance intimiste, qui permet d’apprécier la belle maîtrise dont fait preuve l’artiste. Le résultat est très agréable, à défaut d’être réellement original. Sa voix donne cependant à sa musique un petit supplément de personnalité. C’est doux et reposant et d’une qualité constante. Cela reste donc du bon son pour nos oreilles.

HEY CLOCKFACE (Elvis Costello), My Echo (Laura Veirs), The Jungle (Plants and Animals) : Douceur inégale

heyclockfaceelviscostelloOn commence par un vieux routier, Elvis Costello et son album Hey Clockface, sorti cette année. Une retour après sept ans de silence. On entre tout de suite dans une ambiance sombre et inquiétante. La voix sonne étrangement faux. La musique est dissonante, voire carrément horripilante. Il cherche bien à insuffler de l’énergie dans ses titres, mais elle se dilue dans un manque de maîtrise, étonnant pour un tel artiste. Heureusement, il offre beaucoup de variété, explorant plusieurs styles. Il nous offre tout de même quelques titres sympas, dans une fin d’album de meilleure qualité.

myecholauraveirsOn poursuit avec l’américaine Laura Veirs qui a signé My Echo, son onzième album. La douceur est ce qui domine de sa musique, même si le rythme est parfois un peu heurté. Le ton est parfois un peu plus chaloupé et cela donne alors un résultat plutôt séduisant. Sa voix se montre particulièrement claire, mais manque du coup de chaleur. Le tout est quand même agréable, mais pas vraiment percutant. La musique très épurée fait de cet album plus un fond sonore plus que quelque chose que l’on va écouter avec la plus grande attention.

thejungleplantsandanimalsOn remonte un peu plus au nord pour découvrir les Canadiens de Plants and Animals et leur album The Jungle. On est plongé dans une ambiance éthérée, portée par un joli duo de voix. Le résultat est agréable à l’oreille, mais très vite on se rend compte que les titres sont souvent lancinants, longs et répétitifs. Certains sont heureusement plus dynamiques, quand d’autres enfin tournent quelque peu au n’importe quoi. Bref, c’est très inégal. On signalera comme petite curiosité un titre chanté en français.

WE ARE (Lucidvox), EARTH TO DORA (Eels), SERPENTINE PRISON (Matt Berninger) : Les avantages de la maturité

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wearelucidvoxOn commence, une fois n’est pas coutume, par un groupe russe. Lucidvox et leur album We are, sorti cette année. Les premières notes nous font découvrir une chorale dans une ambiance étrange. Du gros rock arrive rapidement et le reste du titre sera un mélange des deux. Il donne le ton d’un album. La plupart des titres ont un côté dissonant. Malheureusement, le tout manque de relief, d’originalité et de personnalité. Leur musique possède un côté robotique et hachée, qui leur donne un aspect caricatural. Finalement, seul le fait qu’ils chantent en russe attire vraiment l’oreille. Mais cela ne compense pas certains passages carrément insupportables.

earthtodoraeelsOn enchaîne avec un groupe phare des années 90, mais qui n’a jamais vraiment disparu depuis, même s’il se fait plus discret. Les américains de Eels reviennent avec Earth to Dora, leur 13ème album. Il nous livre un rock élégant et maîtrisé. On retrouve leur univers musical bien à eux. Ils font preuve d’une grande maturité artistique. La qualité est constante tout au long de l’album. Les titres parviennent ainsi à allier douceur et conviction. Du grand art !

serpentineprisonmattberningerOn termine cet avis avec le premier album solo de Matt Berninger, chanteur du groupe The National, dont je vous ai déjà parlé ici. Quand il a attaque Serpentine Prison, il ne semble pas bien réveillé car il nous offre une voix mal articulée. Les mélodies sont simples, à la guitare. Elle contribuent à créer une ambiance intimiste pas désagréable. Ce n’est cependant pas très marquant. On notera tout de même le titre Silver Springs, un très joli duo. Au final, ça se laisse écouter, mais sans pour autant se démarquer réellement de très nombreux albums du même style.

ACCESS DENIED (Asian Dub Foundation), ELLA – THE LOST BERLIN TAPES (Ella Fitzgerald), SUNDOWNER (Kevin Morby) : L’élégance incarnée

accessdeniedasiandubfoundationOn commence par un groupe tout droit venu des années 90, le temps où le mot fusion ne parlait pas qu’aux amateurs de physique nucléaire. Asian Dub Foundation revient cette année avec un album intitulé Access Denied. La première partie est excellente. Le groupe mord vraiment dans ses morceaux. C’est un joyeux bordel, mais on le sent totalement maîtrisé. Le flot des paroles ressemble à une lame de rasoir. Le titre qui a donné son nom à l’album se révelle vraiment excellent, avec des passages chantés sur un air de guitare, montrant la polyvalence du groupe. Puis, le groupe perd quelque peu le fil et le bordel se transforme en une sorte de magma quelque peu informe. Les paroles sont remplacées par de longs instrumentaux, pas toujours hyper intéressants. La fin repart sur de meilleures bases, mais reste nettement plus transparente que le début.

ellathelostberlintapesellafitzgeraldOn enchaîne avec un véritable bijou. Une session live d’Ella Fitzgerald, intitulé Ella – The Lost Berlin Tapes. On est immédiatement saisi par la voix au timbre unique et d’une incroyable classe. Sa musique jazz est d’une élégance folle. C’est un régal pour les oreilles. On le sent particulièrement sur son interprétation de Cry Me a River, titre auquel son immense talent donne toute sa dimension. Chaque titre est un enchantement et que dire de l’album dans son ensemble !

sundownerkevinmorbyOn termine avec un parfait inconnu, Kevin Morby et son album Sundowner. Il nous livre une musique pop un rien lancinante. La voix est originale, mais pas assez pour nous empêcher de trouver le tout un rien tristounet. Les mélodies se limitent à des petites musiques sympathiques, mais qui manquent sérieusement de consistance. Le chanteur parle parfois, plus qu’il ne chante, nous plongeant définitivement dans une torpeur qui témoigne avant tout du manque d’intérêt que l’on porte à cet album.

SONGS (Adrianne Lenker), VIOLET VENT BACKWARDS OVER THE GRASS (Lana Del Rey), LETTER TO YOU (The Boss) : Still the Boss

songsadriannelenkerOn commence avec une chanteuse-compositrice américaine d’un peu moins de trente ans, mais qui compte déjà cinq albums solo à son actif, ainsi que quatre autres avec son groupe Big Thief. Adrianne Lenker n’est donc pas du genre à traîner en route. Cette année, elle nous a proposé Songs. Les débuts sont hésitants. Sa petite voix se pose sur une mélodie très simple. Elle murmure plus qu’elle ne chante et le tout s’avère répétitif. Puis, la voix se fait plus claire dans les titres suivants. La musique est douce, sonnant parfois comme une berceuse enfantine. Elle crée une réelle intimité avec l’auditeur. Sa voix originale attire vraiment l’attention, même si cela ne fait tout de même pas totalement oublié une certaine monotonie. On retiendra tout de même le joli titre Zombie Girl.

violetbentbakcwardsoverthegrasslanadelreyOn poursuit avec le dernier album d’une immense star Lana Del Rey. Violet Bent Backwards Over the Grass est avant tout le premier recueil de poésies qu’elle a publié. Elle en a fait également un « album » du même nom. S’agit-il vraiment de musique ? Certes, elle récite ses poèmes sur une petite mélodie qui l’accompagne, mais elle ne chante pas. Elle récite. Cela a quelque chose de très mélodieux malgré tout. Difficile de juger réellement la qualité des textes, mais ils sonnent tout de même agréablement aux oreilles.

lettertoyoubrucespringsteenSi Lane Del Rey est une immense star, que dire de Bruce Sprinsteen. The Boss est encore bien là, comme le prouve son dernier album Letter to You. Il début par une chanson très douce, qui permet de se rappelle à quel point sa voix peut s’avérer magique. Ensuite il enchaîne avec du rock extrêmement classique pour lui, mais tellement bon. Il y a de la maîtrise, de la classe, bref on n’est pas loin de la perfection. On le sent appaisé, plein de sagesse, mais ne prenons surtout pas ça pour un signe de vieillesse et de déclin. Il nous propose au contraire une plénitude qui fait du bien aux oreilles. A une époque où le monde semble de plus en plus complexe, cela fait du bien de savoir qu’il reste des valeurs sûres.

PROTEAN THREAT (Osees), WORKING MEN’S CLUB (Working Men’s Club), OHMS (Deftone) : Variété décevante

proteanthreatoseesOsees est un groupe de rock américain difficile à suivre. En effet, il change régulièrement de nom, de composition et explore des univers musicaux différents. Protean Threat est sorti en 2020 et nous plonge dans un univers rock électro relativement bordélique. La musique n’est ni harmonieuse, ni entraînante et les mélodies sont saccadées et mécaniques. Il y a un vrai travail sur les sonorités, différentes d’un titre à l’autre et souvent étranges. Mais le résultat est plus désagréable que vraiment créatif. La variété reste la seule réelle qualité car le reste est très basique.

wokingmensclubworkingmensclubWorking Men’s Club est un groupe anglais qui a sorti un album du même nom. On se retrouve dans un son électro qui sent bon les années 80. Mais le résultat s’avère lancinant et tristounet. Certes, les instrumentations et les sonorités sont souvent très élaborées. Et on peut leur reconnaître une réelle maîtrise artistique qui permet aux différents titres de ne pas se ressembler. Par contre, on ne retrouve pas cette variété au sein des titres qui sont tous extrêmement répétitifs.

ohmsdeftoneOn enchaîne avec un groupe phare du metal des années, Deftones, dont Ohms est le neuvième album. On y retrouve du bon vieux hard rock à l’ancienne, avec comme qualité notable une voix qui articule. C’est un style particulier, on aime ou on n’aime pas. Mais dans tous les cas, on peut leur reconnaître une vraie maîtrise et une production soignée. Les titres plus calmes séduiront un plus large public et se laissent écouter avec plaisir, malgré cet effet loin du micro qui m’horripile toujours. Là aussi, c’est une question de goût.

BLUE HEARTS (Bob Mould), ALICIA (Alicia Keys), HOUSE FOR SALE (It’s Immaterial) : Débuts difficiiles

blueheartsbobmouldOn commence cet avis musical par un artiste américain de 60 ans, Bob Mould, qui a été le leader de plusieurs groupes punk. Mais, il s’est un peu calmé avec l’âge, mais à peine. Pour preuve son album solo, sorti cet année, intitulé Blue Hearts. Il s’ouvre sur une titre presque doux avec simplement la voix et une guitare. Le reste sera plus rock, voire très rock. C’est bordélique, plein d’énergie (comme du punk), mais cette dernière se révèle pas ici particulièrement communicative. Mais après ce début basique et sans grand intérêt (on dirait du Pearl Jam, mais sans évidemment la voix unique d’Eddie Vedder), la suite est plus maîtrisée et se laisse finalement écouter. Un album inégal donc, non indispensable, mais dont on ne peut nier les qualités.

aliciaaliciakeysOn poursuit avec une grande star, Madame Alicia Keys et son dernier album sobrement intitulé Alicia. Les débuts sont hésitants, en retrait. Mais très vite, on profite enfin pleinement de sa très belle voix. La musique est douce, pleine de maîtrise et de conviction. Certains titres savent aussi se montrer entraînants. Cela coule tout seul avec beaucoup de plaisir. La qualité reste constante et élevée, même si l’album ne comporte aucun tube en puissance.

houseforsaleitsimmaterialIt’s Immaterial est un groupe anglais ayant signé deux albums en 1986 et 1990. Mais il n’est jamais trop tard pour renaître puisqu’ils sont revenus cette année avec House for Sale. On est accueilli dans une ambiance éthérée, qui donne une impression d’intimité. John Campbell parle parfois plus qu’il ne chante, comme s’il s’adressait directement à l’auditeur. Le résultat est classe, grâce à cette voix très expressive. Cela se laisse écouter avec beaucoup de plaisir, surtout que la qualité des titres reste constante.