OPPENHEIMER : Le destin d’un monde

Oppenheimer affiche

La frontière entre le bien et le mal est souvent ténue, floue, faisant naître une large zone grise où les deux notions s’entremêlent. Pourtant, le plus souvent, au cinéma, la séparation est nette. D’un côté les gentils qui défendent le bien et de l’autre les méchants format ce que l’on appelle communément les forces du mal. Robert Oppenheimer est une des figures les plus complexes et ambiguës de l’histoire occidentale. « Père » de la bombe atomique d’un côté, il paiera cher de l’autre ses positions pacifistes. L’histoire d’un homme dépassé par sa création. Une histoire magnifiquement racontée par Christopher Nolan dans Oppenheimer.

L’histoire d’un dilemme moral

Oppenheimer est l’histoire d’un dilemme moral. Ce genre de situation est à la base de beaucoup de scénarios, mais qui auront rarement atteint la force dégagée par ce film. Sûrement parce qu’au-delà du destin d’un personnage historique, il nous dit beaucoup sur les tensions qui continuent de parcourir notre monde. De celles qui pourraient nous conduire à l’apocalypse en suivant des logiques qui apparaissent rationnelles, mais qui relèvent en fait de la folie. Le film ne raconte pas simplement l’histoire d’un scientifique dépassé par son invention. Il raconte l’histoire d’une humanité dépassée par son propre pouvoir.

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LA MORT DE BELLE (Georges Simenon) : Travers universels

La Mort de Belle

Georges Simenon a dressé un portrait unique de la petite bourgeoisie française du milieu du XXème siècle à travers son œuvre. La plupart de ses romans se déroulent à Paris, quelques uns en province. Mais certaines de ses histoires se déroulent dans d’autres pays. Il a par exemple emmené son personnage fétiche de l’autre côté de l’Atlantique avec Maigret à New-York. Avec la Mort de Belle, la démarche est encore différente puisqu’il nous raconte une histoire qui nous plonge cette fois dans la petite bourgeoisie américaine. Pour s’apercevoir qu’elle n’a rien de bien différente.

Justesse psychologique

On peut même se demander pourquoi la Mort de Belle n’a pas Paris pour cadre. L’histoire n’aurait pas été très différente. Mais on peut tout simplement imaginer qu’au sein d’une œuvre aussi pléthorique, Georges Simenon puisse avoir envie d’un peu de variété. Du coup, le portrait est peut-être un peu moins mordant d’un point de vue sociologique. Néanmoins, la psychologie des personnages n’en perd pas moins de sa justesse et de sa profondeur. Il sait, mieux que personne, faire ressortir les travers les plus retors de la nature humaine.

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BARBIE : Barbie world !

Barbie affiche

Rarement un film aura provoqué autant de curiosité avant sa sortie que l’événement cinématographique de cet été. Je veux évidemment parler de Barbie. Le long métrage de Greta Gerwig a fait couler beaucoup d’encre, provoqué bien des débats et surtout attiré beaucoup de gens dans les salles obscures. Beaucoup de gens habillés en rose pour se mettre aux couleurs du phénomène. Et comme tout ce bruit s’est avéré avant tout très élogieux, Mattel peut se frotter les mains. Même si le scénario se consacre avant tout à égratigner la marque américaine.

Un vrai sujet

Peu de gens auraient imaginé que la figure de Barbie puisse donner naissance à un tel film. Son intelligence, l’épaisseur de la réflexion qu’il porte ont quelque chose d’inattendu. Même les plus critiques ne peuvent que l’admettre. On n’aurait pas autant débattu si Barbie était vide. On ne se demanderait pas à longueur d’articles et de critiques si le film est vraiment, faussement, un peu, beaucoup, passionnément féministe s’il n’était pas porteur d’un vrai propos, auquel on est évidemment pas obligé d’adhérer. Rien que pour cela, le film vaut réellement le détour. Si je n’ai pas été profondément convaincu par 100% des éléments de la réflexion, j’ai vraiment apprécié cet aspect.

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HUIT CRIMES PARFAITS (Peter Swanson) : Longue vie aux polars !

Huit Crimes Parfaits

Être amatrice ou amateur de romans policiers confère-t-il un avantage si l’on souhaite se lancer dans une carrière de meurtrier ? A défaut d’y répondre précisément, Huit Crimes Parfaits donne de quoi réfléchir à cette question existentielle et profonde. En effet, on y parle d’un tueur s’inspirant des classiques du genre pour commettre des assassinats. En tout cas, il s’agit là d’un polar particulièrement élégant. Et surtout incontournable pour tous les amateurs du genre.

Un livre qui donne envie de lire

Huit Crimes Parfaits ne pourra que ravir ceux qui ont lu et apprécié les grands classiques du roman policier. Les références littéraires sont constantes et peuvent facilement résonner avec ses propres souvenirs de lecture. Cependant, le grand mérite de Peter Swanson est de savoir évoquer ces œuvres de manière très claire, sans sous-entendu. Du coup, si une référence vous manque, cela n’handicapera en rien la compréhension. Voir même cela fera naître chez vous une forte envie de découvrir le roman en question. Un livre qui donne donc envie de continuer de lire, bien après l’avoir refermé donc.

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MISSION IMPOSSIBLE : DEAD RECKONING, PARTIE 1 : Éternelle jeunesse

Mission Impossible : Dead Reckoning, partie 1 affiche

Je n’ai jamais été très emballé par la franchise Mission Impossible. Le dernier, Mission Impossible : Fallout m’avait même carrément déçu. En fait, seul Mission Impossible : le Protocole Fantôme m’avait réellement enthousiasmé. C’est donc avec un peu de circonspection que je me suis rendu au cinéma voir Mission Impossible : Dead Reckoning, partie 1. Surtout que l’annonce d’une histoire en deux épisodes, malgré les deux heures et quarante minutes du premier volet, pouvait faire craindre une expérience particulièrement longue et pénible. Mais à l’image de son acteur vedette, certaines choses peuvent bénéficier d’une éternelle jeunesse.

L’homme contre la machine

Mission Impossible : Dead Reckoning, partie 1 surfe sur la vague de l’actualité avec une peur croissante du pouvoir des intelligences artificielles. A priori, le film a dû être pensé bien avant l’explosion de Chat GPT et Midjourney, mais son contexte de sortie lui confère encore plus d’impact. Et le sujet est plutôt bien traité. On n’échappe pas à tous les clichés, mais l’intrigue fonctionne et les personnages, y compris virtuels, ont cette épaisseur qui font les méchants mémorables. Le film fonctionne vraiment et on a finalement vraiment hâte de connaître la suite.

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ALLUVIUM (C Duncan), THE CAR (Artic Monkeys), ULTRAVIOLET BATTLE HYMNS AND TRUE CONFESSIONS (The Dream Syndicate) : Montez à bord !

Alluvium de C Duncan : talent inexploité

Alluvium de C DuncanChristopher Duncan, C Duncan pour son nom d’artiste est écossais et a signé en 2022 l’album Alluvium. Il nous plonge dans une ambiance évaporée aux accents psychédéliques. Le résultat est plutôt frais, mais pas forcément emballant. Sa voix est un peu trop haute perchée pour avoir un réel impact. C’est solide et maîtrisée, mais reste au stade la musique pop gentillette. Finalement, on se dit qu’il ne fait tout ce qu’il pourrait faire d’un talent incontestable. Surtout que les quelques moments où il redescend sa voix et la pose donnent un résultat bien meilleur.

The Car (Artic Monkeys) : Artic crooner

The Car de Artic MonkeysOn reste en Grande-Bretagne pour retrouver le 7ème album d’Artic Monkeys, intitulé The Car. L’entrée en matière façon crooner est surprenante, très différent de Tranquility Base Hotel & Casino, leur précédent. Mais donne le ton de la suite. On enchaîne avec un rock aux accents très groovy. Globalement, les titres, dans toute leur diversité, se caractérisent par une grande douceur et une maîtrise qui donnent un résultat réellement envoûtant. Cet album presque acoustique transmet beaucoup d’émotions. On sent parfois que l’envie de revenir vers un univers plus rock les titille, mais ils gardent leur ligne pour nous offrir un album excellent jusqu’au bout.

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INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE : Pour l’éternité

Indiana Jones et le Cadran de la Destinée affiche

Faire un retour réussi après une longue éclipse n’est pas chose facile. Certains ont carrément foiré le leur, comme le Retour de Mary Poppins pour ne citer qu’un exemple. Indiana Jones avait lui aussi raté le sien en 2008 avec Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal. Alors le voir faire un deuxième retour pouvait laisser présager le pire. Surtout que Steven Spielberg n’est plus aux commandes. Mais avec James Mangold derrière la caméra, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée est une vraie réussite, malgré de vraies imperfections.

Vision crépusculaire

James Mangold est décidément le spécialiste des visions crépusculaires réussies de héros vieillissants. En effet, il nous avait offert à l’époque avec Logan le plus surprenant, pour ne pas dire le meilleur, film de super-héros de l’histoire. On retrouve ici son amour pour les personnages et non uniquement des pures péripéties. On aimait déjà l’aventurier au fouet et au chapeau avant Indiana Jones et le Cadran et de la Destinée. Comment ne pas ressentir encore plus de tendresse à son encontre après ce film ? Au-delà des nouvelles aventures rocambolesques qu’il va encore traverser, c’est bien sa personnalité qui donne toute sa saveur à ce film.

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ASTEROID CITY : Wes Wes

Asteroid City affiche

Parmi les réalisateurs qui ont un univers bien à eux, Wes Anderson occupe une bonne place. Il suffit d’un court extrait de Moonrise Kingdom, The Grand Budapest Hotel ou encore The French Dispatch pour reconnaître immédiatement la patte du réalisateur. Asteroid City n’échappera pas à la règle, tant il semble dans la droite lignée du reste de la filmographie. C’est à la fois sa force et sa faiblesse. Force car il maîtrise son art à la perfection et ne va pas décevoir ce qui souhaite renouveler une expérience passée. Faiblesse parce que cela peut donner une impression de déjà-vue. Le film d’aujourd’hui n’y échappe pas totalement.

Poésie et folie douce

Comme ses prédécesseurs, Asteroid City propose un film choral où une foule de personnages hauts en couleur se côtoient et se croisent, pour vivre des péripéties entre folie douce et poésie. Il est question ici d’astronomie et d’extra-terrestre au beau milieu de l’Amérique ultra profonde. Vont se croiser une star de cinéma, un photographe, un général et surtout des jeunes adolescents aussi géniaux que particuliers. Décalé est le terme qui convient le mieux pour définir l’ensemble des protagonistes. Et par la même occasion le film. Décalé oui, dans l’absolu, mais d’une façon similaire aux précédents films de Wes Anderson. Le plaisir est toujours là, la surprise plus vraiment.

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NOIR SANCTUAIRE (Douglas Preston et Lincoln Child) : Oubliable

Noir Sanctuaire

Certains livres vous marquent à jamais, comme un 11/22/63 de Stephen King. D’autres, guère plus que quelques secondes. Au moment d’écrire la critique de Noir Sanctuaire, j’ai pris le livre dans mes mains, j’ai regardé la couverture et je me suis alors dit : mais de quoi cela parle déjà ? Alors que ça ne fait que quelques semaines que je l’ai lu. Et là, rien ne m’est venu. Heureusement, il existe le quatrième de couverture pour débloquer la situation et me rafraîchir la mémoire. Et me rappeler que ce roman est un polar tout à fait oubliable.

Rien de marquant

Noir Sanctuaire fait partie d’une série de roman, les enquêtes de l’inspecteur Pendergast. Je n’en avais jamais entendu parlé, bien qu’elle compte près d’une trentaine d’épisodes. Sans doute que certains éléments m’ont échappé puisqu’il est beaucoup question des relations entre les personnages, notamment le personnage principal et son frère, et donc d’événements passés, décrits dans d’autres romans. Mais même avec tous les éléments à l’esprit, je doute forte que j’aurais trouvé cette histoire enthousiasmante. La lecture n’avait rien de désagréable, mais ne présente vraiment rien de marquant.

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THE FLASH : C’est mal de copier !

The Flash affiche

L’univers cinématographique de DC vit clairement dans l’ombre de celui développé par Marvel. Le déclin de ce dernier pourrait laisser espérer voir Batman et Superman prendre le leadership des films de super-héros. Mais clairement, ce n’est pas avec The Flash que cela risque d’arriver. Un long métrage que l’on pourrait qualifier de sympathique navet s’il n’était pas en plus rempli d’idées clairement piquées à la concurrence et très mal exploitées. Aussi bien au niveau du scénario que des effets spéciaux.

Rires involontaires

Avec The Flash, DC joue clairement la carte de l’autodérision. Sûrement parce que c’est la marque de fabrique de Marvel depuis toujours et explique largement son succès. Malheureusement, on rit plus souvent du film que grâce au film. L’intrigue basée sur une histoire de multivers et de multiples versions du même héros est juste un plagiat de Spider-Man : No Way Home. Cela sent tellement le réchauffé que l’on en oublie totalement les saveurs de tous ces caméos prestigieux et qui fleurent bon la nostalgie. Mais ici, la nostalgie est seulement là pour masquer un grand vite que le pâle héros de ce film ne parvient pas à combler.

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